ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"610"> entierement distribuée. Ensuite il prend plusieurs autres poignées & les distribue de même, jusqu'à ce que la casse se trouve remplie. En distribuant, le cran doit être dessous, & l'oeil de la lettre tourné du côté du compositeur, à cause de la commodité évidente qui en résulte dans la distribution, malgré la méthode contraire de quelques étrangers, qui distribuent le cran dessus, & le pié du caractere tourné de leur côté. Le compositeur doit en distribuant éviter avec le plus grand soin de faire ce qu'on appelle dans l'Imprimerie des coquilles, c'est - à - dire de mettre dans un cassetin les lettres qui sont d'un autre cassetin. Les lettres de la distribution devant entrer dans la composition, il arrive du mélange, que le compositeur qui porte la main dans un cassetin pour prendre une lettre, en prend une autre; ce qui charge l'épreuve de fautes & le compositeur de corrections. Si en distribuant il lui échappe quelque lettre & qu'elle tombe dans un autre cassetin, il doit la chercher aussi - tôt, & faire ensorte de la trouver pour la mettre à sa place. Quand le compositeur a fini de distribuer, il voit si sa casse est bien assortie; s'il lui manque quelque sorte, il la cherche dans les autres casses du même caractere; s'il en a quelqu'une de trop, il la survuide.

Il prend ensuite la justification. Prendre la justification, c'est desserrer, avec le dos de la lame d'un couteau, la vis d'un composteur, & en faire mouvoir les branches, c'est - à - dire les avancer ou reculer dans toute la longueur de la lame, en portant la vis & l'écroux d'un trou à un autre, à proportion de la longueur des lignes de l'ouvrage, & serrer la vis. Voyez Composteur, & les mots marqués en caracteres italiques. Voyez aussi les Planches d'Imprimerie. Sil'ouvrage est commencé, il faut prendre la justification sur une ligne bien justifiée (c'est - à - dire ni forte ni foible) d'une nouvelle composition. Il ne faut point la prendre sur une ligne de distribution; on risqueroit de la prendre trop foible, parce que les lignes se resserrent & se retrécissent plus ou moins à proportion du plus ou moins de tems qu'elles restent en chassis, & les lignes de petit caractere plus que les lignes de gros caractere. Si la copie est imprimée, & que la réimpression se fasse du même format & du même caractere, il faut en présentant le composteur sur une page, prendre la justification tant soit peu plus large que les lignes, par exemple d'un t, parce que le papier, qui a été trempé pour l'impression, s'est retréci en séchant: ou bien le compositeur choisit une ligne un peu serree de cette page imprimée, la compose, & prend la justification sur cette même ligne. Quand on prend la justification d'un ouvrage de longue haleine, on détermine ordinairement la longueur des lignes sur un nombre d'm m du caractere; par exemple la justification des lignes à deux colonnes de l'Encyclopédie est de 20 m m couchées & un ç droit. Au moyen de cette détermination, si l'on est obligé de déjustifier le composteur pour un autre ouvrage, on est sûr en reprenant de retrouver juste la justification, & de ne point varier.

La justification prise, le compositeur prend une galée ou in - fol. ou in - 4°. ou in - 8°. suivant le format de l'ouvrage sur lequel il va travailler, & la place sur les petites capitales de sa casse de romain.

Composition. Le prote lui donne une quantité de copie plus ou moins considérable, après avoir marqué l'alinéa où il doit commencer; c'est une attention à laquelle il ne faut point manquer quand il y a plusieurs compositeurs sur un ouvrage, pour éviter de composer deux fois la même chose, comme cela arrive quelquefois. Si cette copie est in - fol. ou in - 4°. le compositeur la plie en deux, en met le bas dans la crenure de son visorion (voyez l'article Visorion & nos Planches), & en arrête le haut avec le mordant (voyez l'article Mordant), précisément au - dessus de la ligne où il doit commencer. Ensuite tenant son composteur de la main gauche, le rebord en - dessus & en - dedans de la main, les quatre doigts dessous, & le pouce dans le vuide que forment le rebord des coulisses & l'équerre qui est au bout du composteur, il lit trois ou quatre mots de la copie, puis avec le pouce, le doigt index & le doigt du milieu de la main droite, il leve toutes les lettres de ces trois ou quatre mots, l'une après l'autre dans chaque cassetin où elle se trouve, après avoir donné un coup - d'oeil pour en voir le cran, & les arrange dans le vuide du composteur sous le pouce de la main gauche qui les maintient, l'oeil de la lettre en haut, & le cran en bas & en - dessous, observant de mettre un espace moyen ou deux minces entre chaque mot, & d'avancer le pouce & les doigts de la main gauche vers le bout du composteur à mesure qu'il s'emplit. Quand ces trois ou quatre mots sont composés, il en lit trois ou quatre autres, en leve de même toutes les lettres, & les met dans le composteur jusqu'à ce qu'il soit plein ou à peu de chose près. Alors le mot qui se trouve au bout de la ligne est fini, ou il ne l'est pas; si le mot est fini, le compositeur justifie sa ligne, c'est - à - dire la fait de la longueur déterminée dans le composteur par la justification qu'il a prise, en mettant également des espaces plus ou moins entre chaque mot, jusqu'à ce que le composteur soit tout - à - fait plein, & que la ligne s'y trouve un peu serrée. Si le mot n'est pas fini, le compositeur peut le diviser par syllabes, & avant une syllabe au moins de deux lettres, en mettant une division au bout de la ligne, plus ou moins forte, suivant la place qu'il a. Si la ligne est d'un petit format, c'est - à - dire in - 12, in - 16, in - 18, &c. le compositeur peut la mettre dans la galée avec les doigts de la main droite seulement, sans le secours de la réglette, en pressant le commencement de la ligne avec le pouce, pressant la fin en sens contraire avec le doigt index, la ligne appuyée sur le côté du doigt du milieu dans sa longueur. Si la ligne est in - 8°. ou in - 4°. le compositeur prend sa réglette de la main droite, la pose à plat sur la ligne qui est dans le composteur, appuie un bout de la réglette contre le talon de la coulisse du composteur; & avec le pouce en - dessus sur la réglette, le doigt annullaire ou le petit doigt qui arrête le commencement de la ligne, le doigt index qui en maintient la fin, & le doigt du milieu qui la soutient par le milieu en - dessous, il transporte la ligne du composteur dans la galée. Si la ligne est infol. le compositeur est obligé de se servir des deux mains pour la mettre dans la galée. Il commence ensuite la seconde ligne, la finit, la justifie, la met dans la galée de la même maniere, puis la troisieme, la quatrieme & les suivantes de la même maniere, observant d'espacier également les mots & de bien justifier les lignes, à cause de l'égal inconvénient qui résulte d'une ligne trop forte ou d'une ligne trop foible. Une ligne trop foible ne peut pas être serrée dans l'imposition par les bois de la garniture, & met les lettres de cette ligne dans le cas de s'écarter les unes des autres, & même de tomber dans le transport qu'on fait de la forme, du marbre sur la presse aux épreuves, & de la presse aux épreuves sur le marbre pour corriger. Une ligne trop forte empêche les lignes de dessus & les lignes de dessous d'être serrées, & les met dans l'inconvénient des lignes trop foibles. Le compositeur doit aussi avoir l'attention de jetter la vûe sur chaque ligne avant de la justifier ou en la justifiant, pour voir s'il n'a point en composant oublié ou doublé quelque lettre ou quelque mot, s'il n'a point renversé ou mis quelque lettre pour une autre, comme cela arrive très - souvent: [p. 611] alors il ajoutera dans la ligne ce qui sera oublié, ôtera ce qui sera doublé, & changera les lettres qui devront être changées avant de mettre la ligne dans la galée. Le compositeur n'oubliera pas non plus de baisser son mordant sur la copie à mesure qu'il compose, pour faire ensorte de ne rien oublier, & pour trouver du premier coup d'oeil la ligne & le mot où il en est.

Quand il a composé le nombre de lignes qu'il faut pour former une page ou un paquet, & même une ligne de plus, qui est celle qui doit commencer la page suivante, & qu'il laisse dans le composteur pour se retrouver plus facilement sur la copie, il prend de la main droite une ficelle plus ou moins fine, suivant le corps du caractere, & coupée de longueur à pouvoir faire deux tours & demi ou trois tours autour de la page; il en saisit un bout avec le pouce & le doigt index de la main gauche, pour le mettre au coin que forme le dernier mot de la derniere ligne de la page, & l'y maintient pendant que la main droite après avoir fait avec la ficelle un tour entier autour de la page, vient arrêter ce bout en passant par - dessus, serre la ficelle en appuyant contre le rebord de la galée, pendant que la main gauche maintient la page; fait un second tour entier avec la ficelle au - dessous du premier, en la maintenant de même, & la serre encore, & vient l'arrêter en tête de la page, en passant par - dessous les tours la partie de la ficelle qui est avant l'autre bout, & la serrant dans le coin que forme le dernier mot de la premiere ligne. Quand la ficelle est plus longue, le compositeur fait un tour de plus; quand elle ne l'est pas assez, il ne fera que deux tours, & l'arrêtera au bas de la page, au commencement de la derniere ligne. Il évitera de l'arrêter à côté de la page si le caractere est petit, à cause du vuide qui se fait en ce cas entre le côté de la page & la ficelle, & qu'il peut s'échapper quelques lettres. En quelque part qu'il l'arrête, il doit toujours faire en sorte qu'il en reste un bout long d'un pouce ou deux, & qu'en tirant ce bout, la ficelle puisse se dégager facilement.

Quand la page est liée, le compositeur la met au milieu de la galée, pour baisser la ficelle en tête & au commencement des lignes, un peu plus bas que la moitié du corps de la lettre, le rebord de la galée en ayant empêché. Si la page est d'un grand format, par exemple in - fol. on in - 4°. le compositeur la laisse sur la coulisse, & la met sur les planches qui sont sous son rang. Si la page est in - 8°. in - 12. in - 18. &c. il leve de la main gauche le bout de la galée, pour donner la facilité à la main droite de saisir la page & de la soutenir, pendant que la main gauche, après avoir quitté la galée, prend un porte - page, & se présente les doigts étendus pour recevoir la page. Le compositeur reprend alors de la main droite la page soutenue sur le porte - page, (le porte - page est une feuille de papier pliée à peu - près du format de la page, qui sert à soutenir les pages liées, pour les transporter sans risque d'un endroit à l'autre), & la met dessous son rang. Il met ensuite la galée à sa place sur les petites capitales, prend son composteur dans lequel il trouve la premiere ligne de la seconde page, la met dans la galée, compose la seconde ligne & les suivantes, forme la seconde page, la lie avec une ficelle, & la met aussi soutenue sur un portepage sous son rang à côté de la premiere. Quand la troisieme est faite, il la met sur la seconde, observant de mettre ensuite l'une sur l'autre, la quatre & la cinq, la six & la sept, la huit & la neuf, &c. jusqu'à la derniere, qui doit être seule, ou qu'on pose sur la premiere. Cet arrangement est nécessaire pour ne se point tromper dans l'imposition.

Imposition. Aussitôt que le compositeur a, soit de sa composition, soit de celle des autres compositeurs qui travaillent avec lui sur le même ouvrage, le nombre de pages suffisant pour faire une feuille (voyez Mettre en Page, & tous les mots marqués en lettres italiques); c'est - à - dire quatre pages pour un infol. huit pages pour un in - 4°. seize pages pour un in - 8°. vingt - quatre pages pour un in - 12. &c. il doit imposer, c'est - à - dire partager en deux formes (voyez l'article Forme) les pages qui doivent entrer dans la feuille, une forme servant pour imprimer un côté du papier, & l'autre forme servant pour l'autre côté. Ces deux formes ont chacune un nom différent: l'une s'appelle le côté de la premiere, parce que la premiere page y entre; l'autre s'appelle la deux & trois, ou le côté de la deux & trois, parce que la deuxieme & la troisieme pages y entrent.

Supposons donc que ce soit un in - 8°. On choisit ce format comme étant plus compliqué que l'in - fol. & l'in - 4°. & l'étant moins que l'in - 12. l'in - 18. &c. Voyez Imposition; & aux Planches d'Imprimerie, les différentes especes d'impositions. Supposons que ce soit un in - 8°. que le compositeur ait à imposer, & qu'il veuille commencer par la deux & trois: il laisse la premiere, & prend ensemble dessous son rang, de la main droite, la deux & la trois, qu'il met dans sa main gauche; laisse la quatre & la cinq, & prend la six & la sept: il les apporte sur le marbre, ôte à chacune son porte - page, met la deux sous sa main droite, la trois sous sa main gauche, le bas de ces deux pages de son côté; la six, tête contre tête au - dessus de la trois, & la sept, tête contre tête au - dessus de la deux, ensorte que les quatre coins de la forme se trouvent occupés. Il retourne ensuite à son rang: laisse la huit & la neuf, & prend la dix & la onze; laisse la douze & la treize, & prend la quatorze & la quinze. Il vient au marbre, met la dix à côté de la sept, & la onze à côté de la six; met la quatorze à côté de la trois, & la quinze à côté de la deux. Voilà les huit pages de la forme deux & trois rangées sur le marbre comme elles doivent être pour l'imposition. Le compositeur collationne les folio de ces huit pages, & en mouille les bords avec une éponge, pour éviter que les lettres ne tombent étant debout; ce qui peut arriver sur - tout si le caractere est petit. Il pose d'abord son chassis, dont la barre du milieu étant du haut en bas, partage la forme en deux parties de quatre pages chacune. La partie du côté gauche du compositeur, s'appelle le premier coup; la partie du côté droit s'appelle le second coup. Il place ensuite les bois de la garniture & les biseaux, qui se trouvent proportionnés au format & à la grandeur des pages, observant de ne point engager sous les bois le bout de la ficelle qui lie chaque page. Il serre un peu les pages entre les bois, & délie chaque page l'une après l'autre, en commençant par celles qui sont le plus près de la barre du milieu du chassis. Pour cela il prend de la main droite le bout de la ficelle d'une page, tire un peu pour dégager l'avant - bout de cette ficelle, en appuyant de la main gauche sur le bord de la page où il trouve quelque résistance, & prenant garde d'enlever aucune lettre, jusqu'à ce que la page soit entierement déliée. Il met cette ficelle à part, approche les bois de la page déliée autant qu'il est possible, & délie de même celle qui en est la plus proche; ensuite il délie les pages qui sont dans le même côté du chassis, les serre dans les bois de garniture, en appuyant les doigts contre le dedans du chassis, & poussant les biseaux avec le pouce. Puis il redresse les lettres qui paroissent n'être pas droites, en frappant doucement avec le bout des doigts sur l'oeil de la lettre, & parcourt des yeux toutes les extrémités des pages, pour voir s'il y a quelque lettre dérangée; alors il la redresse avec la pointe, serre le côté de la forme avec les doigts le plus qu'il peut, & le garnit de coins. Ensuite il délie les pages de l'au<pb->

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