ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"553"> de ce même os, se joint au grand psoas, & s'insere avec lui au petit trochanter.

Iliaque (Page 8:553)

Iliaque passion, (Medecine.) ileus, EILEOS2; ce nom est dérivé du mot grec EILESTAI, qui signifie être replié, contourné; circumvolvi, contorqueri, auxquels répondent les noms latins qu'on donne à cette maladie, de volvulus, passio volvulosa; elle est décrite dans Caelius Aurèlianus sous le nom de tormentum; quelques auteurs grecs l'appellent aussi XORDAYOS2, pensant que les intestins sont alors tendus comme des cordes; son nom vulgaire francisé est miserere, nom tiré sans doute de la compassion qu'arrache l'état affreux des personnes qui en sont attaquées. Le symptome qui caractérise cette maladie est un vomissement presque continuel avec constipation; on vomit d'abord les matieres contenues dans l'estomac, peu après on rejette la bile, des matieres chileuses, même des excrémens; quelquefois aussi les malades ont rendu par la bouche les lavemens, les suppositoires. S'il en faut croire quelques medecins observateurs, en même tems ils ressentent des douleurs aiguës dans le bas - ventre; la soif est immodérée, la chaleur excessive, la foiblesse extrême, le pouls est dur, vibratil, serré, vîte, la respiration est difficile; à ces accidens surviennent quelquefois, lorsque la maladie est à son dernier période, le hoquet, convulsion, délire, sueurs froides, défaillances, refroidissement des extrémités, &c. Cette maladie est quelquefois contagieuse, comme l'a observé Schenkhius, lib. III. observ. Amatus Lusitanus (Observ. cap. viij.) assure l'avoir vûe épidémique; les malades qui en étoient attaqués rendoient beaucoup de vers par la bouche. Cette maladie est au rapport de Bartholin (Epistol. cap. iv. pag. 529.) endémique dans la Jamaïque, île d'Amérique. On lit dans Forestus une observation singuliere de Dodonée, touchant une passion iliaque périodique, dont les paroxysmes revenoient tous les trois jours. Lib. XXI. observ. 19.

Les causes de cette maladie sont excérieures ou internes; on ne peut connoître celles - ci que par l'ouverture du cadavre, l'observation nous découvre les autres; c'est par elle que nous savons que la passion iliaque est souvent excitée par les poisons, les champïgnons, les émétiques, les violens purgatifs. Un nommé Guilandius, au rapport de Prosper Alpin (Method. medend.), fut attaqué d'une passion iliaque mortelle, pour avoir pris des pilules & demi - once d'hiera picra; un accès de colere, un exercice violent ont quelquefois produit le même effet; Zacutus Lusitanus a observé une passion iliaque déterminée par un arrêt subit de la sueur & de la transpiration dans un jeune seigneur qui venoit de jouer à la paume; l'abus & l'usage déplacé des astringens, a quelquefois occasionné cette maladie. Fernel raconte qu'une fille en fut atteinte pour avoir mangé trop abondamment des coings, & qu'on les trouva ramassés dans le coecum, qui en avoit été resserré & retréci. On en a vu survenir à la suite d'une blessure dans le bas - ventre; mais les causes les plus fréquentes sont les hernies. L'ouverrure des cadavres nous fait souvent appercevoir les causes internes, c'est - à - dire les vices, les dérangemens qui produisent plus immédiatement cette maladie. Dans tous les cadavres de personnes mortes de passion iliaque, on voit le conduit intestinal fermé dans quelques endroits, tantôt par des excrémens durs, des vers, des tumeurs, des ulceres, par des concrétions pierreuses, crétacées, plâtreuses, &c. tantôt par des inflammations considérables, très - souvent par l'étranglement des intestins descendus dans le scrotum dans les hernies; quelquefois par des entrelacemens, des noeuds, des replis, des déplacemens de quelque portion d'intostin. Quelques auteurs ont refusé de croire que cette cause eût lieu, par la singuliere & cependant très - ordinaire raison, qu'ils ne comprenoient pas comment les intestins attachés au mésentere, pouvoient ainsi se déranger; mais ce raisonnement, quelque plausible qu'il puisse être, doit céder à une foule d'observations qui constatent ce fait: ces replis sont même quelquefois très - multipliés. Riviere en a observé trois dans l'intestin ileon; Henri de Keers en a trouvé cinq, & Barbette dit en avoir vû jusqu'à sept. On peut ajouter à cela les observations de Plater, de Penarole, d'Hyppolitus Boscus, & de plusieurs autres. Le vice le plus fréquent qu'on apperçoit dans les intestins des personnes qui sont mortes de cette maladie, est l'intussusception ou invagination d'une portion d'intestin dans une autre; on a vû quelquefois tout le coecum rentré & caché dans l'ileum. Cette cause est attestée par beaucoup d'observations de Columbus, de Silvius de le Boë, de Plempius, de Frédéric Ruisch; c'est celle qui produit le plus ordinairement l'ileus endémique de la Jamaïque. Voyez Barthol. Peyer a observé jusqu'à trois semblables invaginations dans le même sujet; Patin traite aussi ce redoublement de chimérique, parce qu'il ne l'a jamais vû. Quelquefois ces duplicatures se rencontrent sans qu'il y ait passion iliaque, comme je l'ai observé dans un homme qui mourut subitement après avoir pris l'émétique, au premier effort qu'il fit pour vomir. Il n'est pas rare de trouver aussi dans les cadavres les intestins retrécis & étranglés dans certains endroits, comme s'ils fussent serrés par une corde. Le skirrhe du mésentere ou des parties environnantes est une des causes découvertes par les inspections anatomiques. Le pancreas grossi & obstrué en comprimant l'intestin, en a occasionné l'inflammation, l'ulcere & la passion iliaque. Kerkringius, observ. anatom. 42. On trouve souvent l'épiploon & les intestins gangrenés & sphacelés; la corruption est quelquefois si grande, qu'elle empêche d'enlever les visceres & de pouvoir examiner la cause du mal. Baillou, liv. II. épidém. Hildan, de gangren. cap. iv. Il paroît pourtant par toutes ces observations, qu'il ne suffit pas que le conduit intestinal soit bouché, il faut encore qu'il y ait une irritation qui fasse sur les intestins le même effet que les émétiques font sur l'estomac. Ces causes peuvent agir dans les intestins greles ou dans les gros, ce qui produit quelque léger changement dans les symptomes; lorsque les greles sont affectés, les douleurs sont plus vives, les vomissemens plus fréquens; les matieres qu'on rend par le vomissement sont chimeuses ou chyleuses. Lorsque les gros intestins sont attaqués, les vomissemens sont plus lents, les douleurs moins aiguës; elles se font sentir principalement aux hyppocondres & aux reins, le malade vomit les excrémens, &c.

Le diagnostic de cette maladie n'est pas difficile, elle est très - bien caractérisée par le vomissement joint à la constipation totale; mais il est très - important d'en bien distinguer les causes, sur tout de reconnoître l'inflammation lorsqu'elle est présente; alors les douleurs sont vives, la fievre est plus violente, l'altération & l'agitation du corps plus grandes, le pouls est dur & fréquent. La connoissance de ce qui a précéde peut aussi fournir des éclaircissemens; on peut s'appercevoir facilement en examinant le malade si la maladie doit être attribuée à quelque hernie; les autres causes sont trop cachées pour qu'on puisse même les soupçonner, on est obligé d'agir en aveugle, & ce n'est pas le seul cas où l'on soit réduit au tatonnement & à la divination souvent funestes, mais indispensables.

Prognostic. La passion iliaque est une maladie très dangereuse, fort aiguë, qui est bientôt terminée plûtôt en mal qu'en bien: lorsqu'elle dépend de l'inflammation, ou qu'elle en est accompagnée, il est [p. 554] rare qu'on en réchappe; il y a plus à espérer si elle est la suite d'une hernie, parce qu'on peut rentrer l'intestin, ou du moins on a toujours le pis - aller de l'opération; elle se guérit assez facilement lorsqu'elle est la suite d'une constipation opiniâtre, d'un rentrement d'intestin, &c. La guérison est prochaine lorsque le malade prend les lavemens & qu'il les rend facilement, que les douleurs ne sont point fixes ni continues; il n'y a plus de danger lorsque les remedes laxatifs qu'on prend par la bouche, operent par les selles; mais le péril est pressant, & il ne reste plus d'espérance, lorsque les douleurs qui étoient extrémement aiguës, viennent à cesser tout - à - coup sans que les autres symptomes diminuent, alors l'abbatement des forces est plus sensible, l'haleine est puante, la foiblesse & la vîtesse du pouls augmentent, les sincopes sont fréquentes, la gangrene est formée, & la mort est prochaine; le hoquet, la convulsion, le délire survenans à la passion iliaque sont des signes d'un très - mauvais augure. Hippocr. aphor. 10. lib. VII.

Curation. Cette maladie est une de celles où la nature n'opere rien pour sa guérison; elle exige les secours de l'art les plus prompts & les plus appropriés; ils doivent être variés suivant les différentes causes: lorsqu'il y a inflammation ou qu'elle est à craindre, il est à propos de faire une ou deux saignées, de donner des lavemens émolliens, anodins, d'appliquer sur le bas - ventre des fomentations de la même nature; intérieurement on doit avoir recours aux remedes rafraichissans, tempérans, anti - orgastiques, calmans; tels sont les eaux de poulet, tisanes émulsionées, le nitre, la liqueur minérale anodine d'Hoffman; si les douleurs sont trop vives, il faut donner les narcotiques, mais à petite dose; on peut essayer quelques légers purgatifs en les associant aux calmans même narcotiques. S'il y a hernie, il faut en tenter la réduction, ou en venir de bonne heure à l'opération. Voyez Hernie. Lorsqu'on n'a à craindre ni l'inflammation ni l'hernie, on peut donner des lavemens plus actifs, plus stimulans; la fumée du tabac injectée dans l'anus par l'instrument de Dekkers, est très - convenable; Hippocrate conseille d'enfler les boyaux avec de l'air; il y a des souflets propres à cette opération: Celse recommande avec raison les ventouses. Les Chinois guérissent cette maladie par le cautere actuel. On a vû quelquefois de bons effets de l'application des animaux tout chauds sur le ventre; il ne faut pas trop perdre du tems à employer ces remedes; pour peu qu'ils tardent à produire de bons effets, il faut recourir au remede de Vanhelmont, aux balles de plomb, d'argent ou d'or; avec ce remede, dit - il, neminem volvulo perire sivi; ou ce qui est encore mieux, au mercure, dont il faut faire avaler une ou deux livres, & agiter, promener en voiture, s'il est possible, le malade; mille observations constatent l'efficacité de ce remede. Ne seroit - il pas à propos de faire marcher ces malades piés nuds sur un terrein froid & mouillé? Les personnes saines à qui il arrive de faire pareille chose, sont punies de cette imprudence par la diarrhée. Enfin tous ces secours inutilement employés, quelques auteurs proposent d'ouvrir le ventre, de dénouer & raccommoder les intestins; cette opération est cruelle, elle peut être inutile, dangereuse; mais c'est une derniere ressource dans des cas absolument désespérés. Article de M. Menuret.

ILIBOBOCA (Page 8:554)

ILIBOBOCA, s. m. (Ophiolog. exot.) serpent du Brésil nommé par les Portugais, cobra de coral. Il est de la longueur de deux piés & de la grosseur du pouce, qui s'amenuise encore davantage vers la queue, & se termine en pointe; son ventre est tout blanc, mais d'un blanc argentin & lustré; sa tête est couverte d'écailles blanches de forme cubique, bordées de quelques autres écailles noires; son corps est tacheté de blanc, de noir & de rouge. Il rampe avec lenteur, & passe pour très - dangereux. Ray, syn. anim. pag. 327. (D. J.)

ILIMSK (Page 8:554)

ILIMSK, (Géog.) province & ville de Sibérie, située sur la riviere d'Ylim qui se jette dans celle de Tungus, qui elle même se perd dans le fleuve de Jenisci. Elle est habitée par des Tartares Tunguses & par des Russes, & releve du woinde ou gouverneur d'Irkusk.

ILION (Page 8:554)

ILION, (Géog. anc. & Littér.) voilà le nom qui nous est si cher dans l'ancienne ville de Troie, dans l'Asie mineure.

Ilion, ton nom seul a des charmes pour moi! Ne verrai - je jamais rien de toi; ni la place De ces murs élevés & détruits par les dieux, Ni ces champs où couroient la fureur & l'audace, Ni des tems fabuleux enfin la moindre trace Qui pût me présenter l'image de ces lieux!

Non, on ne verra rien de tous ces précieux restes de l'antiquité! L'Ilion dont il s'agit, fut détruite 850 ans avant l'arrivée d'Alexandre en Troade; il ne trouva qu'un village qui portoit son nom, bâti à trente stades au - delà. Ce prince fit de riches présens à ce pauvre village, lui donna le titre de ville, & laissa des ordres pour l'aggrandir.

Après la mort d'Alexandre, Lysimaque amplifia le nouvel Ilion, & l'environna d'un mur de quarante stades; mais cette ville n'avoit plus de murailles, quand les Gaulois y passerent, l'an 477 de Rome; & la premiere fois que les Romains entrerent en Asie, c'est - à - dire l'an de Rome 564, Ilion avoit plûtôt l'air d'un bourg que d'une ville; Fimbria, lieutenant de Sylla, acheva de la ruiner en 668, dans la guerre contre Mithridate.

Cependant Sylla consola les habitans de leur perte, & leur fit du bien. Jules César qui se regardoit comme un des descendans d'Enée, s'affectionna entiérement à cette petite ville, & la réédifia. Il donna non seulement de nouvelles terres à ses habitans, mais la liberté & l'exemption des travaux publics. En un mot, il étendit si loin ses bienfaits sur Ilion, qu'au rapport de Suétone, on le soupçonna d'avoir voulu quitter Rome pour s'y établir, & y transporter les richesses de l'empire.

On eut encore la même frayeur sous Auguste, qui en qualité d'héritier de Jules - César, auroit pû exécuter ce grand projet. L'un & l'autre montrerent en plusieurs occasions, un penchant très - marqué pour la ville d'Ilion. Nous venons de voir ce que le premier fit pour elle; le second y établit une colonie avec de nouveaux privileges, & rendit aux Rhétiens la belle statue d'Ajax, qu'Antoine avoit fait transporter en Egypte.

Enfin, M. le Fevre, Dacier, & le P. Sanadon, sont persuadés que ce fut pour détourner adroitement Auguste du dessein qu'il pourroit avoir de relever l'éclat de l'ancienne Troie, qu'Horace composa cette ode admirable, chef - d'oeuvre de la poésie lyrique, qui commence par justum & tenacem propositi virum, dans laquelle ode il fait tenir à Junon ce discours.

Ilion, Ilion! Fatalis incestusque judex, Et mulier peregrina vertit In pulverem.

Ilion, la détestable Ilion! c'est par cette répétition qu'il tâche d'imprimer des sentimens d'aversion pour cette ville; par mépris encore, il ne daigne faire nommer à Junon, ni Paris, ni Hélene; l'une est une femme étrangere, l'autre un juge fatal à sa patrie, un violateur de l'hospitalité; Laomédon & les Troyens sont des perfides, des parjures, livrés de<pb->

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