ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"324">

Quatrieme procédé. Apres ces trois procédés de piler, tiuler & laver, il faut broyer les cendres lavees dans le moulin à mereure, & observer que le mereure soit bien propre & pur; il en faut mettre assez pour que toute la sui sace de la bassine en soit couverte, & à proportion de la pesanteur des croisces; apres cela on charge les moulins de cendres à broyer, on en met enviton quinze livres mouillees, ce qui revient à dix livres de seches sur trente livres de vif argent, & l'on broye cela tres - lentement pendant douze heures, si c'est une lavure en or; & six heures seulement, si c'est une lavure d'argent; ensuite on laisse reposer un peu la matiere, car si on la sortoit tout de suite, on courroit risque que des petites parties de mercure ne sortissent avec, ce qui feroit une perte non seulement sur la quantite du mercure, mais encore paice que ce mercure est toujours enrichi: apres que la matiere a été reposee, ôtez le bouchon du moulin, afin qu'elle sorte & se jette dans la cuve qui est placée vis - à - vis & un peu delious, autour de laquelle on range la quantite de moulins dont on veut se servir pour l'operation: si l'on a beaucoup de cendres à passer, il faut prendre beaucoup de moulins, afin d'accélerer l'operation qui est tres - ennuyeuse. Un particulier qui a une lavure un peu sorte, ne sauroit mieux faire pour ses interêts que de laver ses cendres dans la machine nouvellement etablie à Paris sur le quai d'Orçay; elle rempht toutes les conditions que l'on peut desirer, tant pour la promptitude avec laquelle elle travaille, ayant quarantehurt moulins qui vont jour & nuit, & marchent tout - a - la - fois par un seul moteur, que pour la perfection avec laquelle elle opere, la construction de ces moulins etant beaucoup plus parfaite à tous egards que ceux que l'on a eux jusqu'à present; ils ramassent mieux la matiere, & il est démontré qu'elle sapporte pius, operant dans cette machine que, si on la failoit dans les anciens moulins; ceux qui en ont la direction, sont des gens de confiance très - entendus, & la situation des lieux donne une grande commodite qu'on trouve rarement chez soi.

Plusieurs personnes sont dans l'usage de repasser une seconde fois cette terre qu'ils appcllent regrets, sur - tout si c'est une lavure un peu considerable: mais si l'on a pris toutes les précautions indiquées dans les trois premiers procédés, c'est en pure perte; & pour ne pas risquer les frais d'une seconde opération, on doit faire l'essat de ces regrers en en fondant au moins trois onces dans un creuset avec le flux noir, & la litharge de plomb que l'on aura essave auparavant pour savoir ce qu elle contient de sin; on coupelle ensuite le culot de plomb provenu de cette tonte, & l'on sait si ces regrets contiennent encore de la matiere; il faut aussi examiner soigneusement s'il n'y a point de mercure dedans: pour cet effet, faites secher a l'air & bien parfaitement une certaine quantite de regrets, observez si vous ne voyez point de mercure; pesez - les exactement lorsqu'ils sont bien sees; exposez - les après cela à un feu doux, pour évaporer le mercure; voyez ensuite si vos cendres ont fait un déchet considerable, par - là vous jugerez du mercure qui est resté, & s'il y en a beaucoup, n'hésitez pas de les repasser, ne fût - ce que pour reprendre le mercure qui est dedans, parce qu'il est chargé de matieres; mais prenez bien vos précautions à cette seconde opération, pour qu'il ne passe point de mercure avec vos cendres, ou le moins possible, lorsque vous levez les moulins.

Toutes les condres étant passées, on leve les moulins, c'est - à - dire on retire tout le mercure, on le lave, on le sait sécher, on le passe au travers d'une peau de chamois, dans une machine faite exptes, ce qui reste dans la peau est la matiere qui étoit contenue dans vos cendres; cependant il ne faut point se défaire de ce mercure, il convient même à ceux qui ont de foites lavures d'avoir leur mercure à eux, au lieu qu'ordinairement ce sont les laveurs qui le sournissent, & il ne se peut pas faire autrement qu'il ne reste toujours chargé d'uu peu d'or ou d'argent, ce qui est d'autant de peite pour celui à qui appartient la lavure.

Cinquieme procedé. Les boules qui sont restées dans la peau de chamois contenant encore du mercure, il faut le faire évaporer ou distiller; pour cet esset on met ces boules de matiere dans des cornues de verre; il seroit cependant mieux d'en avoir de ser, & faites exprès; elles doivent être de deux pieces qui s'ouvrent environ à moitié de leur hauteur, qui est à peu près de huit pouces, la partie supérieure qui forme une espece de chapiteau, porte un tuyau au col dans le côté qu'on adapte ou fait entrer dans une cornue de verre qui sert de recipient; on a soin de bien lutter la join ture de cette cornue de fer, soit dans l'endroit où elle est brisée, soit au col ou elle est jointe avec celle de verre, par ce moyen on evite les accidens qui sont assez fréquens, lorsqu'on se sert des cornues ou matras de verre sujets à se casser, ce qui cause des pertes considérables, & expose les personnes qui ont la conduite de l'operation à recevoir des eclats du verre & être blesses: on économiseroit aussi; car la dépense de la cornue de fer une fois faite, c'est pour toujours, au lieu qu'il faut casser celle de verre à chaque operation. On commence par taire un feu tres - leger; cette opération dou se faire sur un bain de sable dans une capsule de fer, le feu s'y ménage beaucoup mieux & augmente insensiblement; il convient aussi que la cornue de verre, qui sert de récipient, contienne moitie de sa capacité d'eau.

Apres que la distillation est faite, on laisse refroidir les cornues, on casse celle qui contient la matiere métallique, qui étoit dans les cendres de lavure, si elle est de verre; & si elle est de fer, on la delutte avec soin & propreté, on enleve le dessus par deux anses qu'elle doit avoir, & on retire la matiere qui est au fond. On fond tout cela ensemble avec du borax & du salpêtre rafiné, on laisse la matiere en fusion pendant une quart - d heure, on la remue souvent avec une baguette de bois, pour la bien mêler, ensuite on la jette dans une lingotiere preparée à cet effet; quelques - uns sont dans l'usage de laisser la premiere sonte en culot au fond du creuset, ce qui est encore mieux: on assine cette matiere, si l'on est à portee de le saire, & l'on fait le départ des deux fins; il vaut beaucoup mieux que les ouvriers qui font des ouvrages fins & délicats vendent le produit de leurs lavures à un affineur; car il est assez ordinaire que cet or contienne de l'émeri ou grain d'émail formé par la fonte des métaux vitrifiables qui se sont trouvés parmi l'or ou l'argent, ce qui cause beaucoup de dommage à leurs ouvrages, & les empêche souvent de rendre leur or doux & malléable.

Description du nouveau moulin chimique, ou moulin à lavure. Nous avons vu par le mémoire précédent l'objet que se propose le nouveau moulin chimique; il nous reste à donner la description du méchanisme qui le compose.

La force motrice, suivant le modele en petit, est représenté par une manivelle au lieu d'une roue, à laquelle on donne, dans son exécution en grand, plus ou moins de diametre, suivant la force du courant d'eau, qui doit lui communiquer le mouvement.

[p. 325]

L'axe de cette roue porte vers son milieu une roue plane, dentée à sa circonsérence d'un nombre quelconque, laquelle engrene par sa partie insérieure dans une lanterne aussi d'un nombre quelconque, ménagée sur un cylindre parallele à l'axe de la premiere roue: ce cylindre est dessiné à faire le ver un nombre de marteaux quelconques, au moyen d'un nombre de chevilles, égal au nombre des marteaux, placées de distance en distance sur la circonference da cylindre & en ligne spirale, de maniere que la révolution du cylindre étant saite, chaque marteau au srappé un coup, sans néanmoins que le cylindre soit dans aucun des points de l'erpace qu'il parcoart charge de plus d'un marteau à la sois; d'ou l'on voit que les coups se succedent, & que lorsque le premier quitre par sa chute le levier qui agistoit sur lui, le second commence à étre élevé par le levier qui lui repond, & ainsi de suite. Ces marteaux sont rangés sur une même ligne, & sont suspendus dans un ciavier aux deux tiers de la longueur de leurs manches, d'ou il résulte les bascules dont on vient d'expliquer l'effet; chacun de ces marteaux frappe dans un pilon, & ont un poids commun quelconque. Nous en avons explique l'usage dans le memoire précédent, mais, avant d'abandonner le cylindre & son action sur les manteaux, nous dirons un mot sur chacun des deux effets qu'il produit encore: à l'extrémité d'un de ses essieux, on a pratiqué un excentrique ou manivelle d'un rayon quelconque, laquelle à chaque révolution fait monter & descendre une plece qui est suspendue par un trou libre dans le manche de la manivelle, laquelle piece répond par son extre<-> intér eure à un bras du levier reservé sur un second cylindre, que l'on peut appeller cylindre de renvoi, lequel ne fait qu'une portion de revolution, c'est - a - dire qu'il ne décrit qu un are d'environ 45 degrés alternatifs, mais ce mouvement est suffisant pour faire mouvoir par le moyen d'un second bras du levier une pompe soulante & aspirante qui conimunique dans la riviere, & dont le procuit est destiné à entretenir plein d'eau un rétervoir exhaussé au - dessus des moulins particuliers à mercure pour le besoin de l'operation générale. Nous en parle. tons plus en detail ci - apres.

Ce même cylindre de renvoi fait aussi agir un soufflet qui repond au fourneau destiné à fonare le metal produit de chaque lavure, & celle - ci est la derniere de toutes les operatious d'une lavure.

Nous avons vu par ce qui précede, l'effet de la batterie des marteaux, celui de la pompe, & celui du soufflet: nous allons done prelentement expliquer le mechanirme des moulins à broyèr & des moulins à mercure.

Dans le modele en petit, il y a 30 moulins à mercure, & 6 à broyer; le plan de ces 36 moulins est un polygone exagone, dont chaque côté contient 5 moulins à mercure; & vis - à - vis du milieu de chacun de ces côtés dans le dedans du polygone, il se trouve un moulin à broyer, ce qui fait 36 moulins; ce nombre n'est pas essentiel, il peut être angte ou diminué, suivant l'exigence des cas particuliers; une seule roue fait tourner ces 36 moulins.

Nous avons observé en premier lieu que l'arbre de la roue à l'eau portoit, vers son milien, une roue plane, servant à faire tourner le cylindre intérieur & parallele à son axe: cette roue est done verticale, mais sur son plan est pratiqué une seconde roue à champs, ou simplement des chevilles à distance égales, lesquelles sont arrondies en forme de dent, pour saciliter un engrenement dans une lanterne réservée sur un arbre qui est placé au centre du polygoue. Cet arbre vertical fait tourner tous les moulins, tant à broyer qu'à mercure, fussent ils un nombre infini, si la force étoit elle - même infinie; le moyen que l'auteur a ernployé a paru ingénieux, simple, solide & même nouveau aux artistes les plus expérimentes dans les méchaniques: voici en quoi il consiste.

Au sommet superieur de l'arbre du centre, ou plutôt sur son essieu, est appliqué une manivelle d'un rayon quelconque: les arbres particuliers ces moulins a broyer & a mercure, lesquels sont paralleles à l'arbre du centre, sont exhatissés à la même hauteur, & ont une platine ou un plancher commun, dans lequel ils sont fixés, par un trou qui leur laisse la liberte de tourner librement; ces 36 arbres particuliers portent aussi chacun une manivelle de même rayon que celle qui est appliquée sur l'essieu de l'arbre du centre: il s'agit prétentement d'ex pliquer comment par le moyen de ces 36 manivelles, celle du centre, qui fait la 37, ayant essentiellement un même ravon, communique le mouvement circulaire à toutes les autres; une senle piece produit cet effet. Cette piece, qui est en cuivre jaune ou en laiton, dans le modele en petit dont nous avons parlé, est elle - même un exagone, que j'appellerai, le chassis de la machine, parce qu'il est à jour, ayant un contre & une circonférence pleine, réunts par 6 rayons; exactement au centre de ce chassis est un trou, dans lequel entre juste & libre le manche de la manivelle, portée par l'essieu de l'arbre du centre.

Sur la circonférence du chassis, sont autant de trous qu'il y a ce moulins à mereure, c'est - à - dire 30; mais comme ces 30 moulins ne sont pas dans un cerele, qu'au contraire ils sont 5 à 5 sur des lignes droites, répétees 6 fois, ce qui forme l'exagone; il s'en fait que les 30 trous, destinés à recevoir les 30 manches ces manivelles des 30 moulins à mercure, ne sont pas également éloignés du centre du poligone: ils s'en éloignent, comme les angles du polygone s'en éloignent eux - mêmes; mais le moyen infaillible de placer convenablement tous les trous du chassis, c'est de separer la platine qui recoit & fixe les arbres, ce qui est facile; car on conçoit que cette platine doit être soutenue par un certain nombre de colonnes, par exemple, six aux six angles de l'exagone, à pou pres comme la platine supérieure d'une montre cst soutenue par ses quatre ers. Cette platine etant ainsi séparée, & supposant tous ses trous posés, de maniere que chaque aibre soit bien perpendiculaire dans leur cage commune, il n'y a alors qu'à appliqueole chassis sur cette platine avant qu'il y ait aucun trou de peree, & marquer sur ce chassis, au travers des trous de la platine, autant de points qu'il y a de trous dans la platine, ou de moulins à faire tourner; mais pour le faire avec succès, il faut prendre la précaution de marquer ces trous avec un instrument qui remplisse ceux de la platine sans jeu, & sans lour causer de dommage. Tous les trous étant marqués, c'est - à - dire, dans cet exemple - ci, celui du centre, les six qui répondent aux six moulins à broyer, & qui peuvent être considérés comme étant un cerele inserit dans le polygone, & les 30 qui répondent aux 30 moulins à mercure; on les percera peur y faire entrar les manches des 37 manivelles, avec la précaution de laisser le manche de celle du centre un peu plus fort, puisqu'il éprouve seul 37 fois plus de resistance que chacun des autres en particulier, communiquant le mouvement à tout. En cet etat, si l'on remet la platine en place, & qu'on rapporte sur chaque essieu la manivelle qui doit y être ajustée en quarré; qu'ensuite on applique le chassis de maniere que ces 37 trous soient remplis par les 37 manches des 37 manivelles; il est certain qu'en faisant faire à l'arbre du centre une révolution: cette révolution en fera faire une à chaque moulin, tant à broyer qu'à mercure, & cela dans

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.