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INDÉFINI (Page 8:669)
INDÉFINI, adj. (Géomét.) Voyez
Indéfini (Page 8:669)
1°. Sens indéfini.
Les adjectifs & les verbes, considérés en eux - mêmes, n'ont qu'un sens indéfini, par rapport à l'objet auquel leur signification est appliquable grand, durable, expriment à la vérité quelque être grand, quelque objet durable; mais cet être, cet objet, est ce un esprit ou un corps? est - ce un corps animé ou inanimé? est - ce un homme ou une brute? &c. La nature de l'être est indéfinie, & ce n'est que par des applications particulieres que ces mots sortiront de cette indétermination, pour prendre un sens défini, du - moins à quelques égards; un grand homme, une grande entreprise, un ouvrage durable, une estime durable. C'est la même chose des verbes considérés hors de toute application.
Je dis que les applications particulieres tirent ces mots de leur indétermination, du - moins à quelques égards. C'est que toute application qui n'est pas absolument individuelle ou spécisique, c'est - à - dire qui ne tombe pas précisément sur un individu ou sur toute une espece, laisse toujours quelque chose d'indéfini dans le sens: ainsi quand on dit un grand homme, le mot grand est défini par son application à l'espece humaine; mais ce n'est pas à toute l'espece, ni à tel individu de l'espece; ainsi le sens demeure encore indéfini à quelques égards, quoiqu'à d'autres il soit déterminé.
Les noms appellatifs sont pareillement indéfinis en
eux - mêmes. Homme, cheval, argument, désignent à
la vérité telle ou telle nature; mais si l'on veut qu'ils
désignent tel individu, ou la totalité des individus
auxquels cette nature peut convenir, il faut y ajouter
d'autres mots qui en fassent disparoître le sens indéfini: par exemple, cet homme est savant, l'homme
est sujet à l'erreur, &c. Voyez
2°. Article indéfini. Quelques Grammairiens françois, à la tête desquels il faut mettre l'auteur de la Grammaire générale, Part. II. ch. vij, ont distingué deux sortes d'articles, l'un défini, comme le, la; & l'autre indéfini, comme un, une, pour lequel on met de ou des au pluriel.
Non content de cette premiere distinction, la Touche vint après M. Arnauld & M. Lancelot, & dit qu'il
y avoit trois articles indéfinis:
Je ne dois pas répéter ici les raisons qui prouvent
que nous n'avons en effet ni cas ni déclinaisons
(voyez ces mots); mais j'observerai d'abord avec M.
Duclos (Rem. sur le chap. vij. de la II. Part. de la
Gramm. génér.)
En effet, dès qu'il est arrêté que nos noms ne subissent à leur terminaison aucun changement qui puisse être regardé comme cas, que les sens accessoires représentés par les cas en grec, en latin, en allemand, & en toute autre langue qu'on voudra, sont suppléés en françois, & dans tous les idiomes qui ont a cet égard le même génie, par la place même des noms dans la phrase, ou par les prépositions qui les précedent; enfin que la destination de l'article est de faire prendre le nom dans un sens précis & déterminé: il est certain, ou qu'il ne peut y avoir qu'un article, ou que s'il y en a plusieurs, ce seront différentes especes du même genre, distinguées entre elles par les différentes idées accessoires ajoutées à l'idée commune du genre.
Dans la premiere hypothese, où l'on ne reconnoîtroit pour article que le, la, les, la conséquence est toute simple. Si l'on veut déterminer un nom, soit en l'appliquant à toute l'espece dont il exprime la nature, soit en l'appliquant à un seul individu détérminé de l'espece, il faut employer l'article; c'est pour cela seul qu'il est institué: l'homme est mortel, détermination spécifique; l'homme dont je vous parle, &c. détermination individuelle. Si on veut employer [p. 670]
Dans la seconde hypothese, où l'on admettroit diverses especes d'articles, l'idée commune du genre devroit encore se retrouver dans chaque espece, mais avec quelque autre idée accessoire qui seroit le caractere distinctif de l'espece. Tels sont peut - être les mots tout, chaque, nul, quelque, certain, ce, mon, ton, son, un, deux, trois, & tous les autres nombres cardinaux; car tous ces mots servent à faire prendre dans un sens précis & déterminé, les noms avant lesquels l'usage de notre langue les place; mais ils le font de diverses manieres, qui pourroient leur faire donner diverses terminaisons. Tout, chaque, nul, articles collectifs, distingués encore entre eux par des nuances délicates; quelque, certain, articles partitifs; ce, article démonstratif; mon, ton, son, articles possessifs; un, deux, trois, &c. articles numériques, &c. Ici il faut toujours raisonner de même: vous déterminerez le sens d'un nom, par tel article qu'il vous plaira ou qu'exigera le besoin; ils sont tous destinés à cette fin; mais dès que vous voudrez que le nom soit pris dans un sens indéfini, abstenez - vous de tout article; le nom a ce sens par lui - même.
3°. Pronoms indéfinis. Plusieurs Grammairiens admettent
une classe de pronoms qu'ils nomment indéfinis ou impropres, comme je l'ai déja dit ailleurs.
Voyez
4°. Tems indéfinis. Nos Grammairiens distinguent
encore dans notre indicatif deux prétérits, qu'ils appellent
l'un défini, & l'autre indéfini. Quelques - uns,
entre lesquels il faut compter M. de Vaugelas, donnent
le nom de défini à celui de ces deux prétendus
prétérits, qui est simple, comme j'aimai, je pris, je
reçus, je tins; & ils appellent indéfini celui qui est
composé, comme j'ai aimé, j'ai pris, j'ai reçu, j'ai
tenu. D'autres au contraire, qui ont pour eux l'auteur
de la Grammaire générale & M. du Marsais, appellent
indéfini celui qui est simple, & défini celui qui
est composé. Cette opposition de nos plus habiles
maîtres me semble prouver que l'idée qu'il faut avoir
d'un tems indéfini, étoit elle - même assez peu déterminée
par rapport à eux. On verra, article
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