ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"644"> ration dans les plaies; une suppuration primitive & abondante qui opere le dégagement de la partie, & un affaissement manifeste: il l'a appellée suppuration préparante, pour la distinguer de cette suppuration louable qui n'est plus que l'excrétion du suc nourricier des parties divisées; il appelle cette suppuration secondaire, suppuration régénérante, parce que c'est quand elle a lieu qu'on croit voir les bourgeons d'une nouvelle chair se développer pour remplir le vuide que l'affaissement seul fait disparoître. Car ce n'est jamais le fond des plaies qui s'éleve au niveau de la surface; il est manifeste que ce sont les bords qui s'affaissent & se dépriment, & qui continuent de le faire à mesure que la suppuration opere le dégorgement des vaisseaux qui s'ouvrent dans la cavité de la plaie. C'est par l'affaissement & la dépression des solides qu'une légere goutte de suc nourricier consolide les orifices de ces vaisseaux de la circonférence au centre, successivement de proche en proche. Supposons un instant que cet affaissement cesse de continuer, supposons qu'il se fasse une régénération de chairs, ce seroit le plus grand obstacle à la cicatrisation. Ces chairs en croissant dans le fond de la plaie, feroient bailler son ouverture, & en augmenteroient les dimensions. Jamais l'extension des vaisseaux qu'on donne pour l'agent de la reproduction des chairs, ne menera au resserrement qui est de l'essence de la cicatrice, puisque sans ce resserrement il est de toute impossibilité qu'il se fasse une consolidation. Nous voyons tous les jours que par l'usage indiscret des remedes relachans & huileux dans les plaies, le tissu des chairs s'amollit, & qu'elles deviennent pâles & fongueuses; il faut les affaisser par des remedes dessicatifs; on panse avec de la charpie seche, souvent il faut avoir recours à des caustiques tels que la pierre infernale pour donner aux chairs engorgées la consistence nécessaire, & les mettre dans l'état de dépression qui permet la consolidation. Il est certain que la cicatrice n'avancera point si la dépression est interrompue. Que seroit - ce si les chairs augmentoient & se reproduisoient? Les sujets bien constitués qui sur la fin de la guérison d'une plaie avec déperdition de substance, se livrent à leur appétit, & prennent une nourriture trop abondante, retardent par cette augmentation de sucs nourriciers, la formation de la cicatrice. La plaie se r'ouvre même quelquefois par le gonflement des chairs qui rompt une cicatrice tendre & mal affermie, par ce qu'il détruit manifestement l'ouvrage de la dépression.

Il y a des cas où la grande maigreur est un obstacle à la réunion des parties divisées; ceux qui sont dans cet état doivent être nourris avec des alimens d'une facile digestion, qui refournissent la masse du sang de sucs nourriciers. Mais dans ce cas - là même on doit distinguer le rétablissement de l'embonpoint nécessaire jusqu'à un certain dégré, d'avec la prolongation végétative des vaisseaux qui opéroit la régénération d'une nouvelle substance. Comme la réunion ne peut jamais se faire que par l'affaissement des parties, c'est une raison pour qu'on n'en doive pas attendre dans les sujets exténués: il faut donc leur donner un degré d'embonpoint qui puisse permettre aux parties le mécanisme sans lequel la réunion n'auroit jamais lieu.

Le fait de pratique qui m'arrête le plus sur l'idée de la régénération, c'est la réunion d'une plaie à la tête, avec perte de tégumens qui laissent une assez grande portion du crane à découvert. On voit dans ce cas les chairs qui bourgeonnent de toute la circonférence des tégumens, & qui gagnent insensiblement sur une surface convexe qui ne se déprime point. Mais j'ai bien - tôt découvert l'erreur de mes sens. Les bourgeons charnus ne croissent pas sur la surface de l'os; c'est l'exfoliation de sa lame extérieure, si mince qu'on voudra la supposer, qui découvre la substance vasculeuse par laquelle l'os est organisé & au nombre des parties vivantes. Ce réseau se tuméfie un peu parce qu'il n'est plus contenu par la lame osseusse dont il étoit recouvert avant l'exfoliation de cette lame. Cette tuméfaction est légere & superficielle, & n'est qu'accidentelle & passagere; car la cicatrice qui se forme de la circonférence au centre, ne se fait réellement que par l'affaissement & la conglutination successive de ces bourgeons vasculeux tuméfiés. S'ils ne s'affaissoient point, la cicatrice n'avanceroit pas: il est certain qu'ils se dépriment, & que la cicatrice bien faite est toujours plus basse que le niveau des chairs. La cicatrice dans le cas posé, recouvre l'os immédiatement, & y a de très - fortes adhérences, sans aucune partie intermédiaire; cela ne peut être autrement, puisque cette cicatrice n'est elle - même que l'obturation des vaisseaux découverts par l'exfoliation, & dont les extrémités qui produisoient le pus, sont fermés par une goutte de suc nourricier épaissi. En déposant toute préoccupation, & en consultant les faits avec une raison éclairée, on connoîtra bien - tôt que dans la réunion des plaies, l'idée de leur incarnation n'est pas soutenable. (Y)

INCASSAN (Page 8:644)

INCASSAN, (Géog.) petite contrée d'Afrique sur la côte d'or; les Brandebourgeois y ont formé quelques habitations, mais qui ne seront pas vraissemblablement de durée. (D. J.)

INCATENATI (Page 8:644)

INCATENATI, (Hist. littéraire.) nom d'une société littéraire établie à Vérone en Italie, qui avoit pour objet l'avancement des sciences & des connoissances humaines; ce nom pourroit convenir à presque toutes les sociétés de gens de lettres, à qui on cherche toujours à donner des entraves, comme si on craignoit que les lumieres ne devinssent trop communes. Quoi qu'il en soit, cette société ne subsista à Vérone que jusqu'en 1543; elle fut alors réunie à celle des Philarmonici.

INCENDIAIRE (Page 8:644)

INCENDIAIRE, s. m. (Gram.) scélérat qui met le feu aux édifices des particuliers. L'incendiaire est puni des plus rigoureux supplices.

INCENDIE (Page 8:644)

* INCENDIE, s. m. (Gram.) grand feu allumé par méchanceté ou par accident. Les villes bâties en bois sont sujettes à des incendies. Les fermes isolées dans les campagnes, sont quelquefois incendiées par des malfaiteurs. On a des seaux & des pompes publics qu'on emploie dans les incendies.

Il se prend aussi au figuré. Il ne faut quelquefois qu'un mot indiscret pour allumer un incendie dans une ame innocente & paisible. Le Dante a renfermé les héresiarques dans des tombeaux, d'où l'on voit la flamme s'échapper de toutes parts, & porter aux loin l'incendie. Cette image est belle.

Incendies (Page 8:644)

Incendies, (caisse des) Hist. mod. Dans plusieurs provinces d'Allemagne on a imaginé depuis quelques années un moyen d'empêcher ou de réparer une grande partie du dommage que les incendies pouvoient causer aux particuliers qui ne sont que trop souvent ruinés de fond en comble par ces fâcheux accidents. Pour cet effet, dans chaque ville la plûpart des citoyens forment une espece d'association autorisée & protégée par le souverain, en vertu de laquelle les associés se garantissent mutuellement leurs maisons, & s'engagent de les rebâtir à frais communs lorsqu'elles ont été consumées par le feu. La maison de chaque propriétaire est estimée à sa juste valeur par des experts préposés pour cela; la valeur est portée sur un registre qui demeure déposé à l'hôtel - de - ville où l'on expédie au propriétaire qui est entré dans l'association, un certificat dans lequel on marque le prix auquel sa maison a été évaluée; alors le propriétaire est engagé à payer [p. 645] en cas d'accident une somme proportionnée à l'estimation de sa maison, ce qui forme un fonds destiné à dédommager celui dont la maison vient à être brûlée.

Dans quelques pays chaque maison après avoir été estimée & portée sur le registre, paye annuellement une somme marquée, dont on forme le capital qui doit servir au dédommagement des particuliers; mais on regarde cette méthode comme plus sujette à des inconvéniens que la précédente; en effet elle peut rendre les citoyens moins vigilans par la certitude d'être dédommagés, & la modicité de ce qu'ils payent annuellement peut tenter ceux qui sont de mauvaise foi, à mettre eux - mêmes le feu à leurs maisons, au lieu que de la premiere maniere chacun concourt proportionnellement à dédommager celui qui perd sa maison.

L'usage d'assurer ses maisons contre les incendies subsiste aussi en Angleterre; on peut aussi y faire assurer ses meubles & effets; on a pris dans ces chambres d'assurances des précautions très - sûres pour prévenir les abus, la mauvaise foi des propriétaires, & les incendies.

INCÉRATION (Page 8:645)

INCÉRATION, s. f. (Pharmac.) réduction de quelque substance seche, par un mélange insensible d'un liquide approprié, jusqu'à ce que le tout for me la consistence d'une cire molle. (D. J.)

INCERTAIN (Page 8:645)

INCERTAIN, adj. (Gram.) Voy. Incertitude.

Incertain (Page 8:645)

Incertain, (Maréchalerie.) se dit des chevaux qui ne sont pas fermes dans le manége dont on les recherche, ou qui ne le savent pas bien encore. On dit ce cheval est incertain, inquiet & turbulent; il faut le confirmer dans tel & tel manége. Voyez Confirmer.

INCERTITUDE (Page 8:645)

INCERTITUDE, s. f. (Métaphysique.) état d'indécision de l'ame, lorsque les sensations, les perceptions, font sur elle des impressions égales, ou à - peu - près égales. Cet état dure jusqu'à ce que de nouvelles sensations ou perceptions liées avec les dernieres qui nous étoient présentes, viennent rompre l'équilibre, nous entraîner, & nous décider tantôt bien, tantôt mal, mais d'ordinaire assez promptement. (D. J.)

INCESSIBLE (Page 8:645)

INCESSIBLE, adj. (Gram. & Jurisprud.) se dit de ce qui ne peut être cédé ou transporté par une personne à une autre. Par exemple, le droit de retrait lignager est incessible. (A).

INCESSION (Page 8:645)

INCESSION, s. f. terme de Médecine, espece de demi - bain ordinairement préparé avec la décoction de différentes plantes propres pour les extrémités inférieures: dans l'incession le malade s'assied jusqu'au nombril. Voyez Bain.

Ses usages sont d'appaiser les douleurs, d'amollir les parties, de chasser les vents, & d'exciter les regles.

INCESTE (Page 8:645)

INCESTE, s. f. (Théolog.) conjonction illicite entre des personnes qui sont parentes jusqu'aux dégrés prohibés par les loix de Dieu ou de l'Eglise.

L'inceste se prend plûtôt pour le crime qui se commet par cette conjonction, que pour la conjonction même, laquelle dans certains tems & dans certains cas, n'a pas été considérée comme criminelle: car au commencement du monde, & encore assez longtems depuis le déluge, les mariages entre freres & soeurs, entre tante & neveu, & entre cousins - germains, ont été permis. Les fils d'Adam & d'Eve n'ont pû se marier autrement, non plus que les fils & filles de Noé, jusqu'à un certain tems. Du tems d'Abraham & d'Isaac, ces mariages se permettoient encore; & les Perses se les sont permis bien plus tard, puisqu'on dit que ces alliances se pratiquent encore à - présent chez les restes des anciens Perses. Voyez Gavres ou Guebres.

Quelques auteurs pensent que les mariages entre freres & soeurs & autres proches parens ont été permis, ou du moins tolérés jusqu'au tems de la loi de Moyse; que ce législateur est le premier qui les ait défendus aux Hébreux. D'autres tiennent le contraire; & il est mal - aisé de prouver ni l'un ni l'autre sentiment, faute de monumens historiques dé ces anciens tems.

Les mariages défendus par la loi de Moyse, sont 1°. entre le fils & sa mere, ou entre le pere & sa fille, & entre le fils & la belle - mere. 2°. Entre les freres & soeurs, soit qu'ils soient freres de pere & de mere, ou de l'un & de l'autre seulement. 3°. Entre l'ayeul ou l'ayeule, & leur petit - fils ou leur petitefille. 4°. Entre la fille de la femme du pere & le fils du même pere. 5°. Entre la tante & le neveu; mais les rabbins prétendent qu'il étoit permis à l'oncle d'épouser sa niece. 6°. Entre le beau pere & la bellemere. 7°. Entre le beau - frere & la belle - soeur Cependant il y avoit à cette loi une exception, savoir, que lorsqu'un homme étoit mort sans enfans, son frere étoit obligé d'épouser la veuve pour lui susciter des héritiers. 8°. Il étoit défendu au même homme d'épouser la mere & la fille, ni la fille du fils de sa propre femme, ni la fille de sa fille, ni la soeur de sa femme, comme avoit fait Jacob en épousant Rachel & Lia.

Tous ces degrés de parenté dans lesquels il n'étoit pas permis de contracter mariage, sont exprimés dans ces quatre vers:

Nata, soror, neptis, matertera, fratris & uxor Et patrui conjux, mater, privigna, noverca, Uxorisque soror, privigni nata, nurusque Atque soror patris, conjungi lege vetantur.

Moyse défend tous ces mariages incestueux sous la peine du retranchement. Quiconque, dit - il, aura commis quelqu'une de ces chominations, périra du milieu de son peuple, c'est - à - dire, sera mis à mort. La plûpart des peuples policés ont regardé les incestes comme des erimes abominables; quelques uns les ont punis du dernier supplice. Il n'y a que des barbares qui les ayent permis. Calmet, diction. de la bible, tom. II. pag. 368 & 369.

Parmi les Chrétiens, non - seulement la parenté, mais encore l'alliance forme un empêchement dirimant du mariage, de même que la parenté. Un homme ne peut sans dispense de l'Eglise contracter de mariage après la mort de sa femme avec aucune des parentes de sa femme au quatrieme degré, ni la femme après la mort de son mari, avec ceux qui sont parens de son mari au quatrieme degré. Voyez Empêchement.

On appelle inceste spirituel le crime que commet un homme avec une religieuse, ou un confesseur avec sa pénitente. On donne encore le même nom à la conjonction entre personnes qui ont contracté quelqu'alliance ou affinité spirituelle. Cette affinité se contracte entre la personne baptisée & le parain & la maraine qui l'ont tenue sur les fonts, de même qu'entre le parain & la mere, la maraine & le pere de l'enfant baptisé, entre la personne qui baptise & l'enfant baptisé, & le pere & la mere du baptisé. Cette alliance spirituelle rend nul le mariage qui auroit été célébré sans dispense, & donne lieu à une sorte d'inceste spirituel, qui n'est pourtant pas prohibé par les loix civiles, ni punissable comme l'inceste spirituel avec une religieuse, ou celui d'un confesseur avec sa pénitente.

INCESTUEUX (Page 8:645)

INCESTUEUX, adj. (Gramm. & Jurisp.) se dit de ce qui provient d'un inceste. On appelle commerce incestueux le crime d'inceste. Voyez Inceste. Un mariage incestueux est celui qui est contracté entre personnes parentes en un degré prohibé, sans en avoir obtenu dispense.

Un batard incestueux est celui qui est né de deux

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