ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"646"> & divisées au point qu'elles n'auroient plus eu assez d'épaisseur & de surface pour réfléchir la lumiere, & elles auroient acquis toutes les propriétés des glaises. Qu'on regarde au grand jour un morceau d'argille, on y appercevra une grande quantité de ces paillettes talqueuses qui n'ont pas encore entierement perdu leur forme. Le sable peut donc avec le tems produire l'argille; & celle - ci en se divisant, acquiert de même les propriétés d'un véritable limon, matiere vitrifiable comme l'argille, & qui est du même genre.

Cette théorie est conforme à ce qui se passe tous les jours sous nos yeux. Qu'on lave du sable sortant de sa miniere, l'eau se chargera d'une assez grande quantité de terre noire, ductile, grasse, de véritable argille. Dans les villes où les rues sont pavées de grès, les boues sont toûjours noires & très - grasses; & desséchées, elles forment une terre de la même nature que l'argille. Qu'on détrempe & qu'on lave de même l'argille prise dans un terrein où il n'y a ni grès ni caillous, il se précipitera toûjours au fond de l'eau une assez grande quantité de sable vitrifiable.

Mais ce qui prouve parfaitement que le sable, & même le caillou & le verre existent dans l'argille, & n'y sont que déguisés, c'est que le feu en réunissant les parties de celui - ci, que l'action de l'air & des autres élemens avoit peut - être divisées, lui rend sa premiere forme. Qu'on mette de l'argille dans un fourneau de reverbere échauffé au degré de la calcination, elle se couvrira au - dehors d'un émail très - dur; si à l'intérieur elle n'est pas encore vitrifiée, elle aura cependant acquis une très - grande dureté, elle résistera à la lime & au burin; elle étincellera sous le marteau; elle aura toutes les propriétés du caillou. Un degré de chaleur de plus la fera couler, & la convertira en un véritable verre.

L'argille & le sable sont donc des matieres parfaitement analogues & du même genre. Si l'argille en se condensant peut devenir du caillou, du verre, pourquoi le sable en se divisant ne pourroit - il pas devenir de l'argille. Le verre paroit être la véritable terre élémentaire, & tous les mixtes un verre déguisé. Les métaux, les minéraux, les sels, &c. ne sont qu'une terre vitrescible. La pierre ordinaire, les autres matieres qui lui sont analogues, & les coquilles des testacées, des crustacées, &c. sont les seules substances qu'aucun agent connu n'a pû jusqu'à présent vitrifier, & les seules qui semblent faire une classe à part. Le feu en réunissant les parties divisées des premieres, en fait une matiere homogene, dure & transparente à un certain degré, sans aucune diminution de pesanteur, & à laquelle il n'est plus capable de causer aucune altération. Celles - ci au contraire, dans lesquelles il entre une plus grande quantité de principes actifs & volatils, & qui se calcinent, perdent au feu plus du tiers de leur poids, & reprennent simplement la forme de terre, sans aucune altération que la desunion de leurs principes. Ces matieres exceptées, qui ne sont pas en bien grand nombre, & dont les combinaisons ne produisent pas de grandes variétés dans la nature; toutes les autres substances, & particulierement l'argille, peuvent être converties en verre, & ne sont essentiellement par conséquent qu'un verre décomposé. Si le feu fait changer promptement de forme à ces substances en les vitrifiant, le verre lui - même, soit qu'il ait sa nature de verre, ou bien celle de sable & de caillou, se change naturellement en argille, mais par un progrès lent & insensible.

Dans les terreins où le caillou ordinaire est la pierre dominante, les campagnes en sont ordinairement jonchées; & si le lieu est inculte, & que ces caillous ayent été long - tems exposés à l'air, sans avoir été remués, leur superficie supérieure est toûjours très blanche, tandis que le côté opposé qui touche im<cb-> médiatement la terre, est très - brun, & conserve sa couleur naturelle. Si on casse plusieurs de ces caillous, on reconnoîtra que la blancheur n'est pas seulement en - dehors; mais qu'elle pénetre dans l'intérieur plus ou moins profondément, & y forme une espece de bande qui n'a dans de certains caillous que très - peu d'épaisseur, mais qui dans d'autres occupe presque toute celle du caillou cette partie blanche est un peu grenue, entierement opaque, aussi tendre que la pierre; & elle s'attache à la langue comme les bols, tandis que le reste du caillou est lisse & poli, qu'il n'a ni fil ni grain, & qu'il a conservé sa couleur naturelle, sa transparence & sa même dureté. Si on met dans un fourneau ce même caillou à moitié décomposé, sa partie blanche deviendra d'un rouge couleur de tuile, & sa partie brune d'un très - beau blanc. Qu'on ne dise pas avec un de nos plus célébres naturalistes, que ces pierres sont des caillous imparfaits de différens âges, qui n'ont pas encore acquis leur perfection. Car pourquoi seroient - ils tous imparfaits? pourquoi le seroient - ils tous du même côté? pourquoi tous du côté exposé à l'air? Il me semble qu'il est aisé de se convaincre que ce sont au contraire des cailloux altérés, décomposés, qui tendent à reprendre la forme & les propriétés de l'argille & du bol, dont ils ont été formés. Si c'est conjecturer que de raisonner ainsi, qu'on expose en plein air le caillou le plus caillou (comme parle ce fameux Naturaliste) le plus dur & le plus noir, en moins d'une année il changera de couleur à la surface; & si on a la patience de suivre cette expérience, on lui verra perdre insensiblement & par degré sa dureté, sa transparence, & ses autres caracteres spécifiques, & approcher de plus en plus chaque jour de la nature de l'argille.

Ce qui arrive au caillou, arrive au sable. Chaque grain de sable peut être considéré comme un petit caillou, & chaque caillou, comme un amas de grain, de sable extrèmement fins & exactement engrenés. L'exemple du premier degré de décomposition du sable se trouve dans cette poudre brillante, mais opaque, mica, dont nous venons de parler, & dont l'argille & l'ardoise sont toûjours parsemées: les caillous entierement transparens, les quartz, produisent en se décomposant des sables gras & doux au toucher; aussi pétrissables & ductiles que la glaise, & vitrifiables comme elle, tels que ceux de Venise & de Moscovie; & il me paroît que le talc est un terme moyen entre le verre ou le caillou transparent & l'argille; au lieu que le caillou grossier & impur en se décomposant passe à l'argille sans intermede.

Notre verre factice éprouve aussi la même altération; il se décompose à l'air, & se pourrit en quelque façon en séjournant dans les terres. D'abord la superficie s'irise, s'écaille, s'exfolie, & en le maniant on s'apperçoit qu'il s'en détache des paillettes brillantes: mais lorsque sa décomposition est plus avancée, il s'écrase entre les doigts, & se réduit en poudre talqueuse très - blanche & très - fine. L'art a même imité la nature par la décomposition du verre & du caillou. Est etiam certa methodus solius aquoe communis ope, silices & arenam in liquorem viscosum, eumdemque in sal viride convertendi & hoc in oleum rubicundum, &c. solius ignis & aquoe ope speciali experimento durissimos quosque lapides in mucorem resolvo, qui distillatus subtilem spiritum exhibet, & oleum nullis laudibus proedicabile. Bech. Physic. subtetr.

Les différentes couches qui couvrent le globe terrestre, étant encore actuellement ou de matieres que nous pourrons considérer comme vitrifiables, ou de matieres analogues au verre, qui en ont les propriétés les plus essentielles, & qui toutes sont vitrescibles; & comme il est évident d'ailleurs que de la décomposition du caillou & du verre, qui se fait [p. 647] chaque jour sous nos yeux, il résulte une véritable terre argilleuse; ce n'est donc pas une supposition précaire ou gratuite, que d'avancer, que les glaises, les argilles & les sables ont été formés par des scoties & des écumes vitrifiées du globe terrestre, surtout quand on y joint les preuves à priori, qu'il a été dans un état de liquéfaction causée par le feu. Voyez Hist. nat. tom. I. pag. 259. (I)

ARGINUSES (Page 1:647)

* ARGINUSES, (Géog.) petite ville de Grece, à la vûe de laquelle les Athèniens conduits par Conon, vainquirent les Lacédémoniens, commandés par Callicratidas, qui périt dans cette action.

ARGIPPÉENS (Page 1:647)

* ARGIPPÉENS, s. m. pl. (Hist.) anciens peuples de la Sarmatie, qui, si l'on en croit Herodote, naissoient chauves, avoient le menton large, peu de nez, & le son de la voix différent de celui des autres hommes, ne vivoient que de fruits, & ne faisoient jamais la guerre à leurs voisins, qui, touchés de respect pour eux, les prenoient souvent pour arbitres de leurs différends.

ARGO (Page 1:647)

* ARGO, s. m. (Myth.) nom du vaisseau célebre dans les Poëtes, qui transporta en Colchide l'élite de la jeunesse Greque, pour la conquête de la toison d'or. Voyez Argonautes.

Les critiques sont partagés sur l'origine de ce nom, que les uns tirent d'un certain Argus, qui donna le dessein de ce navire, & le construisit; d'autres de sa vîtesse & de sa légereté par antiphrase du Grec A'RGO\, qui signifie lent & paresseux; ou de sa figure longue, & du mot arco, dont les Phéniciens se servoient pour nommer leurs vaisseaux longs. Quelques - uns l'ont fait venir de la ville d'Argos, où il fût bâti; & d'autres enfin, des Argiens qui le monterent, selon ce distique rapporté par Ciceron, I. Tuscul.

Argo, quia Argivi in eâ delecti viri Vecti, petebant pellem inauratam arietis.

Ovide appelle ce navire, sacram Argum; parce que, selon lui, ce fut Minerve qui en donna le plan, & qui présida à sa construction; peut - être encore, parce que sa proue étoit formée d'un morceau de bois coupé dans la forêt de Dodone, & qui rendoit des oracles, ce qui lui fit aussi donner le nom de Loquax. Voyez Oracle & Dodone. Jason ayant heureusement achevé son entreprise, consacra à son retour le navire Argo à Neptune, ou selon d'autres à Minerve dans l'isthme de Corinthe; où il ne fut pas long - tems sans être placé au ciel, & changé en constellation. Tous les auteurs s'accordent à dire que ce vaisseau étoit de forme longue, comme nos galeres; & qu'il avoit vingt - cinq à trente rames de chaque côté. Le scholiaste d'Appollonius remarque que ce fut le premier bâtiment de cette forme. Ce qu'atteste aussi Pline après Philostephane. Longâ nave Jasonem primum navigasse Philostephanus auctor est. Hist. nat. lib. VII. chap. xxxvj. Une circonstance prouve qu'il ne pouvoit pas être d'un volume bien vaste, c'est que les argonautes le porterent sur leurs épaules, depuis le Danube jusqu'à la mer Adriatique. Mais pour diminuer le merveilleux de cette aventure, il est bon de se ressouvenir de la force prodigieuse que les Poetes attribuent aux hommes des tems héroïques.

Quant aux oracles qu'on prétend que rendoit le navire Argo, M. Pluche dans son histoire du ciel explique ainsi la chose. Quand les Colques ou habitans de la Colchide avoient ramassé de l'or dans le Phase, « il falloit rappeller le peuple à un travail plus nécessaire, tel qu'étoit celui de filer le lin & de fabriquer les toiles. On changeoit d'affiche: l'Isis qui annonçoit l'ouverture du travail des toiles, prenoit dans sa main une navette, & prenoit le nom d'argonioth, le travail de navettes. Quand les Grecs qui alloient faire emplette de cordes ou de toiles dans la Colchide, vouloient prononcer ce nom, ils disoient argonaus, qui dans leur langue signifioit le navire Argo. S'ils demandoient aux Colques ce que c'étoit que cette barque dans la main d'Isis (car en effet, la navette des Tisserands a la figure aussi - bien que le nom d'une barque) les Colques répondoient apparemment que cette barque servoit à régler le peuple; que chacun la consultoit, & qu'elle apprenoit ce qu'il falloit faire. Voilà, ajoûte - t - il, le premier fondement de la fable du vaisseau Argo, qui rendoit des réponses à tous ceux qui venoient le consulter ». Hist. du ciel, tom. I. pag. 327. (G)

Argo (Page 1:647)

Argo, le navire Argo, ou le vaisseau des Argonautes, s. m. C'est ainsi que les Astronomes appellent une constellation, ou un assemblage d'étoiles fixes dans l'hémisphere méridional. Ces étoiles sont dans le catalogue de Ptolomée au nombre de 8; dans celui de Tycho au nombre de 11; dans le catalogue Britannique au nombre de 25, avec leurs longitudes, latitudes, grandeurs, &c. (O)

ARGONAUTES (Page 1:647)

* ARGONAUTES, s. m. pl. (Myth.) c'est ainsi qu'on appella les princes Grecs, qui entreprirent de concert d'aller en Colchide conquérir la toison d'or, & qui s'embarquerent pour cet effet sur le navire Argo, d'où ils tirerent leur nom. On croit qu'ils étoient au nombre de cinquante - deux ou de cinquante - quatre, non compris les gens qui les accompagnoient. Jason étoit leur chef; & l'on compte parmi les principaux, Hercule, Castor & Pollux, Laerte pere d'Ulisse, Olée pere d'Ajax, Pelée pere d'Achille, Thesée & son ami Pirithoüs. Ils s'embarquerent au Cap de Magnesie en Thessalie; ils allerent d'abord à Lemnos, de - là en Samothrace; ils entrerent ensuite dans l'Hellespont, & côtoyant l'Asie mineure, ils parvinrent par le Pont - Euxin jusqu'à AEa capitale de la Colchide; d'où après avoir enlevé la toison d'or, ils revinrent dans leur patrie après avoir surmonté mille dangers. Cette expédition précéda de trente - cinq ans la guerre de Troie, selon quelques-uns, & selon d'autres de quatre - vingts - dix ans. A l'égard de l'objet qui attira les argonautes dans la Colchide, les sentimens sont partagés. Diodore de Sicile croit que cette toison d'or tant prônée, n'étoit que la peau d'un mouton que Phrixus avoit immolé, & qu'on gardoit très - soigneusement, à cause qu'un oracle avoit prédit que le Roi seroit tué par celui qui l'enleveroit. Strabon & Justin pensoient que la fable de cette toison étoit fondée sur ce qu'il y avoit dans la Colchide des torrens qui rouloient un sable d'or, qu'on ramassoit avec des peaux de mouton, ce qui se pratique encore aujourd'hui vers le Fort - Louis, où la poudre d'or se recueille avec de semblables toisons, lesquelles quand elles en sont bien remplies peuvent être regardées comme des toisons d'or. Varron & Pline prétendent que cette fable tire son origine des belles laines de ce pays, & que le voyage qu'avoient fait quelques marchands Grecs pour en acheter avoit donné lieu à la fiction. On pourroit ajoûter que comme les Colques faisoient un grand commerce de peaux de marte & d'autres pelleteries précieuses, ce fut peut - être là le motif du voyage des argonautes. Palephate a imaginé, on ne sait sur quel fondement, que sous l'embleme de la toison d'or on avoit voulu parler d'une beile statue d'or, que la mere de Pelops avoit fait faire, & que Phrixus avoit emportée avec lui dans la Colchide. Enfin Suidas croit que cette toison étoit un livre en parchemin, qui contenoit le secret de faire de l'or, digne objet de l'ambition, ou plûtôt de la cupidite non - seulement des Grecs, mais de toute la terre; & cette opinion que Tollius a voulu faire revivre, est embrassée par tous les Alchimistes. Hist. des argon. par M. l'abbé Bannier. Mém. de l'Académie des Belleslettres, tom. XII. (G)

ARGONNE, l' (Page 1:647)

* ARGONNE, l', (Géog.) contrée de France, en<pb->

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