ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"708"> guérison. Il est peu de nos lecteurs qui n'ait éprouvé par lui - même ce que nous avançons, & qui n'ait préféré, & qui ne préfere encore dans l'état de maladie, les services d'une femme à ceux d'un homme, toutes choses égales.

Si le sentiment intérieur de la nature & l'expérience se réunissent pour nous démontrer cette vérité, pourquoi n'en profitons - nous pas pour l'intérêt du service & de l'humanité?

Qui empêche qu'on ne substitue aux infirmiers dans tous les hôpitaux militaires du royaume des infirmieres aux mêmes gages & fonctions, tirées non de l'ordre des soeurs hospitalieres, mais du sein du peuple indigent? on devroit s'en promettre le même service que de ces soeurs, & un meilleur que celui des infirmiers, premier avantage. Ces hommes seroient rendus aux ouvrages de la terre, ou des arts méchaniques, autre avantage: mais nous en appercevons un plus précieux encore dans ce changement, ce sont les nouvelles occasions d'emploi & de travail qu'il procureroit à un nombre de femmes ou filles, dans l'énorme quantité de désoeuvrées involontaires qui fourmillent dans nos villes, qui desirent & cherchent des occupations, & qui faute d'en trouver, restent en proie aux dangers & aux malheurs d'une oisiveté forcée. Cet article essentiel & trop négligé parmi nous, si important pour la population, pour les moeurs & l'honnêteté publique, mériteroit les plus sérieuses attentions de la part du gouvernement.

Au surplus nous ne répondrons aux objections qu'on pourroit nous faire sur le changement proposé pour les hôpitaux militaires, qu'en présentant l'exemple de ce qui se pratique avec succès dans les hôpitaux bourgeois & les maisons de charité du royaume, où les soldats malades des troupes du roi sont reçus & traités, comme dans les hôpitaux même de sa majesté. Voyez Garde - Malade. Article de M. Duriv al le jcune.

INFIRMITÉ (Page 8:708)

INFIRMITÉ, s. f. (Medecine.) ou plutôt (Gram.) par la force du mot signifie foiblesse, & par l'usage dérangement habituel d'une fonction particuliere, & qui n'importe pas essentiellement à l'économie générale de la vie & de la santé. La privation absolue, la diminution considérable, ou la dépravation de l'action des organes des sens, de la génération, du mouvement volontaire, lorsque ces vices sont constans, sont des infirmités; soit qu'elles dépendent de quelque lesion particuliere dans des sujets, très bien constitués d'ailleurs. Telle peut être la surdité, la cécité, la claudication, l'impuissance, &c. dans un sujet jeune & vigoureux; soit qu'elles dépendent d'une cause plus générale, telles sont les infirmités de la viellesse. Au reste c'est un vice sensible dans la fonction immédiate & prochaine des organes, qui s'appelle infirmité; car on ne donne pas ce nom aux vices secondaires ou cachés. Par exemple la difficulté de mâcher faute de dents est une infirmité en soi, & indépendamment de la digestion pénible, qui peut être une suite de la mastication imparfaite. La stérilité chez une femme bien constituée sensiblement, ne s'appelle pas infirmité; & on donne ce nom à l'imperforation, ou à la chûte de matrice qui cause la stérilité, mais sans égard à cet effet éloigné. (b)

INFLAMMABILITÉ (Page 8:708)

INFLAMMABILITÉ, s. f. (Chimie.) dans le sens le plus précis, c'est la propriété d'un corps capable d'être enflammé, ou de brûler avec flamme. Mais l'usage a étendu cette dénomination à la propriété générale de brûler, soit avec flamme, soit sans flamme. Dans ce dernier sens qui est le plus ordinaire, inflammabilité est synonyme de combustibilité. Voyez Phlogistique.

INFLAMMABLE (Page 8:708)

INFLAMMABLE, adj. (Gramm.) qui peut s'enflammer.

Inflammable (Page 8:708)

Inflammable, (Chimie.) corps doué de l'inflammabilité.

Inflammable (Page 8:708)

Inflammable, principe, (Chimie.) c'est un des noms les plus usités du feu combiné, ou phlogistique. Voyez Phlogistique.

Inflammables (Page 8:708)

Inflammables, substances. (Hist. nat. Minéralogie.) Les Naturalistes nomment ainsi les substances du regne minéral, qui ont la propriété de s'enflammer, & de brûler. Elles se trouvent dans l'intérieur de la terre, & quelquefois à la surface'; on les désigne quelquefois sous le nom de soufres, mais cette dénomination est impropre, attendu que le soufre est lui - même une des substances inflammables, que l'on rencontre dans le sein de la terre. On compte dans ce nombre les bitumes, le naphte, le pétréole, la poix minérale, l'asphalte, le charbon fossile, le jais, le succin, l'ambre, le soufre. Voyez ces différens articles. ( - )

INFLAMMATION (Page 8:708)

INFLAMMATION, s. f. (Chimie.) est l'état d'un corps qui brûle avec flamme. Voyez Flamme. (b)

Inflammation, Maladies infammatoires (Page 8:708)

Inflammation, Maladies infammatoires. (Medecine.) Quoique ces deux noms paroissent au premier coup d'oeil synonymes, si l'on veut les analyser d'après l'observation, on pourra s'appercevoir qu'ils renferment des idées différentes. Toute maladie inflammatoire peut bien supposer l'inflammation, mais il me paroît, & j'en donnerai les raisons plus bas, que toute instammation ne doit pas être regardée comme maladie inflammatoire: ainsi je ferai de ces deux mots deux articles séparés, traitant d'abord de l'inflammation en général ou extérieure, & ensuite des maladies inflammatoires. Je donnerai donc d'abord 1°. l'histoire de la maladie, c'est - à - dire l'exposé de ce que les sens ou l'observation découvrent dans toute inflammation, ce qui est conséquemment très - certain & à l'abri de toute discussion. Je passerai ensuite à la théorie, ou à l'examen des causes moins évidentes, refusées aux témoignages de nos sens, partie féconde en dispute comme en erreur; enfin j'exposerai la partie thérapeutique - pratique, qui comprendra les signes diagnostiques & prognostics, & la curation proprement dite.

L'histoire. Symptomes. Inflammation est un mot générique employé pour désigner cette classe de maladie fort étendue & très - multipliée, dont le caractere est l'augmentation de chaleur dans une partie jointe à une douleur plus ou moins vive.

A ces symptomes seuls & constans, caractétistiques de toute inflammation, soit extérieure, soit interne, on peut ajoûter la tumeur & la rougeur de la partie affectée, qui ne sont vraiment signes, & qu'on n'apperçoit que dans les inflammations extérieures, & qui vraissemblablement n'existent pas moins dans celles qui attaquent les parties internes; lorsque les inflammations sont un peu considérables, & surtout lorsqu'elles sont dolorifiques à un certain point, la fievre ne manque pas de survenir, & il faut remarquer qu'elle est plutôt compagne de la douleur, & proportionnée à sa vivacité, qu'à la grandeur de l'inflammation. Ainsi l'on en voit qui sont très - considérables sans la moindre émotion dans le pouls, tandis qu'une inflammation très - peu étendue, mais suivie de beaucoup de douleur, un panaris, par exemple, allumera une fievre très - violente. Mais, quoique dans toutes les inflammations le mouvement du sang ne soit pas accéléré par tout le corps, on observe toujours que les arteres de la partie enflammée battent plus vîte & plus fort que dans l'état ordinaire; & pour s'en assurer, l'on n'a qu'à presser un peu avec la main la partie enflammée; le malade peut s'en convaincre lui - même en appuyant cette partie contre quelque corps dur: ce mouvement des arteres augmenté, peut passer pour une fievre locale. Il n'est rien moins que démontré que la circulation du sang soit plus rapide dans cette partie; c'est un fait cependant unanimement reçu, & déduit très - peu conséquemment, de la rougeur & de la [p. 709] chaleur augmentées dans la partie; il ne falloit que voir, & l'on a voulu raisonner. De ce raisonnemment très - hypothétique, il suit encore une conséquence qui est tout au moins une hypothèse, c'est que la chaleur & la rougeur ne peuvent augmenter sans que la circulation soit accélérée, & que par conséquent elles sont un effet immédiat & nécessaire du mouvement du sang.

Si la fievre qui survient à l'inflammation est forte, elle entraîne avec soi les symptomes ordinaires, la soif, les inquiétudes, maux de tête, délire, &c. & autres dérangemens dans les différentes fonctions.

Variétés ou différences. On a distingué les inflammations en externes & en internes suivant qu'elles ont leur siege à l'extérieur, ou dans quelques parties intérieures du corps; celles - ci à moins qu'elles ne soient produites par quelque cause externe, constituent les maladies inflammatoires; elles sont toujours accompagnées d'une fievre plus ou moins aiguë, nous en verrons plus bas les différentes especes.

C'est aux inflammations extérieures que convient uniquement la fameuse division, en phlegmoneuses, & en érésipélateuses, auxquelles on a tenté infructueusement & fort mal - à - propos, de réduire toutes les especes d'inflammations. La premiere classe comprend celles qui sont marquées par une tumeur dure, d'un rouge obscur, une douleur vive, ordinairement pulsative, une résistence assez forte, & surtout une circonscription très - sensible; on les appelle inflammations phlegmoneuses, ou simplement phlegmon, qui signifie chez les Grecs, je brûle, & qu'on employoit du tems d'Hippocrate pour désigner une inflammation quelconque, mais qui fut restreint sous Erasistrate à l'inflammation particuliere dont nous parlons; les clous ou furoncles fournissent un exemple assez fréquent de cette inflammation.

Dans la seconde classe sont renfermées les inflammations qui ont pour caractere une chaleur très - vive, une rougeur tirant sur le jaune ou couleur de rose, une douleur vive & très - aiguë, une tumeur très - peu élevée, nullement circonscrite, ni rénitente, cédant au contraire très - facilement à la pression du doigt, mais se rétablissant aussi - tôt, & presque toujours accompagnée d'oedème. J'ai dit que cette distinction ne peut avoir lieu qu'à l'extérieur; les principaux signes qui établissent ces différences ne sont sensibles qu'à l'oeil, & au tact; ainsi quand même ils existeroient réellement à l'intérieur, ils ne sauroient être saisis, mais en outre l'érésipele est une affection cutanée, dont le siege n'est que dans le tissu de la peau. On l'observe principalement aux piés, aux mains, & au visage; il y en a une espece qui est fixe aux piés, & qui en empêche les mouvemens: on l'appelle érésipele scorbutique. Voyez Erésipele. Sthaal, & après lui Neuter, Junker, & autres éclectiques, admettent une troisieme espece d'inflammation, qu'ils appellent apostémateuse, dont le caractere principal est une grande tendance à la suppuration.

Il y a aussi une autre division de l'inflammation très - scholastique, mais peu usitée, en phlogose, inflammation proprement dite, & inflammation sistrophique; ces différences ont été tirées du degré & de la violence des symptomes de l'inflammation.

Outre cette variété qu'on observe dans les symptomes qui constituent l'inflammation, il y a des différences qu'il est très - important de remarquer dans la maniere dont elles se terminent. On compte ordinairement quatre terminaisons différentes, qui sont la résolution, la suppuration, l'induration, & la gangrene. La résolution a lieu lorsque l'inflammation se dissipe graduellement sans aucune altération sensible des vaisseaux; on peut rapporter à la résolution la délitescence, qui n'en differe que par le plus de promptitude. La suppuration se fait, lorsque le sang arrêté, & les vaisseaux obstrués sont changés en une humeur tenace, égale, blanchâtre, douce, qu'on appelle pus; au lieu de la tumeur inflammatoire on trouve un abscès. L'inflammation se termine par l'induration, lorsqu'elle laisse après elle une tumeur dure, indolente, purement lymphatique, connue sous le nom de skirrhe; & enfin la terminaison se fait par la gangrene: lorsque la partie enflammée meurt, les symptomes inflammatoires cessent tout à coup, on observe une couleur plombée, livide, noirâtre, un sentiment fort obscur, & une odeur cadavéreuse, desagréable. Le dernier degré de mortification ou de gangrene, s'appelle sphacele; la suppuration & l'induration sont les terminaisons les plus ordinaires des inflammations phlegmoneuses, elles se résolvent cependant quelquefois, & se gangrenent aussi, mais moins souvent que les érésipeles, à qui ces deux terminaisons sont principalement affectées: il peut arriver, & j'ai même vu un exemple, que l'érésipele se termine en oedème, c'est - à - dire qu'il laisse après lui une tumeur molle, insensible, cédant à l'impression du doigt, & en conservant l'empreinte; j'ai vu aussi beaucoup d'érésipeles s'ulcérer, cette terminaison n'est pasrare.

Causes évidentes. Les causes dont il est ici question, connues sous le nom de principes dans les écrits de nos auteurs minutieusement exacts, & rigoureux, sont celles qu'une observation constante nous a fait voir, produire, concourir à la production de l'inflammation; les unes disposent le sang & les humeurs à cet état; on les appelle proëgumenes; les autres survenant excitent & mettent en jeu cette disposition; on les nomme procatartiques. Suivant cela, il n'est point de cause qui ne puisse contribuer à produire l'inflammation; quelque erreur qui se soit commise dans l'usage de ce qu'on appelle dans les écoles, les six choses non - naturelles, peut donner occasion à cette maladie; ainsi l'air froid ou chaud l'excite quelquefois, ce même air peut aussi produire cet effet à raison des particules hétérogenes, dont il est quelquefois rempli, ou par une disposition inconnue. J'ai observé l'automne passé à Lyon, que presque toutes les personnes qui restoient à la campagne, étoient couvertes de furoncles. 2°. Le mouvement trop rapide, les exercices violens en sont une cause fréquente; 3°. les erreurs dans le régime diététique y disposent beaucoup; 4°. la suppression des excrétions, sur tout sanguines, est très - souvent suivie d'inflammation; 5°. on a vu quelquefois survenir aux passions d'ames, sur - tout vives, comme la colere, des érésipeles; 6°. enfin les veilles trop long - tems continuées, sont très - propres à jetter dans le sang la disposition inflammatoire. A ces causes on peut ajoûter l'application topique de tout corps irritant, comme le feu, le froid vif, les caustiques, les blessures, fractures, luxations, compressions, distorsions, ligatures, les corps étrangers, &c. Les morsures, ou piqures d'animaux venimeux, sont aussi des causes qu'on voit tous les jours produire l'inflammation. On observe que celles qui agissent en irritant, & sur - tout eu arrêtant la transpiration, produisent assez communément les érésipeles; les engelures dépendent principalement de cette cause; ceux qui sont rébelles & périodiques dépendent d'un dérangement, d'un vice particulier dans les voies biliaires & hémorrhoïdales; les phlegmons situés pour l'ordinaire plus profondement dans le tissu cellulaire & les glandes, sont excités par des causes moins promptes, & le plus souvent internes: ils sont assez souvent dépuratoires, ou critiques.

L'inflammation attaque tous les âges, tous les sexes, tous les sujets, tous les tempéramens; personne n'est à l'abri d'une maladie, dont les causes sont extérieures, si multipliées, & si obvies. Je crois pouvoir

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