ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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INCORRECTION (Page 8:656)

* INCORRECTION, s. f. (Gram. Littér. Dessein.) Si le style s'écarte souvent des lois de la Grammaire, on dit qu'il est incorrect, qu'il est plein d'incorrection. Si une figure dessinée peche contre les proportions reçues, on dit qu'elle est incorrecte. Le reproche d'incorrection suppose un modele connu, auquel on compare l'imitation. Voyez Correction.

INCORRIGIBLE (Page 8:656)

INCORRIGIBLE, adj. (Gram.) qui ne peut être corrigé. L'imbécillité, l'opiniâtreté & les passions rendent les hommes incorrigibles. Ou ils ne conçoivent pas la vérité des conseils qu'on leur donne, ou ils en conviennent, & n'ont pas la force de les suivre. Je ne sais pas comment on corrige les enfans mal - nés; il y a des vices de l'esprit qui sont incorrigibles. On ne donne pas de la sensibilité à ceux qui n'en ont point: je doute qu'on rectifie le jugement. Si un enfant pêche par défaut de sensibilité, il faut lui imprimer profondement des idées d'ordre & de justice: heureux s'il peut les recevoir & les conserver! Quand on trouve trop de difficultés à affoiblir une passion, il faut en fortifier une autre, & n'abandonner un enfant à son sort, qu'après avoir tout tenté pour le corriger.

INCORRUPTIBLE (Page 8:656)

INCORRUPTIBLE, adj. (Gram.) qui n'est point sujet à corruption. Voyez Corruption. Il n'y a rien dans la nature d'incorruptible. Cependant la corruption ne se dit guere que des substances animales & végétales. On regarde les sels, les pierres, les métaux, &c comme incorruptibles. Les sels se dissolvent, se décomposent, les pierres tombent en poudre, les métaux se réduisent en chaux, encore fautil en excepter l'or.

Incorruptible se dit au figuré. Un juge incorruptible. Il y a peu de gens dont la probité soit incorruptible.

Incorruptibles (Page 8:656)

Incorruptibles, s. m. pl. (Théol.) nom de sectes.

Les incorruptibles étoient un rejetton des Eutychiens.

Ils disoient que le corps de J. C. étoit incorruptible; par - là ils entendoient que dès qu'il fut formé dans le sein de sa mere, il n'étoit susceptible d'aucun changement, ni d'aucune altération, pas même des passions naturelles & innocentes, comme la faim & la soif; en sorte qu'avant sa mort il mangeoit sans besoin, comme après sa résurrection. On voit par là d'où leur venoit ce nom: on les appelloit aussi incorrupticoles. Dict. de Trévoux.

INCRASSANT, ou EPAISSISSANT (Page 8:656)

INCRASSANT, ou EPAISSISSANT, (Médecine thérapeutique) Les Medecins appellent incrassation, ou épaississement procuré aux humeurs par des remedes, le changement de ces humeurs trop fluides, trop subtiles, en une consistance plus dense, plus tenace, plus grossiere.

La plus grande fluidité, qu'on a aussi appellé la dissolution des humeurs, a été un vice très - anciennement observé; & la vûe de la corriger par des remedes, est comptée parmi les indications médecinales dès le commencement de la Médecine rationnelle. Mais les anciens, les Galenistes sur - tout n'ont considéré ce vice que dans les humeurs excrémenticielles, & principalement dans la bile. Ils le regardoient comme un obstacle à l'évacuation suffisante & utile de ces humeurs, comme les empêchant de céder à l'action de la force expultrice, ou comme propre à une humeur particuliere, qui étant mêlée à la masse du sang, l'agitoit, le rarefioit, produisoit l'orgasme. Voyez Orgasme. Wedel & Juncker auteurs modernes, qui sont mis avec raison au premier rang pour la théorie de l'action des médicamens, ne donnent point d'autre idée de l'état des humeurs qui indique l'incrassation.

C'est une invention, & vraisemblablement un préjugé de notre siecle, que l'opinion d'une dissolution de la masse entiere des humeurs, du sang pro<cb-> prement dit, de la lymphe, &c. & que le projet de les épaissir par les secours de l'art.

La Medecine moderne emploie à produire l'incrassation, entendue en ce dernier sens, des remedes de différentes vertus. Les évacuans de toutes les especes, par le moyen desquels on chasse du corps la partie la plus liquide de la masse du sang; l'exercice pour fortifier les organes qui sont mis par - là en état de condenserles humeurs; les remedes toniques acides, acerbes, austeres dans la même vûe; les astringens styptiques vulgaires, qu'on croit altérer directement & immédiatement la consistance des humeurs; les anodins, & antispasmodiques, antorgasmiques, qui sont censés agir en calmant leur fougue; & enfin les incrassans, proprement dits, qui font le sujet propre de cet article. Voyez sur l'action des autres remedes que nous venons d'indiquer leurs articles particuliers: Evacuant, Exercice, Styptique , &c.

Les remedes appellés incrassans par excellence sont des substances fournies par le regne végétal, & par le regne animal, fades, inodores, collantes, solubles dans les liqueurs aqueuses, qu'elles épassissent & qu'elles rendent gluantes sensiblement; & qui étant digérées & portées dans la masse du sang, sont censées y produire le même effet par une vraie mixtion, interposition, introsusception de leur substance entiere & inaltérée, immediatâ & substantiali sui miscelâ, interpositione, introsusceptione, solutione.

Les médicamens auxquels on accorde éminemment cette propriété, sont la plûpart des substances muqueuses, végétales, & animales, & principalement les émulsions ordinaires sucrées, le suc & les décoctions de réglisse; les décoctions ou tisannes de citrouille, de carouge, de racine de guimauve, de grande consoude, qui est bien plus mucilagineuse que styptique, &c. l'orge, le riz, l'avoine, le sagou, & presque tous les farineux, Voyez Farineux, soit en décoction, soit préparés en crême, ou en potage avec l'eau, le lait; les émulsions végétales, comme le lait d'amande, &c. ou le bouillon; les décoctions, & le syrop de chou rouge, & de navet; les châtaignes, le chocolat appellé de santé, les sucs gélatineux animaux, tels que la gelée de corne de cerf, les bouillons de limaçons, de grenouilles, & ceux de jeunes animaux; comme poulets & veaux, les brouets, ou bouillons légers de ces dernieres viandes appellés communément eau de poulet, eau de veau, les bouillons de veau au bain - marie fort usités à Montpellier, les oeufs, le lait & les laitages, &c.

Pour évaluer exactement les vertus réelles de ces substances, il faut observer,

Premierement, que ce sont ici des véritables alimens, des alimens purs & proprement dits exquisita, des alimens qui ne sont point du tout médicamenteux. Voyez Nourrissant & Médicament.

Secondement, que toutes ces substances, & en général toutes les substances propres à nourrir les animaux, sont sujets à un changement spontané, appellé fermentation (Voyez Fermentation.), & que le premier effet de ce changement est de détruire la viscosité de ces substances, qui ne leur est ensuite jamais rendue par aucune altération ultérieure.

Troisiemement, que ces substances éprouvent dans l'estomac & dans les intestins une altération qui détruit encore plus puissamment leur consistance, leur viscosité, & qu'elles ne fournissent constamment au sang qu'une liqueur toujours très - fluide & très - ténue, savoir, le chyle, lequel recevant des élaborations ultérieures dans les organes de la sanguification, est absolument différent, dégénéré de la matiere qui l'a fourni, avant d'être véritablement incorporé, assimilé avec le sang.

Quatriemement, qu'il n'en est pas moins vrai que lorsqu'on mange des corps farineux & des doux non [p. 657] fermentés, la salive, & vraisemblablement les humeurs oesophagiene & gastrique sont épaissies & rendues gluantes.

Cinquiemement, il est observe encore que ceux qui tirent leur nourriture ordinaire des corps farineux non fermentés, comme du blé de Turquie & des chataignes, qui sont l'aliment commun des habitans de plusieurs provinces, que ces hommes, dis - je, sont gros, gras, pour ainsi dire empâtés, & en même - tems lourds, paresseux, foibles.

On peut tirer de ces observations les conséquences suivantes:

Premierement, que les remedes appellés incrassans ne sont pas proprement des médicamens; & que puisqu'ils sont au contraire de simples & véritables alimens, ils doivent être employés à grande dose, & pendant longtems, s'ils sont en effet indiqués quelquefois.

Secondement, qu'on évalue très - mal leur opération sur les humeurs du corpsvivant, dans le sein desquelles ils sont introduits par la route commune du chyle, & après avoir essuyé divers changemens considérables, en estimant cette opération par les effets de ces substances inaltérées sur des liqueurs mortes, inertes, contenues dans des vaisseaux purement passifs, in vitro, & que s'il n'est pas démontrable à la rigueur que ces prétendus incrassans n'operent sur les humeurs aucun épaississement direct & immédiat, du moins cette assertion est - elle très - vraisemblable: surquoi on peut faire cette remarque singuliere, que de tous les moyens d'incrassation artificielle proposés au commencement de cet article, le plus vain, le plus nul, du moins le plus incertain, c'est l'emploi des matieres appellées incrassantes par excellence.

Troisiemement, que l'épaississement réellement causé à la salive, & les sucs oesophagien & stomacal, par l'usage des farineux non fermentés, & surtout des doux exquis, n'infirme en rien le sentiment que nous venons de proposer, parce que ces sucs sont immédiatement imprégnés, chargés de ces substances immuées, inaltérées. Cette considération en fournit une autre qui est immédiatement liée à la premiere; c'est qu'il n'y a que les sucs & les organes digestifs qui soient évidemment affectés par nos incrassans, & qu'ainsi l'on peut raisonnablement déduire leurs vertus médicinales, s'ils en ont en effet, de leur action sur les sucs & sur ces organes.

Quatriemement enfin, que le mol embonpoint des alphitophages, ou mangeurs de farine, ne prouve rien en faveur de la théorie vulgaire, c'est - à - dire de celle qui fait agir ces matieres dans le corps comme dans les vaisseaux chimiques, car certainement être gros & gras, n'est pas la même chose qu'avoir les humeurs épaisses & visqueuses.

Mais comme un moyen curatif peut être très utile, quoiqu'on n'ait qu'une fausse théorie de son action, & que par conséquent, après avoir démontré l'insuffisance de celle - ci, il reste à savoir encore quels sont les usages des corps bien ou mal nommés incrassans. Nous dirons premierement que l'espece d'aliment pur, doux, de facile digestion, abondant en matiere nutritive, auquel on a donné le nom d'incrassant, est bon, & vraisemblablement à cause des qualités que nous venons d'y remarquer dans les cas suivans.

On les donne communément & avec succès aux personnes seches, exténuées, épuisées par le travail, ou par un usage excessif de l'acte vénérien; aux phtisiques, à ceux qui sont attaqués de toux opiniâtres, qui sont dans le marasme, ou dans la fievre hectique; à ceux qui sont sujets aux dartres, aux éresipeles, aux rhumatismes; dans les ophtalmies, avec écoulement d'humeurs abondantes & acres; dans le scorbut, les flux de ventre colliquatifs, les sueurs abondantes, la fievre ardente putride, &c.

Il nous reste à observer que nous avons dans l'art, outre ces incrassans généraux, des incrassans particuliers, d'une humeur excrémenticielle particuliere, c'est - à - dire des incrassans, dans le sens des anciens; savoir, ceux qu'on destine à épaissir l'humeur bronchique, ou à mûrir la matiere des crachats dans les rhumes. Ces remedes sont une espece de béchique, ou pectoral. Voyez Pectoral, Méd. thérap. (b)

INCRÉDULE, INCRÉDULITÉ (Page 8:657)

INCRÉDULE, INCRÉDULITÉ, (Gramm.) L'incrédulité est définie par le diction. de Trév. une disposition d'esprit qui nous fait rejetter les choses, à moins qu'elles ne nous soient bien démontrées: en ce sens l'incrédulité est une qualité louable, excepté en matiere de foi.

Il y a deux sortes d'incrédulité, l'une réelle & l'autre simulée.

L'incrédulité réelle ne peut être vaincue que par des raisons supérieures à celles qui s'opposent dans notre esprit à la croyance qu'on exige.

Il faut abandonner à son malheureux sort l'incrédulité simulée; il faut attendre cette sorte d'hypocrite au dernier moment, à ce moment où l'on n'a plus la force de s'en imposer à soi - même ni aux autres.

INCRÉÉ (Page 8:657)

* INCRÉÉ, adj. (Gramm.) qui n'a point eu de commencement, & conséquemment n'aura point de fin. Tous les anciens Philosophes ont dit, rien ne se fait de rien; ainsi la matiere étoit, selon eux, incréée, éternelle. Pour nous, il n'y a que Dieu qui soit incréé. Voyez les articles Dieu & Création.

INCROYABLE (Page 8:657)

* INCROYABLE, adj. (Gram. & Métaphysiq.) ce qui ne nous paroît pas digne de foi. Il faut avoir égard aux circonstances, au cours ordinaire des choses, à la nature des hommes, au nombre de cas où de pareils évenemens ont été démontrés faux, à l'utilité, au but, à l'intérêt, aux passions, à l'impossibilité physique, aux monumens, à l'histoire, aux témoins, à leur caractere, en un mot, à tout ce qui peut entrer dans le calcul de la probabilité, avant que de prononcer qu'un fait est digne ou indigne de notre croyance.

Le mot incroyable est hyperbolique, comme dans ces exemples: Xercès fit passer dans la Grece une multitude incroyable de soldats. Alexandre se plaisoit à tenter des choses incroyables.

Celui qui ne trouve rien d'incroyable est un homme sans expérience & sans jugement.

Celui qui ne croit rien, & à qui tout paroît également impossible, a un autre vice d'esprit qui n'est pas moins ridicule.

Il y a une telle diversité dans la constitution générale des hommes, qu'il n'y en a pas deux à qui un même fait paroisse également croyable ou incroyable. Faites - en l'expérience, & vous verrez que celui - ci vous dira que la vraissemblance que telle chose est, à la vraissemblance qu'elle n'est pas, est dans le rapport de 1 à 10, & l'autre dans le rapport de 1 à 1000.

INCRÉMENT (Page 8:657)

INCRÉMENT, dans la Géométrie se dit de la quantité dont une quantité variable augmente ou croît; si la quantité variable décroît ou diminue, sa diminution ou son décroissement s'appelle encore alors incrément; mais l'incrément est négatif. Voyez Différentiel & Fluxion.

M. Taylor a appellé incrémens les quantités différentielles. Voyez son ouvrage intitulé Methodus incrementorum, &c. (O)

INCRUSTATION (Page 8:657)

INCRUSTATION, s. f. (Hist. nat. Minéralog.) On nomme ainsi une croûte ou enveloppe de pierre qui se forme peu à peu autour des corps qui ont séjourné pendant quelque tems dans de certaines eaux.

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