ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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IMPUDENCE (Page 8:632)

IMPUDENCE, s. f. (Morale.) manque de pudeur pour soi - même, & de respect pour les autres. Je la définis une hardiesse insolente à commettre de gaieté de coeur des actions dont les lois, soit naturelles, soit morales, soit civiles, ordonnent qu'on rougisse; car on n'est point blâmable, de n'avoir pas honte d'une chose, qu'aucune loi ne défend; mais il est honteux d'être insensible aux choses qui sont deshonnêtes en elles mêmes.

Ce vice a différens degrés, & des nuances différentes, selon le caractere des peuples. Il semble que l'impudence d'un françois brave tout, avec des traits qui font rire, en même tems que la réflexion porte à en être indigné: l'impudence d'un italien est affectueuse & grimaciere; celle d'un anglois est fiere & chagrine; celle d'un écossois est avide; celle d'un irlandois est flatteuse, légere, & grotesque. J'ai connu, dit Adisson dans le spectateur, un de ces impudens irlandois, qui trois mois après avoir quitté le manche de la charrue, prit librement la main d'une demoiselle de la premiere qualité, qu'un de nos anglois n'auroit pas osé regarder entre les deux yeux, après avoir étudié quatre années à Oxford, & deux ans au Temple.

Mais sous quelque aspect que l'impudence se manifeste, c'est toûjours un vice qui part d'une mauvaise éducation, & plus encore d'un caractere sans pudeur, en sorte que tout impudent est une espece de proscrit naturellement par les lois de la société. Voyez Effronté.

Impudence (Page 8:632)

Impudence, (Antiq. greq.) l'Impudence, ainsi que l'Injure ou l'Outrage, eurent dans la ville d'Athènes un temple commun, dont voici l'histoire en peu de mots. Il y avoit à l'Aréopage deux especes de masses d'argent taillées en siéges, sur lesquelles on faisoit asseoir l'accusateur & l'accusé. L'une de ces deux masses étoit consacrée à l'Injure, & l'autre à l'Impudence. Cette ébauche de culte fut perfectionnée par Epiménides, qui commença par élever à ces deux especes de divinités allégoriques, des autels dans les formes; & bien - tôt après, il leur bâtit un temple, dont Ciceron parle ainsi dans son II. livre des lois: illud vitiosum Athenis, quòd Cylonis scelere expiato, Epimenide Cretensi suadente, fecerunt contumelioe fanum & impudentiae. Virtutes, ajoute l'orateur romain, non vitia consecrare decet. Sans doute qu'il faut consacrer les vertus & non pas les vices: mais, quoi qu'en dise Ciceron, ce que les Athéniens firent ici, ne s'écartoit point de son principe; ils en remplissoient parfaitement l'idée; leur temple à l'Outrage & à l'Impudence, n'indiquoit point qu'ils honorassent ces deux vices; il désignoit tout au contraire, qu'ils les détestoient. C'est ainsi que les Grecs & les Romains sacrifierent à la peur, à la fiévre, à la tempête, aux dieux des enfers; ils n'invoquoient en un mot toutes les divinités nuisibles, & ne leur rendoient un culte, que pour les détourner de nuire. Au reste, le temple dont il s'agit présentement, répondoit à celui qu'Oreste avoit consacré aux Furies, qui en l'amenant à Athènes, lui procurerent la protection de Minerve, comme nous l'apprenons de Pausanias, in Attic. (D. J.)

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