ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"779"> Copronyme, signifie Constantinus Leoni perpetuo Augusto, Multos annos, si M. du Cange ne l'avoit heureusement deviné. Les plus savans ont été arrêtés par le *KU *BO*H *DULW cOU. *KURIE *BO*H*QEI *DOULW cO*U, Domine Adesto servo tuo, faute de connoître les inscriptions dont nous parlons.

Ces sortes d'inscriptions peuvent s'appeller des acclamations ou des bénédictions, qui consistent à souhaiter à l'empereur la vie, la santé, la victoire. Telle est celle qu'on voit dans Constantin, Plura natalitia feliciter. Celle de Constans, Felicia Decennalia. Celle de Théophile, *QEOFILE *Lutovcte cunikac. Celle de Baduela, Baduela fleureas zemper. Cela nous fait souvenir d'une belle médaille d'Antonin Pie, qui peut avoir place parmi ces acclamations, Senatus populus que Romanus, Annum Novum Faustum, Felicem, Optimo Principi Pio. C'est ainsi que l'on doit expliquer ces lettres initiales, S. P. Q. R. A. N. F. E. Optimo Principi Pio.

Je ne dois point oublier ici celle de Constantin, qui a donné sujet à tant de fausses conjectures; elle porte du côté de la tête Imp. C. Constantinus P. F. August. du côté du revers, Constantino. P. August. bapnat. Car pour n'avoir pas reconnu que l'a étoit une r à demi effacée, on a voulu que ce fût la mémoire du baptême de Constantin, au lieu qu'il faut lire Bono Rei Publicoe Nato. Le P. Hardouin a senti plus heureusement que d'autres cette vérité.

Je crois qu'on s'apperçoit assez du goût différent des anciens & des modernes pour les inscriptions. Les anciens n'ont point imaginé que les médailles fussent propres à porter des inscriptions, à moins que ces inscriptions ne fussent extrèmement courtes & expressives. Ils ont réservé les plus longues pour les édifices publics, pour les colonnes, pour les arcs de triomphe, pour les tombeaux; mais les modernes en général, chargent les revers de toutes leurs médailles de longues inscriptions, qui n'ont plus rien, ni de la majesté, ni de la brieveté romaine. Je n'en veux pour preuve que celles de l'académie des Belles Lettres faites en l'honneur & à la gloire de Louis XIV.

Quelquefois même dans les inscriptions des médailles antiques, on ne trouve que le simple nom des magistrats, comme dans Jules, I. OEmilius, Q. F. Buca IIII. Vie A. A. A. F. F. dans Agrippa. M. Agrippa Cos. designatus. (D. J.)

Inscription (Page 8:779)

Inscription, (Peinture.) Les peintres de Grece ne se faisoient point de peine de donner par une courte inscription la connoissance du sujet de leurs tableaux. Dans celui de Polygnote, qui représentoit la prise de Troie, & qui contenoit plus de cent figures, chaque figure principale étoit marquée par l'inscription du nom du personnage. On ne doit pas croire que ces inscriptions défigurassent leurs ouvrages & en diminuassent le mérite, puisqu'ils faisoient l'admiration d'un peuple dont le goût pour la Peinture & les beaux - arts valoit au moins le nôtre. En même tems que ces inscriptions fournissoient l'intelligence du tableau, elles mettoient les connoisseurs à portée de juger si le peintre avoit bien exécuté son sujet; au lieu que parmi nous, un beau tableau est souvent une énigme que nous cherchons à deviner, & qui fait une diversion au plaisir qu'il devroit nous procurer.

Ce n'est que par une vanité mal entendue qu'un usage si commode a cessé, & bien des gens d'esprit desireroient qu'on le fît renaître; mais personne n'en a mieux exposé l'utilité que M. l'abbé du Bos: laissons - le parler lui - même, pour ne rien ôter aux graces de son style.

« Je me suis étonné plusieurs fois, dit - il, que les Peintres, qui ont un si grand intérêt à nous faire reconnoître les personnages dont ils veulent se servir pour nous toucher, & qui doivent rencontrer tant de difficultés à les faire reconnoître à l'aide seule du pinceau, n'accompagnassent pas toujours leurs tableaux d'histoire d'une courte inscription. Les trois quarts des spectateurs, qui sont d'ailleurs très - capables de rendre justice à l'ouvrage, ne sont point assez lettrés pour deviner le sujet du tableau. Il est quelquefois pour eux une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu'ils n'entendent point; on s'ennuie bientôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs, où l'esprit ne prend point de part, est ordinairement bien courte.

Le sens des peintres gothiques, tout grossier qu'il étoit, leur a fait voir la nécessité des inscriptions pour l'intelligence du sujet des tableaux. Il est vrai qu'ils ont fait un usage aussi barbare de cette connoissance que de leurs principes. Ils faisoient sortir de la bouche de leurs figures, par une précaution bizarre, des rouleaux, sur lesquels ils écrivoient ce qu'ils prétendoient faire dire à ces figures indolentes: c'étoit - là véritablement faire parler ces figures. Les rouleaux dont il s'agit se sont anéantis avec le goût gothique; mais quelquefois les plus grands maîtres ont jugé deux ou trois mots nécessaires à l'intelligence du sujet de leurs ouvrages; & même ils n'ont pas fait scrupule de les écrire dans un endroit du plan de leurs tableaux, où ils ne gâtoient rien. Raphaël & le Carrache en ont usé de cette maniere. Coypel a placé de même des bouts de vers de Virgile dans la galerie du palais - royal, pour aider à l'intelligence de ses sujets, qu'il avoit tirés de l'Enéide. Les peintres dont on grave les ouvrages ont tous senti l'utilité de ces inscriptions, & on en met toujours au bas des estampes qui se font d'après leurs tableaux ».

Il seroit donc pareillement à souhaiter que dans ces mêmes tableaux, & sur - tout dans tous ceux dont le sujet n'est pas parfaitement connu, on rétablîa l'usage des inscriptions dont les Grecs nous ont donné l'exemple: peut - être qu'un peintre médiocre le tenteroit vainement; mais un grand peintre donneroit le ton, auroit des sectateurs, & la mode en reviendroit sans doute. L'exemple a plus de puissance sur les hommes que tous les préceptes réunis ensemble. (D. J.)

Inscriptions et Belles - Lettres (Page 8:779)

Inscriptions et Belles - Lettres, (Académie royale des) Le feu roi Louis XIV, à qui la France est redevable de tant d'établissemens utiles aux lettres, étant persuadé que c'en seroit un fort avantageux à la nation, qu'une Académie qui travailleroit aux inscriptions, aux devises & aux médailles, & qui répandroit sur ses monumens le bon goût & la noble simplicité qui en font le véritable prix, ne tarda pas à y donner les mains après qu'il en eut eu la pensée. Il forma d'abord cette compagnie d'un petit nombre d'hommes, choisis dans l'académie Françoise, qui commencerent à s'assembler en 1663 dans la bibliotheque de M. Colbert, par qui ils recevoient les ordres de sa majesté En hiver ils s'assembloient le plus ordinairement le mercredi, & en été M. Colbert les menoit souvent à Sceaux, pour donner plus d'agrémens à leurs conférences, & en jouir lui - même avec plus de tranquillité. Un des premiers travaux de cette académie naissante fut le sujet des desseins des rapisseries du roi, tel qu'on les voit dans le recueil d'estampes & descriptions qui en a été publié. M. Perrault fut ensuite chargé en particulier de la description du Carrousel, qui fut imprimée avec les figures, après qu'elle eut été examinée & approuvée par la compagnie. On commença aussi à faire des devises pour les jettons du trésor royal, des parties casuelles, des bâtimens & de la marine; & tous les [p. 780] ans on en donnoit de nouvelles. Enfin, on entreprit de faire par médailles une histoire suivie des principaux évenemens du regne du roi; & cet ouvrage n'eût pas tant tardé à paroître si M. Colbert n'eût pas interrompu si souvent le travail de la compagnie, en la chargeant continuellement d'inventer ou d'examiner les différens desseins de Peinture & de Scuptulre dont on vouloit embellir Versailles; de faire graver le plan & les principales vûes des maisons royales, & d'y joindre des inscriptions. M. Quinault occupa aussi une partie du tems de l'Académie, quand il eut été chargé par le roi de travailler aux tragédies en musique, de même que M. Felibien le pere, quand il eut fait son dictionnaire des arts & ses entretiens sur la Peinture; car la compagnie fut rendue juge de ces différens ouvrages & de plusieurs autres, & aucun ne parut qu'après avoir subi son examen & reçu son approbation. Les premiers académiciens n'étoient qu'au nombre de quatre, tous de l'academie Françoise; savoir, Mrs Chapelain, de Bourzéïs, Charpentier & Cassagnes. M. Perrault, contrôleur des bâtimens, fut admis dans les assemblées sans être d'abord du corps, mais dans la suite il prit la place de M. l'abbé Cassagnes; & Mrs de Bourzéïs & Chapelain étant morts, le premier en 1672, & le second en 1674, ils furent remplacés par l'abbé Tallemant le jeune, & M. Quinault, tous deux de l'académie Françoise. Au commencement de 1682 M. Perrault ayant quitté la commission des bâtimens, & se voyant moins écouté de M. Colbert, quittant les assemblées où il avoit tenu la plume depuis qu'il y avoit été introduit, il fut remplacé par l'abbé Gallois. On sentit que son absence étoit une perte pour la compagnie, qui languit dès - lors pendant dix - huit mois, & jusqu'à la mort de M. Colbert. M. de Louvois, qui succéda à ce ministre dans la charge de surintendant des bâtimens, ne donna pas de moindres marques de son affection pour l'académie; & après en avoir assemblé plusieurs fois les membres chez lui à Paris & à Meudon, il fixa enfin leurs assemblées au louvre, dans le lieu où se tiennent celles de l'académie Françoise, & voulut qu'elles se tînssent le lundi & le samedi depuis cinq heures du soir jusqu'à sept. M. de la Chapelle, devenu contrôleur des bâtimens, eut ordre de s'y trouver pour écrire les délibérations, & devint ainsi le cinquieme académicien, & peu après on ajouta Mrs Racine & Despréaux pour sixieme & septieme, enfin pour huitieme, M. Rainssant, directeur du cabinet des antiques de sa majesté.

Sous ce nouveau ministere l'académie reprit son histoire du roi par les médailles, & commença à faire des devises pour les jettons de l'extraordinaire des guerres; & ayant perdu M. Quinault au mois d'Octobre 1688, & M. Rainssant au mois de Juin 1689, ces deux places demeurerent vacantes jusqu'en 1691, qu'on nomma pour les remplir Mrs de Toureil & Renaudot. M. Felibien le pere occupoit depuis quelque tems celle de M. l'abbé Gallois, qui s'en vit exclus par l'inadvertance de Mrs Charpentier & Quinault, qui, interrogés par M. de Louvois sur les noms de leurs confreres, lui nommerent pour quatrieme M. Felibien, qui étoit présent, plûtôt que M. Gallois, dont ils ne se souvinrent point. M. de Villacerf ayant été fait surintendant des bâtimens après M. le marquis de Louvois, n'eut pas le soin des académies, & sa majesté en chargea M. de Ponchartrain, alors contrôleur général & secrétaire d'état, & depuis chancelier de France. Ce fut sous lui que l'académie, que l'on n'avoit presque connue jusques - là que sous le titre de petite académie, le devint davantage sous celui d'académie royale des Inscriptions & médailles; & afin que M. le comte de Ponchartrain son fils pût se trouver souvent à ces assem<cb-> blées, il les fixa au mardi & au samedi. L'inspection de cette compagnie fut donnée à M. l'abbé Bignon son neveu, dont le génie & les talens étoient déja universellement reconnus. On revit avec soin toutes les médailles dont on avoit arrêté les desseins du tems de M. de Louvois. On en réforma plusieurs; on en ajouta un grand nombre; on les réduisit toutes à une même grandeur. M. Coypel, depuis premier peintre du roi, fut chargé d'exécuter les différens desseins de médailles que l'académie avoit imaginés; & l'histoire du roi par les médailles commença enfin à être présentée à sa majesté quelque tems après que M. de Ponchartrain eut été élevé à la dignité de chancelier, dont il fut revêtu au mois de Septembre 1699. M. l'abbé Bignon, craignant que cet ouvrage étant fini, l'académie, dont la situation n'étoit point encore fixe, ne se relâchât, ou ne vînt même à se dissiper, pensa à en assurer l'état, le fit proposer à sa majesté; & le roi ayant goûté cette proposition, il fut fait, par ordre du roi, un réglement, qui fut envoyé peu après à la compagnie. Ce réglement porte entr'autres, « que l'Académie sera sous la protection du roi, comme celle des Sciences; qu'elle sera composée de quarante académiciens, dix honoraires, dont l'un sera président, & deux pourront être étrangers, & dix éleves; que l'un des pensionnaires sera secrétaire, & un trésorier; que les assemblées se tiendront au louvre les mardis & vendredis de chaque semaine, depuis trois heures après - midi jusqu'à cinq, &c Ce réglement, que l'on peut lire en entier dans le premier volume des mémoires de l'académie des Belles - Lettres, fut fait à Versailles le 16 Juillet 1701, changea la face de l'académie, & ajouta aux occupations de ses membres l'étude de tout ce qui concernoit la littérature ancienne & moderne.

Le réglement commença à être exécuté le 19 du même mois, que l'académie tint sa premiere assemblée particuliere dans la forme prescrite. Cet établissement fut confirmé en 1713 par des lettres patentes données à Marly au mois de Février, & qui furent enregistrées au parlement & à la chambre des comptes. L'académie prit pour sceau les armes de France avec une médaille d'or au milieu, ou est gravée la tête de sa majesté. Le jetton de la même compagnie représente une muse, tenant à la main une couronne de laurier, & ayant derriere elle des cippes & des obélisques, & pour ame, ce mot d'Horace: Vetat mori. En 1716 feu M. le duc d'Orléans, alors régent du royaume, que l'on sait avoir toujours eu du goût & des talens pour les arts & pour les sciences, fit observer que le titre d'académie des Inscriptions & medailles n'exprimoit qu'une partie de l'objet de cette compagnie, & il fut rendu un arrêt du conseil d'état du roi le 4 Janvier 1716, par lequel ce titre fut changé en celui d'académie royale des Inscriptions & Belles - Lettres; & par usage on nomme plus communément cette compagnie, académie des Belles - Lettres, titre plus simple, & qui exprime tout ce que le premier renferme. Par le même arrêt le roi supprima la classe des éleves, dont le nom seul rebutoit les personnes d'un certain mérite, & sa majesté ordonna que la classe des associés seroient augmentée de dix sujets, qui lui seroient présentés par l'Académie dans la forme ordinaire. Enfin le 23 Mars suivant il y eut un autre arrêt rendu au conseil d'état, qui ordonna que le titre de vetéran ne pourroit être desormais accordé qu'à ceux des académiciens actuellement en place, qui, après avoir travaillé utilement dans l'Académie pendant dix années au moins, se trouveroient hors d'état & dans une espece d'impossibilité d'y continuer leurs travaux. On a déja vingt - sept gros volumes in - 4°. de l'histoire & des mémoires de cette

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