ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"432"> principe; & dans son toucher, un frappant qui donne du relief avec de la douceur. Son accessoire ne doit être ni trop chargé, ni trop uni. Cette écriture si ordinaire à tous les états, n'est nullement propre à écrire le latin.

Après cette idée des écritures, qui est suffisante pour faire sentir que le caprice n'en doit diriger aucune, il est à propos de dire un mot sur l'esprit qui a fait composer les Planches qui les concernent. L'auteur fixé à 15, n'a pu s'étendre autant qu'il l'auroit desiré; néanmoins voulant rendre son ouvrage utile, & à la portée de toutes les personnes, il ne s'est point écarté du simple & du naturel. En rassemblant le tout à peu de démonstrations & de mots, il a rejetté tous les principes introduits par la nouveauté, & consacrés par un faux goût. Toute simple que soit l'écriture, elle est déja assez difficile par elle - même, sans encore chercher à l'embarrasser par des proportions superflues multipliées, & à la démontrer avec des termes peu connus, & qui chargent la mémoire sans aucun fruit.

On terminera cet article par la composition des différentes encres, & par un moyen de révivifier l'écriture effacée, lorsque cela est possible.

Les trois principales drogues qui servent à la composition des encres, sont la noix de galle, la couperose verte & la gomme arabique.

La noix de galle est bonne lorsqu'elle est menue, très - velue, ferme ou bien pleine en - dedans, & qu'elle n'est point poudreuse.

La bonne couperose se connoît quand elle est de couleur céleste, tant dans l'intérieur que dans l'extérieur.

La gomme arabique est bonne, lorsqu'elle est claire & qu'elle se brise facilement.

Encres à l'usage des maîtres Ecrivains. Il faut prendre quatre onces de noix de galle les plus noires, épineuses & non trouées, & les concasser seulement. Un morceau de bois d'inde, gros comme une moyenne plume, & long comme le petit doigt, que l'on réduit en petits morceaux; un morceau d'écorce de figuier, de la grosseur de quatre doigts. On mettra ces trois choses dans un coquemar de terre neuf, avec deux pintes d'eau du ciel ou de riviere, mesure de Paris: on fera bouillir le tout jusqu'à diminution de moitié, en observant que la liqueur ne se répande pas en bouillant.

Ensuite on prendra quatre onces de vitriol romain que l'on fera calciner, & une demi - livre ou plus de gomme arabique. On mettra le vitriol calciné dans un linge, & on l'attachera en mode de poupée. On mettra la gomme dans un plat de terre neuf. On posera dans le même plat la poupée où sera le vitriol; puis quand l'encre sera diminuée comme on vient de l'expliquer, on mettra un linge blanc sur le plat dans lequel sera la gomme & la poupée de vitriol, & on passera l'encre toute bouillante par ce linge, laquelle tombera dans le plat qui sera pour cet effet sur un réchaud de feu, prenant garde pourtant qu'elle ne bouille pas dans ce plat, car alors l'encre ne vaudroit rien. On remuera l'encre en cet état avec un bâton de figuier assez fort pour empêcher la gomme de s'attacher au fond du plat, & cela de tems en tems. On pressera la poupée de vitriol avec le bâton, & on essayera cette encre de moment en moment, pour lui donner le degré de noir que l'on voudra, & jusqu'à ce que la gomme soit fondue.

On peut recommencer une seconde fois sur les mêmes drogues, en y ajoûtant pareille quantité d'eau, de bois d'inde & d'écorce de figuier; la seconde se trouve quelquefois la meilleure.

Cette encre qui est très - belle, donne à l'écriture beaucoup de brillant & de délicatesse.

Autre. Une once de gomme arabique bien concas<cb-> sée, deux onces de noix de galle triée & aussi - bien concassée; trois ou quatre petits morceaux de bois d'inde, & gros comme une noix de suc candi.

Il faut dans un pot de terre vernissé, contenant cinq demi - setiers, faire infuser dans une pinte de bierre rouge ou blanche, les quatre drogues ci dessus pendant trois quarts d'heure auprès d'un feu bien chaud sans bouillir; ensuite on y mettra une demi-once de couperose verte, que l'on laissera encore au feu pendant une demi - heure, toujours sans bouillir. Lorsque l'encre est faite, il faut la passer & la mettre à la cave pour la mieux conserver: cette encre est très - belle & très - luisante.

Encre grise. L'encre grise se fait de la même maniere & avec les mêmes drogues que la précédente, à l'exception de la couperose verte que l'on ne met point. On ne la doit laisser au feu qu'une bonne heure sans bouillir: on passe cette encre, & on la met à la cave ainsi que l'autre.

L'encre grise se mêle dans le cornet avec l'encre noire; on met moitié de l'une & moitié de l'autre. Si la noire cependant étoit trop foncée ou trop épaisse, il faudroit augmenter la dose de l'encre grise pour la rendre plus légere & plus coulante.

Encre pour le parchemin. Toutes sortes d'encres ne conviennent point pour écrire sur le parchemin; la luisante devient jaune; la légere boit, & la trop gommée s'écaille: en voici une qui est exempte de ces inconvéniens.

Prenez un quarteron & demi de noix de galle de la plus noire, & un quarteron & demi de gomme arabique, demi - livre de couperose d'Hongrie, & faites piler le tout dans un mortier, puis vous mettrez le tout ensemble dans une cruche de terre avec trois pintes d'eau de pluie ou de vin blanc, mesure de Paris. Il faut avoir soin pendant trois ou quatre jours de la remuer souvent avec un petit bâton sans la faire bouillir; elle sera bien blanche en écrivant, & d'un noir suffisant vingt - quatre heures après.

Encre de communication. On appelle ainsi une encre qui sert pour les écritures que l'on veut faire graver. Elle se détache du papier, & se fixe sur la cire blanche que le graveur a mise sur la planche.

Cette encre est composée de poudre à canon, à volonté, réduite en poudre très - fine, avec une même quantité du plus beau noir d'impression; à ces deux choses on ajoûte un peu de vitriol romain: le tout se met dans un petit vase avec de l'eau. Il faut avoir le soin lorsque l'on fait usage de cette liqueur, de remuer beaucoup à chaque lettre le vase dans lequel elle se trouve. Si cette encre devenoit trop épaisse, il faudroit y mettre de l'eau, & si au contraire elle étoit trop foible, on la laisseroit reposer, pour en ôter après un peu d'eau.

Encre rouge. Il faut avoir quatre onces de bois de brésil, un sol d'alun de rome, un sol ou six liards de gomme arabique, & deux sols de suc candi. On fera d'abord bouillir les quatre onces de bois de brésil dans une pinte d'eau pendant un bon quart - d'heure, puis on y ajoûtera le reste des drogues que l'on laissera bouillir encore un quart - d'heure.

Cette encre se conserve long - tems; & plus elle est vieille, & plus elle est rouge.

Encre blanche pour écrire sur le papier noir. Il y a deux sortes d'encres blanches. La premiere consiste à mettre dans l'eau gommée, une suffisante quantité de blanc de plomb pulvérisé, de maniere que la liqueur ne soit ni trop épaisse ni trop fluide; la seconde est plus composée, & elle vaut mieux: la voici.

Prenez coquilles d'oeufs frais bien lavées & bien blanchies; ôtez la petite peau qui est en dedans de la coque, & broyez - les sur le marbre bien nettoyé avec de l'eau claire; mettez - les ensuite dans un vase [p. 433] bien net, & laissez les reposer jusqu'à ce que la poudre soit descendue au fond. Vuidez ensuite légérement l'eau qui reste dessus, & faites sécher la poudre au soleil; & lorsqu'elle sera bien seche vous la serrerez proprement. Quand vous en voudrez faire usage, prenez de la gomme ammoniaque, de celle qui est en larmes & en morceaux ronds ou ovales, blancs dans leur intérieur, & jaunâtres au - dehors, très - bien lavée, & émondée de la peau jaune qui la couvre. Mettez - la ensuite détremper l'espace d'une nuit dans du vinaigre distillé, que vous trouverez le lendemain de la plus grande blancheur; vous passerez le tout ensuite à - travers un linge bien propre, & vous y mêlerez de la poudre de coquilles d'oeufs. Cette encre est si blanche qu'elle peut se voir sur le papier.

Moyen de révivifier l'encre effacée. Prenez un demi-poisson d'esprit - de - vin, cinq petites noix de galle (plus ces noix seront petites, meilleures elles seront); concassez - les, reduisez - les en une poudre menue; mettez cette poudre dans l'esprit - de - vin. Prenez votre parchemin ou papier, exposez - le deux minutes à la vapeur de l'esprit - de - vin échauffé. Ayez un petit pinceau, ou du coton; trempez - le dans le mélange de noix de galle & d'esprit - de - vin, & passez - le sur l'écriture: l'écriture effacée reparoîtra, s'il est possible qu'elle reparoisse. Article de M. Paillasson, expert écrivain - juré.

LETTRÉS (Page 9:433)

LETTRÉS, Litradas, (Littérat.) nom que les Chinois donnent à ceux qui savent lire & écrire leur langue. Voyez Chinois.

Il n'y a que les lettrés qui puissent être élevés à la qualité de mandarins. Voyez Mandarins. Lettrés est aussi dans le même pays le nom d'une secte qu'on distingue par ses sentimens sur la religion, la Philosophie, la politique. Elle est principalement composée de gens de lettres du pays, qui lui donnent le nom de jukiao, c'est - à - dire les savans ou gens de lettres.

Elle s'est élevée l'an 1400 de J. C. lorsque l'empereur, pour réveiller la passion de son peuple pour les Sciences, dont le goût avoit été entierement émoussé par les dernieres guerres civiles, & pour exciter l'émulation parmi les mandarins, choisit quarante - deux des plus habiles docteurs, qu'il chargea de composer un corps de doctrine conforme à celle des anciens, pour servir desormais de regle du savoir, & de marque pour reconnoître les gens de lettres. Les savans préposés à cet ouvrage, s'y appliquerent avec beaucoup d'attention; mais quelques personnes s'imaginerent qu'ils donnerent la torture à la doctrine des anciens pour la faire accorder avec la leur, plutôt qu'ils ne formerent leurs sentimens sur le modele des anciens. Ils parlent de la divinité comme si ce n'étoit rien de plus qu'une pure nature, ou bien le pouvoir & la vertu naturelle qui produit, arrange & conserve toutes les parties de l'univers. C'est, disent - ils, un pur & parfait principe, sans commencement ni fin; c'est la source de toutes choses, l'espérance de tout être, & ce qui se détermine soi - même à être ce qu'il est. Ils font de Dieu l'ame du monde; il est, selon leurs principes, répandu dans toute la matiere, & il y produit tous les changemens qui lui arrivent. En un mot, il n'est pas aisé de décider s'ils réduisent l'idée de Dieu à celle de la nature, ou s'ils élevent plutôt l'idée de la nature à celle de Dieu: car ils attribuent à la nature une infinité de ces choses que nous attribuons à Dieu.

Cette doctrine introduisit à la Chine une espece d'athéïsme raffiné, à la place de l'idolatrie qui y avoit régné auparavant. Comme l'ouvrage avoit été composé par tant de personnes réputées savantes & versées en tant de parties, que l'empereur lui - même lui avoit donné son approbation, le corps de doctrine fut reçu du peuple non seulement sans contradiction, mais même avec applaudissement. Plusieurs le goûterent, parce qu'il leur paroissoit détruire toutes les religions; d'autres en furent satisfaits, parce que la grande liberté de penser qu'il leur laissoit en matiere de religion, ne leur pouvoit pas donner beaucoup d'inquiétude. C'est ainsi que se forma la secte des lettrés, qui est composée de ceux des Chinois qui soutiennent les sentimens que nous venons de rapporter, & qui y adherent. La cour, les mandarins, les gens de qualité, les riches, &c. adoptent presque généralement cette façon de penser; mais une grande partie du menu peuple est encore attachée au culte des idoles.

Les lettrés tolerent sans peine les Mahométans, parce que ceux - ci adorent comme eux le roi des cieux & l'auteur de la nature; mais ils ont une parfaite aversion pour toutes les sectes idolatres qui se trouvent dans leur nation. Ils résolurent même une fois de les extirper, mais le desordre que cette entreprise auroit produit dans l'empire les empêcha; ils se contentent maintenant de les condamner en général comme autant d'hérétiques, & renou vellent solemnellement tous les ans à Pékin cette condamnation.

LETTRINE (Page 9:433)

LETTRINE, terme d'Imprimeur; les lettrines sont des lettres dont l'on accompagne un mot qui est expliqué à la marge, ou en note au bas de la page. Ces sortes de lettres se mettent ordinairement en italique & entre deux parenthèses, & se répetent ainsi au commencement de l'explication ou interprétation à laquelle on renvoie.

LETUS (Page 9:433)

LETUS, (Géog. anc.) montagne d'Italie dans la Ligurie, selon Tite - Live & Valere - Maxime; Léandre prétend que c'est aujourd'hui l'Alpi del peregrino. (D. J.)

LEÛ (Page 9:433)

LEÛ ou L, (Jurisprud.) & publié. Voyez Enregistrement, & au mot Lecture. (A)

LEVACI (Page 9:433)

LEVACI, (Géog. anc.) ancien peuple de la Gaule, entre les Eliens & les Nerviens, selon César, de oell. gall. lib. V. cap. xxxix. Nicolas Samson conjecture que le pays de la Loeuvre, entre la Flandres & l'Artois, ou le pays de Vaes en Flandres, répond au nom de ce peuple. (D. J.)

LEVAGE (Page 9:433)

LEVAGE, s. m. (Jurisprud.) qui est aussi appellé petite coutume, c'est - à - dire une même prestation ou redevance dûe, suivant la coutume & l'usage, est une espece de lay de qui appartient au seigneur justicier pour les denrées qui ont séjourné huit jours en son fief, & y ont été vendues & transportées en autre main, & mises hors de ce fief; il est dû par l'acheteur, & le seigneur prend aussi ce droit sur les biens de ses sujets qui vont demeurer hors son fief: ce droit ne doit point excéder cinq sols. Voyez la coutume d'Anjou, art. 9, 10, & 30. & celle du Maine, art. 10, 11, & 35. (A)

LEVAIN (Page 9:433)

LEVAIN, s. m. (Chimie.) voyez Ferment, Chimie.

Levain (Page 9:433)

Levain, (Boulanger.) est un morceau de pâte de la fournée précédente qu'on laisse aigrir pour le délayer ensuite avec la pâte qu'on fait le lendemain, la soutenir & la faire lever. On fait quelquefois aigrir le levain avec du sel & de la levûre de biere, quand il y a trop peu de tems jusqu'à la prochaine fournée, pour qu'il puisse s'aigrir naturellement.

LEVANA (Page 9:433)

LEVANA, s. f. (Mychol.) divinité tutélaire des enfans; elle présidoit à l'action de celui qui levoit un enfant de terre: car quand un enfant étoit né, la sage - femme le mettoit par terre, & il falloit que le pere ou quelqu'un de sa part, le levât de terre, & le prit entre ses bras, sans quoi il passoit pour illégitime. La déesse Levana avoit ses autels à Rome, où on lui offroit des sacrifices. Voyez Dempster, Paral.

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