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Dans la seconde hypothese, où l'on admettroit diverses especes d'articles, l'idée commune du genre devroit encore se retrouver dans chaque espece, mais avec quelque autre idée accessoire qui seroit le caractere distinctif de l'espece. Tels sont peut - être les mots tout, chaque, nul, quelque, certain, ce, mon, ton, son, un, deux, trois, & tous les autres nombres cardinaux; car tous ces mots servent à faire prendre dans un sens précis & déterminé, les noms avant lesquels l'usage de notre langue les place; mais ils le font de diverses manieres, qui pourroient leur faire donner diverses terminaisons. Tout, chaque, nul, articles collectifs, distingués encore entre eux par des nuances délicates; quelque, certain, articles partitifs; ce, article démonstratif; mon, ton, son, articles possessifs; un, deux, trois, &c. articles numériques, &c. Ici il faut toujours raisonner de même: vous déterminerez le sens d'un nom, par tel article qu'il vous plaira ou qu'exigera le besoin; ils sont tous destinés à cette fin; mais dès que vous voudrez que le nom soit pris dans un sens indéfini, abstenez - vous de tout article; le nom a ce sens par lui - même.
3°. Pronoms indéfinis. Plusieurs Grammairiens admettent
une classe de pronoms qu'ils nomment indéfinis ou impropres, comme je l'ai déja dit ailleurs.
Voyez
4°. Tems indéfinis. Nos Grammairiens distinguent
encore dans notre indicatif deux prétérits, qu'ils appellent
l'un défini, & l'autre indéfini. Quelques - uns,
entre lesquels il faut compter M. de Vaugelas, donnent
le nom de défini à celui de ces deux prétendus
prétérits, qui est simple, comme j'aimai, je pris, je
reçus, je tins; & ils appellent indéfini celui qui est
composé, comme j'ai aimé, j'ai pris, j'ai reçu, j'ai
tenu. D'autres au contraire, qui ont pour eux l'auteur
de la Grammaire générale & M. du Marsais, appellent
indéfini celui qui est simple, & défini celui qui
est composé. Cette opposition de nos plus habiles
maîtres me semble prouver que l'idée qu'il faut avoir
d'un tems indéfini, étoit elle - même assez peu déterminée
par rapport à eux. On verra, article
INDÉLÉBILE (Page 8:670)
INDÉLÉBILE, adj. (Théologie.) qui ne se peut
effacer. Ce mot est formé du latin delere effacer,
avec la préposition in, prise dans un sens négatif.
Les sacremens de baptême, de confirmation & d'ordre
impriment un caractere indélébile. Voyez
INDÉLIBÉRÉ (Page 8:670)
INDÉLIBÉRÉ, adj. (Gramm.) qui s'est fait sans attention, sans examen, sans délibération, presque machinalement. On dit un jugement indélibéré, un mouvement indélibéré.
INDEMNE (Page 8:670)
INDEMNE, adj. m. & f. (Jurisprud.) est celui qui
est acquitté ou dédommagé de quelque chose par
une autre personne; celui dont le garant prend le
fait & cause, doit sortir indemne de la contestation.
Voyez
INDEMNITÉ (Page 8:670)
INDEMNITÉ, s. f. (Jurisprud.) signifie en général ce qui est donné à quelqu'un pour empêcher qu'il ne souffre quelque dommage.
Quelquefois par ce terme, on entend un écrit par lequel on promet de rendre quelqu'un indemne. Ce terme est sur - tout employé dans ce sens pour exprimer un écrit par lequel on promet d'acquitter quelqu'un de l'événement d'une obligation ou d'une contestation, soit en principal & intérêts, ou pour les frais & dépens.
Indemnité est quelquefois pris pour diminution; un fermier qui n'a pas joui pleinement de l'effet de son bail, demande au propriétaire une indemnité, c'est - à - dire une diminution sur le prix de son bail.
Indemnité est aussi un terme propre pour exprimer la garantie dûe à la femme par son mari, & sur ses biens, pour les dettes auxquelles elle s'est obligée pour son mari, ou qui sont dettes de communauté, dont elle ne profite pas au cas qu'elle renonce à la communauté. L'hypotheque de la femme pour ces sortes d'indemnités est du jour du contrat de mariage en pays coutumier; en pays de droit écrit, elle n'a lieu que du jour de l'obligation de la femme, à moins que l'indemnité ne soit stipulée par contrat de mariage.
Indemnité dûe au seigneur est un droit en argent que les gens de main - morte sont tenus de payer au seigneur de qui relevent les héritages qu'ils acquierent, à quelque titre que ce soit, pour le dédommager de ce que ces héritages sont pour ainsi dire hors du commerce, attendu que les gens de mainmorte cherchent rarement à aliéner, & qu'ils ne le peuvent faire que difficilement, à cause des formalités nécessaires pour de telles aliénations, au moyen de quoi, le seigneur est privé des droits qu'il recevroit à chaque mutation, & autres droits casuels qu'il pourroit avoir si les héritages n'étoient pas possédés par des gens de main - morte.
Le seigneur a néanmoins toujours un droit de relief à chaque mutation d'homme vivant & mourant.
Le droit d'amortissement que les gens de mainmorte payent au roi, n'empêche pas qu'ils ne doivent aussi un droit d'indemnité, soit au roi, si l'acquisition est dans sa mouvance, ou au seigneur particulier dans la mouvance duquel est l'héritage; & s'il y a un autre seigneur qui ait la justice, le droit d'indemnité se partage entre eux, de maniere que celui qui a la justice prend la dixieme partie du droit d'indemnité, pour le dédommager des droits de deshérence, confiscation, & autres droits que donne la justice; le seigneur de fief prend le surplus du droit.
Quand à la fixation du droit d'indemnité, elle est différente selon les pays & les coutumes.
Au parlement de Paris on regle ce droit au cinquieme du prix de l'héritage; on observe la même chose dans toutes les coutumes qui n'ont point de disposition contraire.
La coutume de Sens regle ce droit à la valeur des fruits de trois années de l'héritage, ou au sixieme du prix de l'acquisition, au choix & option des gens de main - morte.
En Normandie l'indemnité est du tiers pour les fiefs & du quart pour les rotures.
En Dauphiné on l'évalue à un droit de lods de vingt ans en vingt ans.
Mais ordinairement les gens de main - morte ont soin de prévenir le seigneur du dessein qu'ils ont d'acquérir & de composer avec lui.
Ce payement du droit d'imdemnité ne peut être [p. 671]
Quand un héritage est donné par testament à des gens de main - morte, c'est aux héritiers du testateur à payer le droit d'indemnité: on suppose que le testateur en leur donnant l'héritage, a eu intention que ses héritiers fissent tout ce qui seroit nécessaire pour les mettre en état de le posséder; suivant la regle, qui vult finem, vult & media; mais quand l'héritage est donné entre - vifs, c'est aux gens de main - morte à payer le droit d'indemnité: on ne peut pas dans ce cas admettre la même présomption que dans le précédent, parce que si le donateur avoit voulu payer le droit d'indemnité, il l'auroit fait lui - même de son vivant.
Le payement du droit d'indemnité est sujet à prescription par trente ans contre un seigneur temporel, & par quarante ans contre l'Eglise.
Les gens de main - morte qui ont payé le droit d'indemnité ne laissent pas d'être tenus d'acquitter les cens & rentes dûs sur l'héritage.
Il n'est point dû d'indemnité pour l'acquisition d'un héritage allodial.
Les gens de main - morte n'en doivent pas non plus lorsqu'ils acquierent de la main du seigneur ou de son consentement.
Voyez Dumoulin sur l'art. 51. de la nouv. coût. de Paris, gl. xj. n. 68; la déclaration du 21 Novembre 1724; l'arrêt du conseil du 9 Décembre 1727; Bacquet, des amortissemens, ch. liij. & liv. D'Olive, liv. II. ch. xij. & suiv. Boniface, tome I. liv. II. tit. 31. ch. xxj. Salvaing, de l'usage des fiefs, ch. ljx. Hevin - sur - Frain, pag. 259; Du fait, liv. I. ch. ccxlj. & liv. III. ch. ccxlix.
Voyez aussi
INDÉPENDANCE (Page 8:671)
INDÉPENDANCE, s. f. (Philosoph. Morale.) la pierre philosophale de l'orgueil humain; la chimere après laquelle l'amour - propre court en aveugle; le terme que les hommes se proposent toujours, & qui empêche leurs entreprises & leurs desirs d'en avoir jamais, c'est l'indépendance.
Cette perfection est sans doute bien digne des efforts que nous faisons pour l'atteindre, puisqu'elle renferme nécessairement toutes les autres; mais parlà même elle ne peut point se rencontrer dans l'homme essentiellement limité par sa propre existence. Il n'est qu'un seul être indépendant dans la nature; c'est son auteur. Le reste est une chaîne dont les anneaux se lient mutuellement, & dépendent les uns des autres, excepté le premier, qui est dans la main même du créateur. Tout se tient dans l'univers: les corps célestes agissent les uns sur les autres; notre globe en est attiré, & les attire à son tour; le flux & reflux de la mer a sa cause dans la lune; la fertilité des campagnes dépend de la chaleur du soleil, de l'humidité de la terre, de l'abondance de ses sels, &c. Pour qu'un brin d'herbe croisse, il faut pour ainsi dire, que la nature entiere y concoure; enfin il y a dans l'ordre physique un enchaînement dont l'étrange complication fait un cahos que l'on a eu tant de peine à débrouiller.
Il en est de même dans l'ordre moral & politique. L'ame dépend du corps; le corps dépend de l'ame, & de tous les objets extérieurs: comment l'homme, c'est - à - dire l'assemblage de deux parties si subordonnées, seroit - il lui - même indépendant? La société pour laquelle nous sommes nés nous donne des lois à suivre, des devoirs à remplir; quel que soit le rang que nous y tenions, la dépendance est toujours notre apanage, & celui qui commande à tous les autres, le souverain lui - même voit au - dessus de sa tête les lois dont il n'est que le premier sujet.
Cependant les hommes se consument en des efforts continuels pour arriver à cette indépendance, qui n'existe nulle part. Ils croient toujours l'appercevoir dans le rang qui est au - dessus de celui qu'ils occupent; & lorsqu'ils y sont parvenus, honteux de ne l'y point trouver, & non guéris de leur folle envie, ils continuent à l'aller chercher plus haut. Je les comparerois volontiers à des gens grossiers & ignorans qui auroient résolu de ne se reposer qu'à l'endroit où l'oeil borné est forcé de s'arrêter, & où le ciel semble toucher à la terre. A mesure qu'ils avancent l'horison se recule; mais comme ils l'ont toujours en perspective devant eux, ils ne se rebutent point, ils se flatent sans cesse de l'atteindre dans peu, & après avoir marché toute leur vie, après avoir parcouru des espaces immenses, ils tombent enfin accablés de fatigue & d'ennui, & meurent avec la douleur de ne se voir pas plus près du terme auquel ils s'efforçoient d'arriver, que le jour qu'ils avoient commencé à y tendre.
Il est pourtant une espece d'indépendance à laquelle il est permis d'aspirer: c'est celle que donne la Philosophie. Elle n'ôte point à l'homme tous ses liens, mais elle ne lui laisse que ceux qu'il a reçus de la main même de la raison. Elle ne le rend pas absolument indépendant, mais elle ne le fait dépendre que de ses devoirs.
Une pareille indépendance ne peut pas être dangereuse. Elle ne touche point à l'autorité du gouvernement, à l'obéissance qui est dûe aux lois, au respect que mérite la religion: elle ne tend pas à détruire toute subordination, & à bouleverser l'état, comme le publient certaines gens qui crient à l'anarchie, dès qu'on refuse de reconnoître le tribunal orgueilleux qu'ils se sont eux - mêmes élevé. Non, si le philosophe est plus indépendant que le reste des hommes, c'est qu'il se forge moins de chaînes nouvelles. La médiocrité des desirs le délivre d'une foule de besoins auxquels la cupidité assujettit les autres. Renfermé tout entier en lui - même, il se détache par raison de ce que la malignité des hommes pourroit lui enlever. Content de son obscurité, il ne va point pour en sortir ramper à la porte des grands, & chercher des mépris qu'il ne veut rendre à personne. Plus il est dégagé des préjugés, & plus il est attaché aux vérités de la religion, ferme dans les grands principes qui font l'honnête homme, le fidele sujet & le bon citoyen. Si quelquefois il a le malheur de faire plus de bruit qu'il ne le voudroit, c'est dans le monde littéraire où quelques nains effrayés ou envieux de sa grandeur, veulent le faire passer pour un Titan qui escalade le ciel, & tâchent ainsi par leurs cris d'attirer la foudre sur la tête de celui dont leurs propres dards pourroient à peine piquer légérement les piés. Mais que l'on ne se laisse pas étourdir par ces accusations vagues dont les auteurs ressemblent assez à ces enfans qui crient au feu lorsque leur maître les corrige. L'on n'a jusqu'ici guere vû de philosophes qui aient excité des revoltes, renversé le gouvernement, changé la forme des états: je ne vois pas que ce soit eux qui aient occasionné les guerres civiles en France, fait les proscriptions à Rome, détruit les républiques de la Grece. Je les vois par - tout entourés d'une foule d'ennemis, mais par - tout je les vois persécutés & jamais persécuteurs. C'est - là leur destinée, & le prince même des Philosophes, le grand & vertueux Socrate, leur apprend qu'ils doivent s'estimer heureux lorsqu'on ne leur dresse pas des échafauds avant de leur élever des statues.
INDEPENDANT (Page 8:671)
INDEPENDANT, s. m. (Théologie.) indépendans,
nom qu'on donne à quelques sectaires d'Angleterre & des Provinces - unies. Ils ont été ainsi appellés
parce qu'ils font profession de ne dépendre d'aucune
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