ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"634"> truction & l'usage de cet instrument. 1°. Il faut que les liqueurs dans lesquelles on plonge l'aréometre, loient exactement au même degré de chaleur, ou de froid, afin qu'on puisse être sûr que leur différence de densité ne vient point de l'une de ces deux causes, & que le volume de l'aréometre même n'en a reçû aucun changement.

2°. Que le col de l'instrument, sur lequel sont marquées les gradations, soit par tout d'une grosseur égale; car s'il est d'une forme irréguliere, les degrés marqués à égales distances ne mesureront pas des volumes de liqueurs semblables en se plongeant; il sera plus sûr & plus facile de graduer cette échelle relativement à la forme du col, en chargeant successivement l'instrument de plusieurs petits poids bien égaux, dont chacun produira l'enfoncement d'un degré.

3°. On doit avoir soin que l'immersion se fasse bien perpendiculairement à la surface de la liqueur, sans quoi l'obliquité empêcheroit de compter avec justesse le degré d'enfoncement.

4°. Comme l'usage de cet instrument est borné à des liqueurs qui different peu de petanteur entre elles, on doit bien prendre garde que la partie qui surnage ne se charge de quelque vapeur ou saleré, qui occasionneroit un mécompre, dans une estimation, où il s'agit de différences peu considérables. Et lorsque l'aréometre passe d'une liqueur à l'autre, on doit avoir soin que sa surface ne porte aucun enduit, qui empeche que la liqueur où il entre ne s'applique exactement contre cette surface.

5°. Enfin malgré toutes ces précautions, il reste encore la difficulté de bien juger le degré d'enfoncement, parce que certaines liqueurs s'appliquent mieux que d'autres au verre; & qu'il y en a beaucoup qui, lorsqu'elles le touchent, s'élevent plus ou moins au - dessus de leur niveau. Quand on se sert de l'aréometre que nous avons décrit, il faut le plonger d'abord dans la liqueur la moins pesante, & remarquer à quelle graduation se rencontre sa surface: ensuite il faut le rapporter dans la plus dense, & charger le haut de la tige, ou du col, de poids connus, jusqu'à ce que le degré d'enfoncement soit égal au premier. La somme des poids qu'on aura ajoûtés, pour rendre cette seconde immersion égale à la preiniere, sera la différence des pesanteurs spécifiques entre les deux liqueurs. Nous devons ces remarques à M. Formey, qui les a tirées de M l'abbé Nollet, Lect. Phys. (O)

ARÉOPAGE (Page 1:634)

* ARÉOPAGE, s. m. (Hist. anc.) sénat d'Athenes ainsi nommé d'une colline voisine de la citadelle de cette ville consacrée à Mars; des deux mots Grecs PA'GO, bourg, place, & *ARH, le dieu Mars; parce que, selon la fable, Mars accusé du meurtre d'un fils de Neptune, en fut absous dans ce lieu par les juges d'Athenes. La Gece n'a point eu de tribunal plus renommé. Ses membres étoient pris entre les citoyens distingués par le mérite & l'intégrité, la naissance & la fortune; & leur équité étoit si généralement reconnue, que tous les états de la Grece en appelloient à l'aréopage dans leurs démêlés, & s'en tenoient à ses décisions. Cette cour est la premiere qui ait eu droit de vie & de mort. Il paroît que dans sa premiere institution, elle ne connoissoit que des assassinats: sa jurisdiction s'étendit dans la suite aux incendiaires, aux conspirateurs, aux transfuges; enfin à tous les crimes capitaux. Ce corps acquit une autorité sans bornes, sur la bonne opinion qu'on avoit dans l'Etat, de la gravité & de l'intégrité de ses membres. Solon leur confia le maniement des deniers publics, & l'inspection sur l'éducation de la jeunesse; soin qui entraîna celui de punir la débauche & la fainéantise, & de récompenser l'industrie & la sobriété. Les aréopagites connoissoient encore des matieres de religion: c'étoit à eux à arrêter le cours de l'impiété, & à venger les dieux du blasphème, & la religion du mépris. Ils délibéroient sur la consécration des nouvelles divinités, sur l'érection des temples & des autels, & sur toute innovation dans le culte divin; c'étoit même leur fonction principale. Ils n'entroient dans l'administration des autres affaires, que quand l'état allarmé de la grandeur des dangers qui le menaçoient, appelloit à son secours la sagesse de l'aréopage, comme son dernier refuge. Ils conierverent cette autorité jusqu'à Periclès, qui ne pouvant être aréopagite, parce qu'il n'avoit point été archonte, employa toute sa puissance & toute son adresse à l'avilissement de ce corps. Les vices & les excès qui corrompoient alors Athènes, s'étant glissés dans cette cour; elle perdit par degrés l'estime dont elle avoit joüi, & le pouvoir dont elle avoit été revetue. Les auteurs ne s'accordent pas sur le nombre des juges qui composoient l'aréopage. Quelques - uns le fixent à trente - un; d'autres à cinquanteun, & quelques autres le font monter jusqu'à cinq cens. Cette derniere opinion ne peut avoir lieu que pour les tems où ce tribunal tombé en discrédit, admettoit indifféremment les Grecs & les étrangers; car, au rapport de Ciceron, les Romains s'y faisoient recevoir: ou bien elle confond les aréopagites avec les prytan.

Il est prouvé par les marbres d'Arondel, que l'aréopage subsistoit 941 ans avant Solon: mais comme ce tribunal avoit été humilié par Dracon, & que Solon lui rendit sa premiere splendeur; cela a donné lieu à la méprise de quelques auteurs, qui ont regardé Solon comme l'insttuteur de l'aréopage.

Les aréopagtes tenoient leur audience en plein air, & ne jugeoient que la nuit; dans la vûe, dit Lucien, de n'être occupés que des raisons, & point du tout de la figure de ceux qui parloient.

L'éloquence des avocats passoit auprès d'eux pour un talent dangereux. Cependant leur sévérité sur ce point se relâcha dans la suite: mais ils furent constans à bannir des plaidoyers, tout ce qui tendoit à émouvoir les passions, ou ce qui s'écartoit du fond de la question. Dans ces deux cas, un héraut imposoit silence aux avocats. Ils donnoient leur suffiage en silence, en jettant un espece de petit caillou noir ou blanc dans des urnes, dont l'une étoit d'aiain, & se nommoit l'urne de la mort, ANATOU; l'autre étoit de bois, & s'appelloit l'urne de la miséricorde, ELEOU. On comptoit ensuite les suffrages; & selon que le nombre des jettons nous prévaloit ou étoit inférieur à celui des blancs, les juges traçoient avec l'ongle une ligne plus ou moins courte sur une espece de tablette enduite de cire. La plus courte signifioit que l'accusé étoit renvoyé abous; la plus longue exprimoit sa condamnation.

AREOPAGITE (Page 1:634)

AREOPAGITE, juge de l'aréopage. Voici le portrait qu'lsocrate nous a tracé de ces hommes merveilleux, & du bon ordre qu'ils établirent dans Athènes. « Les juges de l'aréopage, dit cet auteur, n'étoient point occupés de la maniere dont ils puniroient les crimes, mais uniquement d'en inspirer une telle horreur, que personne ne pût se résoudre à en commettre aucun: les ennemis, selon leur façon de penser, étoient faits pour punir les crimes; mais eux pour corriger les moeurs. Ils donnoient à tous les citoyens des soins généreux, mais ils avoient une attention spéciale aux jeunes gens. Ils n'ignoroient pas que la fougue des passions naissantes donne à cet âge tendre les plus violentes secousses, qu'il faut à ces jeunes coeurs une éducation dont l'âpreté soit adoucie par certaine mesure de plaisir; & qu'au fonds il n'y a que les exercices où se trouve cet heureux mêlange de travail & d'agrément, dont la pratique constante puisse plaire à ceux qui ont été bien élevés. Les fortunes étoient trop inégales pour qu'ils pussent prescrire à tous indifféremment les mêmes choses & au même [p. 635] degré; ils èn proportionnoient la qualité & l'usage aux facultés de chaque famille. Les moins riches étoient appliqués à l'agriculture & au négoce, sur ce principe que la paresse produit l'indigence, & l'indigence les plus grands crimes: ayant ainsi arraché les racines des plus grands maux, ils croyoient n'en avoir plus rien à craindre. Les exercices du corps, le cheval, la chasse, l'étude de la philosophie, étoient le partage de ceux à qui une meilleure fortune donnoit de plus grands secours: dans une distribution si sage, leur but étoit de sauver les grands crimes aux pauvres, & de faciliter aux riches l'acquisition des vertus. Peu contens d'avoir établi des lois si utiles, ils étoient d'une extrème attention à les faire observer: dans cet esprit, ils avoient distribué la ville en quartiers, & la campagne en cantons différens. Tout se passoit ainsi comme sous leurs yeux. Rien ne leur échappoit des conduites particulieres. Ceux qui s'écartoient de la regle étoient cités devant les magistrats, qui assortissoient les avis ou les peines à la qualité des fautes dont les coupables étoient convaincus. Les mêmes aréopagites engageoient les riches à soulager les pauvres; ils réprimoient l'intempérance de la jeunesse par une discipline austere. L'avarice des magistrats effrayée par des supplices toûjours prêts à la punir, n'osoit paroître; & les vieillards à la vûe des emplois & des respects des jeunes gens, se tiroient de la léthargie, dans laquelle ce grand âge a coûtume de les plonger ». Aussi ces juges si respectables n'avoient - ils en vûe que de rendre leurs citoyens meilleurs, & la république plus florissante. Ils étoient si desintéressés, qu'ils ne recevoient rien, ou presque rien, pour leur droit de présence aux jugemens qu'ils prononçoient; & si integres, qu'ils rendoient compte de l'exercice de leur pouvoir à des censeurs publics, qui placés entre eux & le peuple, empêchoient que l'aristocratie ne devint trop puissante. Quelque courbés qu'ils fussent sous le poids des années, ils se rendoient sur la colline où se tenoient leurs assemblées, exposés à l'injure de l'air. Leurs décisions étoient marquées au coin de la plus exacte justice les plus intéressantes par leur objet, sont celles qu'ils rendirent en faveur de Mars, d'Oreste q y fut absous du meurtre de sa mere par la protection de Minerve qui le sauva, ajoûtant son suffrage à ceux qui lui étoient favorables, & qui se trouvoient en parfaite égalité avec les suffrages qui le condamnoient. Cephale pour le meurtre de sa femme Procris, & Dedale pour avoir assassiné le fils de sa soeur, furent condamnés par ce tribunal. Quelques anciens auteurs prétendent que S. Denys premier évêque d'Athènes avoit été aréopagite, & qu'il fut converti par la prédication que fit S. Paul devant ces juges. Un plus grand nombre ont confondu ce Denys l'aréopagite avec S. Denys premier évêque de Paris. Voyez dans le Recueil de l'Acad. des Belles - Lettres, tom. VII. deux excellens mémoires sur l'aréopage, par M. l'abbé de Canaye, qui sait allier à un degré fort rare l'esprit & la Philosophie à l'érudition. (G)

ARÉOSTYLE (Page 1:635)

ARÉOSTYLE, s. m. dans l'ancienne Architecture, c'est une des cinq sortes d'intercolonnations, dans laquelle les colonnes étoient placées à la distance de huit, ou comme disent quelques - uns, de dix modules l'un de l'autre. V. Inter colonnation. Ce mot vient d'A'RAIO, rare, & ULO, colonne; parce qu'il n'y avoit point d'ordre d'architecture où les colonnes fussent aussi éloignées les unes des autres que dans l'aréostyle.

On fait principalement usage de l'aréostyle dans l'ordre Toscan, aux portes des grandes villes & des forteresses. Voyez Toscan, &c. Vitruve. (P)

ARÉOTECTONIQUE (Page 1:635)

ARÉOTECTONIQUE, adj. est cette partie de fortification & d'architecture militaire, qui con<cb-> cerne l'art d'attaquer & de combattre. (Q)

ARÉOTIQUES (Page 1:635)

ARÉOTIQUES, (en Medecine.) se dit de ces remedes qui tendent à ouvrir les pores de la peau, à les rendre assez dilatés, pour que les matieres morbifiques puissent être poussées dehors par le moyen de la sueur ou de l'insensible transpiration. Voyez Pore, Sueur, Transpiration , &c. Les diaphorétiques, les sudorifiques, &c. appartiennent à la classe des aréotiques. Voyez Diaphorétiques, Sudorifiques, &c. (N)

ARÉTOPOTÈS (Page 1:635)

* ARÉTOPOTÈS, (Hist. anc.) ou le grand bûveur de vin; nom sous lequel on honoroit à Munichia, comme un homme doüé de vertus héroïques, celui qui savoit bien boire.

ARÉQUE (Page 1:635)

* ARÉQUE, areca, sive faufel. (Hist. nat. bot.) c'est le fruit d'une espece de palmier qui croît aux Indes orientales. Il est ovalaire, & ressemble assez à la datte; il est seulement plus serré par les deuxbouts. Son écorce est épaisse, lisse & membraneuse; & sa pulpe d'un brun rougeâtre. Elle devient en sechant fibreuse & jaunâtre. La moelle, ou plûtôt le noyau qu'elle environne, est blanchâtre, en forme de poire, & de la grosseur d'une muscade. Les Indiens le mâchent continuellement; qu'il soit dur ou qu'il soit mou, il n'importe: ils le mêlent avec le lycyon ou le kaath, la feuille de betel, & un peu de chaux. Ils avalent leur salive teinte par ces ingrédiens, & rejettent le reste. Geoff. & dict. de med.

ARÉQUIPE, ou ARIQUIPA (Page 1:635)

* ARÉQUIPE, ou ARIQUIPA, (Géog.) ville de l'Amérique méridion. dans le Pérou, sur une riviere, dans un terrein fertile. Long. 308. lat. mérid. 16. 40.

ARER (Page 1:635)

ARER, ou chasser sur ses ancres. (Marine.) se dit, lorsque l'ancre étant mouillée dans un mauvais fond, elle lâche prise, & se traîne en labourant le sable. Voyez Chasser. (Z)

ARÈS (Page 1:635)

* ARÈS, (Myth.) nom que les Grecs donnoient à Mars. Il signifie dommage; d'autres le dérivent du Phénicien arits, qui veut dire, sort, terrible.

ARESGOL (Page 1:635)

* ARESGOL, ancienne ville du royaume d'Alger, dont il ne reste que les ruines; elle étoit auparavant la capitale de la province & de tout le royaume de Tremecen, qui fait aujourd'hui une partie de celui d'Alger.

ARESIBO (Page 1:635)

* ARESIBO, (Géog.) petite ville d'Amérique, sur une riviere de même nom; à trois lieues de saint Juan de Porto - Ricco, dans l'île de ce nom, qui est une des grandes antilles.

ARESTE (Page 1:635)

ARESTE, spina, (Hist. nat.) partie du corps de la plupart des poissons; on entend communément par ce mot toutes les parties dures & piquantes, qui se trouvent dans les poissons: mais dans ce sens on doit distinguer plusieurs sortes d'arêtes; car il y a des parties dures dans les poissons, qui sont analogues aux os des serpens, des oiseaux, & des quadrupedes; tels sont les os de la tête des poissons, leurs vertebres, & leurs côtes. La plûpart ont de plus des piquans dans les nageoires, dans la queue, & sur d'autres parties de leur corps. Il y a aussi dans la chair de plusieurs poissons, des filets solides, pointus, plus ou moins longs, & de différentes grosseurs, dont les uns sont simples, & les autres fourchus. On ne peut donner à ces parties que le nom d'arête. Voyez Poisson. (I)

Areste (Page 1:635)

Areste, (coupe des pierres.) c'est l'angle ou le tranchant que font deux surfaces droites ou courbes d'une pierre quelconque: lorsque les surfaces concaves d'une voûte composée de plusieurs portions de berceaux, se rencontrent en angle saillant, on l'appelle voûte d'arête. La figure 4. Planche de la coupe des pierres, représente une portion de berceaux qui se croisent à angle droit. (D)

* Lorsque l'angle d'une pierre est bien taillé, & sans aucune cassure, on dit qu'elle est à vive - arête.

Sur la mesure des voûtes d'arête, voyez Voûte.

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