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ILIADE (Page 8:552)
ILIADE, s. m. (Littérat.) nom d'un poëme épique,
le premier & le plus parfait de tous ceux qu'Homere
a composés. Voyez
Ce mot vient du grec
Le dessein d'Homere dans l'iliade a été de faire
concevoir aux Grecs divisés en plusieurs petits états,
combien il leur importoit d'être unis & de conserver
entre eux une bonne intelligence. Pour cet effet, il
leur remet devant les yeux les maux que causa à
leurs ancêtres la colere d'Achille, & sa mesintelligence
avec Agamemnon; & les avantages qu'ils retirerent
de leur union. Voyez
L'iliade est divisée en vingt - quatre livres, que l'on désigne par les lettres de l'alphabet. Pline parle d'une iliade écrite sur une membrane si petite & si déliée, qu'elle pouvoit tenir dans une coque de noix.
Pour la conduite de l'iliade, voyez le P. le Bossu, Madame Dacier & M. de la Motte.
Les critiques soutiennent que l'iliade est le premier
& le meilleur poëme qui ait paru au monde.
Aristote en a presque entiérement tiré les regles de
sa poétique; & il n'a eu autre chose à faire que d'établir
des regles sur la pratique d'Homere. Quelques
auteurs disent qu'Homere a'non - seulement inventé
la Poésie, mais encore les Arts & les Sciences, &
qu'il donne dans son poëme des marques visibles
qu'il les possédoit toutes à un degré éminent. Voyez
M. Barus de Cambridge va mettre un ouvrage sous presse, dans lequel il prouve que Salomon est l'auteur de l'iliade.
L'iliade, dit M. de Voltaire dans son essai sur la poésie épique, est pleine de dieux & de combats. Ces sujets plaisent naturellement aux hommes; ils aiment ce qui leur paroît terrible. Ils sont comme les enfans qui écoutent avidement ces contes de sorciers qui les effraient. Il y a des fables pour tout âge, & il n'y a point eu de nation qui n'ait eu les siennes.
De ces deux sujets qui remplissent l'iliade, naisses deux grands reproches que l'on fait à Homere. On lui impute l'extravagance de ses dieux & la gros<cb->
Quant à ce qu'on appelle grossiereté des héros d'Homere, on peut rire tant qu'on voudra de voir Patrocle au neuvieme livre de l'iliade, mettre trois gigots de mouton dans une marmite, allumer & souffler le feu, & préparer le dîner avec Achille. Achille & Patrocle n'en sont pas moins éclatans. Charles XII. roi de Suede, a fait six mois sa cuisine à Demir - Tocca, sans rien perdre de son héroïsme; & la plûpart de nos généraux qui portent dans un camp tout le luxe d'une cour efféminée, auront bien de la peine à égaler ces héros.
Que si on reproche à Homere d'avoir tant loué la force de ses heros, c'est qu'avant l'invention de la poudre, la force du corps décidoit de tout dans les batailles. Les anciens se faisoient une gloire d'être robustes, leurs plaisirs étoient des exercices violens. Ils ne passoient point leurs jours à se faire traîner dans des chars à couvert des influences de l'air, pour aller porter languissamment d'une maison à l'autre, leur ennui & leur inutilité. En un mot, Homere avoit à représenter un Ajax & un Hector, & non un courtisan de Versailles ou de Saint - James. Essai sur la poésie épique.
On peut également excuser les défauts de style ou de détail qui se trouvent dans l'iliade; ses censeurs n'y trouvent nulle beauté, ses adorateurs n'y avouent nulle imperfection. Le critique impartial convient de bonne foi qu'on y rencontre des endroits foibles, défectueux, traînans, quelques harangues trop longues, des descriptions quelquefois trop détaillées, des répétitions qui rebutent, des épithetes trop communes, des comparaisons qui reviennent trop souvent, & ne paroissent pas toujours assez nobles. Mais aussi ces défauts sont couverts par une foule infinie de graces & de beautés inimitables, qui frappent, qui enlevent, qui ravissent, & qui sollicitent pour les taches légeres dont nous venons de parler, l'indulgence de tout lecteur équitable & non prévenu.
Madame Dacier a traduit l'iliade en prose, M. de la Mothe l'a imitée en vers. L'une de ces traductions n'atteint pas la force de l'original, l'autre affecte en quelque sorte de le défigurer.
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