RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"596">
On a coutume de regarder comme un latinisme très - éloigné des lois de la syntaxe générale, le tour ire est; & je ne sais si l'on s'est douté que l'équivalent itur s'écartât le moins du monde des lois les plus ordinaires; c'est pourtant l'expression la moins naturelle des deux, & la plus difficile à justifier. Ire est l'action d'aller, cela est simple, quand on ne veut affirmer que l'action d'aller, sans assigner à cet acte aucun sujet déterminé. Mais comment le tour passif itur peut - il présenter la même idée? c'est que l'effet produit par une cause est en soi purement passif, & n'existe que passivement; ainsi il suffit d'employer la voix pasfive pour affirmer l'existence passive de cet effet, quand on ne veut pas en désigner la cause active. Ceci me paroît encore naturel, mais beaucoup plus détourné que le premier moyen; & par conséquent le second tour approche plus que le premier de ce que l'on nomme idiotisme.
Cette observation me conduit à une question qui y a bien du rapport, & qui va peut être apprêter à rire à cette foule d'érudits, qui ont garni leur mémoire de tous les mots & de tous les tours matériels de la langue latine, sans en approfondir un seul; qui en connoissent la lettre, si l'on veut, mais qui n'en ont jamais pénétré l'esprit. Itum est, fletum est, statum est, on alla, on pleura, on s'arrêta; ces tours sont - ils actifs ou passifs?
Afin de répondre avec précision, qu'il me soit permis de remarquer en premier lieu que, ire est est au présent, itum est au prétérit, & eundum est au futur; personne apparemment ne le contestera. En second lieu que ces trois tours sont analogues entre eux, puisque dans tous trois, l'idée individuelle de la signification du verbe ire est employée comme sujet du verbe substantif; d'où il suit que ces trois expressions sont comparables entr'elles, comme parties d'une même conjugaison, de la même maniere, quant au sens, que doceo, docui, docturus sum. Il en est donc du sens d'itum est, comme de celui d'ire est, & de celui d'eundum est; mais il est hors de doute que ire est est un tour actif, & il est aisé de prouver qu'il en est de même de eundum est. On lit dans Virgile (AEnéide XI. 230.) pacem trojano ab rege petendum, il faut demander la paix au prince troyen: pacem est à l'accusatif à cause du verbe actif petendum, qui n'est autre chose que le gérondif de petere, & qui n'en differe que par la relation au tems. Nos rudimentaires modernes imagineront peut - être une faute des copistes à ce vers de Virgile, & croiront qu'il faut lire petendam, afin de ne pas y avouer le sens actif, mais malà propos. Servius qui vivoit au quatrieme siecle, dont le latin étoit la langue naturelle, & qui nous a laissé sur Virgile un commentaire estimé, loin de vouloir esquiver pacem petendum, remarque que c'est un tour nécessaire quand on employe le gérondif; cum per gerundi modum aliquid dicimus, per accusativum elocutionem formemus necesse est, ut petendum mihi est equum; il ajoûte à cela un exemple pris dans Lucrece, oeternas quoniam poenas in morte timendum. Min - Ellius, dans ses annotations sur Virgile, observe sur le même vers que c'est une façon de parler familiere à Lucrece, dont il cite d'abord le même exemple que Servius, & ensuite un second, motu privandum est corpora. Il faut donc avouer que comme petendum est pacem est une locution active, eundum est à plus forte raison doit être pris également dans le sens actif; devoir aller, eundum est, est; devoir aller est, c'est - à - dire on doit aller, comme aller est, ire est, signifie on va.
Servius au même endroit déja cité, après l'exemple tiré de Lucrece, en ajoûte un autre tiré de Salluste, castra sine vulnere introitum, mettant ainsi sur la même ligne petendum, timendum & introitum, qu'il désigne également par la dénomination de gerundi modus. Sur le servitum matribus ibo (AEnéide II. 786.) il s'étoit expliqué de même, modus gerundi est, & à propos de quis talia fando, &c. (ibid. 6.) gerundi modus est, dit - il, sive pro infinitivo modo dictum accipiunt. Ce dernier mot est important; il prouve que ire, itum & eundum, sont également du mode infinitif, & qu'apparemment ils ne doivent différer entre eux que par les relations temporelles; aussi n'est - ce que par ces mots que different les trois phrases ire est, itum est, eundum est, que nous traduisons activement par on va, on est allé, on doit aller.
Concluons donc par analogie que itum est est également actif, qu'il signifie littéralement être allé est, & selon le tour françois, on est alié.
Il faut bien que Varron ait pensé que le supin spectatum avoit le seus actif, quand il a dit esse in Arcadia scio spectatum suem pour spectasse, dit la méthode latine de Port - royal. Et Plaute a dit dans le même sens (Amphytr. in prol.) justam rem & facilem esse oratum à vobis volo: sur quoi il est bon de remarquer que sans volo, ce comique auroit dit, justam rem & facilem esse oratum à vobis, conformément à l'analogie que j'établis ici, & que lui - même a suivie dans le texte dont il s'agit.
Quelques - uns de nos grammairiens françois, par un attachement aveugle à la prétendue impersonnalité des verbes latins, ont voulu la retrouver dans notre phrase françoise, on va, on est allé, on doit aller; il faut, il pleut, &c. mais il est évident que c'est fermer les yeux à la lumiere: quelle que puisse être l'origine de notre on, il est constant que c'est un pronom général qui désigne par l'idée précise de la troisieme personne, un sujet d'une nature quelconque, & conséquemment qu'il n'y a point d'impersonnalité partout où on le rencontre. Dans les autres exemples notre il est chargé des mêmes fonctions, avec cette différence que on fixe plus particulierement l'attention sur les hommes, & que il détermine d'une maniere plus générale. Il pleut, c'est - à - dire, l'eau pleut. Il faut aimer Dieu, il est un pronom appellatif, déterminé par ces mots aimer Dieu, de sorte que le sujet total est il aimer Dieu; faut manque, est nécessaire, à l'imitation du desideratur latin. Il y a des hommes, ou plusieurs philosophes qui le nient, c'est - à - dire il des hommes, ou il savoir plusieurs philosophes qui le nient, a place ici. Dans il des hommes le déterminatif de il y est joint par la préposition de; dans il plusieurs philosophes, le déterminatif est joint à il par simple opposition, comme cela étoit très - commun al tems Innocent III. Villehardouin.
IMPERTINENCE (Page 8:596)
IMPERTINENCE, s. f. (Morale.) l'usage a changé le sens de ce mot; il exprimoit autrefois une action ou un discours opposé au sens commun, aux bienséances, aux petites regles qui composent le savoir vivre. On ne s'ensert guere aujourd'hui que pour caractériser une vanité dédaigneuse, conçue sans fondement, & montrée sans pudeur; cette sorte de vanité est assez commune. Heureux qui peut en rire! l'homme sage & sensé en est plus le martyr que le frondeur. La vanité, l'impertinence, le sot orgueil des rangs, lui paroissent les inconvéniens nécessaires de l'hiérarchie, qui maintient l'ordre de l'amour de la gloire qui vivifie la nation.
Impertinent (Page 8:596)
Impertinent (Page 8:597)
IMPERTURBABLE, IMPERTURBABILITÉ (Page 8:597)
IMPERTURBABLE, IMPERTURBABILITÉ, (Gram.) il ne se dit guere que de la mémoire. Ce prédicateur a une mémoire qui ne se trouble jamais, imperturbable. Cependant, on dit encore d'un homme qu'aucune objection n'ébranle, qu'il est imperturbable dans ses principes; alors il est relatif à la dispute. C'est par l'étude, les connoissances acquises, la reflexion, l'intérêt, le caractere, que nous nous rendons imperturbables dans nos sentimens, nos projets, nos résolutions, &c. il faut avoir la raison pour soi, sinon d'imperturbable qu'on étoit, on devient entêté, opiniâtre.
IMPÉTRABLE (Page 8:597)
IMPÉTRABLE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce
qui se peut demander; ce terme n'est guere usité
qu'en matiere bénéficiale. On dit qu'un bénéfice est
vacant & impétrable, lorsqu'il n'est pas rempli de fait
ou de droit. Voyez
IMPÉTRANT (Page 8:597)
IMPÉTRANT, adj. (Jurisprud.) en termes de
chancellerie, signifie celui qui obtient des lettres du
prince; cependant dans les lettres il n'est qualifié que
d'exposant, parce qu'il n'est impétrant qu'après avoir
obtenu les lettres. Voyez
IMPÉTRATION (Page 8:597)
IMPÉTRATION, s. f. (Jurisprud.) en matiere
bénéficiale, se dit de l'obtention que l'on fait d'un
bénéfice en cour de Rome; il se dit aussi en style de
chancellerie, pour exprimer l'obtention de toutes
sortes de lettres: celui qui les obtient est appellé
l'impétrant. Voyez
IMPÉTUEUX, IMPÉTUOSITÉ (Page 8:597)
IMPÉTUEUX, IMPÉTUOSITÉ, (Gram.) termes relatifs à la violence du mouvement. Le vent est impétueux; les flots de la mer sont impétueux; le Rhône est impétueux. Il se dit au figuré de la jeunesse, de la colere, du caractere, du zele, du style, du discours, & de presque toutes les qualités qui peuvent pécher par excès. C'est une affaire d'organisation, à laquelle ni l'éducation, ni la réflexion, ni les malheurs, ni l'âge ne remédient pas toujours. Il est dangereux de s'opposer à l'impétuosité, soit au simple, soit au figuré. Un Orateur impétueux nous entraîne; un Orateur grave nous accable. L'impétuosité est communément de courte durée; il faut la laisser passer.
IMPIE (Page 8:597)
IMPIE, adj. (Gram.) Celui qui médit d'un Dieu qu'il adore au fond de son coeur. Il ne faut pas confondre l'incrédule & l'impie. L'incrédule est un homme à plaindre; l'impie est un méchant à mépriser. Les chrétiens qui savent que la foi est le plus grand de tous les dons, doivent être plus circonspects que les autres hommes, dans l'application de cette injurieu<cb->
IMPITOYABLE (Page 8:597)
IMPITOYABLE, adj, (Gramm.) qui est sans pitié.
Voyez
IMPLANTER (Page 8:597)
IMPLANTER, verbe actif. (Gramm. & Anat.) c'est avoir son origine & son attache profondement en quelque endroit. Les cheveux sont implantés sur la tête. Les oreillettes & les arteres s'implantent dans le coeur.
IMPLEXE (Page 8:597)
IMPLEXE, adj. (Littérat.) Il se dit des poëmes épiques, & des ouvrages dramatiques; c'est l'opposé de simple. Louvrage est simple quand il n'y a point de renversement dans la fortune du héros. Implexe si la fortune du héros devient mauvaise de bonne qu'elle étoit, ou de mauvaise devient bonne. On croit que le sujet implexe est plus propre à émouvoir les passions.
IMPLICITE, IMPLICITEMENT (Page 8:597)
IMPLICITE, IMPLICITEMENT. Implicite, adj<-> terme de l'école, est le contraire d'explicite, & signifie non expliquée, non développée. Volonté implicite, foi implicite.
Volonté implicite est celle qui se manifeste moins par des paroles que par des circonstances & par des faits. Telle clause, par exemple, sans être énoncée dans un contrat, y est censée contenue, parce qu'elle suit de la volonté implicite & primitive des contractans, laquelle se demontre, tant par la nature de l'acte, que par d'autres clauses équivalentes, & nettement exprimées.
Foi implicite est un acquiescement général & sincere à tout ce que l'Eglise nous propose, sans que le fidele porte sa vûe ni sa foi, sur tel ou tel article de croyance, qu'il ignore le plus souvent.
La plûpart des hommes n'ont, comme on sait,
qu'une foi implicite; trop occupés de leurs affaires
temporelles, ils n'ont ni le tems, ni le génie nécessaire
pour acquérir les connoissances que suppose
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.