ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"634"> de cette impuissance; l'indication étoit claire; le remede étoit naturel & facile: il réussit aussi; quelques évacuations & un peu de régime guérirent totalement cette maladie. 4°. L'éjaculation de la semence sera interceptée, si le trou de l'urethre est bouché dans l'imperforation de la verge, ou recouvert par le prépuce dans le phimosis; il y aura également impuissance si l'éjaculation ne se fait pas comme il faut, c'est - à - dire par le trou de l'urethre, avec force & vivacité; si par exemple la verge est percée de plusieurs trous, ou s'il n'y en a qu'un qui soit placé en - dessous, à côté, ou ailleurs; il y a un fait fort singulier à ce sujet rapporté dans la bibliotheque medico - pratique de Manget, lib. IX. touchant un jeune homme qui ne pouvoit jamais éjaculer, quoiqu'il érigeât fortement: il se forma après un an dans la région épigastrique droite trois petits trous par lesquels la semence sortoit pendant le coït; il l'exprimoit aussi quand il vouloit comme du lait. Si le canal de l'urethre est parsemé de caruncules qui brisent, moderent, & dérangent le mouvement impétueux de la semence; si les vésicules séminales affoiblies n'expriment cette humeur que lâchement, & qu'elle ne sorte que goutte à goutte, &c. toutes ces causes d'impuissance bien constatées, sont des raisons suffisantes de divorce.

On distingue l'impuissance de la stérilité ou infécondité de l'homme, en ce que celle ci ne suppose que le défaut de génération, peut dépendre de quelques vices cachés de la semence & existe souvent sans impuissance. Un homme très - vigoureux, très<-> puissant, peut être inhabile à la génération, au lieu que celui qui est impuissant ou peu propre au coït, à l'acte venérien, est toûjours stérile.

Cette maladie n'est accompagnée ordinairement d'aucune espece de danger; elle n'entraîne après elle que du desagrément; elle prive l'homme d'une fonction très - importante à la société, & très - agréable à lui - même; ce qui peut le rendre triste, le jetter dans la mélancolie; & il y a cependant tout lieu de croire qu'une impuissance subite sans cause apparente, & dans une personne qui n'est point accoutumée à cet accident, est l'avant - coureur de quelque grande maladie; la cessation de l'impuissance à la suite d'une maladie aiguë est un très - bon signe.

Curation. Il y a des cas où il n'est pas nécessaire de donner des remedes; comme par exemple, lorsqu'un homme n'est impuissant que dans certaines circonstances, au sortir d'une maladie aiguë, après des exercices violens, ou vis - à - vis d'une seule femme par crainte, par pudeur, par mépris, par haine, ou par excès d'amour; il seroit ridicule d'accabler, ainsi que le conseille un certain Louis Ranneman, le mari & la femme de saignées, de purgations, de pillules, d'aposèmes, de vins médicamenteux, de baumes, d'onguens, d'injections, &c. Il est d'autres cas où les remedes les plus propres à exciter l'appétit vénérien, les plus stimulans seroient parfaitement inutiles; tels sont ceux où l'impuissance dépend d'un défaut de conformation. Ces remedes seroient aussi insuffisans, lorsque l'imagination est vivement frappée par la crainte & la persuasion d'un sortilége. Je remarquerai seulement par rapport à ces gens - là, qu'il ne faut pas heurter leurs sentimens; les meilleures raisons ne font aucune impression sur ceux qui donnent tête baissée dans ce ridicule; l'opiniâtreté suit de près l'ignorance. Ainsi il est à propos quand on veut guérir ces imaginations, de flatter ces personnes, de paroître persuadés & touchés de leur accident, & leur promettre des secours immanquables pour le dissiper; les plus extraordinaires sont toûjours les plus efficaces; comme merveilleux, ils sont plus propres à gagner la confiance, ce qui est un point important; c'est une grande partie de la santé que de l'espérer. C'est ainsi que Montagne rétablit par un talisman d'or la vivacité d'un comte qui l'avoit perdue par la crainte d'un sortilége. Je ne suis pas surpris de voir détruire l'effet de ces prétendus maléfices par les testicules d'un coq pendus aux piés du lit, par la graisse de loup, ou d'un chien noir, frottée à la porte, en faisant pisser le malade à travers l'anneau conjugal, &c. Enfin, l'impuissance qui exige des remedes, & qui est guérissable, est celle qui dépend du relâchement, de la foiblesse, de la paralysie des parties destinées à la génération, du défaut de semence, ou de sa rapidité, de la froideur du tempérament, de l'indifférence pour les plaisirs vénériens. C'est ici que conviennent ces fameux remedes connus sous les noms fastueux de précipitans, aphrodisiaques, &c. & que l'euphémisme médicinal a appellé plus pudiquement remedia ad magnanimitatem. Il y a lieu de croire que ces remedes procurent une plus grande abondance de semence, qu'ils la rendent plus âcre, plus active, qu'ils déterminent le sang & les esprits animaux vers les parties génitales. Il n'est personne qui n'ait éprouvé que ces remedes échauffent, mettent en mouvement, & fouettent les humeurs; que leur usage est suivi d'érections plus fortes & plus fréquentes. La plûpart sont des alimens, tels sont les écrevisses, les chairs des vieux animaux, les artichaux, les trufes, le céleri, la roquette, de qui on on dit avec raison: excitat ad venerem tardos eruca maritos. A ceux - là on peut ajouter l'ambre, le musc, l'opium, chez ceux qui sont accoutumés à son action; mais par - dessus tout, les mouches cantharides. On use de ces remedes intérieurement, & on en fait diverses compositions pour l'usage extérieur, pour frotter, fomenter les parties malades. Il n'en est point qui agisse aussi promptement & avec tant d'efficacité déterminément sur les parties qui servent à l'acte vénérien, que les mouches cantharides prises intérieurement, ou appliquées sous forme de vésicatoire. Il est inutile d'avertir qu'il ne faut avoir recours à ces remedes qu'après avoir éprouvé les naturels, c'est - à - dire l'attrait du plaisir permis à toute l'énergie licite des embrassemens, des attouchemens, des caresses, des baisers, des doux propos. Parmi les secours capables d'animer & d'exciter à l'acte vénérien, il faut compter le fouet. Meibomius a fait un traité particulier sur les avantages & sur les vertus aphrodisiaques, dans lequel on peut voir beaucoup d'observations qui en constatent l'efficacité. C'est un expédient usité chez les vieillards libertins, par lequel ils tâchent de réveiller leur corps engourdi & languissant. Cet article est de M. Menuret.

Impuissance (Page 8:634)

Impuissance, (Jurisprud.) est une inhabileté de l'homme ou de la femme pour la génération.

Les lois canoniques ne distinguent que trois causes d'impuissance; savoir, la frigidité, le maléfice, & l'inhabileté qui vient ex impotentiâ coeundi.

Ces causes se subdivisent en plusieurs classes.

Il y a des causes d'impuissance qui sont propres aux hommes, comme la frigidité, le maléfice, la ligature ou nouement d'éguillette; les causes propres aux femmes sont l'empêchement qui provient ex clausurâ uteri, aut ex nimiâ arctitudine; les causes communes aux hommes & aux femmes sont le défaut de puberté, le défaut de conformation des parties nécessaires à la génération, ou lorsque l'homme & la femme ne peuvent se joindre propter surabondantem ventris pinguedinem.

Les causes d'impuissance sont naturelles ou accidentelles; celles - ci sont perpétuelles ou momentanées; il n'y a que les causes d'impuissance perpétuelles qui forment un empêchement dirimant du mariage, encore excepte - t - on celles qui sont survenues depuis le mariage. [p. 635]

On distingue aussi l'impuissance absolue d'avec celle qui est seulement respective ou relative. La premiere, quand elle est perpétuelle, qu'elle a précédé le mariage, le dissout, & empêche d'en contracter un autre. Au lieu que l'impuissance respective ou relative, c'est - à - dire, qui n'a lieu qu'à l'égard de deux personnes entr'elles, n'empêche pas ces personnes, ou celle qui n'a point en elle de vice d'impuissance, de contracter mariage ailleurs.

La frigidité est lorsque l'homme, quoique bien conformé extérieurement, est privé de la faculté qui anime les organes destinés à la génération.

Le défaut de semence de la part de l'homme est une cause d'impuissance: mais on ne peut pas le regarder comme impuissant, sous prétexte que sa semence ne seroit pas prolifique; c'est un my stere que l'on ne peut pénétrer.

La stérilité de la femme, en quelque tems qu'elle arrive, n'est pas non plus considérée comme un effet d'impuissance proprement dite, & conséquemment n'est point une cause pour dissoudre le mariage.

On met au nombre des empêchemens dirimans du mariage le maléfice, supposé qu'il provînt d'une cause surnaturelle (ce que l'on ne doit pas croire légérement), & qu'après la pénitence enjointe & la cohabitation triennale, l'empêchement ne cessât point & fût réputé perpétuel: mais si l'impuissance provenant de maléfice, peut être guérie par des remedes naturels, ou que la cause ne paroisse pas perpétuelle, ou qu'elle ne soit survenue qu'après le mariage: dans tous ces cas elle ne forme point un empêchement dirimant.

Quoique le défaut de puberté soit un empêchement au mariage, cet empêchement ne seroit pas dirimant, si la malice & la vigueur avoient précédé l'âge ordinaire de la puberté.

La vieillesse n'est jamais réputée une cause d'impuissance, ni un empêchement au mariage, soit qu'elle précede le mariage, ou qu'elle survienne depuis.

Il en est de même des infirmités qui seroient survenues depuis le mariage, quand même elles seroient incurables, & qu'elles rendroient inhabiles à la génération.

La connoissance des demandes en nullité de mariage pour cause d'impuissance appartient naturellement au juge séculier; & pendant les six premiers siecles de l'Eglise, les juges séculiers étoient les seuls devant lesquels ces sortes de causes fussent portées. Néanmoins, présentement les juges d'église sont en possession de connoitre de ces sortes de demandes, sauf en cas d'abus l'appel au parlement.

Les premieres auxquelles on a recours dans cette matiere, sont l'interrogatoire des parties, le serment des parens, la visite du mari & de la femme. On ordonne aussi la preuve du mouvement naturel, lorsque le mari est accusé de frigidité.

On ordonnoit aussi autrefois le congrès, ce qui a été sagement aboli.

On ordonne seulement encore quelquefois la cohabitation triennale pour éprouver les parties, & connoître si l'impuissance est réelle & perpétuelle.

Dans le cas où le mariage est déclaré nul pour cause d'impuissance, les canons permettent aux contractans la cohabitation fraternelle; mais alors ils doivent réellement vivre avec la même retenue que des personnes qui ne sont point mariées.

Voyez au code le titre de frigidis & castratis, & aux décrétales le titre de frigidis & maleficiatis, les conférences de Caseneuve, Hotman & Tagerau, traités de l'impuissance. Voyez aussi le traité de la dissolution du mariage pour cause d'impuissance, par M. Bouhier. (A)

IMPUISSANT (Page 8:635)

IMPUISSANT, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui est inhabile à faire quelque chose.

On appelle impuissant un homme qui est inhabile à la génération. Voyez ci - dessus Impuissance.

On dit aussi qu'un acte ou un titre & un moyen est impuissant pour prouver telle chose, c'est - à - dire, qu'il ne peut pas avoir cet effet. (A)

IMPULSIF (Page 8:635)

IMPULSIF, adj. (Physique.) qui agit par impulsion. Ainsi on dit force impulsive, vertu impulsive. Voyez Impulsive.

IMPULSION (Page 8:635)

IMPULSION, s. f. (Physique.) est l'action d'un corps qui en pousse un autre, & qui tend à lui donner du mouvement, ou qui lui en donne en effet. On trouvera à l'article Percussion les lois de l'impulsion des corps. On verra dans ce même article & aux articles Communication & Équilibre, ce qu'on peut penser sur la nécessité de ces lois. Au reste, la propriété ou la vertu par laquelle un corps en pousse un autre, & lui communique du mouvement, est quelque chose de fort obscur, & il semble qu'on doit être presque aussi étonné de voir qu'un corps qui en frappe un autre, le dérange de sa place, que de voir un morceau de fer se précipiter vers une pierre d'aimant, ou une pierre tomber vers la terre. C'est donc une erreur de croire que l'idée de l'impulsion ne renferme aucune obscurité, & de vouloir, à l'exclusion de tout autre principe, regarder cette force comme la seule qui produise tous les effets de la nature. S'il n'est pas absolument démontré qu'il y en ait d'autre, il s'en faut beaucoup qu'il soit démontré que cette forme soit la seule qui agisse dans l'univers. Voyez Attraction, Gravitation, &c. (O)

IMPUNI, IMPUNITÉ, IMPUNÉMENT (Page 8:635)

* IMPUNI, IMPUNITÉ, IMPUNÉMENT, (Gram. & Morale.) Les fautes demeurent impunies, ou parce que la loi n'a point décerné de châtiment contre elles, ou parce que le coupable réussit à se soustraire à la loi. Ce qui arrive ou par les précautions qu'il a prises pour n'être point convaincu, ou par les malheureuses prérogatives de son état, de son rang, de son autorité, de son crédit, de sa fortune, de ses protections, de sa naissance, ou par la prévarication du juge; & le juge prévarique, lorsqu'il néglige la poursuite du coupable ou par indolence ou par corruption. Quelle que soit la cause de l'impunité, elle encourage au crime.

IMPURETÉ (Page 8:635)

IMPURETÉ, s. f. (Medecine.) nom entierement françois, par lequel on désigne la non pureté des premieres voies, c'est - à - dire, l'état de l'estomac & des intestins infectés, altérés & corrompus, il répond au mot grec A)/KAQAIRESIS2. Il s'annonce par des pesanteurs d'estomac, douleurs de tête, diarrhées, vomissement, rots, défaut d'appétit; la langue est chargée, amere, &c. Ce vice est fameux en Medecine par les distinctions minutieuses & innombrables qu'on en a établi, & par les rôles multipliés qu'on lui a fait jouer dans la production des maladies. En effet, quelques écrivains spéculatifs ont divisé & subdivisé les impuretés, saburre, crudités, en acide, alkaline, muriatique, insipide, bilieuse, pituiteuse, &c. & chaque vice particulier a été censé le germe d'une maladie différente; le passage des impuretés dans le sang renferme presque toute la théorie moderne, c'est la base de toutes les maladies aiguës, la célebre cause morbifique à combattre, & dont il faut empêcher l'augmentation pour prévenir les redoublemens; c'est aussi le foyer qu'il faut vuider dans toutes les maladies généralement, parce qu'il n'en est point, disent - ils, qui ne soient produites, ou du moins entretenues par un foyer d'impuretés, par un levain vicieux placé dans les premieres voies; & c'est enfin la source de ces indications toûjours les mêmes, toûjours semblables & toûjours uniques, de purger & de rétablir les

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