ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"674"> tenir ses forces, &c. ce qui est l'indication vitale; de lui administrer les divers remedes qui peuvent opérer sa guérison; & c'est là l'indication curative; de le préserver des maladies, ou des accidens dont il est menacé, ce qui constitue l'indication prophy lactique; enfin d'adoucir, de modérer autant qu'il est possible les maux qu'on ne peut guérir radicalement, ce qui fait l'indication palliative.

Un amas de matieres crues, ou la présence d'un poison dans l'estomac, indiquent ou sont indicans d'un vomitif; l'ouverture d'un artere indique la ligature, la compression, l'application de l'agaric, &c. ce vomitif, cet agaric, sont indiqués par le poison, par l'ouverture de l'artere.

Nous n'entendons faire de ce petit nombre de propositions qu'un article purement grammatical, expliquer le langage de la Médecine en cette partie; car quant à l'art de lier les indications aux indicans, & de les remplir par les indiqués particuliers les plus convenables, ou comme l'on s'exprime plus communément l'art de saisir & de remplir les indications, il n'est pas moins fondamental, moins universel que l'art même de la Médecine, & il est au moins exactement la même chose que la méthode de guérir proprement dite, ou la partie de la Médecine appellée Thérapeutique. Voyez Thérapeutique. (b)

INDICES (Page 8:674)

INDICES, s. m. pl. (Jurisprud.) sont des circonstances en matiere criminelle, qui font penser que l'accusé est coupable du crime dont il est prévenu; par exemple s'il a changé de visage, & a paru se troubler lorsqu'on l'a rencontré aussi - tôt après le délit; s'il a paru s'enfuir; si on l'a trouvé les armes à la main, ou qu'il y eût du sang sur ses habits; ce sont là autant d'indices du crime.

Les contradictions même dans lesquelles tombent les accusés, forment aussi une espece d'indice.

Mais tous ces indices, en quelque nombre qu'ils soient, ne forment pas des preuves suffisantes pour condamner un accusé; ils font seulement naître des soupçons & plusieurs indices qui concourent, peuvent être considérés comme un commencement de preuve qui détermine quelquefois les juges à ordonner un plus amplement informé, même quelquefois à condamner l'accusé à subir la question s'il s'agit d'un crime capital; ce qui ne doit néanmoins être ordonné qu'avec beaucoup de circonspection, attendu que les indices les plus forts sont souvent trompeurs. On en a vu des exemples bien sensibles dans les affaires de Lebrun & du sieur Langlade. Charondas, l. IX. chap. 1. rapporte aussi le cas d'un mari que la Cour étoit sur le point de condamner à mort, comme ayant tué sa femme, laquelle heureusement pour lui fut alors représentée. (A)

INDICTION (Page 8:674)

INDICTION, s. f. (Littérat. & Chronolog.) l'indiction est en Chronologie un cercle de quinze années juliennes accomplies. Il faut savoir que ce terme a d'abord signifié un tribut que les Romains percevoient toutes les années dans les provinces, sous le nom d'indictio tributaria. Il est vraisemblable que ce tribut étoit levé pour la subsistance des soldats, & particulierement de ceux qui avoient servi pendant quinze ans la république. Quoi qu'il en - soit, lorsque l'état de l'empire romain changea de face sous les derniers empereurs, on conserva le terme indictio, mais on l'employa simplement pour marquer une espace de quinze années.

On chercheroit inutilement le tems où l'on commença de se servir de l'indiction dans ce dernier sens, on l'ignorera toujours. Ceux qui disent que Constantin, après avoir aboli les jeux séculaires & vaincu Maxence, introduisit l'époque de l'indiction au mois de Septembre 312, devinent sans doute, puisqu'ils ne peuvent pas en rapporter la preuve.

On n'a pas mieux démêlé l'origine & le commen<cb-> cement de l'indiction romaine, ou si l'on veut pontificale; ce second point d'histoire est encore un des plus obscurs. Le P. Mabillon s'est donné des peines inutiles pour l'éclaircir, & Ducange n'a pas été plus heureux dans son Glossaire.

Ce qu'on sait de vrai, c'est que les papes, après que Charlemagne les eut rendus souverains, commencerent à dater leurs actes par l'année de l'indiction, qui fut fixée au premier Janvier 313 de l'an de J. C. auparavant ils les datoient par les années des empereurs; & enfin ils les ont datés par les années de leur pontificat, comme le prouve le synode que le pape Jean XV. tint en 1998.

Aujourd'hui la cour de Rome, pour empêcher les faussetés qui pourroient se commettre dans les provisions des bénéfices, dans les bulles & autres expéditions, en y changeant les dates, a imaginé de les multiplier, d'y en ajoûter de petites aux grandes, & d'y rappeller cinq ou six fois la même date en plusieurs manieres, ce qui est une précaution excellente; car si le faussaire n'altere qu'une partie des dates, il sera refuté par toutes les autres, & s'il les altere toutes, il sera facile de découvrir sa fourberie, en y regardant de près.

Les grandes dates de la chancellerie sont l'année courante de N. S. & celle du pape régnant. Les petites dates sont les années courantes de l'indiction, du nombre d'or, & du cycle solaire.

Pour entendre la date de l'indiction romaine actuelle, il faut se rappeller qu'elle a été fixée au premier Janvier de l'an 313 de l'ere commune, d'où il suit que l'an 312 avoit douze d'indiction, car divisant 312 par 15 il reste 12; par conséquent on a supposé que le cycle de l'indiction commenceroit 3 ans avant la naissance de J. C. supputation fictive qui n'a aucun rapport avec les mouvemens célestes.

Maintenant donc si vous voulez savoir le nombre de l'indiction romaine qui répond à une année donnée ajoûtez 3 à l'année donnée, divisez la somme par 15, ce qui reste après la division, sans avoir égard au quotient, est le nombre de l'indiction cherchée.

Si l'on vous demandoit par exemple le nombre de l'indiction papale qui répond à l'année 1700, vous ajoûterez 3 à 1700, vous diviserez la somme de 1703 par 15, le reste de la division donnera 8, qui est le nombre de l'indiction de l'an 1700.

De même pour trouver l'indiction de l'an 1759, on ajoûtera 3 à 1759 qui feront 1762; on divisera 1762 par 15, le reste de la division donnera 7 pour le nombre de l'indiction que l'on cherche; même opération à l'égard de toute autre année.

L'indiction dans son origine ne désignoit point, comme on l'a déja dit, une époque chronologique. Ce mot vient du latin indictio, qui signifie dénonciation, ordonnance. Le tems de l'indiction des empereurs romains étoit celui où l'on avertissoit le peuple de payer un certain tribut, & cette indiction impériale avoit lieu vers la fin de Septembre ou au commencement d'Octobre, parce qu'alors la récolte étant faite, le peuple pouvoit payer le tribut ordonné, tributum indictum. (D. J.)

INDIENNES (Page 8:674)

INDIENNES, s. f. ( (Commerce.) nom sous lequel on comprend généralement les toiles peintes qui nous viennent des Indes. Voyez l'article Toile peinte.

INDIENS, Philosophie des (Page 8:674)

INDIENS, Philosophie des, (Hist. de la Philosophie.) On prétend que la Philosophie a passé de la Chaldée & de la Perse aux Indes Quoi qu'il en soit, les peuples de cette contrée étoient en si grande réputation de sagesse parmi les Grecs, que leurs philosophes n'ont pas dédaigné de les visiter. Pythagore, Démocrite, Anaxarque, Pyrrhon, Apollonius & d'autres, firent le voyage des Indes, & allerent converser avec les brachmanes ou gymnosophistes indiens. [p. 675]

Les sages de l'Inde ont été appellés brachmanes de Brachme fondateur de la secte, & gymnosophistes, ou sages qui marchent nuds, de leur vêtement qui laissoit à découvert la plus grande partie de leur corps.

On les divise en deux sectes, l'une des brachmanes, & l'autre des samanéens; quelques - uns font mention d'une troisieme sous le nom de Pramnes. Nous ne sommes pas assez instruits sur les caracteres particuliers qui les distinguoient; nous savons seulement en général qu'ils fuyoient la société des hommes; qu'ils habitoient le fond des bois & des cavernes; qu'ils menoient la vie la plus austere, s'abstenant de vin & de la chair des animaux, se nourissant de fruits & de légumes, & couchant sur la terre nuë ou sur des peaux; qu'ils étoient si fort artachés à ce genre de vie, que quelques - uns appellés auprès du grand roi, répondirent qu'il pouvoit venir lui - même s'il avoit quelque chose à apprendre d'eux ou à leur commander.

Ils souffroient avec une égale constance la chaleur & le froid; ils craignoient le commerce des femmes; si elles sont méchantes, disoient - ils, il faut les fuir parce qu'elles sont méchantes; si elles sont bonnes, il faut encore les fuir de peur de s'y attacher. Il ne faut pas que celui qui fait son devoir du mépris de la douleur & du plaisir, de la mort & de la vie, s'expose à devenir l'esclave d'un autre.

Il leur étoit indifférent de vivre ou de mourir, & de mourir ou par le feu, ou par l'eau, ou par le fer. Ils s'assembloient jeunes & vieux autour d'une même table; ils s'interrogeoient réciproquement sur l'emploi de la journée, & l'on jugeoit indigne de manger celui qui n'avoit rien dit, fait ou pensé de bien.

Ceux qui avoient des femmes les renvoyoient au bout de cinq ans, si elles étoient stériles; ne les approchoient que deux fois l'année, & se croyoient quittes envers la nature, lorsqu'ils en avoient eu deux enfans, l'un pour elles, l'autre pour eux.

Buddas, Dandanis, Calanus & Iarcha, sont les plus célebres d'entre les Gymnosophistes dont l'histoire ancienne nous a conservé les noms.

Buddas fonda la secte des Hylobiens, les plus sauvages des Gymnosophistes.

Pour juger de Dandamis, il faut l'entendre parler à Alexandre par la bouche d'Onésicrite, que ce prince dont l'activité s'étendoit à tout, envoya chez les Gymnosophistes. « Dites à votre maître que je le loue du goût qu'il a pour la sagesse, au milieu des affaires dont un autre seroit accablé; qu'il fuie la mollesse; qu'il ne confonde pas la peine avec le travail, & puisque ses philosophes lui tiennent le même langage, qu'il les écoute. Pour vous & vos semblables, Onésicrite, je ne desapprouve vos sentimens & votre conduite qu'en une chose, c'est que vous préfériez la loi de l'homme à celle de la nature, & qu'avec toutes vos connoissances vous ignoriez que la meilleure demeure est celle où il y a le moins de soins à prendre ».

Calanus, à qui l'envoyé d'Alexandre s'adressa, lorsque ce prince s'avança dans les Indes, débuta avec cet envoyé par ces mots. « Dépose cet habit, ces souliers, assied - toi nud sur cette pierre, & puis nous converserons ». Cet homme d'abord si fier, se laissa persuader par Taxile de suivre Alexandre, & il en fut méprisé de toute la nation, qui lui reprocha d'avoir accepté un autre maître que Dieu. A juger de ses moeurs par sa mort, il ne paroît pas qu'elles se fussent amollies. Estimant honteux d'attendre la mort, comme c'étoit le préjugé de sa secte, il se fit dresser un bucher, & y monta en se félicitant de la liberté qu'il alloit se procurer. Alexandre touché de cet héroïsme institua en son honneur des combats équestres & d'autres jeux.

Tout ce qu'on nous raconte d'Iarcha est fabuleux.

Les Gymnosophistes reconnoissoient un Dieu fabricateur & administrateur du monde, mais corporel: il avoit ordonné tout ce qui est, & veilloit à tout.

Selon eux l'origine de l'ame étoit céleste; elle étoit émanée de Dieu, & elle y retournoit. Dieu recevoit dans son sein les ames des bons qui y séjournoient éternellement. Les ames des méchans en étoient rejettées & envoyées à différens supplices.

Outre un premier Dieu, ils en adoroient encore de subalternes.

Leur morale consistoit à aimer les hommes, à se haïr eux - mêmes, à éviter le mal, à faire le bien, & à chanter des hymnes.

Ils faisoient peu de cas des sciences & de la philosophie naturelle. Iarcha répondit à Apollonius, qui l'interrogeoit sur le monde, qu'il étoit composé de cinq élémens, de terre, d'eau, de feu, d'air & d'éther. Que les dieux en étoient émanés; que les êtres composés d'air étoient mortels & périssables, & que les êtres composés d'éther étoient immortels & divins; que les élémens avoient tous existé en même tems; que le monde étoit un grand animal engendrant le reste des animaux; qu'il étoit de nature mâle & femelle, &c.

Quant à leur philosophie morale, tout y étoit grand & élevé. Il n'y avoit, selon eux, qu'un seul bien, c'est la sagesse. Pour faire le bien, il étoit inutile que la loi l'ordonnât. La mort & la vie étoient également méprisables. Cette vie n'étoit que le commencement de notre existence. Tout ce qui arrive à l'homme n'est ni bon ni mauvais. Il étoit vil de supporter la maladie, dont on pouvoit se guérir en un moment. Il ne falloit pas passer un jour sans avoir fait quelque bonne action. La vanité étoit la derniere chose que le sage déposoit, pour se présenter devant Dieu. L'homme portoit en lui - même une multitude d'ennemis. C'est par la défaite de ces ennemis qu'on se préparoit un accès favorable auprès de Dieu.

Quelle différence entre cette philosophie & celle qu'on professe aujourd'hui dans les Indes! Elles sont infectées de la doctrine de Xekia, j'entends de sa doctrine esotérique; car les principes de l'exotérique sont assez conformes à la droite raison. Dans celle - ci, il admet la distinction du bien & du mal; l'immortalité de l'ame: les peines à venir; des dieux; un dieu suprême qu'il appelle Amida, &c. Quant à sa doctrine ésotérique, c'est une espece de Spinosisme assez mal entendu. Le vuide est le principe & la fin de toutes choses. La cause universelle n'a ni vertu ni entendement. Le repos est l'état parfait. C'est au repos que le philosophe doit tendre, &c. Voyez les articles Philosophie en général, Egyptiens, Chinois, Japonnois , &c.

INDIFFÉRENCE (Page 8:675)

* INDIFFÉRENCE, s. f. (Gram & Philosophie morale.) état tranquille dans lequel l'ame placée vis - à - vis d'un objet, ne le desire, ni ne s'en éloigne, & n'est pas plus affectée par sa jouissance qu'elle ne le seroit par sa privation.

L'indifférence ne produit pas toûjours l'inaction. Au défaut d'intérêt & de goût, on suit des impressions étrangeres. & l'on s'occupe de choses, au succès desquelles on est de soi - même très - indifférent.

L'indifference peut naître de trois sources, la nature, la raison & la foi; & l'on peut la diviser en indifférence naturelle, indifférence philosophique, & indifférence religieuse.

L'indifférence naturelle est l'effet d'un tempérament froid. Avec des organes grossiers, un sang épais, une imagination lourde, on ne veille pas; on sommeille au milieu des êtres de la nature; on n'en reçoit que des impressions languissantes; on reste indifférent & stupide. Cependant l'indifférence philosophique n'a peut - être pas d'autre base que l'indifférence naturelle.

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