ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"903"> pays, & on répete ce frottement par intervalles, jusqu'à ce que la liqueur ait acquis la noirceur desirée.

Le suc de la racine d'iris dont je parle, est encore un si puissant hydragogue, qu'ayant été donné avec du syrop de nerprun à un hydropique désespéré, sur lequel le jalap, le mercure doux, & la gomme gutte n'avoient presque plus d'action, ceremede - ci, à la dose de 80 gouttes d'heure en heure, fit évacuer au malade, au bout de quelques prises, plusieurs pintes d'eau mesure d'Ecosse, qui est le double de celle de Paris. Voyez le détail de cette observation dans les Mémoires d'Edimbourg, tom. V. (D. J.)

Iris (Page 8:903)

Iris, en terme d'Anatomie, se dit d'un cercle qui entoure la prunelle de l'oeil, & qui est formé par une duplicature de l'uvée. Voyez Uvée.

Du centre orbiculo - ciliaire partent de toute la circonsérence des fibres convergentes, qui font un petit cercle; mais avant la pupille même, le cercle est plus étroit dans l'homme, & fait de plus courts rayons fibreux, parmi lesquels il est impossible de reconnoitre aucunes fibres orbiculaires.

Les vaisseaux colorés de l'iris & de l'uvée, sont de plus petits genres; les arteres de la choroïde qui ont formé des cercles rayonnés passent sur le ligament orbiculo - ciliaire, dégénerent en de petits troncs dans la circonférence, & en dernier lieu en cercle artériel de Ruysch.

De ce cercle les plus petites artérioles se rapprochent sous la forme de rayons sur l'iris & forment par leur réflexion & en se joignant avec les externes le cercle interne. Les petits vaisseaux de la membrane de Ruysch entrent de la même maniere dans ce cercle, duquel il part de semblables arteres, mais plus grandes, qui vont se distribuer à l'uvée. Hovius fait de plus mention de très - petits conduits entremêlés qui naissent du cercle, d'autres qui viennent des artérioles de l'uvée, & d'autres qu'il soupçonne aller en sens contraire vers la sclérotique Ne seroitce point - là ces autres arteres lymphatiques que M. Ferrein a démontrées dans l'uvée? Hist. de l'Acad. 1738. Haller, Comm. Boerh.

L'iris est de différentes couleurs, & percé dans son milieu d'un trou, à travers lequel on voit une petite tache noire, appellée la prunelle d l'oeil, autour de laquelle l'iris forme un anneau. Voyez Prunelle, OEil, Ligament, Ciliaire , &c.

On donne aussi le nom d'iris à ces couleurs changeantes, qui paroissent quelquefois sur les verres des télescopes & des microscopes, à cause qu'elles imitent celles de l'arc - en - ciel.

C'est ainsi qu'on appelle encore le spectre coloré que le prisme triangulaire forme sur une muraille lorsqu'on l'expose sous un angle convenable aux rayons du soleil. Voyez Prisme.

Iris (Page 8:903)

Iris, (Météorol.) voyez Arc - en - ciel, & jettez en passant les yeux sur l'image poëtique qu'en a donné le chevalier Blackmore:

Thus oft the Lord of nature in the air Hangs evening clouds, his sable canvass, where His pencildip'd in heav'nly colours, made Of intercepted beams, mix'dwith the shade Of temper'd oether, and refracted light, Paints his fair Rainbow, charming to the sight. (D. J.)

Iris (Page 8:903)

Iris ou Pierre d'Iris, (Hist. nat. Lithologie.) nom donné par Pline & par d'autres naturalistes à une espece de crystal, dans lequel on remarque les différentes couleurs de l'arc - en - ciel. Il paroit que cette pierre ne differe en rien du crystal de roche ordinaire. Wallerius donne le nom d'iris chalcedonica à une espece de chalcédoine de trois couleurs, & qui en regardant le soleil au travers fait voir les nuances d'un arc - en - ciel. Cette pierre se trouve en orient, elle a une teinte ou jaunâtre ou pourpre. Quelques auteurs ont encore donné le nom d'iris à l'espece de crystal de roche qui s'appelle fausse topase, & ils l'ont nommée iris citrina ou subcitrina. Wormius appelle le crystal noir, iris anthracini coloris.

Enfin il y a des auteurs qui donnent le nom d'iris à une pierre orientale qui est de la couleur du petit lait mêlée d'une teinte légere de bleu céleste. ( - )

Iris (Page 8:903)

Iris, (Mytholog.) divinité de la fable, qui la fait sille de Thamnas & d'Electre.

C'étoit, disent les Poëtes, la messagere des Dieux & celle de Junon en particulier, comme Mercure l'étoit de Jupiter. Assise auprès du trône de la fille de Saturne & de Rhéa, elle attendoit le premier signe de ses ordres, pour les porter au bout du monde; alors volant d'une aîle légere, elle fendoit les espaces immenses des airs, laissant après elle une longue trace de lumiere, que peignoit un nuage de mille couleurs aussi variées que brillantes.

Quelquefois députée par l'assemblée des Divinités célestes, elle descendoit de l'olympe parée de sa robe d'azur, pour venir apprendre aux mortels effrayés la fin des tempêtes, & leur annoncer le retour du beau tems.

Dans ses momens de repos, elle avoit soin de l'appartement de Junon & de ses magnifiques atours. Lorsque la déesse revenoit des enfers dans l'olympe, c'étoit Iris qui la purifioit avec les parfums les plus exquis: cependant son principal emploi étoit d'aller trancher le cheveu fatal des femmes agonissantes, comme Mercure étoit chargé de faire sortir des corps les ames des hommes prêtes à s'envoler.

Ainsi dans Virgile, Junon voyant Didon lutter contre la mort, après s'être poignardée, dépêche Iris du haut du ciel pour dégager son ame de ses liens terrestres, en lui coupant le cheveu dont Proserpine sembloit refuser l'emploi, parce que la mort de la fondatrice de Carthage n'étoit pas naturelle; mais c'est la peinture admirable qu'en fait le prince des Poëtes qu'il faut lire:

Tum Juno omnipotens, longum miserata dolorem, Difficilesque obitus, Irim demisit olympo, Quoe luctantem animum, nexosque resolveret artus; Nam quia nec fato, meritâ nec morte peribat, Sed misera ante diem, subitoque accensa furore, Nondùm illi flavum Proserpina vertice crinem Abstulerat, stygioque caput damnaverat orco. Ergò Iris, croceis per coelum roscida pennis, Mille trahens varios adverso sole colores, Devolat, & supra caput adstitit. Hunc ego diti Sacrum jussa fero, teque isto copore solvo: Sic aït, & dextrâ crinem secat: Omnis & unà Dilapsus calor, atque in ventos vita recessit. AEneïd. liv. IV. v. 695.

Iris n'est peut - être après tout qu'une divinité purement physique, prise pour l'arc - en - ciel; du moins on dérive assez bien son nom de E)IRE=IN, parler, annoncer; & cette étymologie convient à Iris météore, & à Iris divinité fabuleuse. Comme Junon est la déesse de l'air, Iris en est la messagere; elle annonce ses volontés, parce que l'arc - en - ciel nous annonce les changemens de l'air, au moment de la pluie, & du soleil qui luit à l'opposite. (D. J.)

Iris (Page 8:903)

Iris, (Docimast.) on donne encore ce nom à l'éclair. Voyez cet article. On appelle encore iris les petites bleuettes qui se croisent rapidement dans un essai qui bout sur la coupelle, & qui font dire qu'il circule bien. Voyez Circuler, Essai & Affinage.

Iris (Page 8:903)

Iris, (Géogr. anc.) riviere d'Asie dans la Cappadoce, selon Ptolomée; c'est le Casalmach des modernes, riviere de Turquie dans la Natolie; elle baigne les murs d'Amasie, patrie de Strabon, & [p. 904] vase perdre dans la mer Noire. (D. J.)

Iris, verd d'Iris (Page 8:904)

Iris, verd d'Iris, (Peinture.) couleur des plus tendres, & qui fait un très - beau verd. Voici comme elle se peut faire.

Prenez des fleurs de lys les plus bleues, qu'on appelle autrement iris; séparez - en le dessus qui est satiné, & n'en gardez que cela, car le reste n'est pas bon; ôtez - en même toute la petite nervure jaune; pilez dans un mortier ce que vous aurez choisi; ensuite jettez dessus un peu d'eau, trois ou quatre cuillerées plus ou moins, selon la quantité des fleurs; il faut que vous ayez fait fondre dans cette eau un peu d'alun & de gomme, mais en petite quantité; ensuite broyez bien le tout ensemble, puis le passez dans un linge fort, & mettez ce jus dans des coquilles que vous ferez sécher à l'air.

IRKEN (Page 8:904)

IRKEN, (Géogr.) grande ville de Tartarie, capitale de la petite Bucharie, avec un château; c'est le dépôt de tout le commerce qui se fait entre les Indes & le nord de l'Asie; les Calmoucks qui en sont les maîtres, quoique Mahométans, se font une affaire de conscience de n'inquiéter personne au sujet de la religion, principe que le bon sens ou l'expérience suggéreront finalement à tous les peuples du monde. Irken est à 32 lieues N. de Cazchgar; long. suivant le P. Gaubil, 101d. 7'. 30". lat. 38. 20. (D. J.)

IRKUSK (Page 8:904)

IRKUSK, (Géogr.) province de Sibérie dont la capitale qui porte le même nom est située sur la riviere d'Angara, à peu de distance du lac de Baïkal. Elle fut bâtie en 1661, dans l'endroit où la riviere d'Irkusk se jette dans celle d'Angara; cette ville a un évêque, un gouvernement de qui relevent ceux de Sclenginsk, de Nertschinsk, d'Ilimsk & de Jakusk, ainsi que les commandans d'Ochotzk & de Kamtschatka, mais qui est soumis lui - même au gouverneur général de Tobolsk. On compte 950 maisons à Irkusk: le commerce de la Chine y attue beaucoup de marchands. Gmelin, Voyage de Sibérie.

IRLANDE (Page 8:904)

IRLANDE, (Géogr.) Hibernia, c'est son nom latin le plus commun; Aristote, Strabon, & d'autres la nomment Jerna; Pomponius Méla, Juvenal & Selin, Juverna; les naturels du pays l'appellent Eryn; son nom Irlande ou Ireland, vient vraissemblablement d'Erynland, qui signifie en Irlandois, une terre occidentale, un pays situé à l'ouest.

L'Irlande est la plus considérable des îles britanniques, après celle de la grande Bretagne, à laquelle elle est aujourd'hui sujette, & au couchant de laquelle elle est située.

Elle est bornée E. par une mer dangereuse, appellée la mer d'Irlande ou plutôt le Canal de Saint - Georges, qui la sépare de l'Angleterre par une distance de 45 milles, depuis Holy - Head jusqu'à Dublin; mais elle n'est qu'à 15 milles de l'Ecosse.

Sa figure est oblongue, approchante de celle d'un oeuf, en en retranchant l'irrégularité des angles; sa grandeur est à - peu - près moitié de celle de l'Angleterre; sa longueur est d'environ 285 milles, sa largeur de 160 milles, & son circuit de 14 cent milles.

Les Bretons ont été, suivant les apparences, les premiers habitans de cette île; car il étoit aisé de s'y rendre de la Bretagne, comme de la terre la plus voisine; aussi les anciens écrivains l'appellent une île bretonne; & Tacite en parlant d'elle dans la vie d'Agricola, nous dit que son terroir, le climat, le naturel & l'ajustement de ses habitans différoient peu de ceux de la Grande - Bretagne: Solum coelumque, & ingenia, cultusque hominum, haud multùm à Britanniâ differunt. Ils vivoient d'ailleurs sous le gouvernement de divers petits princes; des Danois & des Normands se mêlerent depuis avec les naturels du pays en différentes occasions; mais on n'y connoît aujourd'hui de naturels que les habitans des trois îles britanniques.

Leur langue étoit anciennement la bretonne, ou pour mieux dire, une dialecte de cette langue; les noms des rivieres, des îles, des montagnes, des bourgs, sont encore presque tous bretons, si nous en croyons un savant moderne.

C'est une chose remarquable, qu'avant l'année 800 de Jesus - Christ, on se servît déjà de monnoies d'argent battues dans le pays, comme le prouve assez bien le chevalier Jacques Waroeus dans ses Antiquités d'Irlande; consultez aussi un livre de Keder, imprimé en 1 08 in - 4°. sous le titre de Recherches des médailles frappées en Irlande avant le xij. siecle.

L'air y est doux, tempéré, & en même tems fort humide; on y voit quelques loups dont l'Angleterre & l'Ecosse sont délivrées depuis bien des siecles, des renards, des liévres, des lapins, & toute sorte de gibier; le poisson, sur - tout le saumon & le hareng, y sont en abondance: on y voit de bons chevaux, & tant d'abeilles qu'elles font leur essains jusque dans des trous sous terre.

Le sol y est très - fertile & abondant en excellens pâturages; les bêtes à cornes sont la grande richesse du pays; ses denrées consistent principalement en gros & menu bétail, en cuirs, en suifs, en beure & fromage, en sel, bois, miel, cire, chanvre, toiles, douves & laines; on y trouve du plomb, de l'étain & du fer, du marbre supérieur à celui de l'Angleterre, quantité de fontaines, de lacs, de rivieres, de montagnes; son lac Longh - Neaugh est fameux pour ses vertus pétrifiantes; mais il faut lire sur toute l'histoire naturelle du pays, un bon ouvrage, intitulé: A natural history os Ireland, Dublin 1727. in - 4°. Il vaut beaucoup mieux que le livre de Gérard Boate traduit en François, & imprimé à Paris en 1666, in - 12.

Les plus considérables bayes d'Irlande, sont la baye de Gallway qui est fort vaste & sûre, la baye de Dingle, & la baye de Dublin; ses havres sont en grand nombre & fort commodes; les meilleurs sont celui de Waterford, celui de Cork, celui de Yonghall, & sur - tout celui de Kingsale, depuis le nouveau fort bâti sous la direction du lord Roger, comte d'Orrery, du tems de Charles II. En un mot, peut - être n'y a - t - il aucun pays où l'on trouve de si bons ports à tous égards; cette île, écrivoit autrefois Tacite, placée entre la Bretagne & l'Espagne, & très à portée de la Gaule, serviroit utilement d'entrepôt & de centre de commerce, à ces trois riches Puissances.

Les plus importantes des rivieres d'Irlande, est le Shannon; les autres moindres, sont la Piffe, la Boyne, & la Lée; Spencer les a toutes célébrées dans son poëme intulée la Reine des Fées, où il s'agit du mariage de la Tamise avec le Medway.

Les montagnes les plus remarquables, sont Knock - Patrick dans le comté de Limerick à l'O. celle de Sliew - Bloemy, d'Evagh, de Mourne, de Sliew - Gallen, de Cirtew, & de Gualty.

Tout le pays est divisé en quatre provinces, la Province d'Ulster, ou l'Ultonie, la province de Connaught ou la Connacie, la province de Leinster ou Lagénie, & la province de Munster ou la Mommonie.

Un viceroi qu'on appelle aujourd'hui lord - lieutenant, dont l'autorité est d'une grande étendue, gouverne l'Irlande; c'est toujours un des premiers seigneurs de la Grande - Bretagne; il y a pour le civil les mêmes cours de justice qu'en Angleterre, chancellerie, banc du roi, cout des plaidoyers communs, & celle de l'échiquier. Le lord - lieutenant ou son député, convoque le parlement, & le dissout suivant le bon plaisir du Roi.

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