ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"654"> en sortant de l'entendement, retrouver des objets sensibles pour se rattacher. Voilà en Philosophie le moyen de reconnoitre les mots vuides d'idées. Prenez un mot: prenez le plus abstrait; décomposez le; décomposez - le encore, & il se résoudra en dernier lieu en une représentation sensible. C'est qu'il n'y a en nous que des représentations sensibles, & des mots particuliers qui les désignent, ou des mots généraux qui les rassemblent sous une même classe, & qui indiquent que toutes ces représentations sensibles, quelque diverses qu'elles soient, ont cependant une qualité commune.

INCONCEVABLE (Page 8:654)

* INCONCEVABLE, adj. (Gramm.) il se dit d'une maniere absolue, ou d'une maniere relative. Dans le premier sens, inconcevable est synonyme à incompréhensible (voyez ce mot); dans le second on a égard au cours ordinaire des choses, & c'est sous ce point de vûe qu'on dit d'une chose qu'elle est imcompréhensible ou inconcevable. Exemple, si un homme fait une action qui le deshonore, qui renverse sa fortune, qui soit contraire à ses penchans, en un mot dans laquelle on n'apperçoive rien qui ait pû l'annoncer ou la faire prévoir, on dit qu'elle est inconcevable.

Inconcevable est encore une expression d'exagération, comme nous en avons une infinité d'autres qui ont perdu toute leur énergie par l'application qu'on en fait dans des circonstances puériles & communes. Ainsi nous disons d'un poëte, qu'il a une peine ou une facilité inconcevable à faire des vers.

INCONFIDENS (Page 8:654)

INCONFIDENS, (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on nommoit dans les royaumes d'Espagne, de Naples & de Sicile, au commencement de ce siecle, les personnes peu affectionnées au gouvernement actuel, & soupçonnées d'entretenir une correspondance illicite avec la maison d'Autriche qui prétendoit à ces couronnes, & ses partisans. Philippe V. roi d'Espagne, établit des tribunaux pour rechercher ceux qui étoient dans ces dispositions; ils avoient ordre de s'assûrer de leurs personnes, ou de les éloigner du pays.

INCONGRU, INCONGRUITÉ (Page 8:654)

* INCONGRU, INCONGRUITÉ, (Gram.) le premier se dit des fautes contre la langue ou la Logique; & le fecond, des fautes contre l'honnêteté, la bienséance & les usages reçus. Le dictionnaire de Trévoux rend incongruité par inurbanitas; mais inurbanitas marque une habitude, & incongruité ne marque qu'une action.

INCONNU (Page 8:654)

* INCONNU, adj. (Gram.) il ne se dit point des choses qu'on ne connoit point; car on ne dit rien de ce qu'on ne connoit pas, mais des choses qu'on connoit & des qualités qu'on y soupçonne. Ainsi nous voyons des effets dans la nature; nous ne doutons point qu'ils ne soient liés, mais la liaison nous en est inconnue. Nous voyons agir un de nos semblables, nous lui supposons un motif bon ou mauvais, mais il nous est inconnu. L'épithete inconnu se joint toûjours à quelque chose qu'on connoit.

Inconnue (Page 8:654)

Inconnue, adj. pris substantiv. (terme d'Algebre.) On appelle ainsi la quantité qu'on cherche dans la solution d'un problème. Voyez Equation, Problème, &c. (O)

INCONSEQUENCE, INCONSEQUENT (Page 8:654)

* INCONSEQUENCE, INCONSEQUENT, (Gram. Logiq. & Morale.) il y a inconséquence dans les idées, dans le discours & dans les actions. Si un homme conclut de ce qu'il pense ou de ce qu'il énonce le contraire de ce qu'il devroit faire, il est inconséquent dans son discours & dans ses idées. S'il tient une conduite contraire à celle qu'il a déja tenue, ou contraire à ses intérêts; il est inconséquent dans ses actions. Il y a encore une troisieme inconséquence, c'est celle des pensées & des actions, & c'est la plus commune. Il y a mille fois plus d'inconséquence encore dans la vie que dans les jugemens. Il ne faut cependant pas dire d'un homme qui tremble dans les ténebres, & qui ne croit point aux revenans, qu'il soit inconséquent. Sa frayeur n'est pas libre. C'est un mouvement habituel dans ses organes qu'il ne peut empêcher, & contre lequel sa raison réclame inutilement.

INCONSIDERÉ (Page 8:654)

* INCONSIDERÉ, adj. (Gram.) il se dit ou des actions ou des discours, lorsqu'on n'en a pas pesé les conséquences. On se perd par un propos inconsidéré; on s'embarrasse par une promesse inconsidérée; on se ruine par une largesse inconsidérée.

Il se dit aussi des personnes. Vous êtes un inconsidéré; vous vous êtes déchaîné contre la galanterie au milieu d'un cercle de femmes.

INCONSTANCE (Page 8:654)

* INCONSTANCE, s. f. (Gram. & Morale.) indifférence ou dégoût d'un objet qui nous plaisoit; si cette indifférence ou ce dégoût naît de ce qu'à l'examen nous ne lui trouvons pas le mérite qui nous avoit séduit, l'inconstance est raisonnable; s'il naît de ce que nous n'éprouvons plus dans sa possession le plaisir qu'il nous faisoit; s'il est le même, mais s'il ne nous émeut plus; s'il est usé pour nous; s'il ne nous fait plus cette impression qui nous enchaînoit; si la fée a perdu sa baguette, il faut que le charme cesse, & l'inconstance est nécessaire. Celui qui fait des voeux qu'il ne pourra rompre; celui qui prononce un serment qui l'engage à jamais, est quelquefois un homme qui présume trop de ses forces, qui s'ignore lui - même & les choses du monde. Je ne connois qu'un remede à l'inconstance, c'est la solitude & les soins assidus. Fuir la dissipation qui nous répandroit sur trop d'objets, pour que nous pussions demeurer à un seul. Sur - tout multiplier les sacrifices. Vous vous rendrez tous les jours l'un à l'autre plus agréables, si tous les jours vous vous rendez l'un à l'autre plus nécessaires. Je ne blâme point l'inconstance qui nous fait abandonner un objet de prix pour un objet plus précieux encore, dans toutes ces bagatelles qui ne souffrent point, qui ne sentent point, & qui font notre bonheur sans le partager. Mais en amitié, en attachement de coeur, si l'on permettoit cette préférence; on quitteroit, on seroit quitté, & la porte seroit ouverte au plus étrange déréglement.

INCONTESTABLE (Page 8:654)

* INCONTESTABLE, adj. (Gramm.) qui ne peut être contesté. Il se dit d'une rente, d'un fait, d'un titre, d'un droit, &c.

INCONTINENCE (Page 8:654)

INCONTINENCE, subst. fem. (Morale.) vice opposé à la pudicité, à la continence. Voyez Continence.

Nous ne décrirons point les diverses especes d'incontinence, elles ne sont que trop connues, & quelques - unes trop honteuses pour que la pudeur ne fût pas allarmée d'un pareil détail. Il nous suffira donc de quelques remarques sur ce déréglement dans la recherche des plaisirs de l'amour.

La corruption qui en résulte est double, parce qu'elle se porte d'abord sur deux personnes, & que d'ailleurs ses mauvais effets se répandant ensuite sur plusieurs, confondent les droits des familles & ceux des successions; par conséquent tout le corps de l'état en souffre, & la dépopulation de l'espece s'en ressent à proportion que le vice prend faveur.

Il la prend nécessairement avec le luxe qu'il accompagne toûjours, & dont il est toûjours accompagné; c'est ce qu'on vit à Rome sous les empereurs. Comme leurs lois ne tendoient ni à réprimer le luxe, ni à corriger les moeurs, on afficha sans crainte le débordement de l'incontinence publique.

Il n'est pas vrai qu'elle suive les lois de la nature, elle les viole au contraire; c'est la modestie, c'est la retenue qui suit ces lois. Mais l'exemple, les conversations licentieuses, les images obscènes, le ridicule qu'on jette sur la vertu, la mauvaise honte [p. 655] qui a tant de force, établissent la licence & la corruption des moeurs dans tout un pays: le nôtre en peut être une assez bonne preuve.

Cependant personne n'ignore à quel point ces sortes d'excès sont funestes, & le nombre des hommes incontinens est assez grand pour en donner des exemples; plusieurs ont péri d'épuisement dans leurs plus beaux jours, tels que de tendres fleurs privées de leur seve par le vent brûlant du midi. Combien d'autres qui ont pris dès leur enfance les germes d'une maladie honteuse, & souvent incurable? La nature, qui n'a voulu accorder aux individus que de courts momens pour se perpétuer, agit pour leur conservation avec la plus grande économie, &, pour ainsi dire, avec la derniere épargne; elle n'opere qu'avec regle & mesure. Si on la précipite, elle tombe dans la langueur. En un mot, elle emploie toute la force qui lui reste à se soûtenir encore, s'il est possible; mais elle perd absolument sa vertu productrice & sa puissance générative. (D.J.)

Incontinence d'urine (Page 8:655)

Incontinence d'urine. (Medecine.) L'incontinence d'urine est une incommodité suffisamment définie par le nom qu'elle porte, & auquel les Medecins n'attachent d'autre sens que son sens naturel.

Cette incommodité est propre à la vessie: elle ne suppose aucun vice dans les organes destinés à séparer l'urine, ni dans cette humeur excrémenticielle. Aussi l'urine répandue par les sujets attaqués de la maladie dont il s'agit, est - elle, tout étant d'ailleurs égal, pareille à celle que rendent les sujets sains; à cela près seulement qu'elle peut être un peu plus crue, c'est - à - dire privée du ton de couleur qu'elle acquiert dans la vessie par le séjour naturel. C'est par là que l'incontinence d'urine est distinguée du diabete ou flux d'urine. Voyez Diabete.

L'incontinence d'urine est encore appellée pissement involontaire, mictus involuntarius. Ce qui suit est tiré du précis de la Médecine - pratique de M. Lieutaud. L'incontinence d'urine, sans cause manifeste, est familiere aux enfans & aux vieillards: elle n'a lieu dans les premiers que pendant le sommeil; mais les vieillards y sont exposés dans tous les tems. L'abus des diurétiques, l'accouchement laborieux, le calcul, les chûtes, l'opération de la taille, le trop long séjour dans l'eau froide, l'apoplexie & les affections soporeuses; le plus haut degré de toutes les maladies aigues, &c. peuvent donner lieu à l'écoulement involontaire de l'urine. L'âge & l'éducation en délivrent les enfans; mais on la guérit rarement dans les vieillards, comme dans tous les cas où elle reconnoît pour cause un vice dans les organes. Tout le monde sait encore combien ce symptôme est redoutable dans les maladies aiguës.

L'incontinence d'urine venant le plus souvent du relâchement ou de la paralysie des organes, on juge que l'ouverture des cadavres ne doit pas nous fournir beaucoup de lumieres: on a vû cependant l'hydropisie de la moëlle de l'épine, la grosseur des reins demesurée, des pierres & des ulceres dans ces visceres (l'auteur de l'article observe conséquemment à l'idée qu'il a donnée de l'incontinence d'urine, que l'écoulement qui a été occasionné par ces vices des reins étoit un vrai diabete, dont le pissement involontaire n'étoit qu'un symptôme), on a trouvé la vessie racornie & incapable de dilatation, ulcérée, livide & gangrenée, contenant des pierres & des abscès, comprimée par la tumeur de la matrice & autres parties voisines. On a rencontré les uretheres extrèmement dilatés, suppléant à la vessie qui étoit très - resserrée, &c. sans faire mention de différens desordres qui donnent lieu aux urines de couler involontairement par le périnée, par le scrotum, par l'anus, l'ombilic, &c.

Les astringeus, tels que l'eau dans laquelle on a éteint des briques rougies au feu, de vin rouge, les roses de Provins, la grande consoude, la prêle, la noix de cyprès, le cachou, le mastic, les martiaux, &c. sont les remedes les plus propres à fortifier les organes relâchés. On peut donner encore dans la même vûe les aromatiques, tels que la menthe, le calament, le poivre, le girofle, la noix muscade, &c. C'est aussi pour la même raison qu'on préfere la rhubarbe & les myrobolans aux autres purgatifs, lorsque l'état des premieres voies en demande. On propose encore les injections aromatiques & fortifiantes, ainsi que les cataplasmes, les fomentations, les linimens, les demi - bains & les lavemens qui ont la même propriété: on a même vû en cette occasion de bons effets des bains froids. Tout le monde a entendu parler de la poudre de souris & de quelques autres remedes de bonnes femmes que le degré de confiance qu'on y attache peut rendre efficaces. (L'auteur de l'article ose encore avancer que dans ce cas les Medecins doivent avoir peu de confiance à cette confiance.) On sait enfin qu'on a imaginé divers instrumens qui, en comprimant la verge & l'uretre, empêchoient l'urine de couler, mais peu de gens peuvent en supporter l'incommodité. On a usé aussi pour les femmes d'un pessaire qui produit le même effet, mais on rencontre de leur part la même difficulté. Je ne parle pas de différens vases de cuir, de verre ou d'argent, propres à recevoir l'urine, que ceux qui veulent se garantir de la mauvaise odeur & de la malpropreté portent sans beaucoup de répugnance.

INCONVENIENT (Page 8:655)

* INCONVENIENT, s. m. (Gram.) il se dit de tout obstacle qui se présente dans la conduite d'une affaire, & de toutes les suites desavantageuses qui naissent de sa conclusion. Il n'y a presque rien qui n'ait ses avantages & ses inconvéniens. L'homme prudent, qui voit dans l'avenir, se garde bien de peser les uns & les autres relativement au moment.

Inconvénient se dit aussi d'une opinion, d'un système, d'une démarche, &c.

INCORPOREL (Page 8:655)

INCORPOREL, adj. (Gram. & Métaphys.) substance spirituelle qui n'a point de corps. Voyez Esprit & Corps.

L'ame de l'homme est incorporelle, & peut subsister sans le corps. Voyez Ame, & Immatériel.

Les idées indépendantes du corps ne peuvent ni être corporelles, ni être reçues dans un sujet corporel. Elles nous découvrent la nature de notre ame, qui reçoit ce qui est incorporel, & qui le reçoit au - dedans de soi d'une maniere incorporelle, excepté le mouvement que mon ame reçoit quand je me meus, & qu'elle reçoit tout - à - fait à la maniere des corps. Voilà donc une modification divisible dans un sujet indivisible.

Incorporel (Page 8:655)

Incorporel, (Jurisp.) se dit des choses nonmatérielles, qui conséquemment n'ont point de corps, & que l'on ne peut toucher corporellement, telles que sont les droits & actions qu'on appelle droits incorporels. Voyez Droits. (A)

INCORPORER (Page 8:655)

INCORPORER, verbe actif, (Gram.) c'est en général unir un corps à un autre; il se dit au simple & au figuré. Ces substances s'incorporent facilement l'une avec l'autre. On a incorporé cette troupe dans celle - ci. Les vaincus furent incorporés aux vainqueurs. Le vice s'incorpore à l'homme; & il faut plus de tems encore pour l'en séparer, qu'il n'en a fallu pour le prendre.

Incorporer (Page 8:655)

Incorporer, (Pharmacie) c'est lier & donner une certaine consistance à un corps pulvérulant, pour en former un électuaire, un bol, un liniment, un onguent; en un mot un remede interne ou externe sous forme solide, en l'introduisant peu - à - peu dans un syrop, une conserve, une graine ou tout autre excipient. (b)

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