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INDIENS, Philosophie des (Page 8:674)
INDIENS,
Les sages de l'Inde ont été appellés brachmanes de Brachme fondateur de la secte, & gymnosophistes, ou sages qui marchent nuds, de leur vêtement qui laissoit à découvert la plus grande partie de leur corps.
On les divise en deux sectes, l'une des brachmanes, & l'autre des samanéens; quelques - uns font mention d'une troisieme sous le nom de Pramnes. Nous ne sommes pas assez instruits sur les caracteres particuliers qui les distinguoient; nous savons seulement en général qu'ils fuyoient la société des hommes; qu'ils habitoient le fond des bois & des cavernes; qu'ils menoient la vie la plus austere, s'abstenant de vin & de la chair des animaux, se nourissant de fruits & de légumes, & couchant sur la terre nuë ou sur des peaux; qu'ils étoient si fort artachés à ce genre de vie, que quelques - uns appellés auprès du grand roi, répondirent qu'il pouvoit venir lui - même s'il avoit quelque chose à apprendre d'eux ou à leur commander.
Ils souffroient avec une égale constance la chaleur & le froid; ils craignoient le commerce des femmes; si elles sont méchantes, disoient - ils, il faut les fuir parce qu'elles sont méchantes; si elles sont bonnes, il faut encore les fuir de peur de s'y attacher. Il ne faut pas que celui qui fait son devoir du mépris de la douleur & du plaisir, de la mort & de la vie, s'expose à devenir l'esclave d'un autre.
Il leur étoit indifférent de vivre ou de mourir, & de mourir ou par le feu, ou par l'eau, ou par le fer. Ils s'assembloient jeunes & vieux autour d'une même table; ils s'interrogeoient réciproquement sur l'emploi de la journée, & l'on jugeoit indigne de manger celui qui n'avoit rien dit, fait ou pensé de bien.
Ceux qui avoient des femmes les renvoyoient au bout de cinq ans, si elles étoient stériles; ne les approchoient que deux fois l'année, & se croyoient quittes envers la nature, lorsqu'ils en avoient eu deux enfans, l'un pour elles, l'autre pour eux.
Buddas, Dandanis, Calanus & Iarcha, sont les plus célebres d'entre les Gymnosophistes dont l'histoire ancienne nous a conservé les noms.
Buddas fonda la secte des Hylobiens, les plus sauvages des Gymnosophistes.
Pour juger de Dandamis, il faut l'entendre parler
à Alexandre par la bouche d'Onésicrite, que ce prince
dont l'activité s'étendoit à tout, envoya chez les
Gymnosophistes.
Calanus, à qui l'envoyé d'Alexandre s'adressa, lorsque
ce prince s'avança dans les Indes, débuta avec
cet envoyé par ces mots.
Tout ce qu'on nous raconte d'Iarcha est fabuleux.
Les Gymnosophistes reconnoissoient un Dieu fabricateur & administrateur du monde, mais corporel: il avoit ordonné tout ce qui est, & veilloit à tout.
Selon eux l'origine de l'ame étoit céleste; elle étoit émanée de Dieu, & elle y retournoit. Dieu recevoit dans son sein les ames des bons qui y séjournoient éternellement. Les ames des méchans en étoient rejettées & envoyées à différens supplices.
Outre un premier Dieu, ils en adoroient encore de subalternes.
Leur morale consistoit à aimer les hommes, à se haïr eux - mêmes, à éviter le mal, à faire le bien, & à chanter des hymnes.
Ils faisoient peu de cas des sciences & de la philosophie naturelle. Iarcha répondit à Apollonius, qui l'interrogeoit sur le monde, qu'il étoit composé de cinq élémens, de terre, d'eau, de feu, d'air & d'éther. Que les dieux en étoient émanés; que les êtres composés d'air étoient mortels & périssables, & que les êtres composés d'éther étoient immortels & divins; que les élémens avoient tous existé en même tems; que le monde étoit un grand animal engendrant le reste des animaux; qu'il étoit de nature mâle & femelle, &c.
Quant à leur philosophie morale, tout y étoit grand & élevé. Il n'y avoit, selon eux, qu'un seul bien, c'est la sagesse. Pour faire le bien, il étoit inutile que la loi l'ordonnât. La mort & la vie étoient également méprisables. Cette vie n'étoit que le commencement de notre existence. Tout ce qui arrive à l'homme n'est ni bon ni mauvais. Il étoit vil de supporter la maladie, dont on pouvoit se guérir en un moment. Il ne falloit pas passer un jour sans avoir fait quelque bonne action. La vanité étoit la derniere chose que le sage déposoit, pour se présenter devant Dieu. L'homme portoit en lui - même une multitude d'ennemis. C'est par la défaite de ces ennemis qu'on se préparoit un accès favorable auprès de Dieu.
Quelle différence entre cette philosophie & celle
qu'on professe aujourd'hui dans les Indes! Elles
sont infectées de la doctrine de Xekia, j'entends de
sa doctrine esotérique; car les principes de l'exotérique
sont assez conformes à la droite raison. Dans
celle - ci, il admet la distinction du bien & du mal;
l'immortalité de l'ame: les peines à venir; des
dieux; un dieu suprême qu'il appelle Amida, &c.
Quant à sa doctrine ésotérique, c'est une espece
de Spinosisme assez mal entendu. Le vuide est le
principe & la fin de toutes choses. La cause universelle
n'a ni vertu ni entendement. Le repos est l'état
parfait. C'est au repos que le philosophe doit tendre,
&c. Voyez les articles
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