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INDÉCIS (Page 8:668)
* INDÉCIS, adj. (Gramm.) qui se prend aussi quelquefois substantivement. On laisse en Philosophie, en Théologie, beaucoup de questions indécises. Il y a des hommes indécis sur lesquels il ne faut pas compter plus que sur des enfans. Ils voyent un poids égal à toutes les raisons; les inconvéniens les plus réels & les plus légers les frappent également; ils tremblent toûjours de faire un faux pas. Ce n'est jamais la raison, mais la circonstance qui les détermine. C'est le dernier qui leur parle qu'ils croyent. Si l'on pouvoit comparer les mouvemens de l'ame qui délibere à celui d'un pendule, comme on distingue dans le mouvement du pendule l'instant où il commence à se mouvoir, la durée de ses oscillations, & l'instant où il se fixe; dans le mouvement de l'esprit qui délibere, il y auroit le moment où l'examen commence, la durée de l'examen ou l'indécision, & le moment où l'indécision cesse, celui de la résolution & du repos.
INDÉCLINABLE (Page 8:668)
INDÉCLINABLE, adj. terme de Grammaire. On
a distingué à l'article
Un simple coup d'oeil jetté sur les différentes especes de mots, & sur l'unanimité des usages de toutes les langues à cet égard, conduit naturellement à les partager en deux classes générales, caractérisées par des différences purement matérielles, mais pourtant essentielles, qui sont la déclinabilité & l'indéclinabilité.
La premiere classe comprend toutes les especes de mots qui, dans la plûpart des langues, reçoivent des inflexions destinées à désigner les divers points de vûe sous lesquels l'ordre analytique présente l'idée principale de leur signification; ainsi les mots déclinables sont les noms, les pronoms, les adjectifs & les verbes.
La seconde classe comprend les especes de mots qui, en quelque langue que ce soit, gardent dans le discours une forme immuable, parce que l'idée principale de leur signification y est toujours envisagée sous le même aspect; ainsi les mots indéclinables sont
Les mots considérés de cette maniere sont essentiellement déclinables, ou essentiellement indéclinables;
& si l'unanimité des usages combinés des langues ne
nous trompe pas sur ces deux propriétés opposées, elles
naissent effectivement de la nature des especes de
mots qu'elles différencient; & l'examen raisonné de
ces deux caracteres doit nous conduire à la connoissance
de la nature même des mots, comme l'examen
des effets conduit à la connoissance des causes. Voyez
Au reste, il ne faut pas se méprendre sur le véritable sens dans lequel on doit entendre la déclinabilité & l'indéclinabilité essentielle. Ces deux expressions ne veulent dire que la possibilité ou l'impossibilité absolue de varier les inflexions des mots relativement aux vûes de l'ordre analytique; mais la déclinabilité ne suppose point du tout que la variation actuelle des inflexions doive être admise nécessairement, quoique l'indéclinabilité l'exclue nécessairement: c'est que la non existence est une suite nécessaire de l'impossibilité; mais l'existence, en supposant la possibilité, n'en est pas une suite nécessaire.
En effet, les mots essentiellement déclinables ne sont pas déclinés dans toutes les langues; & dans celles où ils sont déclinés, ils ne l'y sont pas aux mêmes égards. Le verbe, par exemple, décliné presque par - tout, ne l'est point dans la langue franque, qui ne fait usage que de l'infinitif; la place qu'il occupe & les mots qui l'accompagnent déterminent les diverses applications dont il est susceptible. Les noms qui en grec, en latin, en allemand, reçoivent des nombres & des cas, ne reçoivent que des nombres en françois, en italien, en espagnol & en anglois, quoique maints Grammairiens croyent y voir des cas, au moyen des prépositions qui les remplacent effectivement, mais qui ne le sont pas pour cela. Les verbes latins n'ont que trois modes personnels, l'indicatif, l'impératif & le subjonctif: ces trois modes se trouvent aussi en grec & en françois; mais les Grecs ont de plus un optatif qui leur est propre, & nous avons un mode suppositif qui n'est pas dans les deux autres langues.
Il y a dans les diverses langues de la terre mille variétés semblables, suites naturelles de la liberté de l'usage, décidé quelquefois par le génie propre de chaque idiome, & quelquefois par le simple hasard ou le pur caprice. Que les noms ayent en grec, en latin & en allemand des nombres & des cas, & que dans nos langues analogues de l'Europe ils n'ayent que des nombres, c'est génie; mais qu'en latin, par exemple, où les noms & les adjectifs se déclinent, il y en ait que l'usage a privés des inflexions que l'analogie leur destinoit, c'est hasard ou caprice.
Il me semble que c'est aussi caprice ou hazard, que ces noms ou ces adjectifs anomaux soient les seuls qu'il ait plû aux Grammairiens d'appeller spécialement indéclinables. J'aimerois beaucoup mieux que cette dénomination eût été réservée pour désigner la propriété de toute une espece, en y ajoûtant, si l'on eût voulu, la distinction de l'indéclinabilité naturelle & de l'indéclinabilité usuelle: dans ce cas, les anomaux dont il s'agit ici, auroient dû plutôt se nommer indéclinés qu'indéclinables, parce que leur indéclinabilité est un fait particulier qui déroge à l'analogie commune par accident, & non une suite de cette analogie.
Quoi qu'il en soit de la dénomination, ces anomaux indéclinables n'apportent dans l'élocution latine aucune équivoque; & il est d'un usage bien entendu, quand on fait l'analyse d'une phrase latine où il s'en trouve, de leur attribuer les mêmes fonctions qu'aux mots déclinés. Ainsi en analysant cette [p. 669]
Mais ce qui est raisonnable par rapport à la phrase
latine, seroit ridicule & faux dans la phrase françoise.
Dire que dans j'obéis au roi, au roi est au datif,
c'est introduire dans notre langue un jargon qui
lui est étranger, & y supposer une analogie qu'elle
ne connoît pas,
INDÉFINI (Page 8:669)
INDÉFINI, adj. (Géomét.) Voyez
Indéfini (Page 8:669)
1°. Sens indéfini.
Les adjectifs & les verbes, considérés en eux - mêmes, n'ont qu'un sens indéfini, par rapport à l'objet auquel leur signification est appliquable grand, durable, expriment à la vérité quelque être grand, quelque objet durable; mais cet être, cet objet, est ce un esprit ou un corps? est - ce un corps animé ou inanimé? est - ce un homme ou une brute? &c. La nature de l'être est indéfinie, & ce n'est que par des applications particulieres que ces mots sortiront de cette indétermination, pour prendre un sens défini, du - moins à quelques égards; un grand homme, une grande entreprise, un ouvrage durable, une estime durable. C'est la même chose des verbes considérés hors de toute application.
Je dis que les applications particulieres tirent ces mots de leur indétermination, du - moins à quelques égards. C'est que toute application qui n'est pas absolument individuelle ou spécisique, c'est - à - dire qui ne tombe pas précisément sur un individu ou sur toute une espece, laisse toujours quelque chose d'indéfini dans le sens: ainsi quand on dit un grand homme, le mot grand est défini par son application à l'espece humaine; mais ce n'est pas à toute l'espece, ni à tel individu de l'espece; ainsi le sens demeure encore indéfini à quelques égards, quoiqu'à d'autres il soit déterminé.
Les noms appellatifs sont pareillement indéfinis en
eux - mêmes. Homme, cheval, argument, désignent à
la vérité telle ou telle nature; mais si l'on veut qu'ils
désignent tel individu, ou la totalité des individus
auxquels cette nature peut convenir, il faut y ajouter
d'autres mots qui en fassent disparoître le sens indéfini: par exemple, cet homme est savant, l'homme
est sujet à l'erreur, &c. Voyez
2°. Article indéfini. Quelques Grammairiens françois, à la tête desquels il faut mettre l'auteur de la Grammaire générale, Part. II. ch. vij, ont distingué deux sortes d'articles, l'un défini, comme le, la; & l'autre indéfini, comme un, une, pour lequel on met de ou des au pluriel.
Non content de cette premiere distinction, la Touche vint après M. Arnauld & M. Lancelot, & dit qu'il
y avoit trois articles indéfinis:
Je ne dois pas répéter ici les raisons qui prouvent
que nous n'avons en effet ni cas ni déclinaisons
(voyez ces mots); mais j'observerai d'abord avec M.
Duclos (Rem. sur le chap. vij. de la II. Part. de la
Gramm. génér.)
En effet, dès qu'il est arrêté que nos noms ne subissent à leur terminaison aucun changement qui puisse être regardé comme cas, que les sens accessoires représentés par les cas en grec, en latin, en allemand, & en toute autre langue qu'on voudra, sont suppléés en françois, & dans tous les idiomes qui ont a cet égard le même génie, par la place même des noms dans la phrase, ou par les prépositions qui les précedent; enfin que la destination de l'article est de faire prendre le nom dans un sens précis & déterminé: il est certain, ou qu'il ne peut y avoir qu'un article, ou que s'il y en a plusieurs, ce seront différentes especes du même genre, distinguées entre elles par les différentes idées accessoires ajoutées à l'idée commune du genre.
Dans la premiere hypothese, où l'on ne reconnoîtroit
pour article que le, la, les, la conséquence
est toute simple. Si l'on veut déterminer un nom,
soit en l'appliquant à toute l'espece dont il exprime
la nature, soit en l'appliquant à un seul individu détérminé
de l'espece, il faut employer l'article; c'est
pour cela seul qu'il est institué: l'homme est mortel,
détermination spécifique; l'homme dont je vous parle,
&c. détermination individuelle. Si on veut employer
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