ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"727"> vacité des symptomes, le faire précéder d'une ou de deux saignées, pour en prévenir les mauvais effets & en faciliter même l'opération; lorsqu'on le donne avec ces précautions, & au commencement de la maladie sur - tout, il n'y a rien à craindre, mais tout à espérer de son administration. Le cas où il sembleroit le plus contre - indiqué, sont les maladies inflammatoires de la poitrine; ce sont pourtant celles où il réussit le mieux; il n'y a que des medecins inexpérimentés qui puissent s'effrayer d'un point de côté ou d'un crachement de sang; on voit au contraire ces accidens diminuer après l'opération de l'émétique; on peut après, si l'indication est bien marquée, & si le cas l'exige, donner un ou deux cathartiques pris dans la classe des médiocres ou des minoratifs; mais rarement on est obligé de recourir à ces remedes; je serois d'avis que dans leur exhibition on eût un peu plus d'égard au jour de la maladie. Hippocrate, exact observateur, a remarqué que les purgatifs étoient plus utiles les jours pairs, & que leur usage étoit souvent dangereux les jours impairs: cette remarque mérite quelque attention. Si après qu'on a fait précéder ces remedes, la fievre inflammatoire est modérée, qu'on n'observe rien de dangereux, d'anomale dans le cours des symptomes, le medecin doit rester oisif spectateur, jusqu'à ce que la coction faite il se prépare quelque effort critique à seconder, ou, pour s'accommoder aux préjugés reçus, & satisfaire l'envie singuliere qu'ont quelques malades d'être médicamentés, on peut les amuser par des riens, par des remedes indifferens dont la médecine abonde, par des petits laits, des ptisanes, des loochs, des lavemens; encore doit - on être plus circonspect pour ces derniers remedes dans les fievres exanthématiques, dans celles qui portent à la poitrine; ils sont souvent mauvais: j'en ai vû de très - pernicieux effets dans la petite vérole. Si la fievre etoit trop forte, ce qui est assez rare, on pourroit avoir recours aux saignées, aux lavages, aux délayans, &c. Si elle est trop foible, qu'on apperçoive une langueur, un affaissement dans la machine, il faut recourir de bonne heure aux remedes qui animent. stimulent les vaisseaux, aux cordiaux, plus ou moins actifs, aux élixirs spiritueux, aromatiques, aux huiles essentielles, à l'éther. Ces remedes employés à propos peuvent sauver quelquefois la vie aux malades, dans le cas où le dépôt inflammatoire ne peut être formé, & qu'il va se faire un repompement dangereux de cette matiere dans le sang; lorsqu'il est à craindre qu'un malade succombe dans le froid d'un redoublement, on peut lui faire passer ce détroit, & le mettre en état de supporter des efforts critiques, & de résister aux évacuations qui doivent terminer la maladie; mais pour donner ces remedes, il ne faut pas attendre que le malade soit à l'agonie, hors d'état d'en profiter. Il est si ordinaire aux Medecins de différer l'usage des cordiaux jusqu'à ces derniers momens, dans la crainte mal entendue d'augmenter la fievre & d'échauffer, qu'il semble qu'on porte un arrêt de mort à un malade quand on veut lui prescrire une potion cordiale. De tous les cordiaux, ceux qui agissent le plus vîte & le plus sûrement, & qui sont les plus propres à tirer le sang & les vaisseaux de l'engourdissement, sont sans contredit les vésicatoires; leur application releve le pouls, augmente sa force & sa tension, fait cesser les assoupissemens, calme souvent les délires opiniâtres. On a vû des pleurétiques tirés comme par enchantement des portes de la mort par l'application des vésicatoires sur le côté affecté; les efforts critiques sont aidés, & même déterminés par leur moyen; il n'y a pas de remede plus assuré pour favoriser une crise languissante; mais comme ils produisent de grands biens quand ils sont appliqués à - propos, ils font beaucoup de mal quand ils sont employés à contre - tems; c'est pourquoi ils exigent dans leur usage beaucoup de circonspection.

Lorsque la crise est prête à se faire, la nature nous en instruit par divers signes; elle nous fait même connoître le couloir qu'elle destine à l'excrétion critique; on peut lui aider dans cet ouvrage, & déterminer les humeurs aux tuyaux excrétoires qu'elle doit choisir, dit Hippocrate, A DEI AGEIN OKD AN MALIS2A REPH H FHSIS2, TAUTA AGEIN DIA TWN CUMFERONTWN XWRI\WN. Voyez Crise. « Il faut pousser aux couloits que la nature affecte, les humeurs qui doivent être évacuées par les endroits les plus convenables ». Aphor. 21. libr. I. Il est très - important de bien examiner les différens signes critiques; on n'en doit négliger aucun pour connoître sûrement par quel endroit se fera l'évacuation critique; si la maladie doit se juger par l'expectoration, on ne peut seconder cette excrétion véritablement que par le kermès minéral; tous les autres béchiques sous forme de loock, de ptisanes, ne font que peu ou point d'effet; si la crise se prépare par les sueurs, on doit donner les sudorifiques plus ou moins forts, suivant la longueur des efforts critiques: les légers purgatifs facilitent la crise qui doit se faire par le dévoiement, ainsi des autres.

Si la maladie se termine par la suppuration, il faut entierement laisser tout l'ouvrage à la nature, sans l'affoiblir par les laitages affadissans, &c. on pourra tout au plus lui aider lorsque les caracteres du pouls indiqueront qu'elle ménage l'évacuation du pus par quelque couloir. Le méchanisme des métastases nous est totalement inconnu, & nous ne sommes pas plus instruits de ce qu'il faudroit faire pour les déterminer. Je crois cependant, dans les suppurations de la poitrine, qu'il seroit à - propos de tenter l'application des cauteres du feu aux jambes: dans ces maladies la nature affecte souvent cette voie. On pourroit aussi dans certains cas de suppuration interne, procurer, par des opérations chirurgicales, une issue au pus renfermé dans quelque cavité, par l'empyème dans les pleurésies, par le trépan dans les phrenésies, &c. Si la suppuration est extérieure, le traitement est tout simple, il n'exige aucune considération particuliere. Article de M. Menuret.

INFLEXIBILITÉ, INFLEXIBLE (Page 8:727)

INFLEXIBILITÉ, INFLEXIBLE, (Grammaire.) qu'on ne peut fléchir. Il se dit au physique & au moral. Il y a des bois inflexibles. La plûpart des corps fossiles sont inflexibles, ou ne peuvent être pliés sans être rompus. On dit un homme inflexible, un caractere inflexible. Il s'applique donc aux personnes & aux choses. L'inflexibilité n'est ni une bonne ni une mauvaise qualite; c'est la circonstance qui en fait un vice ou une vertu.

INFLEXION (Page 8:727)

INFLEXION, s. f. terme de Gramm. On confond assez communément les mots inflexion & terminaison, qui me paroissent pourtant exprimer des choses très - différentes, quoiqu'il y ait quelque chose de commun dans leur signification. Ces deux mots expriment également ce qui est ajoûté à la partie radicale d'un mot; mais la terminaison n'est que le dernier son du mot modifié, si l'on veut, par quelques articulations subséquentes, mais détaché de toute articulation antécédente. L'inflexion est ce qui peut se trouver dans un mot entre la partie radicale & la terminaison. Par exemple am est la partie radicale de tous les mots qui constituent la conjugaison du verbe amo; dans amabam, amabas, amabat, il y a à remarquer inflexion & terminaison. Dans chacun de ces mots la terminaison est différente, pour caractériser les différentes personnes; am pour la premiere, as pour la seconde, at pour la troisieme: mais l'inflexion est la même [p. 728] pour marquer que ces mots appartiennent au même tems; c'est ab par tout.

Voila donc trois choses que l'étymologiste peut souvent remarquer avec fruit dans les mots, la partie radicale, l'inflexion & la terminaison. La partie radicale est le type de l'idée individuelle de la signification du mot; cette racine passe ensuite par différentes métamorphoses, au moyen des additions qu'on y fait, pour ajoûter à l'idée propre du mot les idées accessoires communes à tous les mots de la même espece. Ces additions ne se font point témérairement, & de maniere à faire croire que le simple hasard en ait fixé la loi; on y reconnoît des traces d'intelligence & de combinaison, qui déposent qu'une raison saine a dirigé l'ouvrage. L'inflexion a sa raison; la terminaison a la sienne; les changemens de l'une & de l'autre ont aussi la leur; & ces élémens d'analogie entre des mains intelligentes, peuvent répandre bien de la lumiere sur les recherches étymologiques, & sur la propriété des termes. On peut voir article Temps, de quelle utilité est cette observation pour en fixer l'analogie & la nature, peu connue jusqu'à présent. (B. E. R. M.)

Inflexion (Page 8:728)

Inflexion, s. f. en Optique, est la même propriété des rayons de lumiere, qu'on appelle autrement & plus communément diffraction. V. Diffraction.

Point d'inflexion d'une courbe, en terme de Géométrie, est le point où une courbe commence à se courber, ou à se replier dans un sens contraire à celui dans lequel elle se courboit d'abord; c'est - à - dire ou de concave qu'elle étoit vers son axe elle devient convexe, ou réciproquement.

Si une ligne courbe telle que A F K (Pl. de Géom. fig. 100.) est en partie concave & en partie convexe vers quelque ligne droite que ce soit, comme A B: le point F, qui sépare la partie concave de la partie convexe, est appellé le point d'inflexion, lorsque la courbe étant continuée au - delà de F, suit la même route; mais lorsqu'elle revient vers l'endroit d'où elle est partie, il est appellé point de rebroussement. Voyez Rebroussement.

Pour concevoir ce que l'on vient de dire, il faut considérer que toute quantité qui augmente ou qui diminue continuellement, ne peut passer d'une expression positive à une négative, ou d'une négative à une positive, qu'elle ne devienne auparavant égale à l'infini ou à zéro. Elle devient égale à zéro lorsqu'elle diminue continuellement, & égale à l'infini lorsqu'elle augmente continuellement.

Maintenant si l'on mene par le point F l'ordonnée E F & la tangente F L, & d'un point M pris sur la partie A F, l'ordonnée M P, & la tangente M T, pour lors, dans les courbes qui ont un point d'inflexion, l'abscisse A P augmente continuellement, de même que la partie A T du diametre comprise entre le sommet de la courbe & la tangente M T, jusqu'à ce que le point P tombe en E; après quoi elle commence à diminuer: d'où il suit que la ligne A T doit devenir un maximum A L, lorsque le point P tombe sur le point E.

Dans les courbes qui ont un point de rebroussement, la partie A T augmente continuellement, de même que l'abscisse, jusqu'à ce que le point T tombe en L; après quoi elle diminue de nouveau: d'où il suit que A P doit devenir un maximum, lorsque le point T tombe en L.

Si A E = x, E F = y, on aura [omission: formula; to see, consult fac-similé version], dont la différence, en supposant d x constante, est est [omission: formula; to see, consult fac-similé version], qui étant faite = 0, pour avoir le cas où A L est un maximum (voyez Maximum), donnera d d y = 0; formule générale pour trouver le point d'inflexion ou de rebroussement, dans les courbes dont les ordonnées sont paralleles entre elles. Car la nature de la courbe A F K étant donnée, on peut trouver la valeur de y en x, & celle de d y en d x; laquelle valeur de d y étant différenciée en faisant d x constante, on aura une équation en x, qui étant résolue donnera la valeur de A P = x, qui portera au point d'inflexion F.

Au reste il faut remarquer qu'il y a des cas où il faut faire d d y = Œ au lieu de o.

M. l'abbé de Gua, dans ses usages de l'analyse de Descartes, a fait des observations importantes sur cette regle, pour trouver les points d'inflexion, & y a ajoûté la perfection qui lui manquoit. Voyez cet ouvrage, p. 268.

On peut voir au mot Différentiel, ce que nous avons dit sur la regle pour trouver les points d'inflexion, en faisant [omission: formula; to see, consult fac-similé version], elle consiste à trouver le point où z est un maximum ou un minimum: ainsi toutes les difficultés qui peuvent se rencontrer dans l'application de la regle pour les points d'inflexion, sont précisément les mêmes qui peuvent se rencontrer dans l'application de la regle pour les maxima & minima. Voyez donc l'artic. Maximum, & remarquez que pour trouver les points d'inflexion de la courbe dont x & y sont les co - ordonnées, il suffit de trouver les maxima & minima des ordonnées de la courbe dont x & z sont les co ordonnées. Or puisqu'on a une équation entre x & y, & une autre entre x, y & z, il est aisé d'en avoir une entre x & z, en faisant évanouir y. Voyez Equation & Evanouir, &c. (O)

INFLUENCE (Page 8:728)

INFLUENCE, s. f. (Métaphysiq.) terme dont on s'est servi pour rendre raison du commerce entre l'ame & le corps, & qui fait la premiere des trois hypotheses reçues sur cette matiere. Voyez l'examen des deux autres dans les articles Causes occasionnelles, & Harmonie préétablie. On y prétend que l'ame agit physiquement sur le corps, & le corps sur l'ame, par une action réelle & une véritable influence. C'est le système le plus ancien & le plus goûté du vulgaire; cependant il ne réveille absolument aucune idée: il ne présente à l'esprit qu'une qualité occulte: voici les principales raisons qui empêchent de l'admettre. 1°. On ne fera jamais comprendre, même à ceux qui admettent l'action d'une substance créée sur l'autre, que deux substances aussi différentes que l'ame & le corps, puissent avoir une communication réelle & physique, & sur - tout que le corps puisse agir sur l'ame & l'affecter par son action. Supposer dans l'ame & dans le corps un pouvoir à nous inconnu d'agir l'un sur l'autre, c'est ne rien expliquer; on ne peut soutenir ce systême avec quelqu'apparence, qu'en avouant que l'ame est matérielle, aveu auquel on ne se laissera pas aisément aller crainte des conséquences. 2°. On a aujourd'hui une démonstration contre ce systême; car M. de Leibnitz & d'autres grands hommes ont découvert plusieurs lois de la nature qui y sont entierement contraires, & que les plus grands mathématiciens ont cependant reconnues pour certaines; telles sont cellesci. 1°. Qu'il n'y a point d'action dans les corps sans réaction, & que la réaction est toujours égale à l'action; or, dans l'action du corps sur l'ame, il ne sauroity avoir de réaction, l'ame n'étant pas matérielle. 2°. Que dans tout l'univers il se conserve toujours la même quantité de forces vives, ou de la force absolue. 3°. Qu'il s'y conserve aussi la même quantité de force directive, ou la même direction dans tous les corps ensemble, qu'on suppose agir entre eux de quelque maniere qu'ils se choquent. Or il est aisé de voir que la seconde loi ne sauroit subsister, si l'ame peut don<pb->

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