ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"479"> rie n'existoit pas encore. La naissance de cet art heureux, qui multiplie à l'infini avec une netteté admirable & une facilité incompréhensible, ce qui coutoit tant d'années à copier à la plume, renouvella la Librairie; alors que d'entreprises considérables étendirent son commerce ou plûtôt le recréerent! Cette précieuse découverte fixa les regards de nos souverains, & huit rois consécutifs la jugerent digne de leur attention; la Librairie partagea encore avec elle ses privileges. Ce n'est pas qu'actuellement ces exemptions, dont nous avons parlé plus haut, subsistent en entier; le tems qui détruit tout, la nécessité de partager la charge de l'état, & d'être avant tout citoyen, les ont presque abolies.

Le chancelier de France est le protecteur né de la Librairie. Lorsque M. de Lamoignon succéda dans cette place à M. d'Aguesseau, d'heureuse mémoire, sachant combien les Lettres importent à l'état, & combien tient aux Lettres la Librairie, ses premiers soins furent de lui choisir pour chef un magistrat amateur des Savans & des Sciences, savant lui - même. Sous les nouveaux auspices de M. de Malesherbes, la Librairie changea de face, prit une nouvelle forme & une nouvelle vigueur; son commerce s'aggrandit, se multiplia; de sorte que depuis peu d'années, & presque à la fois, l'on vit éclore & se consommer les entreprises les plus considérables. L'on peut en citer ici quelques - unes: l'histoire des voyages, l'histoire naturelle, les transactions philosophiques, le catalogue de la bibliotheque du roi, la diplomatique, les historiens de France, le recueil des ordonnances, la collection des auteurs latins, le Sophocle en grec, le Strabon en grec, le recueil des planches de l'Encyclopédie; ouvrahes auxquels on auroit certainement pu joindre l'Encyclopédie même, si des circonstances malheureuses ne l'avoient suspendue. Nous avouerons ici avec reconnoissance ce que nous de vons à sa bienveillance. C'est à ce magistrat, qui aime les Sciences, & qui se récrée par l'étude de ses pénibles fonctions, que la France doit cette émulation qu'il a allumée, & qu'il entretient tous les jours parmi les Savans; émulation qui a enfanté tant de livres excellens & profonds, de sorte que sur la Chimie seulement, sur cette partie autrefois si négligée, on a vû depuis quelque tems plus de traités qu'il n'y avoit de partisans de cette science occulte il y a quelques années.

LIBRARII (Page 9:479)

LIBRARII, s. m. pl. (Hist. Littér.) nom que les anciens donnoient à une espece de copistes qui transerivoient en beaux caracteres, ou au - moins en caracteres lisibles, ce que les notaires avoient écrit en notes & avec des abréviations. Voyez Note, Notaire, Calligraphe

LIBRATION (Page 9:479)

LIBRATION, s. f. (en Astronom.), est une irrégularité apparente dans le mouvement de la lune, par laquelle elle semble balancer sur son axe; tantôt de l'orient à l'occident, & tantôt de l'occident à l'orient; de - là vient que quelques parties du bord de la lune qui étoient visibles, cessent de l'être & viennent à se cacher dans le côté de la lune que nous ne voyons jamais, pour redevenir ensuite de nouveau visibles.

Cette libration de la lune a pour cause, l'égalité de son mouvement de rotation sur son axe, & l'inégalité de son mouvement dans son orbite; car si la lune se mouvoit dans un cercle dont le centre fût le même que celui de la terre, & qu'en mêmetems elle tournât autour de son axe dans le tems précis de sa période autour de la terre; le plan du méridien de la lune passeroit toujours par la terre, & cet astre tourneroit vers nous constamment & exactement la même face; mais comme le mouvement réel de la lune se fait dans une ellipse dont la terre occupe le foyer, & que le mouvement de la lune sur son propre centre est uniforme, c'est - à - dire, que chaque méridien de la lune décrit par ce mouvement des angles proportionnels aux tems; il s'ensuit de - là que ce ne sera pas constamment le même méridien de la lune qui viendra passer par la terre.

Soit A L R, (fig. astron.) l'orbite de la lune, dont le foyer T est au centre de la terre. Si l'on suppose d'abord la lune en A, il est clair que le plan d'un de ses méridiens M N étant prolongé, passera par le point T, ou par le centre de la terre. Or, si la lune n'avoit aucune rotation autour de son axe, comme elle s'avance chaque jour sur lon orbite, ce même méridien M N seroit toujours parallele à lui - même, & la lune étant parvenue en L, ce méridien paroîtroit dans la situation représentée par P Q, c'est - à - dire, parallélement à M N: mais le mouvement de rotation de la lune autour de son axe qui est uniforme, est cause que le méridien M N, change de situation; & parce qu'il décrit des angles proportionnels au tems & qui répondent à quatre angles droits dans l'espace d'une révolution périodique, il sera par conséquent dans une situation m L n, tel que l'angle Q L N qu'il forme avec P Q, seroit à un angle droit ou de 90d, comme le tems que la lune emploie à parcourir l'arc A L est au quart du tems périodique. Mais le tems que la lune emploie à parcourir l'arc A L, est au quart du tems périodique, comme l'aire A T L est à l'aire A C L, ou au quart de l'aire elliptique; ainsi l'angle Q L N sera à un angle droit dans le même rapport: & d'autant que l'aire A T L est beaucoup plus grande que l'aire A C L, de même l'angle Q L N sera nécessairement plus grand qu'un angle droit. Or, puisque Q L T est un angle aigu, il s'ensuit que l'angle Q L N qui est obtus sera plus grand que l'angle Q L T, & partant la lune étant en L, ce même meridien m n dont le plan passoit par le centre de la terre, lorsque la lune étoit au point A, ne sauroit être dirigé vers le point T ou vers le centre de la terre. Il est donc vrai de dire, que l'hémisphère visible de la lune ou qui est tourné vers la terre en L, n'est plus exactement le même qu'il étoit apperçu lorsque la lune s'est trouvée en A, & qu'ainsi au - delà du point Q de la circonférence du disque, on pourra découvrir quelques régions qui n'étoient nullement visibles auparavant. Enfin, lorsque la lune sera parvenue au point R de son orbite où elle est périgée, comme son méridien m n aura précisément achevé une demi - révolution, alors le plan de ce méridien passera exactement par le centre de la terre. On verra donc en ce cas le disque de la lune au même état que lorsqu'elle étoit apogée en A; d'où il suit que les termes de la libration de la lune sont l'apogée & le périgée, & que ce phénomene peut s'observer deux fois dans chaque lunaison, ou dans chaque mois périodique. Inst. Astr. de M. le Monnier.

Au reste, si la figure de la lune étoit parfaitement sphérique, comme on l'a supposé jusqu'ici, la libration seroit purement optique; mais j'ai prouvé dans mes Recherches sur le système du monde II. part. art. 363 & suiv. que si la lune s'écarte tant soit peu de la figure sphérique, il peut & il doit y avoir une cause physique dans la libration. Comme ce détail est trop étendu & trop géométrique pour être inseré ici, j'y renvoie le lecteur. (O)

Libration de la terre; c'est, suivant quelques anciens astronomes, le mouvement par lequel la terre est tellement retenue dans son orbite, que son axe reste toujours parallele à l'axe du monde.

C'est ce que Copernic appelloit les mouvemens de libration. [p. 480]

Mais il paroît que ce nom est fort impropre; car on pourroit plutot dire que l'axe de la terre auroit une libration du midi au nord ou du nord au midi, si cet axe ne demeuroit pas toujours parallele à lui - même. Pour qu'il demeure dans cet état, il n'est besoin d'aucune force extérieure, il a dû prendre cette situation dès que la terre a commencé à tourner, & l'a conservée depuis par la proprieté qu'ont tous les corps de rester dans l'état qui leur a été donné, à moins qu'une cause extérieure & étrangere ne les en tire. Toute la question qu'on peut faire ici, c'est de savoir pourquoi l'axe de la terre est dans cette situation, & pour quoi il n'est pas perpendiculaire à l'écliptique, plutôt que de lui être incliné de la valeur de 23 degrés & demi. A cela on peut répondre que cette situation est peut - être nécessaire pour la distribution alternative des différentes saisons entre les habitans de la terre. Si l'axe de la terre étoit perpendiculaire à l'écliptique, les habitans de l'équateur auroient tous vûs le soleil sur leurs têtes, & les habitans des poles ne le verroient jamais qu'à leur horison; de sorte que les uns auroient un chaud insupportable, tandis que les autres souffriroient un froid excessif. C'est peut - être là, si on peut parler ainsi, la raison morale de cette situation de l'axe de la terre. Mais quelle en est la cause physique? Il n'est pas si facile de la trouver; on doit même avouer que dans le système de M. Newton on ne peut guère en apporter d'autres, que la volonté du Créateur; mais il ne paroît pas que dans les autres systèmes on explique plus heureusement ce phénomene.

M. Pluche, auteur du Spectacle de la Nature, prétend que l'axe de la terre n'a pas toujours été incliné au plan de l'écliptique; qu'avant le déluge, il lui étoit perpendiculaire, & que les hommes jouissoient alors d'un printems perpétuel; que Dieu voulant les punir de leurs désordres & les détruire entierement, se contenta d'incliner quelque peu l'axe de la terre vers les étoiles du nord, que par ce moyen l'équilibre des parties de l'athmosphere fut rompu, que les vapeurs qu'elle contenoit retomberent avec impétuosité sur le globe, & l'inonderent. On ne voit pas trop sur quelles raisons M. Pluche, d'ailleurs ennemi déclaré des systèmes, a appuyé celui - ci: aussi a - t - il trouvé plusieurs adversaires; un d'entr'eux a fait imprimer dans les mémoires de Trévoux de 1745 plusieurs lettres contre cette opinion.

Quoi qu'il en soit, il y a réellement dans l'axe de la terre, en vertu de l'action de la lune & du soleil, un mouvement de libration ou de balancement, mais ce mouvement est très - petit; & c'est celui qu'on appelle plus proprement nutation. Voyez Nutation. (O)

Libration (Page 9:480)

Libration, (Peinture). Voyez Pondération.

LIBRE (Page 9:480)

LIBRE, adj. (Gram.) Voyez les articles Liberté.

Libres (Page 9:480)

Libres, s. m. pl. (Théol.) On donna ce nom à des hérétiques, qui dans le seizieme siecle suivoient les erreurs des Anabaptistes, & prenoient ce nom de libres, pour secouer le joug du gouvernement ecclésiastique & séculier. Ils avoient les femmes en commun, & appelloient spirituels les mariages contractés entre un frere & une soeur; défendant aux femmes d'obéir à leurs maris, lorsqu'ils n'étoient pas de leur secte. Ils se croyoient impeccables après le baptême, parce que selon eux, il n'y avoit que la chair qui péchât, & en ce sens ils se nommoient les hommes divinisés. Prateole. Voyez Liberi. Gantier, chron. sect. 16. c. 70.

Libre (Page 9:480)

Libre, (Ecrivain), est en usage dans l'écriture pour désigner un style vif, un caractere coulant, libre, une main qui trace hardiment ses traits. Voyez nos Planches d'Ecriture & leur explication, tome II. part. II.

Libre (Page 9:480)

Libre, parmi les Horlogers, se dit d'une piece ou d'une roue, &c. qui a de la liberté. Voyez Liberté, Jeu, &c.

LIBRIPEUS (Page 9:480)

LIBRIPEUS, s. m. (Hist. anc.) C'étoit dans chaque ville un essayeur des monnoies d'or & d'argent; les Grecs avoient une fonction pareille. On donnoit le même nom à celui qui pesoit la paye des soldats, & à celui qui tenoit la balance, lorsqu'on émancipoit quelqu'un à prix d'argent. D'où l'on voit que dans ces circonstances & d'autres; l'argent ne se comptoit pas, mais se pesoit.

LIBUM (Page 9:480)

LIBUM, s. m. (Hist. anc.), gâteau de sesame, de lait & de miel, dont on se servoit dans les sacrifices, sur - tout dans ceux qu'on faisoit à Bacchus & aux Lares, & à la fête des termes. Libum Testativum, se disoit de Testa, ou du vaisseau où le gâteau se cuisoit.

LIBURNE (Page 9:480)

LIBURNE, s. m. Liburnus, (Hist. rom.) huissier qui appelloit les causes qu'on devoit plaider dans le barreau de Rome; c'est ce que nous apprenons de Martial qui tâche de détourner Fabianus, homme de bien, mais pauvre, du dessein de venir à Rome où les moeurs étoient perdues; procùl horridus liburnus; & Juvenal dans sa quatrieme Satyre,

Primus, clamante liburno, Currite, jàm sedit.

L'empereur Antonin décida dans la loi VII. ff. de integ. restit. que celui qui a été condamné par défaut, doit être écouté, s'il se présente avant la fin de l'audience, parce qu'on présume qu'il n'a pas entendu la voix de l'huissier, liburni. Il ne faut donc pas traduire liburnus par crieur public, comme ont fait la plûpart de nos auteurs, trop curieux du soin d'appliquer tous les usages aux nôtres. (D. J.)

Liburne (Page 9:480)

Liburne, s. f. (Arch. nav.) liburna dans Horace, liburnica dans Suetone & dans Lucain; sorte de frégate légere, de galiote, ou de brigantin à voiles & à rames, qu'employoient les Liburniens pour courir les îles de la mer Ionienne. Suidas dit que les liburnes servoient beaucoup en guerre pour des pirateries, à cause qu'elles étoient bonnes voilieres. La flotte d'Octave en avoit un grand nombre qui lui furent très - utiles à la bataille d'Actium. Végece prétend qu'elles étoient de différentes grandeurs, depuis un rameur jusqu'à cinq sur chaque rame; mais nous ne comprenons rien à la disposition & à l'arrangement de ces rangs de rames, dont plusieurs auteurs ont tâché de nous représenter la combinaison. Il ne s'agit pas ici d'une spéculation stérile, il s'agit d'une exécution pratique. (D. J.)

LIBURNIE (Page 9:480)

LIBURNIE, Liburnia, (Géog. anc.) province de l'Illyrie, le long de la mer Adriatique, aux confins de l'Italie. Elle est entre l'Istrie & la Dalmatie, & s'étend depuis le mont Albius, jusqu'à la mer Adriatique. Le fleuve Arfia la séparoit de l'Istrie, & le fleuve Titius, de la Dalmatie. Ptolomée vous indiquera les villes de la Liburnie, & les îles adjacentes. Le P. Briet prétend que les Liburniens occupoient la partie occidentale de la Dalmatie, & indique leurs villes. Il paroît que la Croatie remplace aujourd'hui l'ancienne Liburnie.

Nous savons encore plus sûrement, que ce peuple avoit autrefois passé la mer, & possédé une partie de la côte orientale d'Italie; il en fut chassé de même que les Sicules, par les Ombres; ceux - ci en furent dépossédés à leur tour par les Etrusques, & les Etrusques par les Gaulois. Comme ils se servoient de petits vaisseaux légers, de différentes grandeurs, on donna le nom de Liburnes à tous les vaisseaux de même construction en ce genre. (D. J.)


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