ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"640"> les, les causes collatérales doivent être traitées également; mais les causes principales méritent sans doute plus de louange ou de blâme, & un plus haut degré de récompense ou de peine que les causes subalternes. J'ai dit, toutes choses étant d'ailleurs égales; car il peut arriver par la diversité des circonstances, qui augmentent ou diminuent le mérite ou le démérite d'une action, que la cause subalterne agisse avec un plus grand degré de malice que la cause principale, & qu'ainsi l'imputation soit aggravée à son égard. Supposé par exemple, qu'un homme de sang froid assassinât quelqu'un à l'instigation d'un autre qui se trouvoit animé contre son ennemi; quoique l'instigateur soit le premier auteur du meurtre, on trouvera son action faite dans un transport de colere, moins indigne que celle du meurtrier, qui l'a servi dans sa passion, étant lui - même tranquille & de sens rassis.

Imputation (Page 8:640)

Imputation, (Théologie.) est un terme dogmatique fort usité chez les Théologiens, quelquefois dans un bon & quelquefois dans un mauvais sens. Lorsqu'il se prend en mauvaise part, il signifie l'attribution d'un péché qu'un autre a commis.

L'imputation du péché d'Adam a été faite à sa postérité, parce que par sa chûte tous ses descendans sont devenus criminels devant Dieu, comme s'ils étoient tombés eux mêmes, & qu'ils portent la peine de ce premier crime. Voyez Péché originel.

L'imputation, lorsqu'on la prend en bonne part, est l'application d'une justice étrangere. Voyez Justification.

L'imputation des mérites de Jesus - Christ ne signifie autre chose chez les réformés, qu'une justice extrinseque, qui ne nous rend pas véritablement justes, mais qui nous fait seulement paroître tels, qui cache nos péchés, mais qui ne les efface pas.

Luther, qui le premier a voulu expliquer la justification par cette imputation de la justice de Jesus - Christ, prétendoit que ce qui nous justifie & ce qui nous rend agréables aux yeux de Dieu, ne fut rien en nous, mais que nous avons été justifiés, parce que Dieu nous imputoit la justice de Jesus - Christ comme si elle eût été la nôtre propre, parce qu'en effet nous pouvions nous l'approprier par la foi. A quoi il ajoutoit qu'on étoit justifié dès qu'on croyoit l'être avec certitude. Bossuet, hist. des variat. tom. I. liv. I. pag. 10.

C'est pour cela que les Catholiques ne se servent point du terme d'imputation, & disent que la grace justifiante qui nous applique les mérites de Jesus - Christ, couvre non - seulement nos péchés, mais même les efface; que cette grace est intrinseque & inhérente, qu'elle renouvelle entierement l'intérieur de l'homme, & qu'elle le rend pur, juste & sans tache devant Dieu, & que cette justice inhérente lui est donnée à cause de la justice de Jesus - Christ, c'est à - dire par les mérites de sa mort & de sa passion. En un mot, disent - ils, quoique ce soit l'obéissance de Jesus Christ qui nous a mérité la grace justifiante, ce n'est pas cependant cette obéissance qui nous rend formellement justes. Et de la même maniere, ce n'est pas la desobéissance d'Adam qui nous rend formellement pécheurs, quoique ce soit cette desobéissance qui nous a mérité & attiré le péché & les peines du péché.

Les Protestans disent que le péché du premier homme est imputé à ses descendans, parce qu'ils sont regardés & punis comme coupables à cause du péché d'Adam. Les Catholiques prétendent que ce n'est pas en dire assez, & que non - seulement nous sommes regardés & punis comme coupables, mais que nous le sommes en effet par le péché originel.

Les Protestans disent aussi que la justice de Jesus - Christ nous est imputée, & que notre justification ne se fait que par l'imputation de la justice de Jesus - Christ, parce que ses souffrances nous tiennent lieu de justification, & que Dieu accepte sa mort comme si nous l'avions soufferte. Mais les Catholiques enseignent que la justice de Jesus - Christ est non seulement imputée, mais actuellement communiquée aux fideles par l'opération du Saint Esprit; ensorte que non - seulement ils sont réputés, mais rendus justes par sa grace.

Imputation (Page 8:640)

Imputation, (Jurisprudence.) signifie l'acquittement qui se fait d'une somme dûe par le payement d'une autre somme.

Celui qui est débiteur de plusieurs sommes principales envers la même personne & qui lui fait quelque payement, peut l'imputer sur telle somme que bon lui semble, pourvû que ce soit à l'instant du payement.

Si le débiteur ne fait pas sur le champ l'imputation, le créancier peut la faire aussi sur le champ, pourvû que ce soit in duriorem causam, c'est - à - dire sur la dette la plus onéreuse au débiteur.

Quand le débiteur ni le créancier n'ont point fait l'imputation, elle se fait de droit, aussi in duriorem.

Lorsqu'il est dû un principal portant intérêt, l'imputation des payemens se fait suivant la disposition du droit priùs in usuras; cela se pratique ainsi dans tous les parlemens de droit écrit.

Le parlement de Paris distingue si les intérêts sont dûs ex naturâ rei, ou ex officio judicis: au premier cas les payemens s'imputent d'abord sur les intérêts; au second elle se fait d'abord sur le principal, ensuite sur les intérêts. Voyez le recueil de questions de M. Bretonnier, au mot Intérêts. (A)

INABORDABLE (Page 8:640)

INABORDABLE, adj. (Gramm.) qu'on ne peut aborder. Voyez Abord, Accès, Accueil, Aborder

INACCESSIBLE (Page 8:640)

INACCESSIBLE, adj. (Gramm.) dont on ne peut approcher. Il se dit au simple & au figuré. Les torrens qui tombent de cette montagne en rendent le sommet inaccessible. Les grands sont inaccessibles. Il y a peu de coeurs inaccessibles à la flaterie.

Inaccessible (Page 8:640)

Inaccessible, (Géom.) une hauteur ou une distance inaccessible est celle qu'on ne peut mesurer immédiatement, à cause de quelque obstacle, telle que l'eau, ou autre chose semblable. Voyez Hauteur, Distance, &c.

Inaction (Page 8:640)

Inaction, s. f. (Gramm. & Théolog.) cessation d'agir. On dit il préfere le repos à tout, & les plus grands intérêts ne le tireront pas de l'inaction. Ainsi il est synonyme tantôt à indolence, tantôt à paresse ou à indifférence; trois qualités ennemies de l'action & du mouvement.

Les Mystiques appellent inaction une privation de mouvement, un anéantissement de toutes les facultés, par lequel on ferme la porte à tous les objets extérieurs, & l'on se procure une espece d'extase durant laquelle Dieu parle immédiatement au coeur. Cet état d'inaction est le plus propre selon eux, à recevoir le Saint - Esprit. C'est dans ce repos & dans cet assoupissement que Dieu communique à l'ame des graces sublimes & ineffables.

Quelques - uns ne la font pas consister dans cette espece d'indolence stupide, ou cette suspension générale de tous sentimens. Ils disent que par cette cessation de desirs, ils entendent seulement que l'ame ne se détermine point à certains actes positifs, & qu'elle ne s'abandonne point à des méditations stériles, ou aux vaines spéculations de la raison; mais qu'elle demande en général tout ce qui peut être agréable à Dieu, sans lui rien prescrire.

Cette derniere doctrine est celle des anciens Mys<pb-> [p. 641] tiques, & la premiere celle des Quiétistes. Voyez Mystique & Quiétiste.

Il est vrai cependant, à parler en général, que l'inaction n'est pas un fort bon moyen pour réussir auprès de Dieu. Ce sont nos actions qui nous attirent ses faveurs; il veut que nous agissions, c'est - à - dire qu'avec sa grace nous desirions & nous fassions le bien; & notre inaction ne sauroit lui être agréable.

INADMISSIBLE (Page 8:641)

INADMISSIBLE, adj. (Jurisprud.) c'est ce que l'on ne doit pas recevoir; il y a des cas, par exemple, où la preuve par témoins est inadmissible, c'est - à - dire qu'elle ne doit pas être ordonnée. Certains faits en particulier ne sont pas admissibles; savoir ceux qui ne sont pas pertinens. Voyez Enquête, Faits, Pertinent & Preuve par témoins. (A)

INADVERTANCE (Page 8:641)

* INADVERTANCE, s. f. (Gramm. & Morale.) action ou faute commise sans attention à ses suites. Il faut pardonner les inadvertances. Qui de nous n'en a point commis? Il y a des hommes que la nature a formé inadvertans & distraits. Ils sont toujours pressés d'agir, ils ne pensent qu'après. Toute leur vie se passe à faire des offenses & à demander des pardons. L'inadvertance est un des défauts de l'enfance. C'est l'effet en eux de la vivacité & de l'inexpérience.

INALIENABLE (Page 8:641)

INALIENABLE, adj. (Jurisp.) se dit des choses dont la propriété ne peut valablement être transportée à une autre personne. Le domaine de la couronne est inaliénable de sa nature; les biens d'église & des mineurs ne peuvent aussi être aliénés sans nécessité ou utilité évidente. Voyez Domaine, Eglise, Mineurs . (A)

INALLIABLE (Page 8:641)

* INALLIABLE, adj. (Gramm.) qui ne se peut allier avec. Il se dit au simple & au figuré. Ces métaux sont inalliables. Les intérêts de Dieu & ceux du monde sont inalliables. Voyez Allier.

INALTÉRABLE (Page 8:641)

* INALTÉRABLE, adj. (Gramm.) qui ne peut s'altérer ou être altéré. Il n'y a rien dans la nature qui soit inaltérable, le froid, le chaud, l'humidité, la raréfaction, le mouvement, la fermentation, &c. sont des causes d'altération qui agissent sans cesse.

Inaltérable se dit aussi au figuré; placez le stoïcien dans la prospérité, placez - le dans la disgrace, sa grande ame demeurera inaltérable.

INAMOS (Page 8:641)

INAMOS, s. m. (Hist. nat. Bot.) fruit qui croît sur un arbre des Indes qui ressemble à nos pruniers & par le fruit & par la fleur.

INANITION (Page 8:641)

INANITION, s.f. (Medecine.) ce mot exprime dans le langage medecinal populaire, plus encore que dans la vraie langue de l'art, un état de langueur & d'épuisement presque absolu, l'extrème degré de foiblesse. Il est spécialement consacré par l'usage à désigner cette espece de foiblesse, la moins grave de toutes, qui provient du défaut de nourriture accoutumée, soit qu'on en ait pris moins qu'à l'ordinaire dans un ou plusieurs repas précédens; soit que l'heure accoutumée d'un repas soit simplement retardée. Ce sentiment peut à peine être regardé comme une incommodité. Quant aux états de foiblesse, d'accablemens plus inhérens, plus graves, qui sont des objets vraiment medicinaux. Voyez Force, Foiblesse, Débilité, Epuisement, Enervation, Exténuation . (b)

INAPPERCEVABLE (Page 8:641)

INAPPERCEVABLE, voyez Appercevable.

INAPPLICATION, INAPPLIQUÉ (Page 8:641)

INAPPLICATION, INAPPLIQUÉ, voyez Application.

INAPPRÉTIABLE (Page 8:641)

INAPPRÉTIABLE, voyez Apprétier.

INAPPÉTENCE (Page 8:641)

INAPPÉTENCE, (Medecine.) voyez Dégout.

INARIMÉ (Page 8:641)

INARIMÉ, (Géog. anc.) c'est un des anciens noms de l'île d'Ischia, située vis - à - vis de Cumes dans le golphe. Voyez Ischia.

Les Latins ont ici transporté la fable de Tiphoée que les Grecs avoient placé en Asie, & en ont gratifié cette île, à laquelle ils ont donné ce nom Inarimé, qui ressemble un peu à celui des montagnes de Syrie ou de Cilicie. (D. J.)

INARTICULÉ (Page 8:641)

INARTICULÉ, adj. (Gramm.) se dit des sons, des syllabes ou des mots qui ne sont pas prononcés distinctement. Voyez Articulation & Vent.

INATTAQUABLE (Page 8:641)

* INATTAQUABLE, adj. (Gramm.) qui ne peut être attaqué. Cette ville est inattaquable. Ce titre est inattaquable.

INATTENDU (Page 8:641)

* INATTENDU, adj. (Gramm.) auquel on ne s'attend point. Une épithete bien choisie tient lieu d'une phrase entiere, & produit une impression vive & inattendue. Il fut d'autant plus sensible à sa disgrace qu'elle fut plus inattendue.

INATTENTION (Page 8:641)

INATTENTION, s. f. (Gramm.) manque d'attention. Voyez Attention.

INAUGURATION (Page 8:641)

INAUGURATION, s. f. (Hist. mod.) cérémonie qu'on fait au sacre d'un empereur, d'un roi, d'un prélat, qu'on appelle ainsi à l'imitation des cérémonies que faisoient les Romains quand ils entroient dans le college des augures. Voyez Roi, Couronne, Consécration , &c.

Ce mot vient du latin inaugurare, qui signifie dédier quelque temple, élever quelqu'un au sacerdoce, ayant pris auparavant les augures. Voyez Augures. Dict. de Trévoux.

Ce mot est plus usité en latin qu'en françois, où l'on se sert de ceux de sacre, ou de couronnement.

INBAB (Page 8:641)

INBAB, s. f. (Commerce.) toiles qu'on vend au Caire. Les grandes inbabs n'ont que 30 piés à la piece, & se vendent cent cinquante médaris.

INCA ou YNCA (Page 8:641)

INCA ou YNCA, s. m. (Hist. mod.) nom que les naturels du Pérou donnoient à leurs rois & aux princes de leur sang.

La chronique du Pérou rapporte ainsi l'origine des incas. Le Pérou fut long - tems un théatre de toutes sortes de crimes, de guerres, de dissensions & de desordres les plus abominables, jusqu'à ce qu'enfin parurent deux freres, dont l'un se nommoit Mangocapac, dont les Indiens racontent de grandes merveilles. Il bâtit la ville de Cusco, il fit des loix & des réglemens, & lui & ses descendans prirent le nom d'inca, qui signifie roi ou grand - seigneur. Ils devinrent si puissans qu'ils se rendirent maîtres de tout le pays qui s'étend depuis Parto jusqu'au Chili, & qui comprend 1300 lieues, & ils le possederent jusqu'aux divisions qui survinrent entre Guascar & Atabalipa; car les Espagnols en ayant profité, ils se rendirent maîtres de leurs états, & détruisirent l'empire des incas.

On ne compte que douze incas, & l'on assure que les personnes les plus considérables du pays portent encore aujourd'hui ce nom. Mais ce n'est plus qu'un titre honorable sans aucune ombre d'autorité, aussi bien que celui de cacique.

Quant aux anciens incas qui regnerent avant la conquête des Espagnols, leur nom en langue péruviene, signifioit proprement & littéralement seigneur ou empereur, & sang - royal. Le roi étoit appellé capac inca, c'est - à - dire seigneur par excellence; la reine s'appelloit pallas, & les princes simplement incas. Leurs sujets avoient pour eux une extrème vénération, & les regardoient comme les fils du soleil, & les croyoient infaillibles. Si quelqu'un avoit offensé le roi dans la moindre chose, la ville d'où il étoit originaire ou citoyen, étoit démolie ou ruinée. Lorsque les incas voyageoient, chaque chambre où ils avoient couché en route étoit aussi - tôt murée, afin que personne n'y entrât après eux. On en usoit de même à l'égard des lieux où ils mouroient; on y enfermoit tout l'or, l'argent, & les autres choses précieuses qui s'y trouvoient au moment de la mort du prince, & l'on bâtissoit de nouvelles chambres pour son successeur.

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