ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"620"> plonge plusieurs fois la doublure en la maniant pour la rendre douce; y plonge aussi le cuir à l'envers, & le frotte à deux mains principalement quand il est neuf; étale la doublure & le cuir par dessus, & les roule l'un sur l'autre jusque sur l'extrèmité du bois de balle: le cuir & la doublure roulés ensemble font alors comme une espece de bourlet, que l'imprimeur plonge plusieurs fois dans l'eau & presse avec la main. Il en fait autant à l'autre balle; puis il les met l'une auprès de l'autre à terre dans un lieu humide, & les couvre d'un vieux blanchet ramoiti.

Quand il y a mille ou douze cent cinquante de papier tiré des deux côtés, les imprimeurs le chargent. On le met entre deux ais, sous un poids de quarante ou cinquante livres, plus que moins, & on l'y laisse pendant cinq ou six heures. Après que le papier a été chargé, le foulage étant applati, l'impression paroît plus unie, plus nourrie, & sort davantage. Cet article est du Prote de l'Imprimerie de M. Le Breton.

Il nous reste à parler de l'impression en rouge & noir, c'est - à - dire de celle dans laquelle on imprime sur la même forme avec ces deux couleurs. Pour y procéder, quand les épreuves ont été faites en noir, on doit laver la forme avec une plus grande attention qu'à l'ordinaire, de façon qu'il ne reste point de noir sur le caractere; on doit la laver avec de la lessive bien chaude. De - là on la met en train sur la presse avec une grande précaution: on serre bien les coins de registre, de maniere que la forme ne puisse nullement se déranger; on fait ensorte que les couplets du tympan & de la frisquette ne puissent vaciller aucunement. On découpe ensuite sur la frisquette la partie qui doit venir en rouge, & les morceaux de parchemin que l'on en ôte doivent se coller sur le tympan, au même endroit où ils étoient à la frisquette; ou on les met sous chacun des mots de la forme qui doivent se trouver en rouge; c'est ce qu'on appelle taquonner, ces morceaux détachés de la frisquette se nomment taquons. Par ce moyen on donne plus de hauteur au caractere. (Dans les imprimeries où l'on fait souvent des livres d'église, & autres où cette impression est plus usitée, il y a des caracteres plus hauts destinés à cet usage). On imprime comme à l'ordinaire la partie rouge; quand elle est finie sur une forme, on la lave encore fortement pour détacher le rouge, on ôte les mots ou les lignes qui ont été imprimés, on y substitue des quadrats, on reporte la forme sur la presse, & avec les mêmes précautions on imprime la partie noire. Il n'est pas aisé de faire rencontrer exactement & en ligne cette sorte d'impression; le moindre dérangement dans le jet du tympan ou de la frisquette, ou dans les pointures, suffit pour la gâter. Peu d'imprimeurs y réussissent; & c'est ce qu'ils ont de plus difficile à exécuter.

Les peaux dont on se sert pour les balles à l'impression rouge sont des peaux blanches. Pour la composition de cette espece d'encre, voyez au mot Encre d'imprimerie.

Imprimerie en taille douce (Page 8:620)

Imprimerie en taille douce, (Art méchanique.) c'est l'art de porter sur une feuille de papier, un morceau de satin, ou quelqu'autre substance semblable, l'empreinte des traits qu'on a tracés à l'eauforte, ou au burin, ou autrement sur une planche de cuivre ou de bois.

Cette opération se fait par le moyen de deux rouleaux, entre lesquels on fait passer la planche, après qu'elle est encrée. Ces rouleaux font partie d'une machine qu'on appelle la presse.

L'action des rouleaux attache l'encre qui remplit les traits dont la planche est gravée, à la feuille de papier, au vélin, ou au satin dont on l'a couverte.

La feuille chargée de ces traits, s'appelle une estampe.

La fonderie en caracteres, & l'Imprimerie proprement dite, ont concouru pour multiplier à l'infini les productions de l'esprit, ou plutôt les copies de ces productions. La gravure & l'imprimerie en taille douce ont rendu à la peinture le même service, ou à peu près. Je dis à peu près, parce que l'estampe ne conserve pas tout le mérite du tableau.

Grace à ces deux derniers arts, avec un peu de goût, on peut sans grande opulence renfermer dans quelques porte - feuilles choisis, plus de morceaux en gravure, que le potentat le plus riche ne peut avoir de tableaux dans ses galeries. La gloire des grands maîtres ne passe pas tout - à - fait.

Description de la presse. La presse des imprimeurs en taille douce est composée de deux forts assemblages de charpente A, B, C, D, Planche de l'imprimerie en taille douce, fig. 6. Ces assemblages sont entretenus l'une avec l'autre par deux traverses. Ils sont composés chacun d'un patin A, B, aux extrémités duquel sont des billots ou calles l, m, qui élevent la presse.

La face supérieure du patin est percée de cinq mortoises. Celle du milieu reçoit le tenon de la jumelle C D. Les deux plus voisines sont destinées aux tenons inférieurs des jambettes I K, qui maintiennent les jumelles dans la position verticale. Les deux autres sont les lieux des tenons inférieurs des colonnes G H, qui portent les bras O F de la presse.

Il faut imaginer un assemblage tout à fait semblable à celui - ci, & tenu parallellement par les deux traverses dont nous avons parlé.

Dans ces deux assemblages, chaque jumelle est percée des deux grandes ouvertures quadrangulaires r s x, y z x, arrondies en plein ceintre du côté qu'elles se regardent. C'est dans ces ouvertures que passent les tourillons des rouleaux, comme nous l'expliquerons plus bas.

Chaque jumelle est encore percée sur chaque face latérale de deux mortaises; l'une, qui est la supérieure, est double, & reçoit le double tenon du bras, dont l'autre extrémité est portée par la colonne. La mortaise inférieure reçoit le tenon supérieur de la jambette.

Les deux assemblages ou fermes de l'un desquels on vient de donner la description, sont arrêtés ensemble par deux traverses de deux piés de longueur. La traverse inférieure qu'on voit en P O, fig. 5, & en P, fig. 1, est fixée par un tenon & une vis L dans chaque jumelle. On voit, fig. 1 & 6, cette place L. La traverse supérieure H H, fig. 5 & 6, que l'on nomme aussi le sommier, l'est par des queues d'hironde & communément ornée de quelques moulures. Le tout est fait de bon bois de chêne ou de noyer.

Les rouleaux, fig. 7 & 8, qui ont environ sept pouces de diametre, & sont terminés par des tourillons, dont le diametre est de quatre pouces & demi, doivent être de bon bois de noyer sans aubier, de quartier, & non de rondin. On peut aussi y employer l'orme.

Un des tourillons du rouleau supérieur, fig. 7, est terminé par un quarré, auquel on adapte un moulinet croisé, par le moyen duquel on fait tourner ce rouleau, comme on le dira plus bas.

Les tourillons des rouleaux, fig. 7 & 8, s'appliquent aux parties arrondies des ouvertures r s x, y z x des jumelles, fig. 6; & le reste de leur espace est rempli des boëtes, des hausses & des calles.

Les boëtes O P, fig. 9, au nombre de quatre, sont des pieces de bois de même dimension, soit en largeur, soit en épaisseur, que l'ouverture de la jumelle. Elles ont trois pouces & demi; elles sont évuidées cylindriquement pour s'appliquer sur le [p. 621] tourillon. On les garnit intérieurement d'une plaque de fer blanc, dont les oreilles a, b, fig. 9, percées chacune d'un trou, entrent dans les entailles a, b, pratiquées aux faces latérales de la boëte, où elles sont fixées par des clous.

Les hausses K K sont aussi au nombre de quatre. Ce sont de petites planches d'un pouce environ d'épaisseur, & des mêmes dimensions du reste que la base des boëtes auxquelles elles doivent s'appliquer.

Les calles sont des pieces de carton, dont le nombre est indéterminé, & dont les dimensions correspondent à celles des hausses auxquelles on les appliquera.

Les deux fermes étant assemblées, pour achever de monter la presse, on fera entrer les tourillons des rouleaux dans les ouvertures des jumelles; savoir, ceux du rouleau dont un des tourillons est terminé par un quarré, fig. 7, dans les ouvertures supérieures r s x, fig. 6; & ceux de l'autre rouleau, fig. 8, dans les ouvertures inférieures y z x, fig. 6. On placera aussi les tenons de la traverse P O, fig. 5 & 1, dans les mortaises des jumelles, destinées à les recevoir, & où ils seront fixés par les vis L, fig. 1 & 6, & l'on couronnera cette charpente du sommier H H, fig. 5 & 6. La fonction du sommier est d'empêcher l'écartement des jumelles.

Cela fait, on introduira dans l'entaille inférieure de chaque jumelle, & du côté de x y, fig. 6, une boëte o, fig. 9, garnie de sa plaque de fer blanc, & préalablement enduite de vieux - oing. On enduira de la même matiere le tourillon du rouleau. On placera sous cette boëte une hausse, ensorte que le tourillon du rouleau accole la partie concave x de l'ouverture y z x. Sur les tourillons du rouleau supérieur, on place de semblables boëtes, surmontées par des hausses recouvertes de calles, jusqu'à ce que les ouvertures r s x soient suffisamment garnies.

On ajustera ensuite deux petits ais dans les rainures des bras de la presse, au - dessous desquels on placera une traverse terminée par des queues d'hironde, qui entreront dans les entailles pratiquées aux extrémités des bras. Ces traverses en empêcheront l'écartement.

Une attention essentielle, c'est que la ligne de jonction des deux rouleaux soit plus élevée d'environ un pouce, que la surface supérieure des petits ais dont on vient de parler.

On adapte le moulinet au rouleau supérieur, en faisant entrer le tenon quarré de ce rouleau dans l'ouverture de même forme qu'on voit au centre de la croisée du moulinet, fig. 10, & bientôt la presse sera prête à marcher. Il ne s'agit plus que d'y ajuster la table.

La table de la presse est une planche de noyer, d'un pouce & demi environ plus étroite que l'intervalle qui est entre les jumelles. Elle a environ trois piés & demi de longueur; ses faces doivent en être parfaitement dressées, sur - tout celle de dessus; on l'introduit entre les rouleaux, ôtant pour cet effet, s'il est nécessaire, quelques unes des calles qui remplissent les ouvertures supérieures des jumelles, ou en faisant, au moyen du moulinet, tourner le rouleau supérieur. Une des extrémités de la table étant amincie, elle sera prise par les rouleaux, & entraînée entr'eux dans leur mouvement. Les rouleaux doivent la comprimer fortement. Elle ne doit toucher à aucune autre partie de la presse; c'est par cette raison qu'on a fait la partie supérieure du rouleau de dessous d'environ un pouce plus élevée que la table dormante, composée des petits ais placés entre les bras de la Presse.

Outre la presse qui est à la vérité l'instrument prin<cb-> cipal, l'attelier de l'imprimeur en taille douce doit encore être pourvû,

1°. de langes.

2°. de linges ou torchons.

3°. d'un tampon ou d'une balle.

4°. de noir de fumée, ou noir d'Allemagne.

5°. d'une marmite de fer pour cuire l'huile de noix.

6°. d'un marbre & de sa molette pour broyer le noir.

7°. d'une poële à feu & d'un gril pour chauffer la planche.

8°. de différens ais & de bacquets pour la trempe du papier.

Des langes. Ils sont de laine blanche, d'un bon drap bien foulé sans aucune inégalité. On en emploie quelquefois de serge fine que l'on applique les premiers sur la planche, & qu'on recouvre de langes plus grossiers. Ils n'auront ni ourlet ni lisiere. On s'en pourvoira de deux ou trois grandeurs différentes, pour les changer au besoin selon l'étendue des planches & des papiers; mais comme à force de passer sous le rouleau, ils deviennent durs, & se chargent d'humidité, il est à propos de les étendre le soir; & le matin, lorsqu'ils seront secs, on les maniera, froissera ou foulera en tous sens, pour les bien assouplir. Il faut aussi en avoir de rechange, afin de pouvoir, sans interruption de travail, laver ceux qui sont devenus trop durs, & les débarrasser de la colle qu'ils ont prise du papier mouillé, sur lequel on les a posés si souvent dans le cours du tirage.

Des linges ou torchons. Ce sont des lambeaux de vieux linges dont on se servira pour essuyer la planche, lorsqu'elle aura été encrée.

Du tampon ou de la balle. On la fait d'un bon linge de chanvre, doux & fin, à demi usé; on le coupe par bandes larges de cinq à six pouces; on roule ces bandes fort serré, comme on rouleroit un ruban, mais le plus fermement possible; on en forme comme une molette de peintre. En cet état on les coud avec du bon fil, en plusieurs doubles, qu'on fait passer à - travers dans tous les sens. On s'aide dans ce travail d'une alene. Le tampon ou la balle bien cousue, & réduite à environ trois pouces de diametre, on la rogne avec un couteau bien tranchant; l'autre côté sera arrondi en demi - boule, afin que le creux de la main s'y puisse appliquer commodément lorsqu'il s'agira d'encrer la planche.

Du noir de fumée ou du noir d'Allemagne. Le meilleur noir qui soit à l'usage des Imprimeurs en taille douce se fait par la combustion des matieres résineuses; c'est une véritable suie. Voyez l'article Noir de Fumée. Le bon noir doit avoir l'oeil velouté; en le froissant entre les doigts, il s'y écrasera comme l'amidon. Le noir commun n'aura pas un oeil si beau; au lieu de l'éprouver doux entre les doigts, on le trouvera rude & graveleux. Il use fort les planches; on le tire des lies du vin brûlées.

De la marmite à cuire l'huile. Elle sera de fer, assez grande; il faut que son couvercle s'y ajuste bien exactement. On y mettra la quantité qu'on voudra d'huile de noix, la meilleure & la plus pure, ensorte toutefois qu'il s'en manque au moins quatre à cinq doigts qu'elle ne soit pleine. On la couvrira, & l'on fera bouillir l'huile, ayant attention qu'elle ne se répande & ne s'enflamme. On la remuera souvent, soit avec une pince, soit avec des cuilleres de fer, jusqu'à ce que le feu y prenne légerement de lui - même. On pourra l'allumer avec un morceau de papier enflammé qu'on y jettera, lorsqu'elle sera chaude au point requis; alors on retirera la marmite de dessus le feu, on la placera dans un coin de la cheminée, observant de remuer l'huile. Cette igni<pb->

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