ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"589"> grand - aumônier ou chapelain est l'abbé de S. Maximin de Treves. Quoique les lois d'Allemagne n'admettent les femmes au gouvernement qu'au défaut des mâles, les Jurisconsultes s'accordent pourtant à dire que l'impératrice peut avoir la tutelle de ses enfans, & par conséquent gouverner pendant leur minorité.

La princesse qui regne aujourd'hui en Russie, porte le titre d'impératrice, qui est à présent reconnu par toutes les puissances de l'Europe; ce titre a été substitué à celui de Czarine, & à celui d'Autocratrice de toutes les Russies, qu'on lui donnoit en Pologne & ailleurs.

IMPERCEPTIBLE (Page 8:589)

* IMPERCEPTIBLE, adj. (Gramm.) il se dit au simple de tout ce qui échappe par sa petitesse à l'organe de la vûe; & au figuré, de tout ce qui agit en nous & sur nous d'une maniere fugitive & secrette qui échappe quelquefois à notre examen le plus scrupuleux. Il y a, je ne dis pas des élémens des corps, des corps composés, des mixtes, des sur - composés, des tissus, mais des corps organisés, vivans, des animaux qui nous sont imperceptibles, & ces animaux qui se dérobent à nos yeux & à nos microscopes, sont peut - être une vermine qui les dévore, & ainsi de suite. Qui sait où s'arrête le progrès de la nature organisée & vivante? Qui sait quelle est l'étendue de l'échelle selon laquelle l'organisation se simplifie? Qui sait où aboutit le dernier terme de cette simplicité, où l'état de nature vivante cesse, & celui de nature brute commence? Nous sommes quelquefois entraînés dans nos jugemens & dans nos goûts par des mouvemens de coeur & d'esprit qui, pour être très - imperceptibles, n'en sont pas moins puissans.

IMPERFECTION (Page 8:589)

IMPERFECTION, s. f. (Gramm.) voyez Imparfait.

IMPERFORATION (Page 8:589)

IMPERFORATION, s. f. (Chirurgie.) maladie chirurgicale qui consiste dans la clôture des organes qui doivent naturellement être ouverts. L'anus, le vagin, & l'urethre, sont les parties les plus sujettes à l'imperforation. Le défaut d'ouverture peut être accidentel à la suite des plaies, des ulceres ou des inflammations qui auront procuré l'adhérence des orifices de ces parties; mais il est plus souvent un vice de premiere conformation.

M. Petit a donné des remarques sur les vices de conformation de l'anus, qui sont insérées dans le premier tome des Mém. de l'acad. royale de Chirurgie. L'auteur distingue les différens états de l'intestin fermé; & d'après plusieurs observations, il indique les moyens qui conviennent pour en procurer l'ouverture. Le cas le plus épineux est lorsque la nature a, pour ainsi dire, oublié la partie du rectum qui doit former l'anus; alors il n'y a aucune marque extérieure capable de diriger le chirurgien; & il est certain qu'on ne peut réparer ce vice de conformation. Les enfans n'en meurent cependant pas tous; car il est quelquefois possible de donner issue aux matieres fécales: M. Petit a imaginé à ce sujet un trocart dont la canule est fendue des deux côtés; il est plus gros & plus court que les trocarts ordinaires. Voyez Trocart. Il faut souvent faire une incision entre les fesses, & porter le doigt dans cette incision pour tenter la découverte de l'anus, & pouvoir porter le trocart dans l'intestin. Si l'on a réussi, on peut aggrandir l'ouverture en introduisant une lancette ou un bistouri dans la fente de la canule: on ne risquera pas que la pointe de ces instrumens blesse aucune partie, parce qu'elle est toûjours cachée dans la canule dont elle garde le centre. Dans cette opération, le chirurgien doit tâcher de découvrir le centre du boyau qui doit former l'anus, & qui se présente ordinairement sous la forme d'une corde dure & compacte: car si l'on manque de passer par l'enceinte du muscle sphincter, s'il y en a un, l'enfant guéri aura nécessairement pendant toute sa vie une issue involontaire de matieres; ce qui es tun mal plus fâcheux que la mort n'est à cet âge. Malgré ces inconvéniens, qui sont souvent inévitables, le chirurgien doit procurer à tout événement l'évacuation des matieres retenues; ce qui est fort facile, lorsque, comme il arrive souvent, il ne se trouve qu'une membrane à percer, ou qu'il y a ouverture externe & vestige d'anus. Voyez le Mém. de M. Petit.

L'urethre n'est jamais imperforé qu'il n'y ait une ouverture fistuleuse par où les urines ont un cours libre; c'est un fait prouvé par un grand nombre d'observations. Si l'ouverture qui donne passage à l'urine se trouve au periné ou à la verge, à une distance assez éloignée de l'extrémité du gland, il est impossible de réparer ce défaut, qui est un obstacle à la génération. Si l'ouverture étoit près du frein, on pourroit avec cet instrument convenable percer le gland jusqu'à l'urethre, & mettre une bougie dans cette ouverture: on pourroit ensuite, à l'aide d'une canule, empêcher les urines de passer par l'ancienne ouverture, dont il faudroit consumer les bords avec quelques caustiques, pour, après la chûte de l'escarre, réunir les parois de l'urethre. Cette opération a été pratiquée par le docteur Turner, chirurgien aggrégé au collége des Medecins de Londres. Voyez son traité des maladies de la peau.

Les femmes naissent souvent avec l'imperforation du vagin: cette maladie n'est pas si dangereuse que la clôture de l'anus; les accidens qu'elle cause ne se manifestent que lorsque les regles surviennent. Fabrice d'Aquapendente, rapporte qu'une jeune fille qui s'étoit bien portée jusqu'à l'âge de 13 ans, commença à sentir des douleurs autour des lombes, & vers le bas du ventre, qui se communiquoient à la jointure de la hanche & aux cuisses; les Medecins la traitoient comme si elle eût une goutte sciatique. Le corps s'exténua; il survint une petite fiévre presque continue, avec dégoût, insomnie, & délire. Il se forma enfin une tumeur dure & douloureuse au bas du ventre, à la région de la matrice: on observa que tous ces accidens augmentoient régulierement tous les mois. L'auteur fut appellé à la derniere extrémité; & ayant visité la malade, il fendit d'une simple incision la membrane hymen; il sortit une grande quantité de sang épais, gluant, verdâtre, & puant, & à l'instant la malade fut délivrée comme par miracle de toutes ses incommodités.

Le docteur Turner rapporte un fait à - peu - près semblable; une femme mariée, d'environ vingt ans, avoit le bas - ventre distendu comme si elle avoit été enceinte; à l'examen des parties on trouva l'hymen sans aucune ouverture & débordant les grandes levres, comme si ç'eût été une chûte de matrice: il sortit par l'incision qu'on y fit quatre pintes de sang grumelé de couleurs & de consistances différentes, qui n'étoit que celui des regles supprimées. La malade guérit parfaitement & eut un enfant un an après. Son mari dit que les premieres approches leur avoient été fort douloureuses à l'un & à l'autre, mais qu'enfin il avoit trouvé un accès plus facile: Turner croit que c'étoit par l'orifice de l'urethre.

L'hymen sans être imperforé forme quelquefois une cloison qu'il est nécessaire d'inciser; nous nous contenterons d'en rapporter l'exemple qui suit. Une femme de Hesse, au rapport de Moecius & de Schenckius, n'avoit au lieu de la grandeur ordinaire de la vulve, qu'un trou à admettre une plume: elle voulut néanmoins se marier, & vécut dans cet état avec son mari (fort paisible sans doute sur l'article) pendant huit ans; mais enfin il plaida pour le [p. 590] divorce. L'affaire fut portée devant le landgrave de Hesse, qui par l'avis des mages & de Dryeinder fameux praticien, ordonna que la femme fût opérée; mais dans le cours de la cure, le bon homme mourut, & laissa la jouissance de son épouse à un second mari qu'elle épousa bien - tôt après, & en eut un fils, dont le landgrave lui - même eut la bonté d'être parein.

Dionis (cours d'opérations), en parlant sur cette matiere, fait observer que l'étendue de l'incision dépend de la prudence du chirurgien. Si on consultoit, dit - il, le caprice de quelques maris, on les feroit très - petites: mais si on regarde l'avantage des femmes, on les fera plutôt grandes que petites, parce qu'elles accoucheront plus facilement.

Fabrice d'Aquapendente dit que la situation trop supérieure du trou de l'hymen est un obstacle au coït. Cet auteur fut consulté par une fille - de - chambre que quelques écoliers essayerent en vain de dépuceller, ce sont ses termes. Moi voyant, continuet - il, qu'elle avoit le trou de l'hymen placé trop haut, & qu'il n'étoit pas directement opposé au vuide de la vulve, mais que néanmoins il donnoit passage aux menstrues, je lui dis de me venir trouver lorsqu'elle voudroit se marier, lui promettant lui ôter ce défaut; mais elle n'y est point venue: je croi qu'elle trouva bien quelque plus habile anatomiste que moi, qui lui enfonça son hymen. L'auteur se proposoit de lui fendre avec un bistouri la cloison membraneuse depuis le trou vers la fourchette, pour la rendre propre, dit - il, à souffrir l'accointance d'un mari. (Y)

IMPÉRIAL (Page 8:590)

IMPÉRIAL, (Hist. mod.) ce qui appartient à l'empereur ou à l'empire. Voyez Empereur & Empire.

On dit sa majesté impériale, couronne impériale, armée impériale. Couronne impériale. Voyez Couronne. Chambre impériale, est une cour souveraine établie pour les affaires des états immédiats de l'empire. Voyez Chambre.

Il y a en Allemagne des villes impériales. Voyez aux articles suivans Impériales villes.

Diete impériale, est l'assemblée de tous les états de l'empire. Voyez Diete.

Elle se tient ordinairement à Ratisbonne; l'empereur ou son commissaire, les électeurs, les princes ecclésiastiques & séculiers, les princesses, les comtes de l'empire, & les députés des villes impériales y assistent.

La diete est divisée en trois colléges, qui sont ceux des électeurs, des princes, & des villes. Les électeurs seuls composent le premier, les princes, les prélats, les princesses & les comtes le second, & les députés des villes impériales, le troisieme.

Chaque collége a son directeur qui propose & préside aux délibérations. L'électeur de Mayence l'est du collége des électeurs, l'archevêque de Saltzbourg & l'archiduc d'Autriche, président à celui des princes; & le député de la ville de Cologne, ou de toute autre ville impériale où se tient la diete, est directeur du collége des villes.

Dans les dietes impériales, chaque principauté a sa voix; mais les prélats (c'est ainsi qu'on appelle les abbés & prevôts de l'empire) n'ont que deux voix, & tous les comtes n'en ont que quatre.

Quand les trois colléges sont d'accord, il faut encore le consentement de l'empereur, & sans cela les résolutions sont nulles: s'il consent on dresse le recès ou résultat des résolutions, & tout ce qu'il porte est une loi, qui oblige tous les états médiats & immédiats de l'empire. Voyez Recès de l'Empire, Diete, Collége

Impériales (Page 8:590)

Impériales (villes), Droit publiq. german. en allemand reichs sttadte. On appelle villes libres & impériales, certaines villes, qui ne reconnoissant point de souverain particulier, sont immédiatement soumises à l'empire & à son chef qui est l'empereur. Ces villes se trouvant exemptes de la jurisdiction du souverain, dans les états duquel elles sont situées, ont séance & droit de suffrage à la diete de l'empire, comme en étant des états immédiats; autrefois les villes médiates y avoient aussi le même droit, mais elles en sont excluses aujourd'hui; c'est pour cela que Brème & Hambourg n'en jouissent point.

On ne convient pas de l'origine des villes impériales, mais elle ne peut remonter que depuis Charlemagne, qui le premier donna lieu à murer les villes en Allemagne. On commença par les monasteres, afin de garantir des religieux & des religieuses desarmés contre les insultes des barbares. On fit la même chose pour les cités où demeuroient les évêques, auxquels on permit de faire murer leur résidence. Henri l'Oiseleur acheva d'établir l'usage des villes, en établissant des marchés dans les villes, & en les fortifiant pour la défense de l'empire.

Le nombre des évêques & des ducs s'augmentant de jour en jour, fit aussi multiplier les villes; les empereurs qui seuls avoient le privilége de donner les droits municipaux à une nouvelle ville, accorderent aux évêques, aux ducs, & aux comtes, la permission d'en bâtir. Ensuite l'abus que plusieurs ducs & comtes firent de leur autorité, & l'oppression qu'ils exercerent, ayant causé des desordres dans l'empire, donna quelquefois occasion aux empereurs de soustraire certaines villes à la jurisdiction de ces seigneurs.

Les évêques n'eurent pas d'abord la souveraineté de leurs métropoles, qui ne reconnoissoient que les empereurs & leurs officiers; mais ces prélats ayant avec le tems obtenu des états en souveraineté, voulurent l'exercer aussi sur leurs métropoles. De - là tant de querelles entre les évêques & les villes métropolitaines, & qui ont été différemment terminées. Quelques - unes de ces villes, comme Cologne, Lubec, Worms, Spire, Augsbourg, ont conservé leur liberté: d'autres, comme Munster, Osnabrug, Treves, Magdebourg, ont été obligées de reconnoître la jurisdiction de leurs évêques pour le temporel.

Les ligues auxquelles donnerent occasion les interregnes & les troubles de l'empire, telle que fut celle du Rhin, la Hanse teutonique, la confédération de Suabe, furent cause que diverses villes se voyant appuyées par une alliance, devinrent indépendantes. Quoiqu'avec le tems la plûpart ayent été contraintes de rentrer sous l'obéissance, à mesure que le pouvoir de leurs anciens souverains croissoit, il s'en trouve néanmoins qui ont tenu tête aux princes qui vouloient les réduire, & qui ont eu le bonheur de conserver malgré eux leur liberté. D'autres se sont maintenues dans la possession de plusieurs grands priviléges; telles sont les villes de Brunswick, Rostock, Wismar, Strahlsund, Osnabrug, Herford.

Il est encore arrivé que durant les guerres civiles, des villes se sont attachées au parti de l'empereur, qui pour les récompenser, les a honoré des priviléges de villes impériales. Lubec fut redevable de sa liberté à la proscription de Henri le Lion. D'autres villes étant riches, & leurs souverains dans le besoin, ou portés de bonne volonté pour elles, ont pu racheter leur liberté pour de l'argent; c'est ce qu'a fait la ville de Lindau; Ulme se conduisit de même envers l'abbaye de Reichenaw, racheta d'elle à beaux deniers comptans son indépendance, & pour lors Louis de Baviere la déclara ville impériale.

Plusieurs villes impériales ont été sujettes dans le

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.