ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Entre dix especes de langues de chien, ou pour mieux dire de cynoglosses, établies par Tournefort, la principale est nommée par les Botanistes, cynoglossum majus, vulgare.

Sa racine est droite, épaisse, semblable à une petite rave, d'un rouge noirâtre en dehors, blanche en dedans, d'une odeur forte & narcotique, d'une saveur mucilagineuse, & d'une douceur fade. Ses tiges sont hautes d'une ou de deux coudées, branchues, creuses quand elles sont vieilles, & couvertes de beaucoup de duvet.

Ses feuilles sont longues & un peu larges la premiere année; dans la seconde, lorsque les tiges paroissent, elles sont étroites, pointues, blanches, molles, cotonneuses, d'une odeur forte & puante; elles naissent sans queues, alternativement sur la tige.

Ses fleurs sont d'une seule piece en entonnoir, divisées en cinq lobes, d'une couleur rouge - sale, portées sur des calices velus, partagées en cinq quartiers. Le pistil qui s'éleve du fond du calice, perce la fleur en maniere de clou, & devient un fruit composé de quatre capsules, un peu applaties, hérissées, & qui s'attachent fortement aux habits; ces capsules sont couchées sur un placenta pyramidal, quadrangulaire, & remplies d'une graine plate.

Cette plante vient partout, fleurit en Juin & en Juillet, a une odeur fétide, & sent l'urine de souris. On la cultive dans les jardins de Medecine, parce que sa racine est d'usage. Cette racine est regardée comme dessicative, resserrante, propre pour arrêter les fluxions catarreuses, & temperer l'acreté des humeurs; elle a donné nom aux pillules de cynoglosse, composées de trop d'ingrédiens dans la plûpart des pharmacopées, & notamment dans celle de Paris. A quoi bon la graine de jusquiame blanche, & l'encens mâle qui y entrent? (D. J.)

Langue de Serpent (Page 9:272)

Langue de Serpent, (Hist. nat. Bot.) ophioglossum, genre de plante qui n'a point de fleur, mais qui porte un fruit en forme de langue, divisé longitudinalement en deux rangs de cellules; ces cellules s'ouvrent d'elles - mêmes, & ensuite le fruit devient dentelé de chaque côté. Il y a dans les entailles une poussiere très - menue, que l'on reconnoit pour des semences à l'aide du microscope. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Langue de Serpent (Page 9:272)

Langue de Serpent, (Mat. med.) on ne fait aucun usage de cette plante dans les préparations magistrales; sa feuille entre dans deux compositions de la pharmacopée de Paris, destinée à l'usage extérieur, le baume vulnéraire & le baume oppodeldoc. (b)

Langues de Serpens (Page 9:272)

Langues de Serpens, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs aux dents de poissons pétrifiées qui se trouvent en plusieurs endroits dans le sein de laterre. Voyez Glossopetres.

Langues de l'Iris (Page 9:272)

Langues de l'Iris, (Jardinage.) se disent de trois des neuf feuilles de sa fleur, lesquelles sont sur les côtés & à demi - ouvertes en forme de bouche. Voyez Iris.

Langue (Page 9:272)

Langue, dans l'ordre de Malthe, (Hist. moder.) c'est le nom général qu'on donne aux huit divisions des différens pays ou nations qui composent l'ordre des chevaliers de Malte. Voici leurs noms & le rang qu'on leur donne: la langue de Provence, la langue d'Auvergne, la langue de France, celles d'Italie, d'Arragon, d'Angleterre, d'Allemagné & de Castille. Ainsi il y a trois langues pour le royaume de France, deux pour l'Espagne, une pour l'Italie, autant pour l'Angleterre & pour l'Allemagne. Chaque langue a son chef, qu'on nomme pilier. Voyez Pilier & Malte. (G)

Langue (Page 9:272)

Langue, (Marine.) se dit d'un morceau de toile à voile, soit cueille ou demi - cueille, étroit par le haut & large par le bas, qu'on met aux côtés de quelques voiles.

Langue (Page 9:272)

Langue, (Maréchall.) partie de la bouche du cheval. C'est un défaut à un cheval d'avoir la langue trop épaisse, comme aussi que le bout sorte de la bouche; c'en est un aussi d'avoir la langue serpentine ou feuillarde, c'est - à - dire, de l'avoir si flexible qu'elle passe souvent par - dessus le mors. La liberté de la langue se dit de certains mors tournés de façon que la langue du cheval peut se remuer dessous en liberté. Pour le bruit de la langue en qualité d'aides, Voyez Aides. On se sert des expressions suivantes, appetter, aider, ou animer de la langue. Voyez Appeller.

Langue de Carpe (Page 9:272)

Langue de Carpe, outil d'Arquebusier. Cet outil tire son nom de sa figure; car il est exactement fait par le bout comme une langue de carpe, est tranchant des deax côtés & par le bout. L'autre bout est plus menu, & forme une queue qui s'enmanche dans un petit morceau de bois, à - peu - près quarré de la longueur d'un pouce. Les Arquebusiers s'en servent pour creuser, sculpter, &c. Ils en ont de fort petites.

Langue d'une Balance (Page 9:272)

Langue d'une Balance, est un petit style perpendieulaire au fleau, & qui doit être caché par la chasse de la balance, lorsque la balance est en équilibre. Voyez Balance, Chasse, Fleau , &c. (O)

Langues (Page 9:272)

Langues, les, (Géog.) petit pays d'Italie, dans la partie méridionale du Piémont & du Montserrat, entre l'Apennin & les rivieres de Tanare, d'Orbe, & de Sture, jusqu'aux frontieres de l'état de Gènes. Il est divisé en langues hautes, dont Albe est la capitale, & en basses, qui sont au sud de la ville d'Asti en Piémont. Ce petit pays est très - fertile & peuplé. (D. J.)

LANGUÉ (Page 9:272)

LANGUÉ, adj. dans le Blazon, se dit des animaux dont les langues paroissent sortir de leurs bouches, & sont d'une couleur différente de celle du corps de l'animal.

Dufaing aux Pays - bas, d'or à l'aigle au vol abaissé langué & membré de gueules.

LANGUEDOC, le (Page 9:272)

LANGUEDOC, le, Occitania, (Géog.) province maritime de France, dans sa partie méridionale. Elle est bornée au nord par le Quercy & le Rouergue; à l'orient, le Rhône la distingue du Dauphiné, de la Provence, & de l'état d'Avignon; à l'occident la Garonne la sépare de la Gascogne; elle se termine au midi, par la Méditerranée, & par les comtés de Foix & de Roussillon. On lui donne environ 40 lieues dans sa plus grande largeur, & 90 depuis la partie sa plus septentrionale, jusqu'à sa partie la plus méridionale. Les principales rivieres qui l'arrosent, sont le Rhône, la Garonne, le Tarn, l'Allier, & la Loire; Toulouse en est la capitale.

Je ne dirai qu'un mot des révolutions de cette province, quoique son histoire soit très - intéressante; mais elle a été faite dans le dernier siecle par Catel, & dans celui - ci, par Dom Joseph Vaistet, & Dom Claude de Vic, en 2 vol. in - fol. dont le premier fut mis au jour à Paris en 1730, & le second en 1733.

Le Languedoc est de plus grande étendue que n'étoit la seconde Narbonnoise; & les peuples qui l'habitoient autrefois, s'appelloient Volsques, Volcoe.

Les Romains conquirent cette province, sous le consulat de Quintus Fabius Maximus, 636 ans après la fondation de Rome. Mais quand l'empire vint à s'affaisser sous Honorius, les Goths s'emparerent de ce pays, qui fut nommé Gothie, ou Septimanie, dès le v. siecle; & les Goths en jouirent sous 30 rois, pendant près de 300 ans.

La Gothie ou Septimanie, après la ruine des Wi<pb-> [p. 273] sigoths, tomba sous la domination des Maures, Arabes ou Sarrazins, Mahométans, comme on voudra les appeller, qui venoient d'asservir presque toute l'Espagne. Fiers de leurs conquêtes, ils s'avancerent jusqu'à Tours; mais ils furent entierement défaits par Charles Martel, en 725. Cette victoire suivie des heureux succes de son fils, soumit la Septimanie à la puissance des rois de France. Charlemagne y nomma dans les principales villes, des ducs, comtes, ou marquis, titres qui ne désignoient que la qualité de chef ou de gouverneur. Louis le Debonnaire continua l'établissement que son pere avoit formé.

Les ducs de Septimanie régirent ce pays jusqu'en 936, que Pons Raimond, comte de Toulouse, prit tantôt cette qualité, & tantôt celle de duc de Narbonne; enfin, Amaury de Montfort céda cette province en 1223, à Louis VIII. roi de France. Cette cession lui fut confirmée par le traité. de 1228; en sorte que sur la fin du même siecle, Philippe le Hardi prit possession du comté de Toulousé, & reçut le serment des habitans, avec promesse de conserver les privileges, usages, libertés, & coutumes des lieux.

On ne trouve point qu'on ait donné le nom de Languedoc à cette province, avant ce tems - là. On appella d'abord Languedoc, tous les pays où l'on parloit la langue toulousaine, pays bien plus érendus que la province de Languedoc; car on comprenoit dans les pays de Languedoc, la Guyenne, le Limousin, & l'Auvergne. Ce nom de Languedoc vient du mot oc, dont on se servoit en ces pays - là pour dire oui. C'est pour cette raison qu'on avoit divité dans le xjv. siecle toute la France en deux langues; la langue d'oui, dont Paris étoit la premiere ville, & la langue d'oc, dont Toulouse étoit la capitale. Le pays de cette langue d'oc est nommé en latin dans les anciens monumens, pairia occitana; & dans d'autres vieux actes, la province de Languedoc est appellée lingua d'oc.

Il est vrai cependant qu'on continua de la nommer Septimanie, à cause qu'elle comprenoit sept cités; savoir, Toulouse, Beziers, Nismes, Agde, Maguelone aujourd'hui Montpellier, Lodeve, & Usez.

Enfin en 1361 le Languedoc fut expressément réuni à la couronne, par lettres - patentes du roi Jean. Ainsi le Languedoc appartient au roi de France par droit de conquête, par la cession d'Amaury de Montfort en 1223, & par le traité - de 1228.

C'est un pays d'états, & en même tems la province du royaume où le clergé est le plus nombreux & le plus riche. En effet on y compte trois archevêchés, & vingt évêchés.

Ce pays est généralement fertile en grains, en fruits, & en excellens vins. Son histoire naturelle esttrès - curieuse par ses eaux minerales, ses plantes, ses petrifications, ses carrieres de marbre, ses mines de turquoises, & autres singularités.

Le commerce de cette prevince, qui consiste principalement en denrées, & en manufactures de soie, de draps, & de petites étoffes de laine, est un commerce considérable, mais qu'il importe de rendre plus florissant, en faisant cesser ces regles arbitraires établies sous les noms de traite - foraine & traitedomaniale; ces regles forment une jurisprudence très - compliquée, qui déroute le commerce, décourage le négociant, occasionne sans cesse des procès, des saisies, des confiscations, & je ne sais combien d'autres sortes d'usurpations. D'ailleurs, la traiteforaine du Languedoc, sur les frontieres de Provence, est abusive, puisqu'elle est établie en Provence. La traite domaniale est destructive du commerce étranger, & principalement de l'agriculture.

Il est, selon la remarque judicieuse de l'auteur moderne des considérations sur les finances, il est un autre vice intérieur en Languedoc, dont les riches gardent le secret, & qui doit à la longue porter un grand préjudice à cette belle province. Les biens y ont augmenté de valeur, à mesure que les progrès du commerce, soit intérieur ou extérieur, ont haussé le prix des denrées. Les impôts n'y ont pas augmenté de valeur intrinseque, dans la même progression, ni en proportion des dépenses nécessaires de l'état. Cependant les manoeuvriers, fermiers, ouvriers, laboureurs, y sont dans une position moins heureuse que dans d'autres provinces qui payent davantage. La raison d'un fait si extraordinaire en apparence, vient de ce que le prix des journées, des corvées, n'y a point haussé proportionnellement à celui des denrées. Il n'est en beaucoup d'endroits de cette province, que de six sols, comme il y a cent ans. Les propriétaires des terres, par l'effet d'un intérêt personnel mal - entendu, ne veulent pas concevoir que la consommation du peuple leur reviendroit avec bénéfice; que d'ailleurs sans aisance il ne peut y avoir d'émulation ni de progrès dans la culture, & dans les arts; mais s'il arrive un jour que dans les auties provinces on vienne à corriger l'arbitraire, le Languedoc sera vraissemblablement desert, ou chapgera de principe. (D. J.)

Languedoc (Page 9:273)

Languedoc, canal de, (Méchan. Hydraul. Architect.) On le nomme autrement canal de la jonction des deux mers, canal toyal, canal de Riquet; & la raison de tous ces noms sera facile à voir par la suite. C'est un superbe canal qui traverse la province de Languedoc, joint ensemble la Méditerranée & l'Océan, & tombe dans le port de Cette, construit pour recevoir ses eaux.

L'argent ne peut pénétrer dans les provinces & dans les campagnes, qu'à la faveur des commodités établies pour le transport & la consommation des denrées; ainsi tous les travaux de ce genre qui y concourront, seront l'objet des grands hommes d'état, dont le goût se porte à l'utile.

Ce fut en 1664 que M. Colbert qui vouloit préparer de loin des sources à l'abondance, fit arrêter le projet hardi de joindre les deux mers par le canal de Languedoc. Cette entreprise déjà conçue du tems de Charlemagne, si l'on en croit quelques auteurs, le fut certainement sous François I. Dès - lors on proposa de faire un canal de 14 lieues de Toulouse à Narbonne, d'où l'on eût navigué par la riviere d'Aude, dans la Méditerranée. Henri IV. & son ministre y songerent encore plus sérieusement, & trouverent la chose possible, après un mûr examen; mais la gloire en étoit réservée au regne de Louis XIV. D'ailleurs l'exécution de l'entreprise, a été bien plus considérable que le projet de M. de Sully, puisqu'on a donné à ce canal 60 lieues de longueur, afin de favoriser la circulation d'une plus grande quantité de denrées. L'ouvrage dura 16 ans; il fut commencé en 1664, & achevé en 1680, deux ou trois ans avant la mort de M. Colbert; c'est le monument le plus glorieux de son ministere, par son utilité, par sa grandeur, & par ses difficultés.

Riquet osa se charger des travaux & de l'exécution, sur le plan & les mémoires du sieur Andréossi son ami, profond méchanicien, qui avoit reconnu en prenant les niveaux, que Naurause, lieu situé près de Castelnaudari, étoit l'endroit le plus élevé qui fût entre les deux mers. Riquet en fit le point de partage, & y pratiqua un bassin de deux cent toises de long, sur cent - cinquante de large. C'est un des plus beaux bassins que l'on puisse voir; il contient en tout tems sept piés d'eau que l'on distribue par deux écluses, l'une du côté de l'Océan, & l'autre du côté de la Méditerranée. Pour remplir ce bassin, de maniere qu'il ne tarisse jamais, on a construit un réservoir nommé le réservoir de S. Ferréol, qui a douze

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