ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"368"> sibique habere. Cette espece de legs produisoit aussi une action in personam ex teslamento.

Le legs per proeceptionem, ne se pouvoit faire qu'aux héritiers qui étoient institués pour partie. C'étoit une espece de libation ou prélegs; il se faisoit en ces termes: proecipuam ille ex parte heres rem illam accipito; ou bien Lucius Titius illam rem proecipito: ce qui étoit légué à ce titre, ne pouvoit être recouvré que par l'action appellée familioe erciscundoe.

Dans la suite les empereurs Constantin, Constantius, & Constans, supprimerent toutes ces différentes formes de legs, & Justinien acheva de perfectionner cette jurisprudence, en ordonnant que tous les legs seroient de même nature, & qu'en quelques termes qu'ils fussent conçus, le légataire pourroit agir, soit par action personnelle ou réelle, soit par action hypothécaire.

On peut léguer en général toutes les choses dont on peut disposer par testament suivant la loi du lieu où elles sont situées, soit meubles meublans ou autres effets mobiliers, immeubles réels ou fictifs, droits & actions, servitutes, &c. pourvû que ce soient des choses dans le commerce.

On peut même léguer la chose de l'héritier, parce que l'héritier en acceptant la succession, semble confondre son patrimoine avec celui du défunt, & se soumettre aux charges qui lui sont imposées.

Si le testateur legue sciemment la chose d'autrui, l'héritier est tenu de l'acheter pour la livrer au légataire, ou s'il ne peut pas l'avoir, de lui en payer la valeur; mais s'il a légué la chose d'autrui croyant qu'elle lui appartenoit, le legs est caduc.

En général un legs peut être caduc par le défaut de capacité du testateur, par la qualité de la chose qui n'est pas disponible, ou par l'incapacité du légataire qui ne peut recevoir de libéralité.

Un legs peut être universel ou particulier, pur & simple ou conditionel, ou fait pour avoir lieu dans un certain tems seulement.

Le legs fait sub modo, est celui qui est fait en vûe de quelque chose; par exemple, je legue à Titius une somme pour se marier ou pour se mettre en charge.

Le legs fait pour cause est, par exemple, lorsque le testateur dit, je legue à un tel parce qu'il a bien geré mes affaires. Si la cause se trouve fausse, elle ne vitie pas le legs: il en est de même d'une fausse démonstration, soit du légataire, soit de la chose léguée, pourvû que la volonté du testateur soit constante.

Le droit d'accroissement n'a point lieu entre colégataires, s'ils ne sont conjoints que par les termes de la disposition, mais seulement s'ils sont conjoints par la chose & par les paroles, ou du - moins par la chose, c'est - à - dire lorsqu'une même chose est léguée à plusieurs.

Le legs étoit réputé fait par forme de fidei - commis, lorsque le testateur prioit ou chargeoit son héritier de remettre telle chose au légataire; ce qui revenoit à la formule des legs per damnationem; mais Justinien rendit sous les legs semblables aux fideicommis particuliers.

Plusieurs personnes sont incapables de recevoir des legs, telles que ceux qui ont perdu les effets civils, les corps & communautés non approuvées par le prince; & même l'Eglise & les communautés approuvées, ne peuvent plus rien recevoir que conformément à l'édit du mois d'Août 1749.

Les bâtards aduliérins & incestueux sont incapable de legs, excepté de simples alimens.

On ne pouvoit autrefois léguer à un posthume; mais par le nouveau droit cela est permis, de même qu'on peut léguer en général à des enfans à naître.

Les legs peuvent être ôtés de plusieurs manieres; savoir par la volonté expresse ou tacite du testateur; s'il révoque le legs; s'il aliene sans nécessité la chose léguée, s'il la donne de son vivant à une autre personne, s'il survient des inimitiés capitales entre le testateur & le légataire.

Le fait du légataire peut aussi donner lieu d'annuller le legs, comme s'il s'en rend indigne, s'il cache le testament du défunt, s'il refuse la tutelle dont le testateur l'a chargé par son testament, s'il accuse le testament d'etre faux ou inofficieux.

En pays de droit écrit, l'héritier est en droit de retenir la quarte falci lie sur les legs, & la quarte trébellianique sur les fidei - commis.

En pays coutumier, il n'est permis de léguer qu'une certaine quotité de ses biens; à Paris il est permis de léguer tous ses meubles & acquéts, & le quint de ses propres; ailleurs cela est reglé différemment.

Dans la plûpart des coutumes, les qualités d'héritier & de légataire sont incompatibles; ce qui s'entend sur les biens d'une même coutume; mais on peut être héritier dans une coutume, & légataire dans une autre où l'on n'est pas habile à succeder.

Tous les legs sont sujets à delivrance, & les intérêts ne courent que du jour de la demande, à moins que ce ne fût un legs fait à un enfant par ses pere & mere, pour lui tenir lieu de sa portion héreditaire; auquel cas, les intéréts seroient dùs depuis le décès du testateur.

On peut imposer une peine à l'héritier pour l'obliger d'accomplir les legs; d'ailleurs les légataires ont une action contre lui en vertu du testament.

Ils ont aussi une hypotheque sur tous les biens du défunt; mais cette hypotheque n'a lieu que jusqu'à concurrence de la part & portion dont chaque héritier est chargé des legs.

Le légataire qui survit au testateur transmet à son héritier le droit de demander son legs, encore qu'il ne fût pas exigible, pourvû qu'il n'y ait pas lui - même renoncé, & que le legs ne soit pas absolument personnel au légataire.

Voyez au digeste, au code & aux institutes, les titres de legatis & fidei - commissis, l'auteur des lois civiles, & autres qui traitent des successions & testamens, dans lesquels il est aussi parlé des legs. (A)

LEGUAN (Page 9:368)

LEGUAN, s. m. (Hist. nat.) espece de crocodile de l'ile de Java, que les habitans du pays écorchent pour le manger; on dit que sa chair est fort délicate.

LÉGUME (Page 9:368)

LÉGUME, s. m. (Jardinage.) on comprend sous ce mot toutes les plantes potageres à l'usage de la vie: ce mot est maseulin.

Légume (Page 9:368)

Légume, (Chimie, Diete, & Mat. med.) ce mot se prend communément dans deux acceptions différentes. Il signifie premierement la même chose que herbe potagere, & il n'est presque d'usage dans ce sens qu'au pluriel, & pour désigner les herbes potageres en général. Secondement, il est donné à la semence des plantes appellées légumineuses, voyez Plante, soit en général, soit en partieulier.

Les légumes ou herbes potageres ont peu de propriétés sensibles & diétetiques connues. La laitue, le persil, l'artichaut, &c. différent essentiellement ontr'eux. Tout ce que nous avons à dire de toutes les différentes herbes potageres doit donc être cherché dans les articles particuliers. Voyez ces articles.

Les légumes ou sémences légumineuses, du - moins les légumes qu'on emploie ordinairement à titre d'aliliment, ont entr'eux la plus grande analogie, soit par leur nature ou composition chimique, soit par leurs qualités diététiques, soit par leurs vertus medicinales fondamentales.

Ces légumes usuels sont les fêves appellées à Paris fêves de marais, les petites fêves ou haricots, les pois, les pois - chiches & les gesses. Il faut y ajouter le lupin, l'ers ou orobe, & la vesce, qui sont [p. 369] presqu'absolument relégués à l'usage pharmaceutique extérieur, mais qui ne different réellement, comme aliment, des légumes usuels que par le moindre agrément, ou si l'on veut le désagrément du goút, qui n'a pas empêché cependant que les paysans ne les aient mangés en tems de disette. Galien dit même que le lupin étoit une nourriture fort or dinaire des anciens Grecs; mais toutes cesobservations particulieres font la matiere des articles particuliers, voyez ces articles.

Les semences légumineuses sont du genre des substances farinenses, voyez Farinf & Farineux; & la composition particuliere qui les spécifie, paroît dépendre de l'exces extrème du principe terreux surabondant qui établit dans la classe des corps muqueux le genre des corps farineux.

Les legumes ont eté regardés dans tous les tems par les Medecins comme fournissant une nourriture abondante, mais grossiere & venteuse. Les modernes leur ont reproché de plus la qualité inerassante, & même éminemment incrassante, voyez Incrassant & Nourrissant. La qualité venteuse est la plus réelle de ces qualités nuisibles; mais en général c'est un mconvenient de peu de conséquence pour les gens vraiment sains, que celui de quelques flatuosités, quoique c'en soit un assez grave pour les mélancholiques, & les femmes attaquées de passion hystérique, pour que cette espece d'aliment doive leur être défendu. Quant à la crainte chimérique d'epaissir les humeurs, d'en entretenir ou d'en augmenter l'épaississement par leur usage, & de procurer ou soutenir par - là des arrêts, des hérences, des obstructions; & à la loi constante qui défend les légumes d'après cette spéculation dans toutes les maladies chroniques où l'épaississement des humeurs est soupçonné ou rédouté, ce sont - là des lieux communs théoriques. Il ne faut dans l'usage des légumes, comme dans celui de plusieurs autres alimens, peut - être de tous les alimens vrais & purs, tels que sont des légumes, avoir égard qu'à la maniere dont ils affectent les premieres voies, c'est - à - dire à leur digestion. Tout légume bien digéré est un aliment sain: or plus d'un sujet à humeurs censées épaisses, plein d'obstructions, &c. digere très - bien les légumes, donc ce sujet peut manger des légumes; & quand même il seroit démontré, comme il est tres - vraissemblable, que l'usage des légumes seroit incrassant & empâtant, comme celui des farines céréales. & qu'on connoîtroit des peuples entiers vivant de pois ou de feves (le peuple des forçats n'est nourri sur nos galeres qu'avec des feves, & il est gras, charnu, fort), comme on en connoît qui vivent de farines de maïs, & que les premiers fusient comme les derniers gras, lourds, &c. l'induction de cet effet incrassant à l'effet obstruant n'est rien moins que démontré, sur - tout y ayant ici la très - grave différence d'un usage journalier, constant, à un tisage passager, alterné par celui de tous les autres alimens accoutumés, &c.

Les légumes, du moins quelques - uns, les haricots, les feves & les pois se mangent verts, ou bien mûrs & secs. Dans le premier état on les mange encore ou cruds ou cuits; les légumes verds cruds sont en général une assez mauvaise chose; mauvaise, dis - je, pour les estomacs malades, cela s'entend toujours, c'est pour les estomacs à qui les crudités ne conviennent point, une mauvaise espece de crudité. Les légumes verts cuits différent peu des légumes respectifs mangés secs & cuits; ils sont même communément plus faciles à digérer. Les auteurs de diete disent qu'ils nourrissent moins; mais qu'est - ce qu'un aliment plus ou moins nourrissant pour des hommes qui font leur repas d'un grand nombre d'alimens différens, & qui mangent toujours au - delà de leur besoin réel? voyez Nourrissant. C'est aux légumes secs & mûrs que convient tout ce que nous avons dit jusqu'ici.

Les légumes se mangent, comme tout le monde sait, soit sous forme de potage, soit avec les viandes, entiers ou en purée: cette derniere préparation est utile en général. Les peaux qu'on rejette par - là sont au - moins inutiles, & peuvent même peser à certains estomacs. C'est à cette pattie des légumes que les anciens medecins ont principalament attribué les qualités nuisibles qu'ils leur reprochoient, savoir d'être venteux, tormineux, resserrant, &c. D'ailleurs la discontinuité des parties du légume réduit en purée doit en rendre la digettion plus facile. Il a été dès long - tems observé que des légumes mangés entiers, & sur - tout les lentilles, étoient, quoique convenablement ramollis par la cuite, rendus tout entiers avec les gros excrémens.

On regarde assez généralement, comme une observation constante, comme un fait incontestable, que les légumes ne cuisent bien que dans les eaux communes les plus pures, les plus legeres; & que les eaux appellées dures, crûes, pesantes, voyez Eau douce sous l'article Eau, Chimie, les durcissent, ou du - moins ne les ramollissent point, même par la plus longue cuite ou décoction. La propriété de bien cuire les légumes est même comptée parmi celles qui caractérisent les meilleures eaux: la raison de ce phenomene n'est point connue, il me semble qu'on n'en a pas même soupçonné une explication raisonnable; mais peut - être aussi ce fait prétendu incontestable n'est - il au contraire qu'une croyance populaire.

Des quatre farines résolutives, trois sont tirées de semences légumineuses, savoir de la feve, du lupin & de l'orobe. Voyez Farines résolutives & Résolutif. (b)

LÉGUMIER ou POTAGER (Page 9:369)

LÉGUMIER ou POTAGER, s. m. (Jardinage.) est un jardin destiné uniquement à élever des plantes potageres ou légumes. Voyez Potager.

LÉGUMINEUSE, Plante (Page 9:369)

LÉGUMINEUSE, Plante, (Nomencl. Bot.) les plantes légumineuses sont celles dont le fruit, qui s'appelle gousse ou silique, est occupé par des semences. Voyez Silique. (D. J.)

LÉIBNITZIANISME ou PHILOSOPHIE DE (Page 9:369)

LÉIBNITZIANISME ou PHILOSOPHIE DE LÉIBNITZ, (Hist. de la Philosoph.) Les modernes ont quelques hommes, tels que Bayle, Descartes, Léibnitz & Neuton, qu'ils peuvent opposer, & peut - être avec avantage, aux génies les plus étonnans de l'antiquité. S'il existoit au - dessus de nos têtes une espece d'êtres qui observât nos travaux, comme nous observons ceux des êtres qui rampent à nos piés, avec quelle surprise n'auroit - elle pas vu ces quatre merveilleux insectes? combien de pages n'auroient - ils pas rempli dans leurs éphémérides naturelles? Mais l'existence d'esprits intermédiaires entre l'homme & Dieu n'est pas assez constatée pour que nous n'osions pas supposer que l'immensité de l'intervalle est vuide, & que dans la grande chaîne, après le Créateur universel, c'est l'homme qui se présente; & à la tête de l'espece humaine ou Socrate, ou Titus, ou Marc - Aurele, ou Pascal, ou Trajan, ou Confucius, ou Bayle, ou Descartes, ou Neuton, ou Léïbnitz.

Ce dernier naquit à Léïpsic en Saxe le 23 Juin 1646; il fut nommé Godefroi - Guillaume. Frédéric son pere étoit professeur en Morale, & greffier de l'université, & Catherine Schmuck, sa mere, troisieme femme de Frédéric, fille d'un docteur & professeur en Droit. Paul Léïbnitz, son grand oncle, avoit servi en Hongrie, & mérité en 1600 des titres de noblesse de l'empereur Rodolphe II.

Il perdit son pere à l'âge de six ans, & le sort de son éducation retomba sur sa mere, femme de mérite. Il se montra également propre à tous les genres d'études, & s'y porta avec la même ardeur & le mê<pb->

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