ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"588"> tion absolument renversée, les branches dans la terre & les racines en l'air; ils ont repris dans cette étrange position, les branches ont produit des racines & les racines des feuilles. Il est vrai qu'ils ont d'abord poussé plus foiblement que ceux qui étoient plantés à l'ordinaire: mais enfin ils ont poussé; & dans quelques-uns de ces sujets, la différence au bout de quelques années ne s'appercevoit plus.

Il en a fait arracher plusieurs, & il a vû que les racines portoient toutes des grosseurs qui se trouvoient à l'insertion des bourgeons; il a jugé en conséquence que ces grosseurs analogues aux loupes des greffes & aux bourrelets causés par les ligatures, étoient indifférentes à produire des bourgeons ou des racines. Pour s'en assûrer il a fait élever à trois piés de haut une futaille qu'il a remplie de terre; après en avoir percé le fond de plusieurs trous; il a passé par ces trous des boutures, dont le bout entroit dans le terrein au - dessous de la futaille. Les unes étoient placées le gros bout en haut, & les autres au contraire. Toutes ont poussé des racines dans la partie qui entroit dans le terrein, des bourgeons & des feuilles entre le terrein & la futaille, des racines dans la futaille & des feuilles au - dessus.

Les germes qui existent dans les arbres sont donc également propres à produire des bourgeons ou des racines: le seul concours des circonstances les détermine à l'un ou à l'autre; il n'en faut cependant rien conclurre contre les causes finales: ce n'est pas un seul phénomene qui peut ébranler un dogme conforme à la raison, à la saine Théologie, & confirmé par une multitude d'effets enchaînés les uns aux autres avec tant de sagesse.

M. Duhamel appuie l'expérience précédente par un grand nombre d'autres, & donne le manuel de l'opération nécessaire pour élever des boutures avec autant de sûreté & de facilité qu'il est possible. Voici l'extrait de ce manuel.

Le vrai tems pour couper les boutures est vers le commencement du mois de Mars. Miller veut qu'on attende l'automne pour les boutures d'arbres verds: & peut - être a - t - il raison. Il faut choisir une branche dont le bois soit bien formé, & dont les boutons paroissent bien conditionnés. On fera former un bourrelet si on en a le tems & la commodité: dans ce cas si la branche est menue, on n'entaillera pas l'écorce; il suffira d'une ligature ferme de léton ou de ficelle cirée: si elle a plus d'un pouce de diametre, on pourra enlever un petit anneau d'écorce de la largeur d'une ligne, & recouvrir le bois de plusieurs tours de fil ciré: si la branche ne périt pas, le bourrelet en sera plus gros & plus disposé à produire des racines; on recouvrira aussitôt l'endroit où se doit former le bourrelet avec de la terre & de la mousse qu'on retiendra avec un réseau de ficelle: on fera bien de garantir cet endroit du soleil, & de le tenir un peu humide. Le mois de Mars suivant, si en défaisant l'appareil on trouve au - dessus de la ligature un gros bourrelet, on aura tout lieu d'espérer du succès; si le bourrelet est chargé de mammelons ou de racines, le succès est certain; on pourra en assûrance couper les boutures au - dessous du bourrelet & les mettre en terre, comme on va dire.

Si on n'a pas le tems ou la commodité de laisser former des bourrelets, on enlevera du moins avec les boutures la grosseur qui se trouve à l'insertion des branches. Si dans la portion des boutures qui doit être en terre il y a quelques branches à retrancher, on ne les abattra pas au ras de la branche: mais pour ménager la grosseur dont on vient de parler, on conservera sur les boutures une petite éminence qui ait seulement deux lignes d'épaisseur.

Si à la portion des boutures qui doit être en terre il y avoit des boutons, on les arracheroit, en ména<cb-> geant seulement les petites éminences qui les supportent, puisqu'on a reconnu qu'elles sont disposées à fournir des racines. Malpighi recommande de faire de petites entailles à l'écorce; & je crois que cette précaution peut être avantageuse.

Voilà les boutures choisies & taillées: il faut faire ensorte qu'elles ne se dessechent pas, qu'elles ne pourrissent pas, & qu'elles poussent promptement des racines. Voyez dans le Mémoire de M. Duhamel ce qu'on peut pratiquer pour remplir ces intentions.

Quant aux marcottes, quand on veut en avoir beaucoup d'un même arbre, on fait ce que les jardiniers appellent des meres, c'est - à - dire qu'on abat un gros arbre presqu'à ras de terre; le tronc coupé pousse au printems quantité de bourgeons; l'automne suivante on bute la souche, c'est - à - dire qu'on la couvre d'un bon demi - pié d'épaisseur de terre, ayant soin que les bourgeons sortent en - dehors: deux ans après on trouve tous ces bourgeons garnis de bonnes racines, & en état d'être mis en pépiniere; & comme la souche à mesure qu'on la décharge de bourgeons qui ont pris racine, en fournit de nouveaux, une mere bien ménagée fournit tous les deux ans du plant enraciné en abondance, & cela pendant des 12 à 15 années.

La tige pousse d'autant plus de bourgeons qu'elle est plus grosse, & qu'on n'auroit qu'un très - petit nombre de boutures d'une tige qui n'auroit que deux à trois pouces de diametre. En ce cas, on coupe la tige à un pié ou deux piés de terre: elle produit quantité de bourgeons dans toute cette longueur; l'automne on fait une décomble tout autour & une tranchée, dans le milieu de laquelle on couche cette tige, & on étend de côté & d'autre tous les bourgeons. On couvre de terre la tige couchée, & l'insertion des bourgeons; & on peut être assûré que la seconde année, toutes ces marcottes seront bien garnies de racines.

Mais il y a des branches qui seront dix à douze ans en terre, sans y produire la moindre racìne; tel est le catalpa: alors il faut arrêter la séve descendante, & occasionner la formation d'un bourrelet par incision ou par ligature.

On fera l'incision ou la ligature à la partie basse. Si on laisse les bourgeons dans la situation qu'ils ont prise naturellement, on fera la ligature le plus près qu'on pourra de la souche ou de la branche dont on sort la marcotte. Si on est obligé de courber la marcotte, on placera la ligature à la partie la plus basse au - dessous d'un bouton de l'éruption d'une branche, &c.

Enfin comme les racines poussent aux endroits où les tumeurs sont environnées d'une terre convenablement humectée, on entretiendra la terre fraîche & humide; ce sera pour les marcottes qu'on fait en pleine terre, en couvrant la terre de litiere & en l'arrosant. Quant aux marcottes qu'on passe dans des mannequins, pots ou caisses, voyez dans le Mémoire de M. Duhamel les précautions qu'il faut prendre.

Il suit de tout ce qui précede, que plus on étudie la nature, plus on est étonné de trouver dans les sujets les plus vils en apparence des phénomenes dignes de toute l'attention & de toute la curiosité du Philosophe. Ce n'est pas assez de la suivre dans son cours ordinaire & reglé, il faut quelquefois essayer de la dérouter, pour connoître toute sa fécondité & toutes ses ressources. Le peuple rira du Philosophe quand il le verra occupé dans ses jardins à déraciner des arbres pour leur mettre la cime en terre & les racines en l'air: mais ce peuple s'émerveillera quand il verra les branches prendre racine, & les racines se couvrir de feuilles. Tous les jours le sage joue le rôle de Démocrite, & ceux qui l'environnent celui des Abdéritains. Cette aventure est des premiers âges de la Philosophie & d'aujourd'hui. [p. 589]

Arbre de Judée (Page 1:589)

Arbre de Judée ou Arbre de Judas. Voyez Gainier. (I)

Arbre (Page 1:589)

Arbre, (Hist. nat. bot.) qui porte des savonnettes, arbor sapinda; genre de plante observé par lé P. Plumier. Ses fleurs sont composées ordinairement de quatre pétales disposés en rose. Le pistil sort d'un calice composé de quatre feuilles, & devient dans la suite un fruit sphérique qui renferme une petite noix aussi sphérique, dans laquelle il y a une amande de même figure. Tournefort, Inst. rei herb. V. Plante. (I)

* Cet arbre est désigné dans les Botanistes par arbor saponaria Americana. Il croît à la Jamaïque & dans d'autres contrées des Indes occidentales. Son fruit est mûr en Octobre: lorsqu'il est sec, il est sphérique, d'une couleur rougeâtre, plus petit qu'une noix de galle, amer au goût, mais sans odeur.

On le recommande dans les pâles couleurs. Le fruit passe pour un spécifique contre cette maladie; il la guérit infailliblement, sur - tout quand on a fait usage des eaux ferrugineuses. On en croit la teinture, l'extrait & l'esprit plus énergiques encore.

Arbre de vie (Page 1:589)

Arbre de vie, thuya, (Hist. nat. bot.) arbrisseau dont les embryons écailleux deviennent des fruits oblongs. On trouve entre les écailles des semences bordées d'un feuillet délié. Ajoûtez aux caracteres de ce genre la structure singuliere de ses feuilles, qui sont formées par de petites écailles posées les unes sur les autres. Tournefort, Inst. rei herb. V. Plante. (I)

On apporta cet arbre de Canada en France au roi François I. Ses feuilles sont résolutives, dessicatives, carminatives, sudorifiques; son bois est détersif, sudorisique, propre pour résister aux venins, aux maux des yeux ou des oreilles, étant pris en poudre ou en infusion.

Il est ainsi nommé, parce qu'il est toûjours verd, & qu'il rend une odeur douce & agréable. On l'appelle encore cedre amérieain ou arbre toûjours verd. Il est chaud & apéritif; il provoque les regles, guérit les pâles couleurs, dissout les tumeurs; son huile appliquée sur la goutte la soulage. Son action est analogue a celle du feu; elle irrite & elle dissout; elle purge les lits de puces & de poux. Boerh. Inst. (N)

Arbre de vie (Page 1:589)

Arbre de vie, (Théol.) c'étoit un arbre planté au milieu du paradis, dont le fruit auroit eu la vertu de conserver la vie à Adam, s'il avoit obéi aux ordres de Dieu: mais cet arbre de vie fut pour lui un arbre de mort, à cause de son infidélité & de sa desobéissance.

Arbre (Page 1:589)

Arbre de la science du bien & du mal, c'étoit un arbre que Dieu avoit planté au milieu du paradis. Il avoit défendu à Adam d'y toucher sous peine de la vie: quo enim die comederis ex eo, morte morieris. On dispute si l'aibre de vie & l'arbre de la science du bien & du mal étoient un même arbre. Les sentimens sont partagés sur cela. Voici les raisons qu'on apporte pour & contre le sentiment qui tient que c'étoit deux arbres différens. Moyse dit que Dieu ayant planté le jardin d'Eden, y mit toutes sortes de bons arbres, & en particulier l'arbre de vie au milieu du paradis; comme aussi l'arbre de la science du bien & du mal. Et lorsqu'il eut mis l'homme dans le paradis, il lui dit: mangez de tous les fruits du jardin, mais ne mangez pas du fruit de la science du bien & du mal: car au moment que vous en aurez mangé, vous mourrez. Et lorsque le serpent tenta Eve, il lui dit: pourquoi Dieu vous a - t - il défendu de manger de tous les fruits du jardin? Eve répondit: Dieunous a permis de manger des fruits du paradis, mais il nous a défendu d'user du fruit qui est au milieu du jardin, de peur que nous ne mourions. Le serpent répliqua: vous ne mourrez point; mais Dieu sait qu'aussi - tot que vous en aurez mangé, vos yeux seront ouverts, & vous serez comme des dieux, sachant le bien & le mal. Et après qu'Adam & Eve eurent violé le commandement du Seigmeur, Dieu les chassa du paradis, & leur dit: voilà Adam qui est devenu comme l'un de nous, sachant le bien & le mal; mais à présent de peur qu'il ne prenne encore du fruit de vie, qu'il n'en mange, & ne vive éternellemet, il le mit hors du paradis. Genes. ij. 9. ibid. v. 17. Genes. iij. 1. 2. 3. & v. 22.

De tous ces passages on peut inférer en faveur du sentiment qui n'admet qu'un arbre dont Dieu ait défendu l'usage à Adam. 1°. Qu'il n'est pas nécessaire d'en reconnoître deux; le même fruit qui devoit conférer la vie à Adam, pouvant aussi donner la science. 2°. Le texte de Moyse peut fort bien s'entendre d'un seul arbre: Dieu planta l'arbre de la vie, ou l'arbre de la science. Souvent dans l'Hébreu la conjonction & est équivalente à la disjonctive ou; & de la même maniere, de peur qu'il ne prenne aussi du fruit de vie, & ne vive éternellement, se peut expliquer en ce sens: de peur que, comme il en a pris, croyant y trouver la science, il n'y retourne aussi pour y trouver la vie. 3°. Enfin le démon attribue véritablement au même arbre le fruit de la vie & le fruit de la science: vous ne mourrez point; mais Dieu sait qu'aussi - tôt que vous aurez mangé de ce fruit, vous saurez le bien & le mal. Il les rassûre contre la peur de la mort, & leur promet la science en leur offrant le fruit défendu.

Mais l'opinion contraire paroît mieux fondée dans la lettre du texte. Moyse distingue manifestement ces deux arbres, l'arbre de la vie, & l'arbre de la science: pourquoi les vouloir confondre sans nécessité? la vie & la science sont deux effets tous différens: pourquoi vouloir qu'ils soient produits par le même fruit? Estce trop que de défendre à Adam l'usage de deux arbres? Le discours que Dieu tient à Adam après son péché, paroît bien exprès pour distinguer ici deux arbres: de peur qu'il ne prenne aussi du fruit de vie, & ne vive éternellement, comme s'il disoit, il a déjà goûté du fruit de la science, il faut l'éloigner du fruit de vie, de peur qu'il n'en prenne aussi. Le démon à la vérite rassûre Eve & Adam contre la crainte de la mort: mais il ne leur offre que le fruit de la science, en leur disant que dès qu'ils en auront goûté, ils seront aussi éclairés que les dieux; d'ou vient qu'après leur péché, il est dit que leurs yeux furent ouverts. Ces raisons nous font préférer ce dernier sentiment au premier. Voyez S. Augustin, lib. VI. de l'ouvrage imparfait contre Julien, cap. xxx. p. 1359. & suiv.

On demande quelle étoit la nature du fruit défendu. Quelques - uns ont cru que c'étoit le froment; d'autres que c'étoit la vigne; d'autres le figuier, d'autres le cerisier; d'autres le pommier: ce dernier sentiment a prévalu, quoiqu'il ne soit guere mieux fondé que les autres. On cite pour le prouver le passage du Cantique des cantiques: je vous ai éveillée sous un pommier, c'est là que votre mere a perdu son innocence; comme si Salomon avoit voulu parler en cet endroit de la chûte de la premiere femme. Rabb. in Sanhedrin, fol. 70. Theodos. apud Theodoret. quoest. xxviij. in Gent. Indor. Pelus. liv, I. épitr. ij. canticor. viij. 5.

Plusieurs Anciens ont pris tout le récit de Moyse dans un sens figuré, & ont cru qu'on ne pouvoit expliquer ce récit que comme une allégorie.

S. Augustin a cru que la vertu de l'arbre de vie, & de l'arbre de la science du bien & du mal, étoit surnaturelle & miraculeuse: d'autres croyent que cette vertu lui étoit naturelle. Selon Philon l'arbre de vie marquoit la piété, & l'arbre de la science la prudence. Dieu est auteur de ces vertus. Les Rabbins racontent des choses incroyables & ridicules de l'arbre de vie. Il étoit d'une grandeur prodigieuse; toutes les eaux de la terre sortoient de son pié; quand on auroit marché cinq cens ans, on en auroit à peine fait le tour. Peut - être que tout cela n'est qu'une allégorie: mais la chose ne mérite pas qu'on se fatigue à en chercher le sens

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.