ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"3"> pourquoi Pline l'a nommée técolithos. ( - )

JUDAISER (Page 9:3)

JUDAISER, v. neut. (Gram. Théolog.) c'est avoir de l'attachement aux cérémonies judaïques. On a reproché aux premiers Chrétiens de judaïser. Nous disons aujourd'hui qu'un homme judaïse, lorsqu'il est observateur trop scrupuleux des choses peu imporrantes de la religion, s'il y a de pareilles choses.

JUDAISME (Page 9:3)

JUDAISME, s. m. (Théolog.) religion des Juifs. Le judaisme étoit fondé sur l'autorité divine, & les Hébreux l'avoient reçu immédiatement du ciel; mais il n'étoit que pour un tems, & il devoit faire place, du moins quant à la partie qui regarde les cérémonies, à la loi que J. C. nous a apportée.

Le Judaïsme étoit autrefois partagé en plusieurs sectes, dont les principales étoient celles des Pharisiens, des Saducéens & des Esseniens. Voyez Pharisif ns, Saducéens , &c.

On trouve dans les livres de Moïse un système complet de Judaïsme. Il n'y a plus aujourd'hui que deux sectes chez les Juifs; savoir, celle des Caraïtes, qui n'admettent d'autre loi que celle de Moïse, & celle des rabbins qui y joignent les traditions du talmud. Voyez Caraïte & Rabbin.

On a remarqué que le Judaïsine est de toutes les religions celle que l'on abjure le plus difficilement. Dans la dix - huitieme année du regne d'Edouard I. le parlement lui accorda un quinzieme sur les biens du royaume pour le mettre en état d'en chasser les Juifs.

Les Juifs & tous les biens qu'ils possédoient appartenoient autrefois en Angleterre au seigneur sur les terres duquel ils vivoient, & qui avoit sur eux un empire si absolu qu'il pouvoit les vendre sans qu'ils pussent se donner à un autre seigneur sans sa permission. Mathieu Paris dit que Henri III. vendit les Juifs à son frere Richard pour le terme d'une année, afin que ce comte éventrât ceux que le roi avoit déja écorchés.: Quos rex excoriaverat, comes evisceraret.

Ils étoient distingués des Chrétiens, tant durant leur vie qu'après leur mort, car ils avoient des juges particuliers devant lesquels leurs causes étoient portées, & ils portoient une marque sur leurs habits en forme de table, qu'ils ne pouvoient quitter en sortant de chez eux, sans payer une amende. On ne les enterroit jamais dans la contrée, mais hors des murailles de Londres.

Les Juifs ont été souvent proscrits en France, puis rétablis. Sous Philippe le Bel en 1308, ils furent tous arrêtés, bannis du royaume, & leurs biens consisqués. Louis le Hutin son successeur les rappella en 1320. Philippe le Long les chassa de nouveau, & en fit brûler un grand nombre qu'on accusoit d'avoir voulu empoisonner les puits & les fontaines. Autrefois en Italie, en France & à Rome même on confisquoit les biens des Juifs qui se convertissoient à la foi chrétienne. Le roi Charles VI. les déchargea en France de cette confiscation, qui jusques - là s'étoit faite pour deux raisons, 1°. pour éprouver la foi de ces nouveaux convertis, n'étant que trop ordinaire à ceux de cette nation de feindre de se soumettre à l'Evangile pour quelque intérêt temporel, sans changer cependant intérieurement de croyance; 2°. parce que comme leurs biens venoient pour la plûpart de l'usure, la pureté de la morale chrétienne sembloit exiger qu'ils en fissent une restitution générale, & c'est ce qui se faisoit par la confiscation. D. Mabillon, veter. analect. tom. III.

Les Juifs sont aujourd'hui tolérés en France, en Allemagne, en Pologne, en Hollande, en Angleterre, à Rome, à Venise, moyennant des tributs qu'ils payent aux princes. Ils sont aussi fort répandus en Orient. Mais l'inquisition n'en souffre pas en Espagne ni en Portugal. Voyez Juifs.

JUDE (Page 9:3)

JUDE, Epitre de S. (Théol.) nom d'un des livres canoniques du nouveau - Testament écrit par l'apôtre saint Jude, surnommé Thadée ou Lebbée & le zélé, qui est appellé aussi quelquefois le frere du Seigneur, parce qu'il étoit, à ce qu'on croit, sils de Marie soeur de la sainte Vierge, & frere de saint Jacques le mineur évêque de Jérusalem.

Cette épître n'est adressée à aucune église particuliere, mais à tous les fideles qui sont aimés du pere & appellés du fils notre - Seigneur. Il paroît cependant par le verset 17 de cette épître où il cite la seconde de saint Pierre, & par tout le corps de la lettre où il imite les expressions de ce prince des apôtres, comme déja connues à ceux à qui il écrit; que son dessein a été d'écrire aux Juits convertis qui étoient répandus dans toutes les provinces d'Orient, dans l'Asie mineur & au - delà de l'Euphrate. Il y combat les faux docteurs qu'on croit être les Gnostiques, les Nicolaïtes, & les Simoniens qui troubloient déja l'Eglise.

On ignore en quel tems elle a été écrite; mais elle est certainement depuis les hérétiques dont on vient de parler; d'ailleurs saint Jude y parle des apôtres comme morts depuis quelque tems; ce qui fait conjecturer qu'elle est d'après l'an de J. C. 66, & même selon quelques - uns, écrite après la ruine de Jerusalem.

Quelques anciens ont douté de la canonicité & de l'authenticité de cette épître. Eusebe témoigne qu'elle a été peu citée par les ecrivains ecclésiastiques, liv. II. chap. 23. mais il remarque en même tems qu'on la lisoit publiquement dans plusieurs églises. Ce qui a le plus contribué à la faire rejetter par plusieurs, c'est que l'apôtre y cite le livre d'Enoch ou du moins sa prophétie. Il y cite aussi un fait de la vie de Moïse qui ne se trouve point dans les livres canoniques de l'ancien - Testament, & qu'on croit avoir été pris d'un ouvrage apocryphe, intitulé l'assomption de Moïse. Mais enfin elle est reçue comme canonique depuis plusieurs siecles, parce que saint Jude pouvoit savoir d'ailleurs ce qu'il cite des livres apocryphes, ou qu'étant inspire il pouvoit y discerner les vérités des erreurs avec lesquellés elles étoient mêlées.

Grotius a cru que cette épître n'étoit pas de saint Jude apôtre, mais de Judas quinzieme évêque de Jerusalem, qui vivoit sous Adrien. Il pense que ces mots frater autem Jacobi, qu'on lit au commencement de cette épître, ont été ajoutés par les copistes, & que saint Jude n'auroit pas oublié, comme il fait, de s'y qualifier apôtre; qu'enfin toutes les églises auroient reçu cette épître dès le commencement, si on eût crû qu'elle eût été d'un apôtre: mais cet auteur ne donne aucune preuve de cette addition prétendue. Saint Pierre, saint Paul & saint Jean ne mettent pas toujours leur qualité d'apôtres à la tête de leurs lettres. Enfin le doute de quelques églises sur l'authenticité de cette épître, ne lui doit pas plus préjudicier que le même doute sur tant d'autres livres canoniques de l'ancien & du nouveau - Testament. On a aussi attribué à saint Jude un faux évangile qui a été condamné par le pape Gélase. Voyez Apocryphes. Calmet, Diction. de la Bible.

JUDÉE (Page 9:3)

JUDÉE., la, (Géog.) pays d'Asie sur les bords de la méditérannée, entre cette mer au couchant, la Syrie au nord; les montagnes qui sont au - delà du sourdain à l'orient, & l'Arabie au midi.

Sa longueur prise depuis la Syrie antiochienne jusqu'à l'Egypte, faisoit environ soixante - dix lieues, & sa largeur depuis la Méditerrannée jusqu'à l'Arabie pétrée, environ trente lieues; Jérusalem en étoit la capitale. Voyez Jérusalem.

On appelloit anciennement la Judée le pays de Chanaan; ensuite on lui donna le nom de Palestine, [p. 4] de Terre promise, de royaume de Juda, de terre d'Israël, & finalement de Terre - sainte. Elle est arrosée par le Jourdain & quelques torrens; les montagnes les plus hautes du pays sont le Liban & l'anti - Liban.

La Judée, avant Josué, fut gouvernée par des rois chananéens; après Josué, les Israëlites furent tantôt sous plusieurs servitudes, & tantôt eurent pour chefs des magistrats qu'ils nommerent juges, auxquels succéderent des rois de leur nation; mais depuis le retour de la captivité, la Judée demeura soumise aux rois de Perse, aux successeurs d'Alexandre le grand, ensuite tantôt aux rois de Syrie, & tantôt aux rois d'Egypte. Après cela des Asmonéens gouvernerent la Judée en qualité de princes & de grands - prêtres, jusqu'à ce qu'elle fùt réduite en province par les Romains, sous le département de la Syrie.

Depuis la chûte de l'empire romain, les Arabes, les Mahométans, les princes chrétiens, les Chorazans, se sont rendus maîtres de la Judée, enfin ce pays est tombé sous la domination de la Porte - ottomane. Nous indiquerons son état présent au mot Palestine; & pour le reste, nous renvoyerons le lecteur à l'excellente description que Réland en a publiée. (D. J.)

Judée (Page 9:4)

Judée, Bitume de, (Hist. nat.) nom donné par Pline & par quelques autres naturalistes à une espece d'asphalte ou de bitume solide, d'un noir luisant, extrémement léger, qui se trouve en Judée nageant à la surface des eaux de la mer Morte. Voyez Asphalte & Asphaltide.

JUDENBOURG (Page 9:4)

JUDENBOURG, (Géog.) Judenburgum, ville d'Allemagne dans le cercle d'Autriche, capitale de la haute Stirie. Une singularité du gouvernement de cette ville, est que le magistrat n'y juge point à mort, & que toutes les causes criminelles se portent à Gratz; voyez Zeyler Stirioe typograph. Judenbourg est dans un canton agréable, à 14 milles N. O. de Gratz, 25 S. O. de Vienne. Long. 32. 55. lat. 47. 20. (D. J.)

JUDICATURE (Page 9:4)

JUDICATURE, s. f. (Jurisprud.) est l'état de ceux qui sont employés à l'administration de la justice.

On appelle offices de judicature, ceux qui ont pour objet l'administration de la justice, tels que les offices de présidens, conseillers, baillifs, prevôts, &c. Les offices de greffiers, huissiers, procureurs, notaires, sont aussi compris dans cette même classe.

Le terme de judicature est quelquefois pris pour tribunal; on dit la judicature d'un tel endroit, comme qui diroit le corps des juges.

Quelquefois aussi par judicature on entend l'étendue de la jurisdiction, ou le ressort d'un juge. (A)

JUDICELLO (Page 9:4)

JUDICELLO le, (Géog.) petite riviere de Sicile, dans le val de Noto, selon M. de II'sle. Elle a sa source auprès de la Motta di sancta Anastasia, coupe en deux la ville de Catane & se perd dans la mer. C'est l'Amenanus des anciens, du moins de Strabon liv. V. pag. 240. qui remarque, qu'après avoir été à sec pendant quelques années, il avoit commencé à couler. (D. J.)

JUDICIAIRE (Page 9:4)

JUDICIAIRE, adj. (Jurisprud.) est ce qui se fait en jugement, ou par autorité de justice, ou qui appartient à la justice; ainsi une requête judiciaire est celle qui se fait sur le barreau.

Un bail judiciaire est celui qui se fait par autorité de justice.

La pratique judiciaire ou les formes judiciaires, sontle style usité dans les tribunaux pour les procédures & pour les jugemens. (A)

JUDICIEUX (Page 9:4)

* JUDICIEUX, adj. (Gramm.) qui marque du jugement, de l'expérience & du bon sens. On entend plus de choses ingénieuses & délicates, que de choses sensées & judicieuses. Il n'importe de plaire qu'aux hommes judicieux; ce sont leur autorité qui entraîne l'approbation des contemporains, & leurs jugemens que l'avenir ratifie. Un trait ingénieux amuse en conversation; mais il n'y a que le mot judicieux qui se soutienne par écrit.

JUDITH (Page 9:4)

JUDITH, livre de, (Théolog.) nom d'un des livres canoniques de l'ancien - Testament, ainsi appellé parce qu'il contient l'histoire de Judith héroine israelite, qui délivra la ville de Béthulie sa patrie assiégée par Holopherne général de Nabuchodonosor, en mettant à mort ce même Holopherne.

L'authencité & la canonicité du livre de Judith sont des points fort contestés. Les Juifs lisoient ce livre, & le conservoient du tems de saint Jérôme; saint Clément pape l'a cité dans son épître aux Corinthiens, aussi - bien que l'auteur des constitutions apostoliques, écrites sous le nom du même saint Clément. S. Clément d'Alexandrie, liv. IV. des stromates; Origene, Homél. 19 sur Jérémie, & tome III. sur saint Jean; Tertulien, lib. de Monogamia, cap 17. saint Ambroise, lib. 3 de Officiis, & lib. de viduis, en parlent aussi. Saint Jérôme le cite dans son épitre à Furia, & dans sa préface sur le livre de Judith, il dit que le concile de Nicée avoit reçu ce livre parmi les canoniques, non qu'il eût fait un canon exprès pour l'approuver, car on n'en connoit aucun où il en soit fait mention, & saint Jérôme lui - même n'en cite aucun; mais il savoit peut - être que les peres du concile l'avoient allégué, ou il présumoit que le concile l'avoit approuvé, puisque depuis ce concile les peres l'avoient reconnu & cité. Saint Athanase, ou l'auteur de la synopse qui lui est attribuée, en donne le précis comme des autres livres sacrés. Saint Augustin; comme il paroît par le livre II. de la Doctrine chrétienne, chap. 8. & toute l'église d'Afrique le recevoient dans leur canon. Le pape Innocent I. dans son épître à Exupere, & le pape Gélase dans le concile de Rome, l'ont reconnu pour canonique. Il est cité dans saint Fulgence & dans deux auteurs anciens, dont les sermons sont imprimés dans l'appendix du cinquieme tome de saint Augustin, enfin le concile de Trente l'a déclaré canonique.

L'auteur de ce livre est inconnu. Saint Jérôme in agg. cap. 1. v. 6. semble croire que Judith l'écrivit elle - même; mais il ne donne aueune bonne preuve de son sentiment. D'autres. veulent que le grand-prêtre Joachim ou Eliacim, dont il est parlé dans ce livre, en soit l'auteur; ce ne sont après tout que de simples conjectures. D'autres l'attribuent à Josué, fils de Josedech; l'auteur, quel qu'il soit, ne paroît pas contemporain. Il dit chap. xiv. v. 6. que de son tems la famille d'Achior subsistoit encore dans Israël; & chap. xvj. v. 31, qu'on y célébroit encore la fête de la victoire de Judith, expressions qui insinuent que la chose étoit passée depuis assez long - tems.

Les Juifs, du tems d'Origene, avoient l'histoire de Judith en hébreu, c'est - à - dire selon toute apparence en chaldéen, que l'on a souvent confondu avec l'hébreu. Saint Jérôme dit que de son tems ils la lisoient encore en chaldéen, & la mettoient au nombre des livres hagiographes; voyez Hagiographes. Sebastien Munster croit que les juifs de Constantinople l'ont encore à présent en cette langue; mais jusqu'ici on n'a rien vu d'imprimé de Judith en chaldéen. La version syriaque que nous en avons est prise sur le grec, mais sur un grec plus correct que celui que nous lisons aujourd'hui. Saint Jérôme a fait sa version latine sur le chaldéen; & elle est si différente de la grecque, qu'on ne sauroit dire que l'une & l'autre viennent de la même source & du même original. Ce pere se plaint fort de la variété qui se voyoit entre les exemplaires latins de son tems. Calmet,

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