ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"706"> dans les langues où les adjectifs ont des inflexions relatives au sujet; tout cela vient d'être prouvé: or est - il raisonnable de dire qu'un nom ait un sujet? C'est une chose inouie en Grammaire, & contraire à la plus saine Logique.

Il n'est pas moins contraire à l'analogie de la langue latine, de dire que le sujet d'un verbe doit se mettre à l'accusatif: la syntaxe latine exige que le sujet d'un verbe personnel soit au nominatif; pourquoi n'assigneroit - on pas le même cas au sujet d'un mode impersonnel, si on le croit appliquable à un sujet? Deux principes si opposés n'auront qu'à concourir, & il en résultera infailliblement quelque contradiction. Essayons de vérifier cette conjecture.

Le sens formé par un nom avec un infinitif est, dit - on, quelquefois le sujet d'une proposition logique; & en voici un exemple: magna ars est non apparere artem, ce que l'on prétend rendre littéralement en cette maniere: artem non apparere est magna ars (l'art ne point paroître est un grand art). Mais si artem non apparere est le sujet total ou logique de est magna ars; il s'ensuit qu'artem, sujet immédiat de non apparere, est le sujet grammatical de est magna ars: c'est ainsi que si l'on disoit ars non apparens est magna ars, le sujet logique de est magna ars seroit ars non apparens, & cet ars, sujet immédiat de non apparens, seroit le sujet grammatical de est magna ars. Mais si l'on peut regarder artem comme sujet grammatical de est magna ars, il ne faut plus regarder artem est magna comme une expression vicieuse, quelque éloignée qu'elle soit & de l'analogie & du principe invariable de la concordance fondée sur l'identité. Ceci prouve d'une maniere bien palpable, que c'est introduire dans le système de la langue latine deux principes incompatibles & destructifs l'un de l'autre, que de soutenir que le sujet de l'infinitif se met à l'accusatif, & le sujet d'un mode personnel au nominatif.

Mais ce n'est pas assez d'avoir montré l'inconséquence & la fausseté de la doctrine commune sur l'accusatif, prétendu sujet de l'infinitif: il faut y en substituer une autre, qui soit conforme aux principes immuables de la Grammaire générale, & qui ne contredise point l'analogie de la langue latine.

L'accusatif a deux principaux usages également avoués par cette analogie, quoique fondés diversement. Le premier, est de caractériser le complément d'un verbe actif relatif, dont le sens, indéfini par soi - même, exige l'expression du terme auquel il a rapport: amo (j'aime), eh quoi? car l'amour est une passion relative à quelque objet; amo Ciceronem (j'aime Cicéron). Le second usage de l'accusatif est de caractériser le complément de certaines propositions; per mentem (par l'esprit), contrà opinionem (contre l'opinion), &c. C'est donc nécessairement à l'une de ces deux fonctions qu'il faut ramener cet accusatif que l'on a pris faussement pour sujet de l'infinitif, puisqu'on vient de prouver la fausseté de cette opinion: & il me semble que l'analyse la mieux entendue peut en faire aisément le complément d'une préposition sousentendue, soit que la phrase qui comprend l'infinitif & l'accusatif tienne lieu de sujet dans la proposition totale, soit qu'elle y serve de complément.

Reprenons la proposition magna ars est non apparere artem. Selon la maxime que je viens de proposer, en voici la construction analytique: circâ artem, non apparere est ars magna (en fait d'art, ne point paroître est le grand art: l'accusatif artem rentre par - là dans l'analogie de la langue; & la phrase, circà artem, est un supplément circonstanciel très conforme aux vûes de l'analyse logique de la pro<cb-> position en général, & en particulier de celle dont il s'agit.

Cicéron, dans sa septieme lettre à Brutus, lui dit: mihi semper placuit non rege solum, sed regno liberari rempublicam; c'est - à - dire, conformément à mon principe, circà rempublicam, liberari non solum à rege, sed à regno placuit semper mihi (à l'égard de la république, être délivré non seulement du roi, mais encore de la royauté, m'a toujours plû, a toujours été de mon goût).

Homines esse amicos Dei quanta est dignitas! (D. Greg. magn.) Ergà homines, esse amicos Dei est dignitas quanta! (A l'égard des hommes, être amis de Dieu est un honneur combien grand!) C'est encore la même méthode; mais je supplée la préposition ergà pour indiquer qu'il n'y a pas nécessité de s'en tenir toujours à la même; c'est le goût ou le besoin qui doit en décider. Mais remarquez que l'infinitif esse est le sujet grammatical de est dignitas quanta; & le sujet logique, c'est esse amicos Dei. Amicos s'accorde avec homines, parce qu'il s'y rapporte par attribution, ou, si l'on veut, par attraction. C'est par la même raison que Martial a dit, nobis non licet esse tam disertis, quoique la construction soit esse tam disertis non licet nobis: c'est que la vûe de l'esprit se porte sur toute la proposition, dès qu'on en entame le premier mot; & par - là même il y a une raison suffisante d'attraction pour mettre disertis en concordance avec nobis, qui au fond est le vrai sujet de la qualification exprimée par disertis.

Cupio me esse clementem: (Cic. I. Catil.) c'est - à - dire, cupio ergà me esse clementem. Le complément objectif grammatical de cupio, c'est esse; le complément objectif logique, c'est ergà me esse clementem, (l'existence pour moi sous l'attribut de la clémence); c'est - là l'objet de cupio.

En un mot, il n'y a point de cas où l'on ne puisse, au moyen de l'ellipse, ramener la phrase à l'ordre analytique le plus simple, pourvû que l'on ne perde jamais de vûe la véritable destination de chaque cas, ni l'analogie réelle de la langue. On me demandera peut - être s'il est bien conforme à cette analogie d'imaginer une préposition avant l'accusatif, qui accompagne l'infinitif. Je réponds, 1°. ce que j'ai déja dit, qu'il faut bien regarder cet accusatif, ou comme complément de la préposition, ou comme complément d'un verbe actif relatif, puisqu'il est contraire à la nature de l'infinitif de l'avoir pour sujet: 2°. que le parti le plus raisonnable est de suppléer la préposition, parce que c'est le moyen le plus universel, & le seul qui puisse rendre raison de la phrase, quand l'énonciation qui comprend l'infinitif & l'accusatif est sujet de la proposition: 3°. enfin que le moyen est si raisonnable qu'on pourroit même en faire usage avant des verbes du mode subjonctif: supposons qu'il s'agisse, par exemple, de dire en latin, serez - vous satisfait, si à l'arrivée de votre pere, non content de l'empêcher d'entrer, je le force même à fuir; seroit - ce mal parler que de dire, satin'habes, si advenientem patrem faciam tuum non modò ne introeat, verùm ut fugiat? J'entends la réponse des faiseurs de rudimens & des fabricateurs de méthodes: cette locution est vicieuse, selon eux, parce que patrem tuum advenientem à l'accusatif ne peut pas être le sujet, ou, pour parler leur langage, le nominatif des verbes introeat & fugiat, comme il doit l'être; & que si on alloit le prendre pour régime de faciam, cela opéreroit un contre - sens. Raisonnement admirable, mais dont toute la solidité va s'évanouir par un mot: c'est Plaute qui parle ainsi(Mostell.). Voulez - vous savoir comme il l'entend? le voici: satin'habes, si ergà advenientem patrem tuum sic faciam ut non modo ne introeat, verum ut fugiat; & il en est de faciam ergà patrem sic [p. 707] ut, &c. comme de agere cum patre, sic ut: or ce dernier tour est d'usage, & on lit dans Nepos (Cimon. 1.) egit cum Cimone ut eam sibi uxorem daret.

Il résulte donc de tout ce qui précede, que l'infinitif est un mode du verbe qui exprime l'existence sous un attribut d'une maniere abstraite, & comme l'idée d'une nature commune à tous les individus auxquels elle peut convenir; d'où il suit que l'infinitif est tout - à - la - fois verbe & nom: & ceci est encore un paradoxe.

On convient assez communément que l'infinitif fait quelquefois l'office du nom, qu'il est nom si l'on veut, mais sans être verbe; & l'on pense qu'en d'autres occurrences il est verbe sans être nom. On cite ce vers de Perse (sat. I. 25.) Scire tuum nihil est nisi te scire hoc sciat alter, où l'on prétend que le premier scire est nom sans être verbe, parce qu'il est accompagné de l'adjectif tuum, & que le second scire est verbe sans être nom, parce qu'il est précédé de l'accusatif te, qui en est, dit - on, le sujet. Mais il n'y a que le préjugé qui fonde cette distinction. Soyez conséquent, & vous verrez que c'est comme si le poëte avoit dit, nisi hoc scire tuum sciat alter, ou comme le dit le P. Jouvency dans son interprétation, nisi ab aliis cognoscatur; ensorte que la nature de l'infinitif, telle qu'elle résulte des observations précédentes, indique qu'il faut recourir à l'ellipse pour rendre raison de l'accusatif te, & qu'il faut dire, par exemple, nisi alter sciat hoc scire pertinens ad te, ce qui est la même chose que hoc scire tuum.

N'admettez sur chaque objet qu'un principe: évitez les exceptions que vous ne pouvez justifier par les principes nécessairement reçus; ramenez tout à l'ordre analytique par une seule analogie: vous voilà sur la bonne voie, la seule voie qui convienne à la raison, dont la parole est le ministre & l'image. (B. E. R. M.)

INFIRMER (Page 8:707)

INFIRMER, v. act. (Jurisprud.) signifie casser, annuller une sentence ou un contrat ou un testament.

Ce terme est sur - tout usité pour les sentences qui sont corrigées par le juge d'appel. Le juge qui infirme, si c'est un juge inférieur, dit qu'il a été mal jugé par la sentence, bien appellé; émendant, il ordonne ce qui lui paroît convenable. Lorsque c'est une cour souveraine qui infirme la sentence, elle met l'appellation & sentence dont a été appellé au néant, émendant: & néanmoins dans les matieres de grand criminel, les cours prononcent sur l'appel par bien ou mal jugé, & non par l'appellation au néant, ou l'appellation & sentence au néant. (A)

INFIRMERIE (Page 8:707)

INFIRMERIE, s. f. (Architect.) c'est dans les communautés un lieu, un appartement, un bâtiment particulier destiné pour les malades.

Infirmerie (Page 8:707)

Infirmerie, (Jardin.) est un lieu destiné aux arbres en caisses qui sont languissans, ainsi que ceux qui sont nouvellement plantés, & aux fleurs empotées du jour; ce n'est autre chose qu'un abri qu'on leur choisit à l'ombre, comme une allée ou un bois, où ils soient préservés des vents & du gros soleil.

INFIRMIER (Page 8:707)

INFIRMIER, s. m. (Medec. Chirurg.) est un employé subalterne dans les hôpitaux, préposé à la garde & au soulagement des malades; il est dans les hôpitaux & maisons de charité ce que parmi le peuple on nomme trivialement garde - malade. Cet emploi est aussi important pour l'humanité, que l'exercice en est bas & répugnant; tous sujets n'y sont pas également propres, & les administrateurs des hôpitaux doivent, autant par zèle que par motif de charité, se rendre difficiles sur le choix de ceux qui s'y destinent, puisque de leurs soins dépend souvent la vie des malades: un infirmier doit être patient, modéré, compatissant; il doit conso<cb-> ler les malades, prévenir leurs besoins & supporter leurs impatiences.

Les devoirs domestiques des infirmiers sont, d'allumer le matin les feux dans les salles & de les entretenir pendant le jour; de porter & distribuer les portions de vivres, la tisanne & les bouillons aux malades; d'accompagner les medecins & chirurgiens pendant les pansemens; d'enlever après, les bandes, compresses & autres saletés; de balayer les salles & d'entretenir la propreté dans l'hôpital, parmi les malades, dans les choses qu'ils leur distribuent & sur leurs propres personnes; de vuider les pots - de - chambre & chaises - percées, de sécher & changer le linge des malades; d'empêcher le bruit, les querelles & tout ce qui pourroit troubler leu repos; d'avertir l'aumônier de ceux qu'ils apperçoivent en danger; de transporter les morts & de les ensevelir; d'allumer les lampes le soir, de visiter les malades pendant la nuit; enfin de veiller continuellement sur eux, de leur donner tous les secours que leur état exige, & de les traiter avec douceur & charité. Voilà en général leurs obligations; les officiers des hôpitaux doivent donner leur attention à ce qu'ils les remplissent exactement, & les punir s'ils s'en écartent.

Voici quelques dispositions qui les regardent dans la direction & la discipline d'un hôpital militaire.

Ils y sont aux ordres du commissaire des guerres chargé de la police de l'hôpital, aux gages de l'entrepreneur, & nourris aux frais du Roi, à la même portion que les soldats malades.

Le nombre en est fixé à un pour vingt malades, ou douze blessés, ou dix vénériens, ou deux officiers: en cas de maladie ils sont traités dans l'hôpital sur le même pié que les soldats malades, mais aux frais de l'entrepreneur, qui ne peut les renvoyer qu'après leur guérison & du consentement du commissaire des guerres: le directeur ne doit dans aucun cas se servir de soldats pour infirmier.

Tout infirmier qui sort de l'hôpital sans permission, ou qui y rentre ivre, qui est convaincu d'avoir vendu des alimens aux malades, ou retranché quelque chose de leur portion pour en augmenter la sienne, est puni d'amende pour la premiere fois, & chassé de l'hôpital en cas de récidive.

Celui qui est convaincu de vol, friponnerie ou malversation, est châtié sévérement pour l'exemple, & même livré à la justice, si le cas le requiert.

Les infirmiers sont responsables des effets gardés par les défunts, qui se trouveroient avoir été détournés.

Celui qui étant de garde pendant la nuit, est surpris endormi, doit être puni d'amende, & chassé s'il a abandonné la salle.

Celui qui est convaincu d'avoir traité les malades avec négligence, dureté ou mépris, d'avoir négligé de les changer de linge après des sueurs, ou de leur avoir refusé d'autres secours nécessaires, doit être chassé & puni suivant l'exigence du cas.

Ces dispositions sont tirées pour la plûpart des réglemens concernant les hôpitaux militaires, du premier Janvier 1747, époque du rétablissement de la regle & du bon ordre dans l'administration de cette partie difficile & intéressante du service.

Dans les hôpitaux bourgeois & maisons de charité, ce sont des femmes ou des soeurs hospitalieres qui y sont chargées des fonctions des infirmiers, & l'on est généralement content de la maniere dont elles s'en acquittent. On ne peut nier que les femmes ne soient plus propres à ces fonctions que les hommes; en effet, par la sensibilité & la douceur naturelle à leur sexe, elles sont plus capables qu'eux de ces soins touchans, de ces attentions délicates, si consolantes pour les malades, & si propres à hâter leur

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