ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"59"> de l'écu, & qu'on sépare par une distance égale à la largeur de la piece. Quand il n'y en a qu'une, on la met au milieu de l'ecu; mais quand il y en a plusieurs, on les sépare par des intervalles plus larges que celui qui est entre les deux pieces qui composent la jumelle. Ces jumelles doivent seulement avoir la cinquieme partie de la largeur qu'ont les fasces.

Gaëtani, dont étoit le pape Boniface VIII. d'argent à deux ondes jumellées, ou une jumelle ondée d'azur en bande. Il y a des fasces, des bandes, des sautoirs, & des chevrons jumelles.

JUMELLE (Page 9:59)

JUMELLE, adj. terme de Blason, qui se dit d'un sautoir, d'une bande, d'une fasce, & d'un chevron de deux jumelles.

JUMELLER (Page 9:59)

JUMELLER, (Marine.) c'est fortifier & soutenir un mât avec des jumelles.

JUMENT (Page 9:59)

JUMENT, s. f. (Maréchallerie.) c'est la femelle du cheval, & la même chose que cavalle. On se sert plus communément du mot de jument dans les occasions suivantes. Jument pouliniere, est celle qui est destinée à porter des poulains, ou qui en a déja eu. Jument de haras, est la même chose: jument pltine, est celle qui a un poulain dans le ventre; jument vuide, en terme de haras, est celle qui n'a pas été emplie par l'étalon. Voyez l'art. Cheval & Haras.

JUMIEGE (Page 9:59)

JUMIEGE, Gemmeticum, (Géog.) bourg de France en Normandie, au pays de Caux, remarquable par une célebre abbaye de benédictins. Il est sur la Seine, à 5 lieues S. O. de Rouen, 3 S. E. de Caudebec, 30 N. O. de Paris. Long. 18. 30. lat. 49. 25. (D. J.)

JUNCAGO (Page 9:59)

JUNCAGO, (Bot.) genre de plante à fleur composée de quatre petales disposées en rose: le pistil sort du milieu de la fleur, & il devient dans la suite un fruit qui s'ouvre par la base, & qui est compose de trois petites gaines, dont chacune renferme une seule semence oblongue. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

JUNCOIDES (Page 9:59)

JUNCOIDES, (Botan.) genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines; elle sort d'un calice à six coins: le pistil devient dans la suite un truit arrondi & ordinairement à trois angles: il s'ouvre en trois parties, & il contient trois semences attachées au centre. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que ses feuilles ne sont pas comme celles du jonc; mais elles sont resserrées & ressemblent beaucoup à celles du chien - dent. Nova plantarum genera, &c. par M. Micheli.

JUNGFERNHOF (Page 9:59)

JUNGFERNHOF, (Géog.) petite ville de Livonie, dans le territoire de Letten, à neuf lieues de Riga.

JUNGGHANG (Page 9:59)

JUNGGHANG, (Géog.) grande ville de la Chine, huitieme métropole de la province de Junnan: elle est dans un pays abondant en cire, miel, ambre, soie, & lin. Long. 119. 55. lat. 24. 58. (D. J.)

JUNGNING (Page 9:59)

JUNGNING, (Géog.) ville de la Chine, onzieme métropole de la province de Junnan. Long. 120. 10. lat. 27. 33. (D. J.)

JUNIEN (Page 9:59)

JUNIEN (Saint), Géog. petite ville de France dans la basse Marche, aux frontieres du Limousin, sur la Vienne, à 7 lieues S. de Limoges. Long. 18. 35. lat. 45. 40. (D. J.)

JUNIPA (Page 9:59)

JUNIPA, (Botan. exot.) arbre des îles Caribdes, dont le fruit, suivant nos voyageurs, étant pressé, fournit une eau qui donne une teinture violette, de sorte que les cochons & les perroquets qui se nourrissent de ce fruit, ont leur chair & leur graisse toute teinte de cette même couleur. La garance & d'autres plantes offrent des phénomenes semblables. Voyez Garance. (D. J.)

JUNNAN (Page 9:59)

JUNNAN, (Géog.) la derniere de toutes les provinces de la Chine en rang, & la plus occidentale, proche les états du royaume d'Ava. C'est en même tems la plus riche de toutes les provinces, & où les vivres sont à meilleur marché. On y trouve d'excellens chevaux, des eléphans, des rubis, des saphirs, & autres pierres précieuses, & des mines tres - riches. Elle comprend 12 métropoles, 8 villes militaires, plus de 80 cités, & plus de 14 millions d'ames, au rapport du P. Martini, dont il ne faut pas croire les hyperboles. La premiere métropole de cette province se nomme aussi Junnan, ville très riche, ou l'on fait les plus beaux tapis de la Chine; elle a plusieurs temples consacrés aux hommes illustres. Long. 121. 15. lat. 25. 20. (D. J.)

JUNON (Page 9:59)

JUNON, s. f. (Mythol. Littérat. Antiq. Médail.) déesse du paganisme que les Grecs appellent H'pn; & ce nom fut appliqué à plusieurs endroits qu'on lui consacra.

Junon, suivant la fable, étoit la fille de Saturne & de Rhée, soeur & femme de Jupiter, & par conséquent reine des dieux. Aussi sait - elle bien le dire elle - même:

Ast ego quoe divûm incedo regina, Jovisque Ersoror & conjux.

Personne n'ignore ce qui regarde sa naissance, son éducation, son mariage avec Jupiter, son mauvais ménage avec lui, sa jalousie, ses violences contre Calixte & la nymphe Thalie, son intendance sur les noces, les couches, & les accidens naturels des femmes; les trois enfans, Hebé, Mars, & Vulcain, qu'elle conçût d'une façon extraordinaire, la maniere dont elle se tira des poursuites d'Ixion, le sujet de sa haine contre Paris, & ses cruelles vengeances à ce sujet, qui s'étendirent si long - tems sur les Troyens & le pieux Enée. Enfin l'on sait qu'elle prit le sage parti de protéger les Romains, en favorisant cette suite de leurs victoires, qui devoient les rendre les maîtres du monde, & que Jupiter avoit prédites.

Quin aspera Juno, Quoe mare, nune terrasque, metu coelumque fatigat, Consilia in meliùs referet, mecumque fovebit Romanos rerum dominos, gentemque togatam. Enéid. lib. I. v. 279.

Les amours de cette déesse pour Jason, n'ont pas fait autant de bruit que ses autres avantures; cependant à quelques diversités près dans le récit, Pindare, Servius, Hygin, Apollonius de Rhodes, & Valerius Flaccus, ne les ont pas obmises.

Le prétendu secret qu'elle avoit de recouvrer sa virginité, en se lavant dans la fontaine Canathus au Péloponnèse, n'a été que trop brodé par nos écrivains modernes. Pausanias dit seulement que les Argiens faisorent ce conte, & le fondoient sur la pratique de leurs cérémonies dans les mystères de la déesse.

Mais ce qui nous intéresse extrèmement, comme philosophes & comme littérateurs, c'est que de toutes les divinités du Paganisme, il n'y en a point eu dont le culte ait été plus grand, plus solemnel, & plus général. La peinture des vengeances de Junon, dont les théatres retentissoient sans cesse, inspira tant de craintes, d'allarmes, & de respect, qu'on n'oublia rien pour obtenir sa protection, ou pour appaiser une déesse si formidable, quand on crut l'avoir offeniée.

Les honneurs religieux de tous genres qu'on lui rendit en Europe, passerent en Afrique, en Asie, en Syrie, & en Egypte. On ne trouvoit par - tout que temples, autels, & chapelles dédiées à Junon; mais elle étoit tellement vénérée à Argos, à Samos, à Stymphale, à Olympie, à Carthage, & en Italie, qu'il est nécessaire de nous arrêter beaucoup au tableau qu'en fait l'Histoire, concurremment avec les Poëtes.

Les Argiens prétendoient que les trois filles du [p. 60] fleuve Astérion, avoient nourri la soeur & l'épouse de Jupiter. L'une de ces trois filles s'appelloit Eubée; son nom sut donné à la montagne sur laquelle paroissoit de loin le temple de Junon, dont Eupoleme avoit été l'architecte. Son fondateur étoit Phoronée fils d'Inachus, contemporain d'Abraham, ou peu s'en faut.

En entrant dans le temple, dit Pausanias, on voit assise sur un trône la statue de la déesse, d'une grandeur extraordinaire, toute d'or & d'ivoire. Elle a sur la tête une couronne que terminent les Graces & les Heures; elle tient une grenade d'une main, & de l'autre un sceptre, au bout duquel est un coucou.

Les regards des spectateurs se portoient ensuite sur la représentation en marbre de l'histoire de Biton & Cléobis, deux freres recommandables par leur piété envers leur mere, & qui méritoient les honneurs héroïques. On conservoit dans ce même temple le plus ancien simulacre de Junon, qui étoit de poirier sauvage.

Le vestibule du temple offroit à la vûe les statues de toutes les prêtresses de la déesse, prêtresses si respectées dans Argos, que l'on y comptoit les années par celles de leur sacerdoce. Ces prêtresses avoient le soin de couvrir l'autel de la divinité d'une certaine herbe qui venoit sur les bords de l'Astérion; l'eau dont elles se servoient pour les sacrifices, & les mysteres secrets, se prenoit dans la fontaine Eleuthérie, & il n'étoit pas permis d'en puiser ailleurs: les scholiastes de Pindare nous instruisent des jeux que les Argiens faisoient en l'honneur de Junon.

Les Samiens se vantoient que la reine des dieux avoit pris naissance dans leur île; qu'elle y avoit été élevée; que même ses noces avec Jupiter avoient été célébrées dans le temple qui lui étoit consacré, & qui a fait tant de bruit dans le monde. Voici ce qu'en dit M. de Tournefort, après son séjour sur les lieux.

Environ à 500 pas de la mer, & presque à pareille distance de la riviere Imbrasus, vers le cap de Cora, sont les ruines du fameux temple de Junon, la protectrice de Samos. Les plus habiles papas de l'ile connoissent encore cet endroit sous le nom de temple de Junon. Menodote Samien, cité dans Athenée, comme l'auteur d'un livre qui traite de toutes les curiosités de Samos, assure que ce temple étoit le fruit des talens de Caricus & des nymphes; car les Cariens ont été les premiers possesseurs de cette île.

Pausanias dit qu'on attribuoit cet ouvrage aux Argonautes qui avoient apporté d'Argos à Samos une statue de la déesse, & que les Samiens soutenoient que Junon étoit née sur les bords du fleuve Imbrasus, (d'où lui vint le nom d'Imbrasia), & sous un de ces arbres, que nous appellons agnus castus: on montra long - tems par vénération ce pié d'agnus castus, dans le temple de Junon.

Pausanias prouve aussi l'antiquité de ce temple, par celle de la statue de la déesse, qui étoit de la main de Smilis, sculpteur d'Egine, contemporain de Dédale. Athenée sur la foi du même Menodote, dont nous venons de parler, n'oublie pas un fameux miracle arrivé, lorsque les Athéniens voulurent enlever la statue de Junon: ils ne purent jamais faire voile, qu'après l'avoir remise à terre, prodige qui rendit l'île plus célebre & plus fréquentée.

Le temple dont il s'agit ici, fut brûlé par les Perses, & on en regardoit encore les ruines avec admiration: maìs on ne tarda pas à le relever, & il fut rempli de tant de richesses, qu'on ne trouva plus de place pour les tableaux & pour les statues. Verrès, revenant d'Asie, ne craignit point le sort des Tyrthéniens; il ne fit pas scrupule de piller ce temple, & d'en emporter les plus beaux morceaux; les pirates n'épargnerent pas davantage cet édifice du tems de Pompée.

Strabon l'appelle un grand temple, non - seulement rempli de tableaux, mais dont toutes les galeries étoient ornées de pieces fort anciennes. C'est sans doute parmi ces pieces, qu'on avoit exposé le fameux tableau qui péignoit les premieres amours de Jupiter & de Junon, d'une maniere si naturelle, qu'Origène ne put se dispenser de le reprocher aux Gentils.

Il y avoit outre cela dans le temple de Junon à Samos, une cour destinée pour les statues, parmi lesquelles on en voyoit trois colossales de la main de Myron, portées sur la même base. Marc - Antoine les avoit fait enlever; mais Auguste rendit aux Samiens celles de Minerve & d'Hercule, & se contenta d'envoyer celle de Jupiter au capitole, pour être placée dans une basilique qu'il fit bâtir.

De tant de belles choses du temple de Junon Samienne, M. de Tournefort ne trouva sur la fin du dernier siecle, que deux morceaux de colonnes, & quelques bases d'un marbre exquis. Peu d'années auparavant, les Turcs s'imaginant que la plus haute étoit pleine d'or & d'argent, tenterent de l'abattre à coups de canon qu'ils tiroient de leurs galeres. Les boulets firent éclater quelques tambours, dérangerent les autres, & en mirent une moitié hors de leur situation.

On ne peut plus reconnoître le plan de cet édifice qui, selon Hérodote, étoit la seconde merveille de Samos, le temple le plus spacieux qu'il eut vû; & nous ignorerions sans lui, le nom de l'architecte; c'étoit un samien appellé Rhacus.

Il ne faut pas s'en tenir au dessein de ce temple, qui se trouve sur les médailles antiques, parce qu'on y représentoit souvent différens temples sous la même forme, comme par exemple, le temple dont nous parlons, & celui d'Ephese, qui vraissemblablement n'étoient pas du même dessein.

Pausanias, que je cite souvent, fait mention de trois temples de Junon dans la ville de Stymphale en Arcadìe; le premier étoit appellé le temple de Junon fille; le second le temple de Junon mariée; & le troisieme le temple de Junon veuve. Ces trois temples lui furent érigés par Temenus, & le dernier fut bâti, lorsque la déesse alla, dit - on, se retirer à Stymphale, après son divorce avec Jupiter.

Cette reine des dieux recevoit aussi les plus grands honneurs à Olympie: il y avoit dans cette derniere ville seize dames préposées aux jeux que l'on y célebroit à sa gloire tous les cinq ans, & dans lesquels on lui consacroit un péplus, espece de robe sans manches, & toute brochée d'or. Trois classes de jeunes filles descendoient dans la carriere des jeux olympiques, y disputoient le prix de la course, & la fournissoient presque toute entiere. Les victorieuses obtenoient pour récompense une couronne d'olivier.

Carthage, fameuse capitale d'un vaste empire, passoit pour être la ville favorite de Junon. Virgile ne s'est point servi des privileges de son art, quand il a dit, en parlant de cette ancienne ville d'Afrique, la rivale de Samos dans cette occasion.

Quam Juno fertur, terris magis omnibus unam Post habitá coluisse Samo. AEneid. lib. I. v. 15.

Son témoignage, fondé sur la tradition, est appuyé par Hérodote, Ovide, Apulée & Silvius Italicus. Ge dernier peignant l'attachement de Junon pour la ville de Carthage, déclare en trois beaux vers, qu'elle la préféroit à Argos & à Mycènes.

Hîc Juno ante Argos (sic credidit alta vetustas)

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