ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"236"> qu'une petite ville ou bourg, habité par quelques tures & grecs; c'étoit une des trois villes que le roi de Perse donna à Thémistocle pour son entretien: Magnésie étoit pour son pain, Mynus pour sa viande, & Lampsaque pour son vin. Elle a conservé sur les collines qui l'environnent quelques vignes, dont les raisins & les vins, en très - petites quantité, sont excellens.

Whéler se trouvant à Lampsaco, y vit encore dans un jardin deux belles inseriptions antiques; la premiere étoit une dédicace d'une statue à Julia Augusta, remplie des titres de Vésta, & de nouvelle Cérès. L'érection de cette statue fut faite aux dépens de Dionisius, fils d'Apollonitimus, sacrificateur de l'empereur, intendant de la distribution des couronnes, & trésorier du sénat pour la seconde fois: l'autre inscription étoit la base d'une statue dressée en l'honneur d'un certain Cyrus, fils d'Apollonius, médecin de la ville, & érigée par la communauté, à cause des bienfaits qu'elle en avoit reçus. (D. J.)

LAMPTÉRIES (Page 9:236)

LAMPTÉRIES, (Littér.) LAMTHRH/A, fête qui se faisoit à Palènes pendant la nuit, en l'honneur de Bacchus, & à la clarté des lampes.

Pausanias nous apprend que cette fête étoit placée immédiatement après la vendange, & qu'elle consistoit en une grande illumination nocturne, & en profusions de vin qu'on versoit aux passans.

Dès les premiers siecles du christianisme, on usa d'illuminations, non - seulement pour les réjouissances prophanes, mais pour celles qui tenoient à la religion; c'est ainsi qu'on les employoit aux cérémonies du baptême des princes, comme un symbole de la vie de lumiere dans laquelle ils alloient entrer par la foi.

L'illumination de la chandeleur, dont le nom a tant de conformité avec les lamptéries des Grecs, peut être attribuée, dans son institution, à une condescendence des papes, pour s'accommoder à la portée des néophytes qui étoient mêlés avec les Gentils, & leur rendre la privation des spectacles moins sensible. J'aimerois donc mieux dire que le christianisme a tout sanctifié, qu'il a heureusement changé les lustrations des payens en purifications chrétiennes, que de soutenir que nos fêtes n'ont point d'analogie avec celles du paganisme, ou me persuader que leur ressemblance est un effet du hasard. (D. J.)

LANCASHIRE (Page 9:236)

LANCASHIRE, (Géog.) ou la province de Lancastre, en latin Lancastria, province maritime d'Angleterre, au diocèse de Chester, le long de la mer d'Irlande qui la borne au couchant. Les provinces de Cumberland & de Westmorland, la terminent au nord & au nord - est; Yorckshire au levant, & Cheshire au midi. Elle a 170 milles de circuit, contient environ 11 cent 50 mille arpens, & 40 mille 202 maisons. L'air y est fort bon, les habitans robustes, & les femmes très - belles. Les rivieres de cette province sont le Mersey, la Ribble & le Long; ses deux lacs sont le Winder & le Merton. Le Winder a dix milles de longueur sur quatre de large, & c'est le plus grand lac qu'il y ait en Angleterre. Les anciens habitans de ce comté étoient les Brigantes.

Cette province est du nombre de celles qu'on nomme Palatines, & elle a donné à plusieurs princes du sang le titre de ducs de Lancastre. Ses villes principales ou bourgs, sont Lancastre capitale, Clitero, Leverpool, Preston, Wigan, Newton, Manchester.

Entre les gens de lettres que cette province a produits, je ne citerai que le chevalier Henri Brotherton, l'évêque Fleetwood & Guillaume Vitaker.

On doit au premier des observations & des expériences curieuses, publiées dans les Transact. philos. Juin 1697. n°. 177. sur la maniere dont croissent les arbres, & sur les moyens de faciliter cet accroissement.

Fleetwood mort évêque d'Ely en 1723, âgé de 67 ans, a illustré son nom par des ouvrages où regne une profonde connoissance de la Théologie & des antiquités sacrées.

Vitaker décédé en 1545, à l'âge de 45 ans, est de tous les antagonistes du cardinal Bellarmin, celui qui l'a réfuté avec le plus d'érudition & de succès.

Les curieux de l'histoire naturelle de la province de Lancastre, doivent se procurer l'ouvrage de Leigh, intitulé Leigh's (Charles) A natural History of Lancashire, Chelshre, and the Peak in Derbishire. Oxonioe, 1700, in - sol. C'est un bien bon livre. (D. J.)

LANCASTRE; (Page 9:236)

LANCASTRE; (Géog.) le Mediolanum des anciens, selon Cambden, ville à marché d'Angleterre, capitale du Lancashire; elle a donné le titre de duc à plusieurs princes du sang d'Angleterre, fameux dans l'histoire par leurs querelles avec la maison d'Yorck. Elle est sur le Lon, à 5 milles de la mer d'Irlande, & à 187 N. O. de Londres. Long. 14. 35. lat. 54. (D. J.)

LANCE (Page 9:236)

LANCE, s. f. (Art milit.) arme offensive que portoient les anciens cavaliers, en forme d'une demi - pique.

La lance est composée de trois parties, qui sont la fleche ou le manche, les aîles, & le dard ou la pointe. Pline attribue l'invention des lances aux Etésiens. Varron & Aulugelle disent que le mot de lance est espagnol, d'où quelques auteurs concluent que les Italiens s'étoient servis de cette arme à l'imitation des Espagnols.

Diodore de Sicile fait dériver ce mot du gaulois, & Festus du grec LOGXU, qui a la même signification.

La lance fut long - tems l'arme propre des chevaliers & des gendarmes. Il n'étoit permis qu'aux personnes de condition libre de la porter dans les armées; elle est appellée dans le latin lancea; mais elle est aussi très - souvent signifiée par le mot hasta. C'est dans cette signification que Guillaume le Breton la prend en parlant des armes propres des gentilshommes,

Ut famuli quorum est gladio pugnare & hastis.

On les faisoit d'ordinaire de bois de frêne, parce qu'il est roide & moins cassant. Les piques de notre tems étoient de même bois par la même raison. Dans l'enumération des armes qu'on donne à Géoffroi, duc de Normandie, que j'ai tirée de Jean, moine de Marmoutiers; il est dit qu'entre autres armes, on lui mit en main une lance de bois de frêne, armée d'un fer de Poitou; & Guillaume le Breton, en parlant du combat de Guillaume des Barres contre Richard d'Angleterre auprès de Mantes, dit en style poétique, que leurs boucliers furent percés par le frêne, c'est - à - dire par leurs lances de bois de frêne:

Utraque per clipeos ad corpora fraxinus ibat.

Le passage d'un autre auteur nous apprend la même chose, & en même tems que ces lances étoient fort longues. « Les lances des François, dit - il, étoient de bois de frêne, avoient un fer fort aigu, & étoient comme de longues perches ». Hastoe fraxineoe in manibus eorum ferro acutissimo proefixoe sunt, quasi grandes perticoe. Mais depuis on les fit plus grosses & plus courtes, & je crois que ce changement se fit un peu avant Philippe de Valois, que la mode vint que les chevaliers & la gendarmerie combatissent à pié, même dans les batailles & les combats réglés.

Dans ces occasions - là même, lorsqu'ils se mettoient à pié, ils accourcissoient encore leurs lances, en les coupant par le bout du manche. Cela s'appelloit retailler les lances. C'est ce que témoigne [p. 237] Froissard en divers endroits de son histoire. Voici ce que dit sur cela le président Fauchet en peu de mots.

« La lance qui aussi s'appelloit bois, je crois par excellence & encore glaive, & puis quand elles furent grosses, bourdons & bourdonnasses; quand elles furent creuses, se dit Philippes de Comines, en parlant de la bataille de Fournoue, mais le même Comines témoigne qu'elles étoient creuses. Quant à la lance, elle a toujours été arme de cavalier, plus longue toutefois que celles d'aujourd'hui, comme celles des Polonois, laquelle encore que les chevaliers n'eussent point d'arrêt ferme, à cause que leurs haubeits étoient de mailles, on n'eut su où les clouer (ces arrêts) sur les mailles, les chevaliers ne laissoient pas de clouer sur l'arson de la selle de leurs chevaux, je crois bandée à l'angloise; mais il ne me souvient point d'avoir vu peintes des lances qui eussent des poignées comme aujourd'hui, avant l'an 1300, ains toutes unies depuis le fer jusqu'à l'autre bout, comme javelines, lesquelles, même du tems de Froissard, les chevaliers étant descendus à pié, rognoient pour mieux s'en aider au poussis. En ce tems - là, les chevaliers croyoient que les meilleurs fers de lances venoient de Bourdeaux . . . . . Après l'envahie, eslais ou course du tems de Froissard, il falloit mettre pié à terre, rogner son glaive, c'est - à - dire sa lance, & d'icelui pousser tant qu'on eût renversé son ennemi; cependant choisissant la faute de son harnois pour le blesser & tuer. Et lors ceux qui étoient plus adroits & avoient meilleure haleine pour durer à ce poussis de lance, étoient estimes les plus experts hommes d'armes, c'est - à - dire dextres, & rusés, & experts ».

On ornoit les lances d'une banderole auprès du fer, & cet ornement avoit bonne grace; c'étoit une coutume très - ancienne, & des le tems des croisades.

D'ordinaire, dans ces rudes chocs, les lances se fracassoient & sautoient en éclats. C'est pourquoi dans les tournois pour dire faire un assaut de lances, on disoit rompre une lance; ainsi le combat de cheval, quand il se faisoit à la lance, ne duroit qu'un moment. On la jettoit après le premiet choe, & on en venoit à l'épée. Guillaume Guiart, en racontant la descente de S. Louis à Damiette, dit:

Après le froissis des lances, Qui jà sont par terre semées, Portent mains à blanches épées, Desquelles ils s'entre - envahissent Hiaumes, & bacinets tentissent, Et plusieurs autres ferrures, Coutiaux très - perçans armures.

Quand, dans le combat de deux troupes de gendarmerie l'une contre l'autre, on voyoit dans l'une les lances levées, c'étoit un signe d'une prochaine déroute. C'est ce qu'observe d'Aubigné dans la relation de la bataille de Coutras. En effet, cela maiquoit que les gendarmes ne pouvoient plus faire usage de leurs lances, parce qu'ils étoient serrés de trop près par les ennemis.

L'usage des lances cessa en France beaucoup avant le tems que les compagnies d'ordonnance fussent réduites à la gendarmerie d'aujourd'hui. Et le prince Maurice l'abolit entiérement dans les armées de Hol ande. Il en eut une raison particuliere: c'est que les pays où il soutenoit la guerre contre les Espagnols sont marécageux, coupés de canaux & de rivieres, fourrés & inégaux, & qu'il falloit pour les lanciers des pays plats & unis, où ils pussent faire un assez grand front, & courir à bride abattue sur la même ligne, dès qu'ils avoient pris carriere, c'est - à - dire dès qu'ils commençoient à piquer, ce qu'ils faisoient d'ordinaire à soixante pas de l'ennemi.

Mais il eut encore d'autres raisons qui lui furent communes avec la France. Les lanciers jusques à ce tems là étoient presque tous gentilshommes; & même Henri III. par son ordonnance de 1575, avoit déclaré que non seulement les lanciers, mais encore les archers des ordonnances devoient être de noble race. Or les guerres civiles avoient fait périr une infinité de noblesse en France, aussi - bien que dans les Pays bas, ce qui faisoit qu'on avoit peine à fournir de gentilshommes les compagnies d'ordonnance.

Secondement, il falloit que les lanciers eussent de grands chevaux de bataille très - forts, de même taille, dressés avec grand soin, & très - maniables pour tous les mouvemens que demandoit le combat avec la lance. Il étoit difficile d'en trouver un grand nombre de cette sorte, ils coutoient beaucoup d'argent, & bien des gentilshommes n'étoient pas en état de faire cette dépense; les guerres civiles ayant ruiné & désolé la France & les Pays bas.

Troisiemement, le combat de la lance supposoit une grande habitude pour s'en bien servir, & un exercice très - fréquent où l'on élevoit les jeunes gentilshommes. L'habileté à manier cette arme s'acquéroit dans les tournois & dans les académies; les guerres civiles ne permettoient plus guere depuis long - tems l'usage des tournois; & la jeune noblesse, pour la plûpart, s'engageoit dans les troupes sans avoir fait d'académie, & par conséquent n'étoit guere habile à se servir de la lance. Toutes ces raisons firent qu'on abandonna la lance peu à peu, & qu'on ne s'en servoit plus guere sous le regne de Henri IV. Il ne paroît point par notre histoire qu'il y ait eu d'ordonnance pour abolir cet usage. Mais George Basta., fameux capitaine dans les armées de Philippe II. roi d'Espagne, & celles de l'Empire, marque expressément le retranchement des lances dans les armées françoises sous Henri IV. car il écrivoit du tems de ce prince; c'est dans l'ouvrage qu'il publia sur le gouvernement de la cavalerie légere, où voici comme il parle: « L'introduction des cuirasses, c'est à - dire des escadrons de cuirassiers en France, avec un total bannissement des lances, a donné occasion de discoutir quelle armure seroit la meilleure, &e». C'est donc en ce tems - là que les lances furent abolies en France. Les Espagnols s'en servirent encore depuis, mais ils en avoient peu dans leurs troupes. Les Espagnols seuls, dit le duc de Rohan dans son Traité de la guerre, dédié à Louis XIII, ont encore retenu quelques compagnies de lances, qu'ils conservent plurôt par gravité que par raison: car la lance ne fait effet que par la roideur de la course du cheval, & encore il n'y a qu'un rang qui s'en puisse servir, tel lement que leur ordre ne doit être de combattre en haie, ce qui ne peut résister aux escadrons; & si elles combattoient en escadrons, elles feroient plus d'embarras que de service.

On voit par ce que je viens de dire, l'époque de l'abolition des lances en France, arme que les François avoient su manier de son tems mieux qu'aucune autre nation. On ne s'en sert plus aujourd'hui que dans les courses de bagues, & quelques semblables exercices utiles autrefois par rapport à la guerre, & qui ne sont plus maintenant que de purs divertissemens. Hist. de la milice françoise, par le P. Daniel.

Lance (Page 9:237)

Lance, (Hist. de la Chevalerie) du tems de l'ancienne chevalerie, le combat de la lance à cours de cheval étoit fort en usage, & passoit même pour la plus noble des joûtes. Un chevalier tient ce propos à son adversaire dans le roman de Florés de

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