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Les joûtes passerent en France des Espagnols, qui
prirent des Maures cet exercice, & l'appellerent
juego de canas, le jeu de cannes, parce que dans le
commencement de sa premiere institution dans leur
pays, ils lançoient en tournoyant, des cannes les
uns contre les autres, & se couvroient de leurs
boucliers pour en parer le coup. C'est encore cet
amusement que les Turcs appellent lancer le gerid;
mais il n'a aucun rapport avec les jeux troyens de la
jeunesse romaine. Voyez
Le mot de joûte vient peut - être de juxta à cause que les joûteurs se joignoient de près pour se battre. D'autres le dérivent de justa, qui est le nom qu'on a donné, dit - on, dans la basse latinité à cet exercice; on peut voir le Glossaire de Ducange au mot justa, car ces sortes d'étymologies ne nous intéressent guere, il nous faut des faits. (D. J.)
Joûte (Page 8:899)
JOUTEREAUX (Page 8:899)
JOUTEREAUX, s. m. (Marine.) ce sont deux pieces de bois courbes, posées parallelement à l'avant du vaisseau pour soutenir l'éperon, & qui répondent d'une herpe à l'autre, dont elles font l'assemblage.
Joutereaux de mâts, ce sont deux pieces de bois courbes que l'on attache au haut du mât, de chaque côté, pour soutenir les barres de hune. (Z)
JOUX (Page 8:899)
JOUX, (Géogr. & Hist. nat.) c'est le nom d'une chaîne de montagnes, d'une vallée & d'un lac du pays de Vaud, dans le canton de Bern en Suisse.
Le mont - joux, mons Jovius ou mons Jovis; c'est une portion du mont Jura. Le mont Jura est une longue chaîne de montagnes, qui s'étend depuis le Rhin près de Bâle jusqu'au Rhône à 4 lieues au - dessous de Genève. Cette chaîne est tantôt plus tantôt moins élevée; elle a aussi plus ou moins de largeur: enfin elle prend dans cette étendue différens noms particuliers. Le long du Rhône, c'est le grand Credo; c'est le mont saint Claude, entre la Franche - Comté & le Bugey; c'est le mont - Joux ou le mont de Joux vers les sources du Dain & du Doux en Franche - Comté; c'est aussi les monts de Joux dans le bailliage de Romainmotier du canton de Berne, frontiere du comté de Bourgogne; c'est Pierre - Pertuis, Petra pertusa dans l'évêché de Bâle. La montagne y a été percée par les Romains; on y voit encore une inscription qui en fait foi. C'est par - là qu'on entre dans le Munsterthal, ou la vallée de Montier Gran - val. Tirant plus loin du côté de Bâle & de Soleure, le mont Jura est appellé Botzberg; je ne m'airête qu'aux dénomitions les plus générales. Autrefois toute cette chaîne séparoit le royaume de Bourgogne en Bourgogne cisjurane & transjurane: aujourd'hui elle sépare la Suisse de la Franche - Comté & du Bugey.
Dans cette partie du mont Jura du comté de Bourgogne, qui porte aussi le nom de mont - joux, est une petite ville avec un château à une lieue de Pontarlier. Sept lieues plus loin vers le midi il y a encore un village du même nom de Joux, avec un abbaye & un lac.
Le mont - Joux dans le bailliage de Romainmotier a de même donné le nom à un lac & à une vallée. Là le mont Jura s'élargit considérablement; il forme trois vallées qui se communiquent par des gorges: celle de Joux est la plus grande & la plus élevée, d'où on passe à celle de Vanillon, & de - là à celle de Valorbes qui est la plus basse. La partie la plus basse de la vallée de Joux est occupée par un lac de deux lieues de longueur, sur demi - lieue dans sa plus grande largeur. Toute la vallée a plus de quatre lieues de
Quoiqu'il n'y ait aucun fruit dans cette vallée, elle est très - agréable & très - riante en été. Il y croît de l'orge & de l'avoine; les pâturages y sont fort bons; le lac est abondant en poissons; le pays est très peuplé. Il y a trois grandes paroisses, composées chacune d'un village principal & de plusieurs hameaux, l'Abbaye, le Chenit & le Lieu.
Saint Romain & saint Lupicin ou saint Loup, deux freres, dont Grégoire de Tours a écrit la vie, se retirerent au bord d'un ruisseau appellé le Noson; ils y vécurent comme hermites. Saint Loup abandonna le Noson pour aller au - dessus de la Sarra sur un rocher, près duquel coule une source soufrée qui fait de bons bains. Dans le lieu où étoit resté l'aîné des freres, on bâtit un hospice, puis un couvent sous le nom de Romani monasterium, d'où l'on a fait Romain - motier, qui est aujourd'hui une petite ville avec un bailliage le mieux renté du pays de Sand. Le prieur de Romainmotier fit bâtir sur la fin du xiv. siecle, l'abbaye sur les bords du lac de Joux.
A une lieue de l'abbaye sur la montagne, du côté du pays de Sand, on voit un grand trou large d'un douxieme de pié; il communique perpendiculairement à une caverne très - profonde, où l'on entend des eaux souterraines couler avec bruit. Du côté opposé, c'est - à dire du côté de la Franche - Comté, on voit aussi au milieu des bois un trou semblable, mais au - dessous duquel on n'entend point de bruit d'eau courante.
On ne doute point que l'eau du petit lac qui s'échappe vers les moulins, n'aille former au - dessous dans la vallée de Valorbe, la riviere de l'Orbe, qui sort toute formée d'un rocher à demi - lieue du village de Valorbes. Cette source a au moins seize piés de largeur, sur trois de profondeur.
On peut conclure de - là & de l'inspection des lieux qu'il ne seroit pas impossible de couper au - travers des rochers un canal pour vuider les lacs: ce seroit gagner du large dans un pays très - serré & très - peuplé.
Les habitans de cette vallée sont ingénieux & industrieux. On y trouve de bons horlogers, des ser<pb-> [p. 900]
Il y a beaucoup de mines de fer dans les montagnes
voisines. On y rencontre des pyrites globuleuses,
& des marcassites anguleuses: les paysans
ne manquent point de prendre les dernieres à cause
de leur éclat, pour des mines d'or. On y trouve aussi
sur - tout sur les revers du côté du midi & du couchant,
des pétrifications, comme des térébratules,
des cornes d'amon & des musculites. Dans le chemin
de la vallée de Joux à celle de Vanlion, on ramasse
quelques glossopetres; & plus bas on voit une pierre
ollaire, dont on pourroit peut - être tirer parti: il y
aussi des couches d'ardoise qui est négligée. E.
JOUXTE (Page 8:900)
JOUXTE, (Jurisp.) du latin juxtà, terme usité dans les anciens titres, & singulierement dans les terriers, reconnoissances & déclarations, pour désigner les confins ou terrains d'un héritage. On dit jouxte la maison, terre, pré ou vigne, & d'un tel. (A)
JOYAUX (Page 8:900)
JOYAUX, s. m. (Gramm.) ornemens précieux d'or, d'argent, de perles, de pierreries.
Joyaux (Page 8:900)
Les uns sont des bijoux que les époux ou les parens donnent volontairement à l'épouse avant ou le lendemain du mariage. Lorsque le mariage ne s'accomplit pas, & qu'il y a lieu à la restitution des présens de nôces, on peut aussi répéter les joyaux qui sont de quelque valeur, ce qui dépend des circonstances & de l'arbitrage du juge.
Quelques coutumes permettent à la femme survivante, & même à ses héritiers, de reprendre ses bagues & joyaux en nature. Voyez l'article 48 de la coutume de Bordeaux.
L'autre espece de bagues & joyaux est un don
en argent que le mari fait à la femme en cas de
survie, & qui se regle à proportion de sa dot. Voyez
ci - devant
JOYE, JOYEUX (Page 8:900)
JOYE, JOYEUX. Voyez
IPÉCACUANHA (Page 8:900)
IPÉCACUANHA, s. m. (Bot.) Nous ne connoissons point la plante qui s'éleve de la racine précieuse qu'on appelle ipécacuanha du Pérou, & nous ne connoissons encore qu'imparfaitement la plante qui jette en terre la racine nommée ipécacuanha brune du Bresil; voici cependant la description qu'en a faite M. Linnoeus.
Le calice est divisé en cinq segmens égaux, étroits, & terminés en pointe. La fleur a cinq découpures & a cinq étamines. Le pistil est un embrion placé entre le calice & la fleur; on ignore combien il a de styles. Cet embryon devient une baie arrondie posée sur le calice, & creusée par le haut en maniere de nombril. Elle n'a qu'une cavité dans laquelle sont renfermés trois noyaux osseux, voutés d'un côté, applatis sur les deux autres, réunis ensemble, & formant un globe. Chacun de ces noyaux qui ne renferme qu'une graine, est strié de cinq cannelures. La racine est très - longue; la tige rarement branchue, est couchée sur terre, & n'a de feuilles que vers son extrémité: ces feuilles sont opposées, ovales, pointues de deux côtés, raboteuses, plus pâles en - dessous qu'en dessus, larges de deux pouces, longues de trois, & les intersections de la tige ont à peine un pouce de longueur.
Quant â la plante qui pousse en terre, l'espece de racine du Bresil qu'on appelle ipécacuanha blanc de Pison, nous savons seulement que c'est une petite plante basse, assez semblable au pouliot, dont la tige qui s'eleve du milieu de plusieurs feuilles velues, est chargée d'un grand nombre de petites
Ipécacuanha (Page 8:900)
Les deux especes d'ipécacuanha sont le gris & le brun. Voici leur description d'après M. Geoffroy.
L'ipécacuanha gris, ipecacuanha cinerea, ipecacuanha peruviana, off. bexuquillo, & Rais de oro, Hispanorum, peut - être l'ipécacuanha blanc de Pison, est une racine épaisse de deux ou trois lignes, tortueuse, & comme entourée de rugosités, d'un brun clair ou cendré, dense, dure, cassante, résineuse, ayant dans son milieu dans toute sa longueur, un filet qui tient lieu de moëlle, d'un goût un peu âcre & amer, & une odeur foible. Les Espagnols en apportent tous les ans à Cadix du Pérou, où elle naît aux environs des mines d'or.
L'ipécacuanha brun, ipecacuanha fusca, ipecacuanha brasiliensis, & radix brasiliensis off. ipecacuanha altera seu fusca Pisonis, est une racine tortueuse, plus chargée de rugosités que l'ipécacuanha gris, plus menue cependant, d'une ligne de grosseur, brune ou noirâtre en - dehors, blanche en - dedans, légerement amere. On apporte cette espece d'ipécacuanha du Bresil à Lisbonne.
L'ipécacuanha, soit gris, soit brun, contient une quantité considérable de résine qu'on en sépare par l'esprit de vin, & un extrait mucilagineux pur, c'est - à - dire soluble par les menstrues aqueux seuls.
Selon les expériences de M. Geoffroy, huit onces d'ipécacuanha gris donnent dix gros de résine, & trois onces & demie d'extrait; & neuf onces d'ipécacuanha brun donnent six gros de résine, & une once trois gros d'extrait.
Selon Cartheuser, ces principes résident entierement dans l'écorce de ces racines; leur partie ligneuse en est absolument dépourvûe; ce dernier auteur a retiré d'une once d'écorce d'ipécacuanha gris quatre scrupules de résine, & trois dragmes d'extrait; & il pense que M. Boulduc pere n'a pas séparé exactement ces principes, lorsqu'il n'a obtenu par l'application de l'esprit de vin, que trois grains de résine par once, de l'un & de l'autre ipécacuanha.
La résine d'ipécacuanha excite puissamment le vomissement; l'extrait l'excite très - peu, purge doucement, & passe pour être légerement astringent in recessu, c'est - à - dire sur la fin de son opération purgative.
Nous donnons très - rarement l'un ou l'autre de
ces principes ainsi séparés, ou pour mieux dire, ils
sont entierement hors d'usage. Nous donnons seulement
quelquefois la décoction non filtrée de deux
gros d'ipécacuanha, ce qui est donner en effet presque
toute la partie extractive de cette drogue, &
la petite quantité de résine qui peut avoir été détachée
par l'action méchanique de l'ébulition de l'eau.
Cette décoction fait vomir très - doucement. G. Pison
qui est le premier qui a publié les vertus de l'ipécacuanha dans son histoire naturelle du Bresil en 1748,
préfere cette décoction à l'usage de l'ipécacuanha en
substance. Cartheuser propose une correction de
ce remede absolument analogue à la précédente,
savoir de diminuer considérablement la proportion
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