ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"787"> différens animaux, tant quadrupedes qu'oiseaux. Les poux de bois, & le poux de terre, sont des especes de ce genre.

2°. La puce, pulex; elle a six piés conformés de maniere qu'elle saute avec beaucoup de facilité: elle a deux yeux; le bec est recourbé & le ventre est applati sur les côtés & arrondi.

3°. Les poux sauteurs, poduroe; ils ont six piés conformés de façon que ces insectes peuvent courir: ils ont deux yeux composés chacun de huit petits; la queue est fourchue, recourbée, & sert à ces insectes pour sauter.

4°. Les perroquets d'eau, monoculi; les premiers piés sont divisés en plusieurs filets: ces insectes s'en aident pour nager & pour sauter; ils n'ont qu'un oeil, mais il est composé de trois petits; le corps est couvert d'une taie.

5°. Les cirons, acari; ils ont deux yeux & huit piés; les jambes sont composées de huit phalanges.

Les cirons de l'homme, des animaux quadrupedes, des oiseaux & des insectes; l'un de ces cirons est nommé le poux des insectes, les cirons des plantes: telle est l'araignée faucheur; les cirons du bois, au nombre desquelles est le scorpion araignée; les cirons de la farine; les cirons qui se trouvent sur la terre & sur les pierres; les cirons qui sont dans l'eau, &c. sont des especes de ce genre.

6°. Les scorpions, scorpiones; ces insectes ont huit piés, deux pinces sur le front, & huit yeux, dont deux sont placés l'un contre l'autre sur la partie postérieure de la poitrine, & les six autres sur les côtés; la queue est terminée par un aiguillon courbe.

7°. Les crustacées, cancerea; ils ont deux yeux & dix piés, dont les premiers sont faits en forme de pince; la queue est composée de plusieurs lames.

Le crabe, le poupar, l'araignée de mer, le homard, l'écrevisse, la squille, le soldat, ou bernardl'hermite, la puce aquatique, &c. sont des especes de ce genre.

8°. Cloportes, onisei; ils ont quatorze ou seize piés, & le corps est de figure ovale. Linnaei, Syst. naturoe.

Insecte amphibie (Page 8:787)

Insecte amphibie, (Hist. natur.) insecte qui peut vivre également ou alternativement dans l'air & dans l'eau; mais M. Lyonnet observe très bien, que les insectes qu'on considere comme amphibies, ne le sont pas tous de la même maniere.

Il y en a qui après avoir été aquatiques sous une forme, changent tellement de nature en la quittant, que s'il leur arrive ensuite de tomber dans l'eau, ils s'y noyent.

D'autres naissent, vivent, & subissent toutes leurs transformations dans l'eau, & vivent ensuite dans les deux élémens.

Quelques - uns après être nés dans l'air, se précipitent dans l'eau, & y restent jusqu'au tems qu'ils prennent des aîles, pour pouvoir redevenir habitans de l'air.

Plusieurs especes naissent, & croissent dans l'eau, se changent en nymphes dans la terre, & passent leur état de perfection dans l'eau & dans l'air, mais plus constamment dans ce premier élément.

Enfin, il y en a qui passent leur état rampant sous l'eau, sans y être aquatiques que par la tête, le reste de leur corps ne s'y mouille jamais; il est toûjours environné d'un volume d'air assez considérable, pour leur laisser la respiration libre; & ces sortes d'insectes après leur dernier changement, ne vivent plus que dans l'air. Quelle diversité la nature offre à nos yeux dans la maniere d'exister des plus petits animaux! (D. J.)

INSENSÉ (Page 8:787)

INSENSÉ, adj. (Gramm.) On donne cette épithete injurieuse à deux sortes d'hommes, & à ceux qui ont réellement perdu le sens & la raison, & à ceux qui se conduisent comme s'ils en étoient privés. Un insensé n'est pas toujours un sot; il est capable de donner à un autre un bon conseil, mais il est incapable de le suivre: rien n'est si commun qu'un homme d'esprit qui se conduit comme un fou.

INSENSIBILITÉ (Page 8:787)

INSENSIBILITÉ, (Phil. mor.) L'indifférence est à l'ame ce que la tranquillité est au corps, & la léthargie est au corps ce que l'insensibilité est à l'ame. Ces dernieres modifications sont l'une & l'autre l'excès des deux premieres, & par conséquent également vicieuses.

L'indifférence chasse du coeur les mouvemens impétueux, les desirs fantasques, les inclinations aveugles: l'insensibilité en ferme l'entrée à la tendre amitié, à la noble reconnoissance, à tous les sentimens les plus justes & les plus légitimes. Celle là détruisant les passions de l'homme, ou plûtôt naissant de leur non - existence, fait que la raison sans rivales exerce plus librement son empire; celle - ci détruisant l'homme lui - même, en fait un être sauvage & isolé qui a rompu la plûpart des liens qui l'attachoient au reste de l'univers. Par la premiere enfin l'ame tranquille & calme ressemble à un lac dont les eaux sans pente, sans courant, à l'abri de l'action des vents, & n'ayant d'elles - mêmes aucun mouvement particulier, ne prennent que celui que la rame du batelier leur imprime; & rendue léthargique par la seconde, elle est semblable à ces mers glaciales qu'un froid excessif engourdit jusques dans le fond de leurs abîmes, & dont il a tellement durci la surface, que les impressions de tous les objets qui la frappent y meurent sans pouvoir passer p u avant, & même sans y avoir causé le moindre ébranlement ni l'altération la plus légere.

L'indifférence fait des sages, & l'insensibilité fait des monstres; elle ne peut point occuper tout entier le coeur de l'homme, puisqu'il est essentiel a un être animé d'avoir du sentiment; mais elle peur en saisir quelques endroits; & ce sont ordinairement ceux qui regardent la société: car pour ce qui nous touche personnellement, nous conservons toujours notre sensibilité; & même elle s'augmente de tout ce que perd celle que nous devrions avoir pour les autres. C'est une vérité dont les grands se chargent souvent de nous instruire. Quelque vent contraire s'éleve - t il dans la région des tempêtes où les place leur élévation, alors nous voyons communément couler avec abondance les larmes de ces demi - dieux qui semblent avoir des yeux d'airain quand ils regardent les malheurs de ceux que la fortune fit leurs inférieurs, la nature leurs égaux, & la vertu peut - être leurs supérieurs.

L'on croit assez généralement que Zénon & les Stoïciens ses disciples faisoient profession de l'insensibilité; & j'avoue que c'est ce qu'on doit penser, en supposant qu'ils raisonnoient conséquemment: mais ce seroit leur faire trop d'honneur, sur - tout en ce point - là. Ils disoient que la douleur n'est point un mal; ce qui semble annoncer qu'ils avoient trouvé quelques moyens pour y être insensibles, ou du moins qu'il s'en vantoient; mais point du tout: jouant sur l'equivoque des termes, comme le leur reproche Ciceron dans sa deuxieme tusculane, & recourant à ces vaines subtilités qui ne sont pas encore bannies aujourd'hui des écoles, voici comment ils prouvoient leur principe: rien n'est un mal que ce qui deshonore, que ce qui est un crime; or la douleur n'est pas un crime; ergo la douleur n'est pas un mal. Cependant, ajoutoient - ils, elle est à rejetter, parce que c'est une chose triste, dure, facheuse, contre nature, difficile à supporter. Amas de paroles qui signifie précisément la même chose que ce que nous entendons par mal, lorsqu'il est appliqué à douleur. [p. 788] L'on voit clairement par - là que rejettant le nom ils convenoient du sens que l'on y attache, & ne se vantoient point d'être insensibles. Lorsque Possidonius entretenant Pompée s'écrioit dans les momens où la douleur s'élançoit avec plus de force: Non, douleur, tu as beau faire; quelque importune que tu sois, jamais je n'avouerai que tu sois un mal. Sans doute qu'il ne prétendoit pas dire qu'il ne souffroit point, mais que ce qu'il souffroit n'étoit pas un mal. Misérable puérilité qui étoit un foible lénitif à sa douleur, quoiqu'elle servît d'aliment à son orgueil. Voyez Stoïcisme.

L'excès de la douleur produit quelquefois l'insensibilité, sur - tout dans les premiers momens. Le coeur trop vivement frappé est étourdi de la grandeur de ses blessures; il demeure d'abord sans mouvement, & s'il est permis de s'exprimer ainsi, le sentiment se trouve noyé pendant quelque tems dans le déluge de maux dont l'ame est inondée. Mais le plus souvent l'espece d'insensibilité que quelques personnes font paroître au milieu des souffrances les plus grandes, n'est simplement qu'extérieure. Le préjugé, la coutume, l'orgueil ou la crainte de la honte empêchent la douleur d'éclater au dehors, & la renferment toute entiere dans le coeur. Nous voyons par l'histoire qu'à Lacédémone les enfans fouettés aux piés des autels jusqu'à effusion de sang, & même quelquefois jusqu'à la mort, ne laissoient pas échapper le moindre gémissement. Il ne faut pas croire que ces efforts fussent réservés à la constance des Spartiates. Les Barbares & les Sauvages avec lesquels ce peuple si vanté avoit plus d'un trait de ressemblance, ont souvent montré une pareille force, ou pour mieux dire, une semblable insensibilité apparente. Aujourd'hui dans le pays des Iroquois la gloire des femmes est d'accoucher sans se plaindre; & c'est une très grosse injure parmi elles que de dire, tu as crié quand tu étois en travail d'enfant; tant ont de force le préjugé & la coutume! Je crois que cet usage ne sera pas aisément transplanté en Europe; & quelque passion que les femmes en France aient pour les modes nouvelles, je doute que celle de mettre au monde les enfans sans crier ait jamais cours parmi elles.

INSÉPARABLE (Page 8:788)

* INSÉPARABLE, adj. (Gramm.) qui ne peut être séparé d'un autre. Je ne connois rien d'inséparable dans la nature: la cause peut être séparée de l'effet; il n'y a aucun corps qui ne puisse être dissous, analysé; si l'on prétend prouver le contraire par les qualités essentielles d'un sujet, on verra qu'elles n'en sont inséparables que parce qu'elles sont le sujet même. Les formes sont inséparables de la matiere, parce que c'est la matiere modifiée; la pensée de l'esprit, parce que c'est l'être pensant; le sentiment de l'être sensible, parce que c'est l'être sentant; l'espace ou l'étendue de l'être qui la constitue, parce que c'est l'être étendu; le tems ou la durée de l'être qui est, parce que c'est l'être durant ou existant. On s'embarrasse dans des difficultés qui n'ont point de fin, parce qu'on transforme en êtres réels des abstractions pures, & qu'on prend pour des choses les images qu'on en a.

INSCRIT (Page 8:788)

INSCRIT, adj. on dit en Géométrie qu'une figure est inscrite dans une autre, quand tous les angles de la figure inscrite touchent la circonférence de l'autre. Voyez Circonscrite.

Hyperbole inscrite est celle qui est entierement renfermée dans l'angle de ses asymptotes, comme l'hyperbole ordinaire. Voyez Hyperbole & Courbe, Chambers. (E)

INSERTION (Page 8:788)

INSERTION, s. f. (Anatomie.) terme fort usité parmi les Anatomistes, pour désigner la maniere dont une partie est engagée dans une autre. On dit l'insertion d'un muscle. Voyez Muscle.

L'insertion des muscles dans le corps d'un animal est faite avec un artifice admirable. La veine cave a son insertion dans le ventricule droit du coeur.

On se sert aussi de ce mot dans l'Agriculture, pour exprimer ce que nous appellons autrement enter. Voyez Enter.

Insertion (Page 8:788)

Insertion de la petite vérole, (Medec.) Voyez Inoculation. C'est la plus belle découverte qui ait été faite en Medecine, pour la conservation de la vie des hommes; & c'est aux expériences des Anglois qu'on doit cette méthode admirable, du triomphe de l'art sur la nature.

O Londres, heureuse terre, Ainsi que vos tyrans, vous avez sû chasser Les préjugés honteux qui nous livrent la guerre!

INSESSION (Page 8:788)

INSESSION, s. f. semi - cupium, (Med. Chirurg.) c'est le demi - bain qu'on fait préparer avec des herbes émollientes, ou de toute autre vertu, suivant l'indication. On prescrit le demi - bain pour les affections des reins, de la vessie, de la matrice, du fondement, & même pour les maladies du bas - ventre, lorsque les malades par des raisons particulieres ne peuvent supporter le bain entier. Voyez Bain. (Y)

INSIDIEUX (Page 8:788)

* INSIDIEUX, adj. (Gramm.) ce qui est suggéré par le dessein secret de tromper & de nuire. On tient des discours insidieux; on envoie des présens insidieux; on fait des caresses insidieuses.

Insidieux (Page 8:788)

Insidieux, (Med.) c'est une des qualités par lesquelles les Medecins caractérisent les fievres malignes ou de mauvaise espece, mali moris. Voyez Fievre maligne sous le mot Fievre. Cette dénomination est prise de ce que cette maladie tend des embuches ou impose au medecin peu instruit ou peu attentif, en lui cachant sa nature & sa marche sous l'apparence traitresse d'une maladie légere. (B)

INSIGNE (Page 8:788)

* INSIGNE, adj. (Gramm.) qui se fait distinguer par quelque qualité peu commune. Il se dit des choses & des personnes, & se prend tantôt en bonne, tantôt en mauvaise part: ce fut un scélérat insigne; après avoir été long - tems mon ami, il inventa contre moi une calomnie insigne qui lui fit perdre ses amis, & qui éloigna de lui les indifférens à qui mon innocence fut connue. César s'est signalé par sa valeur, Socrate par sa vertu, Sulli rendit à la nation un service insigne, par le bon ordre qu'il introduisit dans les finances. Ce fut en lui une marque insigne d'un grand jugement, que d'avoir tout rapporté à la population & à l'agriculture; & ceux qui s'écarterent dans la suite de ces principes, & tournerent leurs vûes du côté des traitans & des manufacturiers, prirent l'accessoire pour le principal.

INSINBA (Page 8:788)

INSINBA, (Hist. nat.) nom que l'on donne en Afrique à une espece de corail; il y en a de blanc & de noir; les Negres dans le royaume de Loango les portent en forme de colliers.

INSINUANT (Page 8:788)

* INSINUANT, adj. (Gramm.) qui sait entrer dans les esprits, & leur faire agréer ce qu'il leur propose. L'homme insinuant a une éloquence qui lui est propre. Elle a exactement le caractere que les Théologiens attribuent à la grace, pertingens omnia suaviter & fortiter. C'est l'art de saisir nos foiblesses, d'user de nos intérêts, de nous en créer; il est possédé par les gens de cour & les autres malheureux. Accoutumés ou contraints à ramper, ils ont appris à subir toutes sortes de formes. Fiet avis, & cum volet arbor. Ce sont aussi des serpens; tantôt ils rampent à replis tortueux & lents; tantôt ils se dressent sur leurs queues, & s'élancent, toujours souples, légers, déliés & doux, même dans leurs mouvemens les plus violens. Méfiez vous de l'homme insinuant; il frappe doucement sur notre poitrine, & il a l'oreille ouverte pour saisir le son qu'elle rend. Il entrera dans votre maison en esclave, mais il ne

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