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3°. De la maniere de planter les arbres. Commencez par préparer la terre: faites - y des trous plus ou moins grands, selon qu'elle est plus ou moins seche. Ils ont ordinairement six piés en quarré dans les meilleurs fonds; deux piés de profondeur suffisent pour les poiriers. Séparez la mauvaise terre de la bonne, & ne laissez que celle - ci. Il est très - avantageux de laisser le trou ouvert pendant plusieurs mois. Labourez le fond du trou: remettez - y d'excellente terre à la hauteur d'un pié, & par - dessus cette terre, une couche d'un demi - pié de fumier bien pourri: mêlez la terre & le fumier par deux autres labours: remettez ensuite un second lit de bonne terre, un second lit de fumier, & continuez ainsi, observant à chaque fois de mêler la terre & le fumier par des labours.
Si la terre est humide & n'a pas grand fond, on n'y sera point de trou; c'est assez de l'engraisser & de la labourer. Après cette façon on y placera les arbres sans les enfoncer, & l'on recouvrira les racines à la hauteur d'un pié & demi & à la distance de quatre à cinq en tous sens avec de la terre de gason bien hachée; enfoncez votre arbre plus avant, si votre sol est sec & sablonneux; si vous appliquez un espalier à un mur, que votre trou soit de huit piés de large sur trois de profondeur & à un demi - pié du mur; retenez bien encore les regles suivantes. Le tems de planter est, comme l'on sait, depuis la fin d'Octobre jusqu'à la mi - Mars; dans cet intervalle choisissez un jour sec & doux; plantez volontiers dès la saint Martin dans les terres seches & légeres; attendez Février & ne plantez que sur la fin de ce mois, si vos terres sont froides & humides; laissez entre vos arbres, soit espaliers, soit buissons, soit arbres de tige, la distance convenable; réglez à chaque espece son canton, & dans ce canton la place à chacun en particulier; disposez vos trous au cordeau; faites porter chaque arbre près de son trou; plantez d'abord ceux des angles afin qu'ils vous servent d'alignement; passez ensuite à ceux d'une même rangée; qu'un ouvrier s'occupe à couvrir les racines à mesure que vous planterez; plantez haut & droit; n'oubliez pas de tourner les racines vers la bonne terre; si vous plantez au bord d'une allée, que vos principales racines regardent le côté opposé; quand vos arbres seront plantés, faites mettre deux ou trois pouces de fumier sur chaque pié; recouvrez ce lit d'un peu de terre. Au défaut de fumier, servez - vous de méchantes herbes arrachées. Si la saison est seche pendant les premiers mois d'Avril, de Mai & Juin, on donnera tous les quinze jours une cruchée d'eau à chaque pié, & afin que le pié profite de cette eau, on pratiquera à l'entour un sillon qui la retienne. Vous aurez l'attention de faire trépigner la terre de vos petits arbres; vos espaliers auront la tête penchée vers la muraille; quant à la distance, c'est à la qualité de la terre à la déterminer; on laisse depuis cinq à six piés jusqu'à dix, onze,
4°. De la multiplication des arbres, & de leur taille.
Nous renvoyons le détail de ces deux articles, l'un
à l'article
5°. De l'entretien des arbres. Otez aux vieux arbres
les vieilles écorces jusqu'au vif, avec la serpe ou une
bêche bien tranchante; déchargez - les du trop de
bois vers le milieu de Février; coupez leur la tête à
un pié au - dessus des fourches pour les rajeunir; faites - en autant à vos espaliers, contre - espaliers &
buissons sur coignassier & sur franc. Quand ils sont
vieux ou malades, ce que vous reconnoîtrez à la
couleur jaune de la feuille; faites - leur un cataplasme
de forte terre, de crotin de cheval ou de bouse de
vache bien liés ensemble. Quand on coupe des branches,
il faut toûjours les couper près du corps de
l'arbre. Pour cet effet ayez un fermoir, voyez
Si le Naturaliste a ses distributions d'arbres, le Jardinier a aussi les siennes. Il partage les arbres en sauvages qui ne sont point cultivés, & en domestiques
qui le sont; cette distribution est relative à l'avantage
que nous en tirons pour la nourriture. En voici
une autre qui est tirée de l'origine des arbres. Il appelle
arbre de brin, celui qui vient d'une graine &
où le coeur du bois est entier; & arbre de sciage, celui
qui n'est qu'une piece d'arbre refendu, où il n'y
a qu'une partie du coeur; où l'on n'apperçoit même
cette partie qu'à un angle. Il donne le nom de crossette à celui qui vient de marcotte; de taillis à celui
qui croît sur souche; s'il considere les arbres par
rapport à leur grandeur, il appelle les plus élevés,
arbres de haute futaie; ceux qui le sont moins, arbres
de moyenne futaie; ceux qui sont au - dessous de ceuxci,
arbres taillis. Joint - il dans son examen l'utilité à
la grandeur, il aura des arbres fruitiers de haute tige,
& de basse - tige ou nains, & des arbres fruitiers en buissons; des arbrisseaux, ou frutex; & des arbustes ou
sous - arbrisseaux, suffrutex. S'attache - t - il seulement à
certaines propriétés particulieres, il dit que les pêchers
se mettent en espaliers; que les poiriers forment
des vergers; que les pommiers donnent des pommeraies; que les abricotiers sont en plein - vent; que
les châtaigners font les châtaigneraies; les cerisiers,
les cerisaies; les saules, les saussaies; les osiers, les
oseraies; les ormes, les charmes, les tilleuls, les
maronniers, les hêtres, les allées; les charmilles &
les érables, les palissades; les chênes & tous les autres
arbres, les bois. Quelle foule de dénominations
ne verra - t - on pas naître, si on vient à considérer
les arbres coupés & employés dans la vie civile!
Mais l'arbre coupé change de nom; il s'appelle alors
bois. Voyez
Des arbres en palissades. Les espaliers se palissent
à la mi - Mai. On les palisse encore en Juillet, pour
exposer davantage les fruits au soleil. V.
Des arbres à haute - tige. Il faut les placer à l'abri des vents du midi; parce qu'au mois de Septembre, ces vents les dépouillent de leurs fruits. Pour faire un plant de ces arbres, il faut choisir un terrein qui ne soit point battu des vents, ni mouillé d'eaux croupissantes, & chercher la quantité d'arbres nécessaires pour l'étendue du terrein, ce qu'on obtiendra par les premieres regles de l'Arpentage & de la Géométrie; vous diviserez ensuite votre terrein; vous marquerez l'endroit & l'étendue des trous, & vous acheverez votre plant, comme nous l'avons dit ci - dessus: mais comme les arbres passent ordinairement de la pépiniere dans le plant, il y a quelques observations à faire sur la maniere de déplanter les arbres.
Marquez dans votre pepiniere avec une coutile ronde les arbres que vous voulez faire déplanter; marquez - les tous du côté du midi, afin de les orienter de la même façon, car on prétend que cette précaution est utile; marquez sur du parchemin la qualité de l'arbre & du fruit; attachez - y cette étiquette,
Arbre de haut ou de plein vent, arbre de tige ou en plein air. Toutes ces expressions sont synonymes, & désignent un arbre qui s'éleve naturellement fort haut & qu'on ne rabaisse point. Il y a des fruits qui sont meilleurs en plein vent qu'en buisson ou en espalier.
Arbre nain ou en buisson: c'est celui qu'on tient bas & auquel on ne laisse que demi - pié de tige. On l'étage en dedans, afin que la séve se jettant en dehors, ses branches s'étendent de côté, & forment une boule ou buisson arrondi.
Arbre en espalier: c'est celui dont les branches sont étendues & attachées contre des murailles, & qu'on a taillé à main ouverte, ou à plat; il y a aussi des espaliers en plein air: ils sont cependant taillés à plat, & prennent l'air sur deux faces; mais leurs branches sont soûtenues par des échalas disposés en raquette.
Arbres sur franc; ce sont ceux qui ont été greffés sur des sauvageons venus de pepins, ou venus de boutures dans le voisinage d'autres sauvageons; ainsi on dit, un poirier greffé sur franc, &c.
Arbres en contre - espalier ou haies d'appui, ce sont des arbres plantés sur une ligne parallele à des espaliers.
Observations particulieres sur les arbres. 1°. La racine des arbres, même de toute plante en général, en est comme l'estomac; c'est - là que se fait la premiere & principale préparation du suc. De - là il passe du moins pour la plus grande partie, dans les vaisseaux de l'écorce, & y reçoit une nouvelle digestion. Les arbres creusés & cariés à qui il ne reste de bois dans leurs troncs que ce qu'il en faut précisément pour soûtenir l'écorce, & qui cependant vivent & produisent, prouvent assez combien l'écorce est plus importante que la partie ligneuse.
2°. Les arbres dont les chenilles ont rongé les feuilles, n'ont point de fruit cette année, quoiqu'ils ayent porté des fleurs, ou du moins n'ont que des avortons: donc les feuilles contribuent à la perfection du suc nourricier. Hist. de l'Acad. pag. 51. an. 1707.
Les deux propositions précédentes sont de M. de
Réaumur: mais la premiere paroît contredite par
deux observations rapportées Hist. de l'Acad. 1709.
pag. 51. En Languedoc, dit M. Magnol, on ente les
oliviers en écusson, au mois de Mai, quand ils commencent
d'être en séve, au tronc ou aux grosses branches.
Alors on coupe l'écorce d'environ trois ou quatre
doigts tout autour du tronc ou des branches,
un peu au - dessus de l'ente; de sorte que le bois ou
corps ligneux est découvert, & que l'arbre ne peut
recevoir de nourriture par l'écorce. Il ne perd pourtant
pas encore ses feuilles; elles sont nourries par
le suc qui est déjà monté. Ce qu'il y a de remarquable,
c'est que l'arbre porte dans cette année des fleurs
& des fruits au double de ce qu'il avoit coûtume
d'en porter. Ensuite les branches au - dessus de l'en<pb->
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