ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"282"> & de la statue de pierre qu'on lui érigea sur le mont Laphistius en Béotie. Voyez Laphistius. (D. J.)

LAPHISTIUS MONS (Page 9:282)

LAPHISTIUS MONS, (Géog. anc.) montagne de Grece en Béotie: Pausanias, l. V. c. xxxiv. en parle ainsi. « Il y a vingt stades, c'est - à - dire deux milles & demi, de Coronée au mont Laphistius, & à l'aire de Jupiter Laphistien; la statue du dieu est de pierre. Lorsque Athamas étoit sur le point d'immoler Hellé & Phrixus en cet endroit, on dit que Jupiter fit paroître tout - à - coup un bélier à toison d'or, sur lequel ces deux enfans monterent, & se sauverent. Plus haut est l'Hercule nommé Charops, c'est - à - dire aux yeux bleus. Les Béotiens prétendent qu'Hercule monta par - là, lorsqu'il trainoit Cerbère, le chien de Pluton. A l'endroit par où l'on descend le mont Laphistius, pour aller à la chapelle de Minerve Itonienne, est le Phalare, qui se dégorge dans le lac de Céphise; au - delà du mont Laphistius, est Orchomene, ville célebre, &c. (D. J.)»

LAPHRIENNE (Page 9:282)

LAPHRIENNE, Laphria, (Littér.) surnom que les anciens habitans d'Aroé, vilie du Péloponnèse, donnerent à Diane, après l'expiation du crime de Ménalippe & de Cométho, qui avoient prophané le temple de cette déesse par leurs impudiques amours. Ils lui érigerent pour lors une statue d'or & d'ivoire, qu'ils gardoient précieusement dans leur citadelle; ensuite lorsqu'Auguste eut soumis cette ville à l'empire romain, & qu'elle eut pris le nom de Patras, Colonia Augusta, Aroe Patrensis, ses habitans rebâtirent un nouveau temple à Diane Laphricnne, & établirent en son honneur une fête dont Pausanias nous a décrit les cérémonies dans son voyage de Grece. (D. J.)

LAPHYRE (Page 9:282)

LAPHYRE, Laphyra, (Littér.) surnom de Minerve, tiré du mot grec LA/FURA, dépouilles, butin; parce que comme déesse de la guerre, elle faisoit faire du butin; elle faisoit remporter des dépouilles sur les ennemis aux troupes qu'elle favorisoit. (D. J.)

LAPIDAIRE (Page 9:282)

LAPIDAIRE, s. f. (Arts méchaniq.) ouvrier qui taille les pierres précieuses. Voyez Diamant & Pierre précieuse.

L'art de tailler les pierres précieuses est très ancien, mais son origine a été très - imparfaite. Les François sont ceux qui y ont réussi le mieux, & les Lapidaires ou Orfevres de Paris, qui forment un corps depuis l'an 1290, ont porté l'art de tailler les diamans, qu'on appelle brillans, à sa plus haute perfection.

On se sert de différentes machines pour tailler les pierres précieuses, selon la nature de la pierre qu'on veut tailler. Le diamant, qui est extrêmement dur, se taille & se façonne sur un rouet d'un acier doux, qu'on fait tourner au moyen d'une espece de moulin, & avec de la poudre de diamant qui trempe dans de l'huile d'olive; cette méthode sert aussi bien à le polir, qu'à le tailler. Voyez Diamant.

Les rubis orientaux, les saphirs & les topases se taillent & se forment sur un rouet de cuivre qu'on arrose avec de la poudre de diamant & de l'huile d'olive. Leur poliment se fait sur une autre roue de cuivre, avec du tripoli détrempé dans de l'eau. Voyez Rubis.

Les émeraudes, les jacynthes, les amétistes, les grenats, les agathes, & les autres pierres moins précieuses, moins dures, on les taille sur une roue de plomb, imbibée de poudre d'émeril détrempée avec de l'eau: on les polit ensuite sur une roue d'étain avec le tripoli.

La turquoise de vieille & de nouvelle roche, le lapis, le girasol & l'opale se taillent & se polissent sur une roue de bois avec le tripoli.

Maniere de graver sur les pierres précieuses & les crystaux. La gravure sur les pierres précieuses, tant en creux que de relief, est fort ancienne, & l'on voit plusieurs ouvrages de l'une & de l'autre espece, où l'on peut admirer la science des anciens seulpteurs, soit dans la beauté du dessein, soit dans l'excellence du travail.

Quoiqu'ils ayent gravé presque toutes les pierres précieuses, les figures les plus achevées que nous voyons sont cependant sur des onices ou des cornalines, parce que ces pierres sont plus propres que les autres à ce genre de travail, étant plus fermes, plus égales, & se gravent nettement; d'ailleurs on rencontre dans les onices différentes couleurs disposées par lits les unes au - dessus des autres, au moyen de quoi on peut faire dans les pieces de relief que le fond reste d'une couleur & les figures d'une autre, ainsi qu'on le voit dans plusieurs beaux ouvrages que l'on travaille à la roue & avec de l'émeril, de la poudre de diamant & les outils, dont on parlera ci - dessous.

A l'égard de ceux - ci qui sont gravés en creux, ils sont d'autant plus difficiles, qu'on y travaille comme à tâtons & dans l'obscurité, puisqu'il est nécessaire pour juger de ce qu'on fait, d'en faire à tous momens des épreuves avec des empreintes de pâte ou de cire. Cet art, qui s'étoit perdu comme les autres, ne commença à reparoître que sous le pontificat du pape Martin V. c'est - à - dire au commencement du quinzieme siecle. Un des premiers qui se mit à graver sur les pierres, fut un Florentin, nommé Jean, & surnommé delle Corgnivole, à cause qu'il travailloit ordinairement sur ces sortes de pierres. Il en vint d'autres ensuite qui graverent sur toutes sortes de pierres précieuses, comme fit un Dominique, surnommé de Camai, milanois, qui grava sur un rubis balais le portrait de Louis dit le Maure, duc de Milan. Quelques autres représenterent ensuite de plus grands sujets sur des pierres fines & des crystaux.

Pour graver sur les pierres & les crystaux, l'on se sert du diamant ou de l'émeril. Le diamant, qui est la plus parfaite & la plus dure de toutes les pierres précieuses, ne se peut tailler que par lui - même, & avec sa propre matiere. On commence par mastiquer deux diamans bruts au bout de deux bâtons assez gros pour pouvoir les tenir fermes dans la main, & les frotter l'un contre l'autre, ce que l'on nomme égriser, ce qui sert à leur donner la forme & la figure que l'on desire.

En frottant & égrisant ainsi les deux pierres brutes, il en sort de la poudre que l'on reçoit dans une espece de boëte, que l'on nomme gresoir ou égrisoir; & c'est de cette même poudre dont on se sert après pour polir & tailler les diamans, ce que l'on fait avec un moulin qui fait tourner une roue de fer doux. On pose sur cette roue une tenaille aussi de fer, à laquelle se rapporte une coquille de cuivre. Le diamant est soudé dans la coquille avec de la soudure d'étain; & afin que la tenaille appuie plus fortement sur la roue, on la charge d'une grosse plaque de plomb. On arrose la roue sur laquelle le diamant est posé, avec de la poudre sortie du diamant, & délayée avec de l'huile d'olive. Lorsqu'on veut le tailler à facettes, on le change de facette en facette à mesure qu'il se finit, & jusqu'à ce qu'il soit dans sa derniere perfection.

Lorsqu'on veut scier un diamant en deux ou plusieurs morceaux, on prend de la poudre de diamant bien broyée dans un mortier d'acier avec un pilon de même métal: on la délaye avec de l'eau, du vinaigre, ou autre chose que l'on met sur le diamant, à mesure qu'on le coupe avec un fil de fer ou de laiton, aussi délié qu'un cheveu. Il y a aussi des diamans que l'on fend, suivant leur fil, avec des outils propres pour cet effet. [p. 283]

Quant aux rubis, saphirs & topases d'orient, on les taille & on les forme sur une roue de cuivre qu'on arrose de poudre de diamant avec de l'huile d'olive. Le poliment s'en fait sur une autre roue de cuivre, avec du tripoli détrempé dans de l'eau. On tourne d'une main un moulin qui fait agir la roue de cuivre, pendant qu'on forme de l'autre la pierre mastiquée ou cimentée sur un bâton, qui entre dans un instrument de bois, appellé quadrant, parce qu'il est composé de plusieurs pieces qui quadrent ensemble & se meuvent avec des visses, qui, faisant tourner le bâton, forment régulierement les différentes figures que l'on veut donner à la pierre.

Pour les rubis balais, espinelles, émeraudes, jacynthes, amétistes, grenats, agathes, & autres pierres moins dures, on les taille, comme on a dit au commencement de l'article, & on les polit ensuite sur une roue d'étain avec le tripoli.

Il y a d'autres sortes de pierres, comme la turquoise de vieille & de nouvelle roche, le lapis, le girasol & l'opale, que l'on polit sur une roue de bois avec le tripoli.

Pour former & graver les vases d'agathe, de crystal, de lapis, ou d'autres sortes de pierres dures, on a une machine, qu'on appelle un tour, exactement semblable à ceux des Potiers d'étain, excepté que ceux - ci sont faits pour y attacher les vases & les vaisselles que l'on veut travailler, au lieu que les autres sont ordinairement disposés pour recevoir & tenir les différens outils qu'on y applique, & qui tournent par le moyen d'une grande roue qui fait agir le tour. Ces outils, en tournant, forment ou gravent les vases que l'on présente contre, pour les façonner & les orner de relief ou en creux, selon qu'il plaît à l'ouvrier, qui change d'outils selon qu'il en a besoin.

Il arrose aussi ses outils & sa besogne avec de l'émeril détrempé dans de l'eau, ou avec de la poudre de diamant délayée avec de l'huile, selon le mérite de l'ouvrage & la qualité de la matiere; car il y a des pierres qui ne valent pas qu'on dépense la poudre de diamant à les tailler, & même qui se travaillent plus promptement avec l'émeril, comme sont le jade, le girasol, la turquoise, & plusieurs autres qui paroissent être d'une nature grasse.

Lorsque toutes ces différentes pierres sont polies, & qu'on veut les graver, soit en relief, soit en creux; si ce sont de petits ouvrages, comme médailles ou cachets, l'on se sert d'une machine, appellée touret, qui n'est autre chose qu'une petite roue de fer, dont les deux bouts des aissieux tournent, & sont enfermés dans deux pieces de fer mises de bout, comme les lunettes des Tourneurs, ou les chevalets des Serruriers, lesquelles s'ouvrent & se ferment comme l'on veut, étant pour cet effet fendues par la moitié, & se rejoignant par le haut avec une traverse qui les tient, ou faits d'une autre maniere. A un bout d'un des aissieux de la roue l'on met les outils dont on se sert, lesquels s'y enclavent & s'y affer missent par le moyen d'une visse qui les serre & les tient en état. On fait tourner cette roue avec le pié, pendant que d'une main l'on présente & l'on conduit l'ouvrage contre l'outil, qui est de fer doux, si ce n'est quelques - uns des plus grands que l'on fait quelquefois de cuivre.

Tous les outils, quelque grands ou petits qu'ils soient, sont ou de fer ou de cuivre, comme je viens de dire. Les uns ont la forme d'une petite pirouette, on les appelle des scies; les autres qu'on nomme bouts, bouterolles, ont une petite tête ronde comme un bouton. Ceux qu'on appelle de charniere, sont faits comme une virole, & servent à enlever les pieces; il y en a de plats, & d'autres différentes sortes que l'ouvrier fait forger de diverses gran<cb-> deurs, suivant la qualité des ouvrages. On applique l'outil contre la pierre qu'on travaille, soit pour ébaucher, soit pour finir, non pas directement opposée au bout de l'outil, mais à côté, en sorte que la scie ou bouterolle l'use en tournant contre, & comme la coupant. Soit qu'on fasse des figures, des lettres, des chiffres, ou autre chose, l'on s'en sert toujours de la même maniere, les arrosant avec de la poudre de diamant & de l'huile d'olive; & quelquefois, lorsqu'on veut percer quelque chose, on rapporte sur le tour de petites pointes de fer, au bout desquelles il y a un diamant serti, c'est - à - dire enchâssé.

Après que les pierres sont gravées ou de relief, ou en creux, on les polit sur des roues de brosses faites de poil de cochon, & avec du tripoli, à cause de la délicatesse du travail; & quand il y a un grand champ, on fait exprès des outils de cuivre ou d'étain propres à polir le champ avec le tripoli, lesquels on applique sur le touret de la même maniere que l'on met ceux qui servent à graver. Voyez nos Planches de Diam. & de Lapid.

LAPIDATION (Page 9:283)

LAPIDATION, s. f. (Théolog.) l'action de tuer quelqu'un à coups de pierre; terme latinisé de lapis, pierre.

La lapidation étoit un supplice fort usité parmi les Hébreux; les rabbins font un grand dénombrement des crimes soumis à cette peine. Ce sont en général tous ceux que la loi condamne au dernier supplice, sans exprimer le genre de la mort; par exemple, l'inceste du fils avec la mere, ou de la mere avec son fils, ou du fils avec sa belle - mere, ou du pere avec sa fille, ou de la fille avec son pere, ou du pere avec sa belle - fille, ou d'un homme qui viole une fille fiancée, ou de la fiancée qui consent à ce violement, ceux qui tombent dans le crime de sodomie ou de bestialité, les idolâtres, les blasphémateurs, les magiciens, les nécromanciens, les violateurs du sabbat, ceux qui offrent leurs enfans à Moloch, ceux qui portent les autres à l'idolâtrie, un fils rebelle à son pere, & condamné par les juges. Les rabbins disent que quand un homme étoit condamné à mort, il étoit mené hors de la ville, ayant devant lui un huissier avec une pique en main, au haut de laquelle étoit un linge pour se faire remarquer de plus loin, & afin que ceux qui avoient quelque chose à dire pour la justification du coupable, le pussent proposer avant qu'on fût allé plus avant. Si quelqu'un se présentoit, tout le monde s'arrêtoit, & on ramenoit le criminel en prison, pour écouter ceux qui vouloient dire quelque chose en sa favenr. S'il ne se présentoit personne, on le conduisoit au lieu du supplice, on l'exhortoit à reconnoître & à confesser sa faute, parce que ceux qui confessent leur faute, ont part au fiecle futur. Après cela on le lapidoit. Or la lapidation se faisoit de deux sortes, disent les rabbins. La premiere, lorsqu'on accabloit de pierres le coupable, les témoins lui jettoient les premiers la pierre. La seconde, lorsqu'on le menoit sur une hauteur escarpée, élevée au moins de la hauteur de deux hommes, d'où l'un des deux témoins le précipitoit, & l'autre lui rouloit une grosse pierre sur le corps. S'il ne mourroit pas de sa chûte, on l'achevoit à coups de pierres. On voit la pratique de la premiere façon de lapider dans plus d'un endroit de l'Ecriture; mais on n'a aucun exemple de la seconde; car celui de Jézabel, qui fut jettée à bas de la fenêtre, ne prouve rien du tout.

Ce que nous avons dit que l'on lapidoit ordinairement les criminels hors de la ville, ne doit s'entendre que dans les jugemens réglés: car, hors ce cas, souvent les Juifs lapidoient où ils se trouvoient; par exemple, lorsque, emportés par leur zele, ils accabloient de pierres un blasphémateur,

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