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2°. L'inflammation n'a lieu que dans les petits vaisseaux
artériels, sanguins ou lymphatiques. La stagnation
qui se feroit dans les gros troncs seroit suivie
de la syncope ou de la mort; si par une ligature
on intercepte dans un vaisseau artériel considérable
le mouvement du sang, l'animal sur qui on fait l'expérience
devient inquiet, s'agite & meurt dans les
convulsions, & l'on n'apperçoit d'autre inflammation que celle des petits rameaux qui rampent dans
les parois de l'artere liée, dans lesquels la ligature
a gêné ou interrompu le cours des humeurs. La proposition
qui annonce que le siége de l'inflammation
n'est que dans les vaisseaux artériels, est fondée sur
le peu de contractilité ou sensibilité des veines, sur
leur disposition, qui est telle que le sang va toujours
d'un endroit plus difficile dans un plus large & plus
aisé. Elle est cependant trop générale, à moins que
sous le nom d'arteres on ne veuille aussi comprendre
les veines qui en font les fonctions, & dont les
ramifications se multiplient en convergeant: la veineporte
est dans ce cas - là; aussi je pense que c'est dans
ses extrémités qu'est le siége de l'inflammation sourde
du foie, si difficile à connoître & à guérir. Nous
avons ajouté que les vaisseaux susceptibles d'inflammation étoient sanguins ou lymphatiques; en effet,
le sang peut s'arrêter dans les premiers, ou s'égarer
dans les lymphatiques qui naissent des vaisseaux sanguins;
ce qui produit l'inflammation par erreur de
lieu de Boerhaave, le premier qui ait développé
cette idée, qui ne lui appattient pas, que Chirac
pourroit revendiquer avant lui, mais dont la découverte
doit être, avec plus de raison, comme l'a
déja remarqué M. Fizes, attribuée au célebre Vieussens, medecin de Montpellier, le plus grand des
anatomistes françois. Il expose fort clairement cette
doctrine dans son traité intitulé: Novum systema vasorum. Il dit avoir vu dans les intestins d'un homme
mort d'une inflammation dans cette partie - là, les
vaisseaux lymphatiques nouvellement découverts,
tous remplis de sang,
Les causes qui produisent l'inflammation, peuvent se réduire à deux chefs principaux; savoir à celles qui augmentent d'abord l'irritabilité dans la partie avant de produire la stagnation, & à celles dont l'effet primitif est cette stagnation qui détermine ensuite & excite l'augmentation de contractilité: ces deux causes peuvent agir ensemble & se compliquer.
Ou peut ranger à la premiere classe toutes les causes irritantes, le feu, les caustiques, les vésicatoires, le froid extrèmement âcre, les applications huileuses, rances, ou simplement emplastiques, qui agissent en arrêtant la transpiration, les frictions, l'écoulement ou le dépôt de quelque humeur qui ait une âcreté très - marquée, comme il arrive aux hydropiques, aux jambes desquels on observe des legeres inflammations excitées par la sérosité qui s'échappe, aux femmes qui ont des fleurs blanches d'un mauvais [p. 715]
La seconde classe établie des causes qui excitent l'inflammation, comprend celles qui produisent d'abord l'hérence du sang ou l'obstruction des vaisseaux, & qui y disposent. Pour que le sang s'arrête ou coule plus difficilement dans les vaisseaux de quelque partie, il faut que sa masse augmente par - dessus la capacité des vaisseaux; ce qui peut arriver, ou par l'augmentation absolue du sang, ou par la diminution de la capacité des vaisseaux, ou enfin par le concours de ces deux causes, l'inflammation n'ayant lieu que dans les petits vaisseaux, où à peine les globules sanguins peuvent passer à la suite l'un de l'autre, il est évident que si les globules sont trop sortement liés les uns aux autres pour pouvoir se desunir par l'action très - foible de ces petits vaisseaux, l'obstruction se formera: or ce vice pourra être produit par le froid, les venins coagulans, les spiritueux, absorbans, acides, austeres, invisquans & agissans topiquement. Cette disposition sera engendrée & entretenue dans le corps par l'usage immodéré des liqueurs spiritueuses, aromatiques, vineuses, par les exercices violens, la pléthore, la suppression des excrétions sanguines, l'augmentation des séreuses; la masse du sang augmentera encore, eu égard à la capacité de ces petits vaisseaux, si plusieurs globules poussés avec trop de rapidité se présentent en même tems à l'embouchure d'un vaisseau qui n'en peut admettre qu'un; c'est le cas de la fievre.
Parmi les causes qui peuvent diminuer la capacité des vaisseaux, se présente d'abord la compression, qui peut être excitée par des corps étrangers, des tentes, des tampons, par exemple, placés mal - à - propos dans les plaies par des chirurgiens inhabiles, par des ligatures trop serrées, par les parties dures de notre corps déplacées ou rompues, comme il arrive dans les fractures, luxations, par le poids du corps sur une partie; ainsi il survient des inflammations au coxis, aux trochanters, aux épaules des personnes qui restent long - tems couchées sur le dos. La compression peut aussi être produite par un sang trop abondant & raréfié, distendant certains vaisseaux; ceux qui sont voisins souffrent de cette distension; leur capacité en est par - là diminuée: c'est ce qui a lieu dans les fievres ardentes inflammatoires.
L'allongement des vaisseaux, leur distorsion peut, en changeant leur figure, en diminuer le diametre; on sait que de toutes les figures isopérimetres, le cylindre est, après la sphere, celle qui contient le plus de masse; si cette figure change de capacité, elle diminue nécessairement: cette cause peut avoir lieu dans les luxations, distorsions de membres; c'est elle qui, de concert avec la douleur violente, produit les inflammations qu'on observe chez les criminels qui ont souffert la torture.
Enfin la capacité peut être retrécie par la propre
Enfin, sans que le sang augmente en masse, ou le vaisseau diminue en capacité, la proportion peut être dérangée & y avoir obstruction; c'est lorsque le sang s'égare dans les vaisseaux lymphatiques; il faut même pour cela que l'embouchure de ces vaisseaux soit dilatée; la trop grande quantité de sang, son mouvement trop rapide, sa raréfaction produisent souvent cet effet. Il est assez ordinaire de voir les vaisseaux de la cornée engorgés de sang dans les personnes pléthoriques; la chaleur, & sur - tout une chaleur humide en est la cause la plus fréquente; rien n'est si propre à relacher, affoiblir les vaisseaux & à y attirer le sang; c'est ce qui fait que les ophtalmies sont si communes, & comme épidémiques dans les constitutions chaudes & humides sans vents (Hippocr. epidem. lib. III.); mais ces causes produisent encore plus sûrement cet effet si elles sont suivies des causes contraires; c'est - à - dire si à la chaleur succede le froid; à l'agitation des humeurs leur repos; à la raréfaction du sang sa condensation, parce qu'alors le sang reste dans les vaisseaux où il étoit entré; c'est la raison pourquoi il survient des inflammations aux personnes qui ayant extrèmement chaud, s'exposent au froid, ou boivent de l'eau extremement fraîche.
Telles sont les causes qui peuvent produire la stagnation inflammatoire du sang; telle est leur différente façon d'agir: j'en passe beaucoup d'autres sous silence qui peuvent donner naissance à l'obstruction; je ne parle ici que de celles qui peuvent l'occasionner promptement, & qui peuvent seules produire l'inflammation: car une obstruction qui se formeroit peu - à - peu ne feroit aucune violence aux arteres, qui prêteroient insensiblement sans souffrir aucune irritation, & sans entraîner conséquemment les symptomes inflammatoires.
Mais de quelque façon que soit amenée l'obstruction;
quelque cause que ce soit (pourvu qu'elle ait
agi promptement) qui ait gêné, retardé, empêché
le mouvement du sang dans des vaisseaux soumis
aux lois de la circulation, ce sang, toujours poussé
par l'abord continuel de celui qui suit, agira contre
les parois des vaisseaux avec d'autant plus de force,
que son action, selon l'axe, sera plus empêché,
son mouvement intestin, qui est continuellement
bridé & retenu par le mouvement progressif, augmentera: double cause de l'irritation qu'il excitera
dans ses vaisseaux; l'irritabilité animée par - là ou
par toute autre cause irritante étrangere, deviendra
plus active; les phénomenes qui en dépendent
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