ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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pond l'engin ou machine, on les y porte avec des
hottes; là, d'autres ouvriers en chargent un bassicot
attaché au cable de l'engin: on voit Planche II. ce
bassicot fig. 22, il est lié de bandes de fer, u, u; ces
bandes s'élevent au - dessus du bassicot d'environ 6 à
7 pouces, & font terminées par une boucle à laquelle
sont attachées des cordes qu'on appelle bertos.
Les bertos sont passés dans un crochet de ser qui tient
le bassicot suspendu; ce crochet est traversé d'une
goupille qui empêche les bertos de s'en échapper;
zz est une planche de bois qui est placée au bout du
bassicot, où elle est fixée par les deux tenons qu'on
voit: cette planche s'appelle le lucet. Aussi - tôt que
le bassicot est au haut de la carriere, on ôte le lucet,
& on nettoye le bassicot de toutes les ordures qui y
sont.
Le bassicot est enlevé hors de la carriere par la
machine ou l'engin: on voit Planche II. premiere vignette, cette machine. La partie AX qu'on nomme
saillie, avance sur la carriere environ de douze piés;
elle y est soûtenue par le chef de la carriere. Elle a
sa parallele à l'autre bout, dont elle est éloignée de
quinze piés & davantage. La piece B, qui s'appelle
un surbadier, est fixée d'un bout dans le chef, & emmortoisée
de l'autre dans la saillie. La piece parallele
à la saillie est une espece de gardefou; elle est élevée
sur la saillie d'environ trois piés: elle a aussi sa parallele
de l'autre côté. Les pieces HE sont des poteaux
fixés perpendiculairement sur les saillies. Les
pieces KK sont des traverses; elles portent celles sur
lesquelles se meuvent les tourillons des poulies PP.
Les traverses II sont soûtenues par des aisseliers. Les
pieces HL se nomment filieres. La piece LL sur laquelle
l'extrémité des filieres est soûtenue, s'appelle
chapeau du bâtis MMLL, qui n'est autre chose
qu'un chevalet à deux pieces de bois perpendiculaires.
La figure 20 est une fusée dont l'extrémité R se
meut dans le chapeau LL, & son extrémité O porte
sur une crapaudine ou couette de fer, emboîtée dans
une piece de bois enterrée. La piece à laquelle le
cheval est attaché se nomme queue; elle est emmortoisée
dans la piece qui sert d'axe à la fusée. Tandis
que le cheval marche vers O, le cable R s'enveloppe
sur le cylindre, & le cable S se développe; c'est - à - dire que le bassicot attaché au premier de ces cables
monte, & que celui qui est attaché au second descend.
L'homme qui conduit le cheval s'appelle le
toucheur. Ceux qui sont au fond de la carriere l'avertissent;
& ils ont un crochet avec lequel ils atteignent
le bassicot vuide, qu'ils conduisent ainsi dans
l'endroit de la foncée où ils en ont besoin.
Mais avant que de sortir de la carriere, il est à
propos de remarquer, 1° que quand on est parvenu
à une certaine quantité de foncées, l'eau abonde de
tous côtés; elle descend du rocher par des veines:
nous avons déjà indiqué le moyen que l'on prend
pour la déterminer à couler vers un bout de la foncée.
Elle y est conduite par un petit chemin, & elle
y est reçue dans un endroit qu'on y a creusé, & qu'on
nomme cuvette; cette eau est renvoyée de la cuvette
dans une cuve profonde, qui est au pié du chef de
la carriere, opposé à celui où l'engin est placé. Ce
renvoi se fait avec un seau & la machine appellée
trait: mais on n'use guere du trait pour cela, que
dans les carrieres où l'eau est en si grande quantité,
qu'à peine la foncée est - elle faite qu'elle est pleine
d'eau. Dans les autres carrieres la corde de la machine
destinée à vuider les eaux, se rend directement
au réservoir qu'on leur a pratiqué à l'autre bout de
la foncée, & les enleve, comme nous allons l'expliquer.
On se sert pour vuider l'eau, de la machine représentée
dans la vignette de la Planche II. cette machine
se nomme engin. Sa position sur le chef de la
carriere est à peu près la même que celle de la machine
à enlever l'ardoise ou le bassicot: mais sa construction
est fort différente. Au lieu d'une saillie à chaque
côté, l'engin en a trois & trois surbadiers; dont
les extrémités inférieures b, b, b sont ou dans le chef
de la carriere, ou dans un mur dont ce chef est revêtu;
les extrémités supérieures sont emmortoisées
dans les saillies; ces saillies avancent sur l'ouverture
de la carriere environ de quinze piés: on a été forcé
d'en employer ici trois de chaque côté, parce qu'on
a fait sur elles un bâtis ou pont, sur lequel on est
continuellement placé pour recevoir tout ce qui vient
de la carriere; au lieu que dans la machine on est toûjours
sur le solide, c'est - à - dire sur le chef de la carriere.
Si l'on examine de près la machine ou bassicot,
l'on verra que quand le cable R est arrivé entre
les deux saillies, ou à la lumiere, on peut facilement
l'attirer à soi & exposer le bassicot sur le chef de la
carriere, mais que dans l'engin que nous décrivons
on n'a pas cette commodité. Aux deux extrémités
h, f, de la fusée, sont des tourillons de fer qui roulent
sur des couettes de fonte. On appelle la piece
comprise entré f & g & montée sur l'arbre g, un tabouret; l'arbre fh s'appelle le farfus de la fusée. Les
pieces qui contiennent entr'elles les fuseaux du tabouret s'appellent tourtelles. La piece CC s'appelle le
roüet. On voit à sa circonférence des alluchons posés
verticalement; ils sont en talus; ils s'engrenent
dans les fuseaux du tabouret, qui tourne & entraîne
avec lui la fusée, dont la corde i monte, tandis que
la corde l descend. Le cheval qui met en mouvement
le roüet se fait si bien à cet exercice, qu'après s'être
mû de droite à gauche, il revient de lui - même de
gauche à droite aussi - tôt qu'il est à propos, c'est - à - dire lorsqu'un des seaux étant monté & l'autre descendu,
il faut faire descendre celui - là & monter celui - ci.
Mais on n'entendroit que très - imparfaitement l'effet
de l'engin, si l'on ne connoissoit un peu la construction
des seaux, voyez - en un par pieces assemblées
& détaillées, Planche II. le cerceau de fer 7
en est le chapeau; il est tout semblable à celui qu'on
voit en 6, 6, 6 sur le seau; 10 est une oreille; 11 un
aileron; 12 l'ance. Voy. toutes ces pieces assemblées sur le
seau, & dans la figure 9, 9; 8, 8, qu'il est facile d'imaginer
en place; 4, 4, est un cercle de fer qui entoure
le seau un peu au - dessus de son bouge. L'anse
tient à ce cercle par deux gros boulons qui font partie
du cercle même, & sur lesquels l'anse peut se
mouvoir; 5, 5 sont des pieces qu'on appelle bride,
elles soûtiennent le fond qui est ordinairement double.
Il n'est pas difficile de concevoir que si deux crochets
s'engagent sur le cercle de fer qui est en 6, 6, 6,
sur le seau, à son approche du bassin, ils arrêteront
sa partie supérieure qui baissera nécessairement, tandis
que la fusée marchant toûjours, la partie inférieure
du seau montera, ou le fond sera renversé & l'eau
tombera dans le bassin. Ce méchanisme est fort simple,
& produit bien l'effet qu'on en attend.
Remarquez 1°. qu'il y a toûjours dans la carriere
une personne qui conduit la coupe du rocher le plus
perpendiculairement qu'il lui est possible; c'est ce
qu'on appelle couper en chef. On voit combien il importe
au service des machines qui sont établies sur le
chef de la carriere, que cette conduite se fasse bien;
aussi dit - on, au lieu de couper en chef, mener le soutien
des machines: de ces machines l'une correspond
à l'extrémité de la foncée, & l'autre correspond à
l'autre extrémité.
Remarquez 2°. que le bassicot ne remonte pas tout.
Il y a des enfans qui montent & descendent par des
échelles placées de banc en banc, & qui sortent les
vuidanges les plus légeres.
Remarquez 3°. que chaque foncée donne toûjours
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deux bancs, l'un à droite & l'autre à gauche: pour
cela, il ne faut que jetter l'oeil sur la premiere vignette
de la Planche premiere; quand on a épuisé l'un,
ce qui se fait toûjours par les enferrures, on passe à
l'autre banc. Du côté de la figure 11. tous les bancs
sont épuisés: mais pour faire une no>elle foncée,
on n'attend pas que tous les bancs soient épuisés,
parce que les ouvriers qui fabriquent l'ardoise manqueroient
de matiere; les travaux du fond de la carriere,
& ceux du dessus, doivent marcher de concert.
Nous voilà sortis de la carriere. Voyons maintenant
ce que deviendront les morceaux d'ardoise que
le bassicot a enlevés sous le nom de crenons, après
avoir été détachés de la piece enferrée, avec un instrument
qu'on voit Planche premiere en V, & qu'on
appelle ciseau d'en - bas, parce qu'on ne s'en sert qu'au
fond de la carriere.
Quand on a déchargé les crenons, en ôtant le
lucet du bassicot, il y a des ouvriers tout prêts avec
des hottes qu'on appelle hottes à quartier, pour les
distinguer de celles dont on se sert dans la carriere,
& qu'on appelle hottes à vuidanges, voyez Planche I.
vig. I. La fig. A est une hotte à vuidange, & Pl. II.
figure 1. vig. I. hotte à quartier; d'autres ouvriers
prennent le crenon chacun par un bout, & le posent
sur la hotte; les hottiers chargés vont déposer leurs
fardeaux autour des ouvriers qui fabriquent l'ardoise:
c'est ce que fait la fig. 1. de la IIe vig. de la Planche I.
la fig. FE, fe, représente assez bien les crenons quand
déposés autour des ouvriers, ils travaillent à les repartir.
Voyez Planche I.
Pour repartir, les ouvriers se servent du ciseau CI,
qu'on voit Planche I. & qu'ils appellent ciseau à crenet; ils l'inserent dans le crenon, comme on le voit
dans la fig. F E, fe, même Planche, ou comme on le
voit faire à la fig. 2. vig. II. Planc. I. Les morceaux g
qui sont autour de cette fig. 2. sont des divisions du
crenon, & ces divisions s'appellent repartons. Le morceau
qu'on voit entre ses jambes est un portion de
crenon qu'il faut achever de débiter en repartons. Les
repartons passent à un ouvrier, qu'on voit fig. 4. qui
avec le ciseau C2 appellé ciseau moyen, même Planche, pousse la division des repartons en contrefendis.
Quand l'ardoise est en contrefendis, les mêmes ouvriers
prennent le passe - partout ou ci>eau C3, ou
ceux de la même espece C4, C4, & mettent le contrefendis
en fendis ou ardoise brute. Toutes les divisions
du reparton en crenons, en contrefendis & en
fendis ou ardoise brute, se font d'épaisseur seulement;
les fendis passent entre les mains des ouvriers 3 & 5;
ces ouvriers sont assis à terre derriere des paillassons
soûtenus par des fourches, qui les garantissent de la
chaleur & du mauvais tems; on les appelle tue - vents;
ils ont les jambes couvertes des guêtres qu'on voit
Planche I. fig. AB, &c. & entr'elles une sorte de billot
cylindrique OPQ, dont on a enlevé une portion;
ce billot ou espece d'établi s'appelle le chaput: c'est
sur le chaput que l'ouvrier pose le fendis, & c'est la
surface verticale de la section qui dirige le mouvement
du doleau ou de l'instrument tranchant dont il
se sert pour terminer l'ardoise, & lui donner la forme
qu'il desire. Selon la forme que l'on donne au chaput,
on a la commodité de façonner diversement l'ardoise: quant au doleau, vous en avez la représentation
en T & en V, même Planche I. il a une surface
platte comme celle d'un ciseau à deux branches, &
son autre surface est arrondie.
Le fendis, au sortir des mains de ceux qui se servent
du doleau, est ardoise, mais d'une qualité telle
que le permet le morceau de fendis, tant par la nature
de la pierre dont il est venu, que par la figure
qu'on lui a donnée sur le chaput: comme toutes les
couches de l'ardoise ne sont pas exactement paralle<cb->
les, les petits angles qu'elles forment entr'elles font
perdre beaucoup de matiere; une portion d'ardoise ou
un contrefendis dont on espere deux fendis, se divisera
souvent obliquement, & au lieu de deux ardoises
on n'en aura qu'une avec un morceau ou sragment
dont on ne fera qu'une qualité d'ouvrage subalterne:
mais ce n'est pas seulement en passant de l'état de
contrefendis à celui de fendis que l'ouvrage se détériore;
toutes les divisions de la pierre ont leurs inconvéniens.
Exemple: soit, Planche I. fig. FE, fE, un morceau
de pierre que l'ouvrier d'en - bas a mis en crenon
avec l'alignouet & le pic moyen, que le ciseau C y
ait été inséré pour en tirer les repartons EF, fE,
il peut arriver que son épaisseur totale soit traversée
de chauve ou de finne, ou qu'il s'y rencontre de petits
chats qui empêcheront une exacte division; ces
chats & la finne s'apperçoivent à merveille dans le
fendis, fig. M, même Planche: si, même Planche I. il y
a une finne dans la direction Z Z, il n'en viendra
qu'une ardoise, & &. Ces finnes ne s'apperçoivent
que par l'effet, quand on travaille la pierre au haut.
On insere son ciseau dans un crenon F E f E; on en
espere quatre contrefendis, & il arrive qu'on n'en
tire qu'un entier, la finne arrêtant toûjours la division.
Les ouvriers d'en - bas ne sont pas si surpris des
finnes; aussi - tôt qu'ils ont entamé un banc, elles se
montrent distinctement, s'il y en a; alors ils songent
à en tirer parti pour avoir des morceaux de pierre
plus petits, ce qu'ils font en appliquant deux ou trois
coups de pic moyen sur la finne; ces coups donnent
lieu à une division qui se continue dans une même
direction que la finne, sur la surface de la pierre où
la finne se rencontre, au lieu que sans elle ils auroient
été obligés de recourir à l'enferrure, qui est un
moyen qui demande plus de peine & de précision.
A mesure que les ouvriers fabriquent leur ardoise,
il y a un ouvrier, qu'on appelle le conteur, qui prend
l'ardoise dans une espece de broüette, la transporte
en un endroit où il la range, & sépare chaque qualité;
c'est ce que fait la fig. 6. Planche l. vig. II. les
ardoises élevées marquent les cents. L'endroit où l'ardoise est séparée par qualité & rangée par cent, s'appelle
magasin.
Le conteur met l'ouvrage de chaque ouvrier à part,
avec le nom & la quantité sur la derniere ardoise. On
voit, au bas de la Planche, des piles séparées par cent.
De toutes les qualités de l'ardoise, la plus belle &
la plus estimée est la quarrée; elle est faite du coeur
de la pierre; elle a la figure rectangulaire qu'on lui
voit Planche I. fig. 2. elle porte environ huit pouces
de large sur onze pouces de long, & doit être sans
rousseur. La seconde qualité est celle du gros noir: le
gros noir n'a ni tache ni rousseur, non plus que l'ardoise quarrée; la seule différence qu'il y ait entre ces
deux sortes d'ardoise, c'est que le gros noir n'a pas
été tiré d'un morceau de pierre qui pût fournir les dimensions
requises dans l'ardoise quarrée. La troisieme
est le poil noir, qui a la même qualité & la même figure
que le gros noir, mais qui est plus mince & plus
légere. La quatrieme est le poil taché, qui a les mêmes
dimensions que le gros noir, mais qui n'a pas la
même netteté: on lui remarque des endroits roux.
La cinquieme est le poil roux; cette ardoise est en effet
toute rousse; ce sont les premieres soncées qui la
donnent, & ce n'est proprement que de la cosse. Il
n'en est pas de même du poil taché, il se trouve partout;
il n'y a gueres de foncées où il ne s'en rencontre.
La sixieme est la carte, qui a la même figure &
la même qualité que la quarrée, mais qui est plus petite
d'aire & plus mince. La septieme est l'héridelle,
ardoise étroite & longue, dont les côtés seulement
ont été taillés, mais dont on a laissé les deux autres
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