ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"294"> gesses criées par les rois & hérauts d'armes, tenant un grand pot d'or bien riche ».

C'est la derniere fois de ma connoissance qu'il est parlé de largesses dans notre histoire, & au fond, la discontinuation de cet usage frivole n'est d'aucune importance à la nation. Les vraies largesses des rois consistent dans la diminution des impots qui accablent le malheureux peuple. (D. J.)

LARGEUR (Page 9:294)

LARGEUR, s. f. (Géom.) c'est une des trois dimensions des corps, voyez Dimension. Dans une table, par exemple, la largeur est la dimension qui concourt avec la longueur pour former l'aire ou la surface du dessus de la table. Les Géometres appellent assez communément hauteur ce que l'on nomme vulgairement largeur: ainsi, dans l'évaluation de l'aire d'un parallélogramme ou du triangle, quand ils disent multiplier la base par la hauteur, il faut entendre qu'il s'agit de multiplier la longueur par la largeur.

Ordinairement la largeur d'une surface se distingue de la longueur, en ce que la largeur est la plus petite des deux dimensions de la surface, & que la longueur est la plus grande. Ainsi on dit d'une surface qu'elle a, par exemple, vingt toises de long & quatre de large. (E)

Largeur (Page 9:294)

Largeur se dit dans l'Ecriture de l'étendue horisontale des caracteres & de celle des pleins & des déliés.

Largeur (Page 9:294)

Largeur, (Rubanier.) se dit lorsque les soies, après être passées en lisses & en peigne, sont toutes prêtes à être travaillées; pour lors l'ouvrier fait environ une douzaine de pas sur ses marches, en se servant de menue ficelle au lieu de trame, seulement pour disposer cette chaîne à prendre sa largeur. On prend encore pour le même effet de vieilles dents de peigne ou même des allumettes, quand elles peuvent suffire pour la largeur nécessaire: cette opération est d'autant plus indispensable, que toutes les soies de chaîne étant attachées ensemble par un seul noeud sur le vergeon de la corde à encorder, on seroit trop long - tems à leur faire prendre la largeur requise si on travailloit réellement avec la trame qui en outre seroit perdue.

LARGO (Page 9:294)

LARGO, adv. terme de Musique, qui, placé à la tête d'un air, indique un mouvement d'une lenteur modérée, & moyen entre l'andante & l'adagio. Ce mot marque qu'il faut tirer de grands sons, donner de grands coups d'archet, &c.

Le diminutif larghetto annonce un mouvement un peu plus animé que le largo, mais plus lent que l'andante. Voyez Adagio, Andante, &c. (S)

LARGUE (Page 9:294)

LARGUE, s. m. (Marine.) vent largue; c'est un air de vent compris en le vent arriere & le vent de bouline. Il est le plus favorable pour le sillage, car il donne dans toutes les voiles; au lieu que le vent en poupe ne porte que dans les voiles d'arriere, qui dérobent le vent aux voiles des mats d'avant. L'expérience a appris en général qu'un vaisseau qui fait trois lieues par heure avec un vent largue, n'en fait que deux avec un vent en poupe.

Largue, haute mer. On dit prendre le largue, tenir le largue, faire largue, pour dire prendre la haute mer, tenir la haute mer, &c.

LARGUER (Page 9:294)

LARGUER, v. act. (Marine.) laisser aller & filer les manoeuvres quand elles sont hâlées. Larguer les écoutes, c'est détacher les écoutes pour leur donner plus de jeu. Larguer une amare, c'est détacher une corde d'où elle est attachée. On se sert encore du verbe larguer pour exprimer l'état du vaisseau: lorsque ses membres ou ses bordages se séparent; lorsqu'il s'ouvre en quelqu'endroit, on dit alors que le vaisseau est largué.

LARIGOT (Page 9:294)

LARIGOT, s. m. (Lutherie.) jeu d'orgue, c'est le plus aigu de tous les jeux de l'orgue; il sonne la quinte au - dessus de la doublette. Voyez la table du rapport de l'étendue des jeux de l'orgue, & nos Pl. d'orgue. Ce jeu, qui est de plomb, a quatre octaves d'étendue.

LARIN (Page 9:294)

LARIN, s. m. (Monn. étrang.) monnoie de compte & monnoie courante de la même valeur. Elle regne au Mogol, en Arabie, en Perse, & principalement dans les golfes persiques & de Cambaye. Cette monnoie a reçu son nom de la ville de Lar, capitale du Laristan, où l'on en a d'abord fabriqué: sa figure est assez singuliere, c'est un fil d'argent de la grosseur d'un tuyau de plume de pigeon, long d'environ un travers de doigt, replié de sorte qu'un bout est un peu plus grand que l'autre. L'empreinte est marquée au coude du repli, mais il s'en trouve de plusieurs empreintes différentes, parce que plusieurs princes en font frapper. Le larin est d'un titre plus haut que l'argent de France; & comme on le prend au poids, son usage est très - commode dans tout l'Orient. Dix larins valent une piastre, c'est - à - dire cinq de nos livres; huit larins font un hor, & dix hors font un toman. Ainsi le larin peut s'évaluer à environ dix sols de France. (D. J.)

LARINO (Page 9:294)

LARINO, (Géogr.) petite ville d'Italie au royaume de Naples, dans la Capitanate, avec un évêché suffragant de Bénevent, dont elle est à 15 lieues. Elle étoit de l'ancien Samnium. C'est le Larinum de Ciceron & de Méla. Les habitans sont nommés Larinas au singulier, & par Pline au pluriel Larinates. Le territoire de la ville, Larinas ager par Tite - Live, & Larinus ager par Cicéron. Longitude 32. 35. lat. 41. 48. (D. J.)

LARISSE (Page 9:294)

LARISSE, (Géogr. anc.) La seule Grece avoit plusieurs villes de ce nom; une dans la Méonie, aux confins de l'Eolide, sur l'Hermus; une dans la Troade au bord de la mer; une dans la Lydie sur le Caïstre, au - dessus de Sardes, remarquable par un temple d'Apollon; une dans l'île de Crete, une autre dans la Carie, une autre près d'Argos, &c.

Mais la fameuse Larisse, la capitale de Thessalie, mérite seule de nous arrêter ici. Elle étoit située sur la rive droite du fleuve Pénée, dans la Pélasgiotide, dixmilles au - dessus d'Astrax; elle est nommée Larissa dans Lucain, & Larissoe dans Horace. Les Latins ont dit également Larissei & Larissenses, pour en désigner les habitans. Jupiter y étoit particulierement honoré, d'où il fut surnommé Larissus. Elle a pour symbole dans ses médailles un cheval qui court ou qui paît.

Philippe, pere d'Alexandre, ayant résolu de tourner ses armes contre les Grecs, après avoir fait une paix captieuse avec les Illyriens & les Pannoniens, choisit sa demeure dans notre Larisse, & par ce moyen gagna l'affection des Thessaliens, qui contribuerent tant par leur excellente cavalerie au succès de ses projets ambitieux. César rapporte qu'avant la bataille de Pharsale, Scipion occupoit Larisse avec une légion; ce fut aussi la premiere place où Pompée se rendit après sa défaite: cependant il ne voulut point s'y arrêter; il vint sur le bord de la riviere & prit un petit bateau pour aller du côté de la mer, où il trouva un navire prêt à lever l'ancre qui le reçut volontiers.

Mais ce qui immortalise encore davantage la Larisse de Thessalie, c'est d'avoir été la patrie d'Achille. Voilà pourquoi Racine fait dire à ce héros, dans Iphigénie, act. jv. sc. 6.

Jamais vaisseaux partis des rives du Scamandre, Aux champs thessaliens oserent - ils descendre? Et jamais dans Larisse un lâche ravisseur Me vint - il enlever ou ma femme ou ma soeur?

Larisse subit le sort du pays dont elle étoit la métropole; elle perdit sa splendeur & son lustre, atqu [p. 295] olim Larisse potens! s'écrioit Lucain, en considérant les vicissitudes des choses humaines.

Cependant Larisse subsiste encore présentement, & conserve, sous l'empire turc, le nom de ville dans la province de Janna. On la nomme aujourd'hui Larze. Le sieur Paul Lucas, qui y étoit en 1706, dit que Larze est située assez avantageusement dans une plaine fertile, & arrosée d'une belle riviere qui passe au pié de ses maisons. Cette riviere, le Pénée des anciens, est nommée par les Grecs modernes, Salembria, & par les Turcs Licouston. Elle a un pont de pierre fort bien construit; Larze est habitée par des Tutcs, des Grecs, & principalement des Juifs, qui y font un commerce assez considérable. Il n'y a qu'une seule église pour les chrétiens grecs, & cette seule église porte le nom d'évêché. (D. J.)

Larisse (Page 9:295)

Larisse, (Géog.) montagne de l'Arabie pétréc, le long de la mer Méditerranée. Il ne faut pas croire Thevel, qui prétend que c'est - là le mont Casius ou Cassius des anciens, lieu célebre, dit Strabon, parce que c'est sur cette montagne que repose le corps du grand Pompée, & qu'on voit le temple de Jupiter Cassius.

Larisse (Page 9:295)

Larisse, (Géograph.) riviere de la Turquie européenne dans la Romanie. Elle a sa source entre Andrinople & Chiourlick, & se jette dans l'Archipel.

LARISSUS (Page 9:295)

LARISSUS, (Geogr. anc.) fleuve du Péloponnese qui séparoit l'Achaïe proprement dite d'avec l'Elide. Près du bord de certe riviere étoit un temple à Minerve Larissienne.

LARISTAN (Page 9:295)

LARISTAN, (Géog.) contrée de Perse aux environs de la ville de Lar; cette contrée appartenoit autrefois aux princes des Guebres, qui faisoient profession de la religion des Mages. Les Arabes les en dépouillerent sans abolir le culte du pays: ceux - ci furent chassés par les Curdes l'an 500 de l'hégire; & ces derniers s'y maintinrent jusqu'au regne de Schach - Abas. Le Laristan s'étend depuis le 25d de latit. jusqu'au 27. (D. J.)

LARIX (Page 9:295)

LARIX, (Littér. Bot.) nom d'un bois dont parle Vitruve, liv. I. ch. ix. Il dit que César étant campé près des Alpes, voulut se rendre maître d'une forteresse nommée Larignum (Iûdore liv. XVII. ch. vij. écrit Laricium), devant laquelle il y avoit une tour de bois d'où on pouvoir incommoder ses troupes. Il y fit mettre le feu, & en peu de tems elle parut toute embrasée, mais ensuite le feu s'éteignit de lui - même sans avoir consommé le bois de la tour. César voyant son projet manqué, fit une tranchée, & les ennemis furent obligés de se rendre. Ils lui apprirent alors que la tour étoit construite du bois larix, qui avoit donné le nom au château, & que ce bois ne pouvoit être endommagé par les flammes. M. Perrault, incertain si le larix dont il s'agit ici est notre mélese, a conservé le terme latin dans sa traduction: son doute mérite des louanges, & c'est bien le doute d'un vrai savant, car quoique la mélese soit un bois très - dur & très - durable, excellent pour la construction des vaisseaux, on a de la peine à se persuader qu'un bois plein de résine & de térébenthine ait la propriété de résister aux flammes, comme Vitruve le raconté du larix. (D. J.)

LARME (Page 9:295)

LARME, s. m. (Anat.) lymphe claire, limpide salée, qui, par le mouvement des paupieres, se répand sur tout le globe de l'oeil, humecte la cornée, & l'entretient nette & transparente.

En effet, la glace qui fait l'entrée du globe de l'oeil, n'est pas un crystal solide; c'est, je l'avoue, une membrane dure & polie, mais c'est toujours une membrane, elle doit tout son poli, toute sa transparence, non seulement à l'humeur aqueuse qu'elle contient, mais encore à une autre humeur limpide, qui l'abreuve sans cesse par dehors & en remplit exactement le pores; sans cette eau, la cor<cb-> née transparente exposée à l'air, se sécheroit, se rideroit, se terniroit, & cesseroit de laisser passer les rayons; or cette eau si essentielle à la transparence de la cornée à la vue, ce sont les larmes.

On leur donne pour source une glande plate, nommée glande lacrymale, située au côté extérieur & supérieur de l'oeil. Voyez Lacrymale, Glande.

Les larmes sont versées de cette glande sur le devant de l'oeil par des conduits très - fins; & le mouvement fréquent des paupieres les répand, & en arrose toute la surface polie de l'oeil; ensuite elles sont chariées vers l'angle qui regarde le nez, qu'on appelle le grand angle, par les rebords saillans des paupicres, qui font séparément l'office de gouttiere, & qui, jointes ensemble, font l'office de canal, & en même tems de siphon.

Sur chaque paupiere, vers ce grand angle où sont chariées les larmes, on trouve une espece de petit puits perdu, dont on appelle l'ouverture le point lacrymal; chacun de ces petits canaux se réunit au grand angle à un réservoir commun, appellé sac lacrymal; ce sac est suivi d'un canal, qu'on nomme conduit lacrymal; ce conduit descend, logé dans les os, jusques dans le nez, où il disperse les larmes qui concourent à humecter cet organe, quand elles ne sont pas trop abondantes; mais lorsqu'on pleure, on est obligé de moucher souvent, pour débarrasser le nez des larmes qui s'y jettent alors en trop grande quantité.

Les larmes qui coulent quelquefois dans la bouche, passent par les trous incisifs, qui sont situés au milieu de la mâchoire supérieure, & qui vont se rendre dans les cavités du nez. Ces trous se trouvant toujours ouverts, laissent passer dans la bouche le résidu des larmes, ainsi que la portion la plus subtile des mucosités du nez.

Il suit de ce détail que quand les points lacrymaux sont obstrués, il en arrive nécessairement un épanchement de larmes; & que quand le conduit nazal est bouché, il en résulte différentes especes de fistules lacrimales. Quelquefois aussi, par l'abondance ou l'acrymonie de la lymphe, le sac lacrymal vient à être dilaté ou rongé, ce qui produit des fistules lacrymales d'une espece différente des autres. Leur cure consiste à donner aux sérosités de l'oeil une issue artificielle, au défaut de la naturelle qui est détruite.

Il y a des larmes de douleur & de tristesse; & combien de causes qui les font couler! Mais il est aussi des larmes de joie: ce furent ces dernieres qui inonderent le visage de Zilia, quand elle apprit que son cher Aza venoit d'arriver en Espagne: « Je cachai, dit elle, à Déterville mes transports de plaisirs, il ne vit que mes larmes».

Il y a des larmes d'admiration; telles étoient celles que le grand Condé, à l'âge de vingt ans, étant à la premiere représentation de Cinna, répandit à ces paroles d'Auguste: Je suis maître de moi, comme de l'univers, &c. Le grand Corneille faisant pleurer le grand Condé d'admiration, est une époque célebre dans l'histoire de l'esprit humain, dit M. de Voltaire. (D. J.)

Larme de Job (Page 9:295)

Larme de Job, lacrima Job, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines qui sortent d'un calice, disposée en forme d'épi & stérile: les embry ons naissent séparément des fleurs, & deviennent des semences enveloppées d'une membrane, & renfermées dans une coque. Tournef. Inst. rei herb. Voyez Plante.

Elle ressemble au roseau, ses fleurs sont à pétales, ornées d'un calice; elles sont mâles, & en épi du côté de la plante; son ovaire est situé de l'autre côté; il est garni d'un long tube, & de deux cornes; il dégénere en une coque pierreuse qui contient une

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