ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"618"> que l'architecture civile qui se distingue, eu égard à ces différentes époques, & à ses variations, en antique, ancienne, gothique, & moderne, peut encore se distinguer selon ses différentes proportions & ses usages, selon les différens caracteres des ordres dont nous avons parlé. V. Toscan, Dorique, Ionique, Corinthien & Composite.

Pour avoir des notions de l'architecture & des principes élémentaires concernant la matiere, la forme, la proportion, la situation, la distribution & la décoration, voyez la définition de ces différentes expressions, aussi - bien que celles des Arts qui dépendent de l'architecture, tels que la Sculpture, Peinture, Dorure, Maçonnerie, Charpenterie, Menuiserie , &c. Voyez ces articles.

Detous les Architectes Grecs qui ont écrit sur l'architecture, tels qu'Agatarque l'Athénien, Démocrite, Théophraste, &c. aucun de leurs traités n'est parvenu jusqu'à nous, non plus que ceux des auteurs Latins, tels que furent Fussitius, Terentius Varo, Publius Septimius, Epaproditus, &c. de sorte que Vitruve peut être regardé comme le seul Architecte ancien dont nous ayons des préceptes par écrit, quoique Vegece rapporte qu'il y avoit à Rome près de sept cens Architectes contemporains. Cet Architecte vivoit sous le regne d'Auguste, dont il étoit l'ingénieur, & composa dix Livres d'architecture, qu'il dédia à ce prince: mais le peu d'ordre, l'obscurité & le mêlange de Latin & de Grec qui se trouve répandu dans son ouvrage, a donné occasion à plusieurs Architectes, du nombre desquels sont Philander, Barbaro, &c. d'y ajoûter des notes: mais de toutes celles qui ont été faites sur cet auteur, celles de Perrault, homme de Lettres & savant Architecte, sont celles qui font le plus d'honneur aux commentateurs de Vitruve. Ceux qui ont écrit sur l'architecture depuis cet auteur sont, Léon - Baptiste Alberti, qui publia dix Livres d'architecture, à l'imitation de Vitruve, mais où la doctrine des ordres est peu exacte; Sebastien Serlio en donna aussi un, & suivit de plus près les préceptes de Vitruve; Palladio, Philibert de Lorme & Barrozzio de Vignole en donnerent aussi; Daviler a fait des notes fort utiles sur ce dernier. On peut encore ranger au nombre des ouvrages célebres sur l'architecture, l'idée universelle de cet Art, par Vincent Scamozzi; le parallele de l'ancienne architecture avec la moderne, par M. de Cambray; le cours d'architecture de François Blondel, professeur & directeur de l'Académie royale d'architecture, qui peut être regardé comme une collection de tout ce que les meilleurs auteurs ont écrit sur les cinq ordres; l'architecture de Goldman, qui a montré combien il étoit aisé d'arriver au degré de perfection dans l'art de bâtir, par le secours de certains instrumens dont il est l'inventeur; celle de Wotton réduite en démonstration par Volfius, à qui nous avons l'obligation, ainsi qu'à François Blondel, d'avoir appliqué à l'architecture les démonstrations mathématiques.

Depuis les auteurs dont nous venons de parler, plusieurs de nos Architectes François ont aussi traité de l'architecture, tels que M. Perrault qui nous a donné les cinq ordres avec des additions sur Vitruve & des observations fort intéressantes; le P. Dairan, qui nous a donné un excellent traité de la coupe des pierres, que la Rue, Architecte du Roi, a commenté, éclairci & rendu utile à la pratique; M. Fraizier, qui a donné la Théorie de cet art, presque inconnue avant lui; M. Boffrand, qui nous a donné ses OEuvres, dans lesquels cet habile homme a montré son érudition & son expérience dans l'art d'architecture; M. Brizeux nous a aussi donné un traité de la distribution & de la décoration des maisons de campagne; & Daviler, qui non - seulement a commenté Vignole, mais nous a donné un traité d'architecture fort estimé, augmenté par le Blond (dont nous avons un excellent traité du jardinage) & depuis par Jacques - François Blondel, professeur d'architecture, dont nous avons aussi un Traité de la distribution & de la décoration des édifices; sans oublier Bullet, le Muet, Bosse, &c. qui nous ont aussi donné quelques ouvrages sur l'architecture.

Le terme d'architecture reçoit encore plusieurs significations, selon la maniere dont on le met en usage, c'est - à - dire qu'on appelle architecture en perspective celle dont les parties sont de différentes proportions, & diminuées à raison de leurs distances pour en faire paroître l'ordonnance en général plus grande ou plus éloignée qu'elle ne l'est réellement, tel qu'on voit exécuté le fameux escalier du Vatican, bâti sous le pontificat d'Alexandre VII. sur les desseins du cavalier Bernin. On appelle architecture feinte celle qui a pour objet de représenter tous les plans, saillies & reliefs d'une architecture réelle par le seul secours du coloris, tels qu'on en voit dans quelques frontispices de l'Italie, & aux douze pavillons du château de Marly; ou bien celle qui concerne les décorations des théatres ou des arcs de triomphe peintes sur toile ou sur bois, géométralement ou en perspective, à l'occasion des entrées ou fêtes publiques, ou bien pour les pompes funebres, feux d'artifice, &c. (P)

ARCHITHRÉSORIER (Page 1:618)

ARCHITHRÉSORIER, s. m. (Hist. mod.) ou grand thrésorier de l'Empire, dignité dont est revêtu l'électeur Palatin. Cette dignité fut créée avec le huitieme électorat en faveur du prince Palatin du Rhin: mais Frédéric V. ayant été dépossedé de son électorat par l'empereur Ferdinand II. après la bataille de Prague, sa charge fut donnée à l'électeur de Baviere: mais elle a été rendue à la maison Palatine lorsqu'elle est rentrée en possession d'une partie de ses états par le traité de Westphalie. Au commencement de ce siecle, l'empereur Joseph ayant mis l'électeur de Baviere au ban de l'Empire, le priva de son électorat & de sa charge de grand - maître d'hôtel, qu'il donna à l'électeur Palatin, & revêtit de celle de grand thrésorier l'électeur d'Hanovre, qui fonde d'ailleurs son droit à cette charge sur ce qu'il descend de Frédéric V. Mais la maison de Baviere ayant été rétablie dans ses états & dans ses droits, le Palatin conteste à l'électeur d'Hanovre le titre de grand thrésorier, d'autant plus que celui - ci ne le tient qu'en vertu d'une disposition particuliere de l'empereur Joseph, qui n'est point confirmée par la décision du corps Germanique. Quoi qu'il en soit de ces droits, une des principales fonctions de l'archithrésorier de l'Empire, le jour du couronnement de l'empereur, est de monter à cheval & de répandre des pieces d'or & d'argent au peuple dans la place publique. Heiss. Hist. de l'Empire. (G)

ARCHITIS (Page 1:618)

* ARCHITIS (Myth.) on adoroit Venus au mont Liban, sous ce nom: elle y étoit représentée dans l'affliction que lui cause la nouvelle de la blessure d'Adonis; la tête appuyée sur la main gauche, & couverte d'un voile, de dessous lequel on croyoit voir couler ses larmes.

ARCHITRAVE (Page 1:618)

ARCHITRAVE, s. f. (Architecture.) du Grec A'RXO\, principal, & du Latin trabs, une poutre; on le nomme aussi épistyle du Latin epistylium, fait du Grec E'PI, sur, & ULO, colonne. Sous ce nom on entend la principale poutre ou poitrail qui porte horisontalement sur des colonnes, & qui fait une des trois parties d'un entablement. Voyez Entablement. Comme les anciens donnoient peu d'espace à leur entre - colonne, leur architrave étoit d'une seule piece qu'ils nommoient sommier. Nos Architectes modernes, qui ont mis en usage les colonnes accouplées, ont donné plus d'espace à leurs grands entre - colonemens, & ont fait leur architrave de plusieurs claveaux, tels qu'on le remarque aux grand & petit en<pb-> [p. 619] tre - colonement du péristyle du Louvre, au Val - de - Grace, aux Invalides, &c.

Les architraves sont ornées de moulures nommées plates - bandes, parce qu'elles ont peu de saillie les unes sur les autres. Ces plates - bandes doivent être en plus ou moins grande quantité, felon que ces architraves appartiennent à des ordres rustique, solide, moyen ou délicat. Voyez Ordre.

Il est des architraves mutilées, c'est - à - dire, dont les moulures sont arasées ou retranchées pour recevoir une inscription, tel qu'on le remarque au péristyle de la Sorbonne du côté de la cour; cette licence est vicieuse, ces inscriptions pouvant être mises dans la frise, qui doit toûjours être lice. Voyez Frise.

Il est aussi des architraves qu'on nomme coupées, parce qu'elles sont interrompues dans l'espace de quelque entre - pilastre (Voyez Pilastre), afin de laisser monter les croisées jusque dans la frise, tel qu'on peut le remarquer à la façade des Tuilleries, dans les aîles qui sont décorées de pilastres d'ordre composite: mais cette pratique est tout - à - fait contraire au principe de la bonne Architecture, & ne doit être suivie par aucun Architecte, malgré le nombre prodigieux d'exemples qu'on remarque de cette licence dans la plûpart de nos édifices. (P)

Architrave (Page 1:619)

Architrave, s. f. epistyle; c'est, en Marine, une piece de bois mise sur des colonnes, au lieu d'arcades, qui est la premiere & la principale, & qui soutent les autres; au - dessous de la plus basse frise de l'arcane, qui sert de base aux termes, il y a une architrave qui, dans un vaineau de 134 piés de longueur de l'étrave à l'étambord, doit avoir deux piés de largeur & quatre pouces & demi d'épaisseur. Voyez ux figures, Marine, Planche V. figure 1. l'archurae marque G. G. (Z)

ARCHIES (Page 1:619)

ARCHIES, s. f. (Hist. mod.) se dit d'anciens titres ou chartres qui conennent les droits, pretensions, priviléges & prérogatives d'une maion, d'une ville, d'un royaume. Il se dit aussi du lieu ou l'on garde ces titres ou chartres. Ce mot vient du Latin, arca, coffre, ou du Grec A'RXAI=ON, dont Suidas se sert pour signifier la même chose: on tiouve dans quelques auteurs Latins archarium. On dit les arives d'un collége, d'un monastere. Les archives des Romains étoient conservées dans le temple de Satune, & celles de France le sont dans la chambre des comptes. Dans le Code on trouve qu'archivum puolicum vel armarium étoit le lieu ubi acta & libri exponebantur. Cod. de fid. instrum. auth. ad hoec XXX. quest. j. (H)

ARCHIVIOLE (Page 1:619)

* ARCHIVIOLE, s. f. (Luth. & Musiq.) espece de clavecin qui n'est presque d'aucun usage, auquel on a adapté un jeu de vielle qu'on accorde avec le clavecin, & qu'on fait aller par le moyen d'une roue & d'une manivelle.

ARCHIVISTE (Page 1:619)

ARCHIVISTE, s. m. garde des archives. Voyez Archives.

ARCHIVOLEUR (Page 1:619)

ARCHIVOLEUR, s. m. (Hist. anc.) chef ou capitaine des filous. Si l'on en croit Diodore de Sicile, les voleurs égyptiens observoient cette coûtume: ils se faisoient inscrire par le chef de leur bande, en promettant de lui apporter sur le champ & avec la plus exacte fidélité, ce qu'ils auroient dérobé; afin que quiconque auroit perdu quelque chose, pût en écrire à ce capitaine, en lui marquant le lieu, l'heure & le jour auquel il avoit perdu ce qu'il cherchoit, qui lui étoit restitué à condition d'abandonner au voleur pour sa peine la quatrieme partie de la chose qu'on redemandoit. (G)

ARCHIVOLTE (Page 1:619)

ARCHIVOLTE, s. m. du Latin arcus volutus, arc contourné. Sous ce nom l'on entend le bandeau ou chambranle (voyez Chambranle) qui regne autour d'une arcade plein cintre, & qui vient se terminer sur les impostes. Voyez Imposte. Les moulures de ces archivoltes imitent celles des architraves, & doivent être ornées à raison de la richesse ou de la simplicité des ordres. On appelle archivolte retourné, celui qui retourne horisontalement sur l'imposte, comme au château de Clagny & à celui de Val, proche Saint - Germain - en - Laye: mais cette maniere est pesante & ne doit convenir que dans une ordonnance d'architecture rustique. On appelle archivolte rustique, celui dont les moulures sont fort simples, & sont interrompues par des bossages unis ou vermiculés. Voyez Bossage.

ARCHO (Page 1:619)

* ARCHO (les), Géog. trois petites îles de l'Archipel au sud sud - est de Patmos, & au sud sudouest de Samos.

ARCHONTES (Page 1:619)

ARCHONTES, s. m. pl. (Hist. anc.) magistrats, préteurs ou gouverneurs de l'ancienne Athenes. Ce nom vient du Grec ARXWN, au plurier ARLONTE, commandans ou princes. Ils étoient au nombre de neuf, dont le premier étoit l'archonte qui donnoit son nom à l'année de son administration; le second se nommoit le roi; le troisieme, le polemarque ou généralissime, avec six thesmothetes. Ces magistrats élûs par le scrutin des feves, étoient obligés de faire preuve devant leur tribu comme ils étoient issus du côté paternel & maternel de trois ascendans citoyens d'Athenes: ils devoient prouver de même leur attachement au culte d'Apollon, protecteur de la patrie, & qu'ils avoient dans leur maison un autel consacré à Jupiter, & par leur respect pour leurs parens, faire espérer qu'ils en auroient pour leur patrie: il falloit aussi qu'ils eussent rempli le tems du service que chaque citoyen devoit à la république; ce qui donnoit des officiers bien préparés, puisqu'on n'étoit licentié qu'à 40 ans: leur fortune même dont ils devoient instruire ceux qui étoient préposés à cette enquête, servoit de garant de leur fidélité. Après que les commissaires nommés pour cet examen en avoient fait leur rapport, les archontes prétoient serment de maintenir les lois, & s'engageoient en cas de contravention de leur part, à envoyer à Delphes une statue du poids de leur corps. Suivant une loi de Solon, si l'archonte se trouvoit pris de vin, il étoit condamné à une forte amende, & même puni de mort. De tels officiers méritoient d'être respectés; aussi étoit - ce un crime d'état que de les insulter. L'information pour le second officier de ce tribunal qui étoit nommé le roi, devoit porter qu'il avoit épousé une vierge & fille d'un citoyen; parce que dit Démosthenes, ces deux qualités étoient nécessaires pour rendre agréables ux dieux les sacrifices que ce magistrat & son épouse étoient obligés d'offrir au nom de toute la république. L'examen de la vie privée des archontes étoit tres - severe, & d'autant plus nécessaire, qu'au sortir de leur exercice & après avoir rendu compte de leur administration, ils entroient de droit dans l'Aréopage.

Ceci regarde principalement les archontes décennaux; car cette sorte de magistrature eut ses révolutions. D'abord dans Athenes les archontes succéderent aux rois & furent perpétuels. Medon fut le premier, l'an du monde 2936, & eut douze successeurs de sa race, auxquels on substitua les archontes décennaux, qui ne durerent que 70 ans, & qui furent remplacés pardes archontes annuels. Le premier de ces magistrats se nommoit proprement archonte; on y ajoûtoit l'épithete d'éponyme, parce que dans l'année deson administration, toutes les affaires importantes se passoient en son nom. Il avoit soin des choses sacrées, présidoit à une espece de chambre ecclésiastique, où l'on décidoit de tous les démés des époux, des peres & des enfans, & les contestations formées sur les testamens, les legs, les dots, les successions. Il étoit chargé particulierement des mineurs, tuteurs, curateurs; en général, toutes les affaires civiles étoient portées en premiere instance à son tribunal. Le deuxieme archonte avoit le surnom de roi; le reste du culte pu<pb->

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