ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"602"> dent dans des planches percées qu'ils traversent & servent à tenir les mailles de corps qui leur sont attachées; c'est par le moyen de l'arcade que le dessein est répété dans l'étoffe; elle se passe de deux façons, à pointe & à aîle ou à chemin. L'arcade se passe à pointe pour les desseins à symmetrie & à deux parties également semblables, placées l'une à droite & l'autre à gauche; elle est à aîle ou à chemin lorsque le dessein ne peut se partager en deux parties égales & symmétriques sur sa longueur. Il faut observer que dans les desseins qui demandent des arcades à pointe, l'extrémité d'une fleur se pouvant trouver composée d'une seule corde qui tireroit les deux mailles jointes ensemble, elle formeroit un quarré ou une découpure trop large, proportionellement aux autres mailles qui sont séparées, & qui contiennent neuf à dix fils chacune; pour éviter ce petit inconvénient, on a la précaution de ne mettre dans chacune des deux mailles qui se joignent à la pointe, que la moitié des fils dont les autres sont composées, afin que le volume des deux ne fasse que celui d'une; ce qui s'appelle en terme de l'art, corrompre le course. Voyez Velours ciselé.

Arcade (Page 1:602)

Arcade, en Passementerie, est un morceau de fer plat, haut de trois à quatre lignes, allant en augmentant depuis les extrémités jusqu'au centre, où il a à peu pres le tiers de largeur de plus, & où il est percé de trois trous ronds qui donnent passage aux guipures qui servent à la livrée du Roi & autres qui portent comme celle - ci de pareilles guipures; les deux extrémités sont terminées en rond pour servir à l'usage que l'on expliquera en son lieu; ce morceau de fer est encore arrondi en demi - cercle sur le dedans, & au centre de cet arrondissement est attachée une autre petite piece de fer d'égale hauteur que le centre: cette piece est percée en son milieu d'un seul trou dont on dira l'usage; les extrémités terminées en rond portent elles - mêmes deux petites éminences de fer rivées sur leurs faces; ces éminences rondes servent à entrer dans les deux trous du canon à grands bords, en élargissant un peu ladite arcade qui obéit assez pour cet effet. Ce canon est percé dans toute sa longueur d'un trou rond, tant pour être propre à etre mis dans la broche du rouet, que pour être chargé des trois brins de guipures dont on le remplit; ce trou sert encore à recevoir dans les deux extrémités les petites éminences dont on a aussi parlé. Ces trois brins passent tous d'abord dans le seul trou de la petite piece, ensuite chacun d'eux passe dans chacun des trois trous du devant. Voici à présent la maniere de charger le canon appellé à grands bords: ce canon étant à la broche du roüet à faire de la trame, il faut tenir les trois brins de guipures les uns à côté des autres entre le pouce & le doigt index de la main gauche, pendant que la droite fait tourner le roüet; on conduit ainsi également cette guipure le long de ce canon le plus uniment qu'il est possible pour éviter les lâches qui nuiroient à l'emploi: voici à présent son usage; cette arcade sert comme la navette à introduire ce qu'elle contient à travers la levée de la chaîne, & y arrêter par ce moyen les guipures qui forment différens entrelacemens, qui, comme il a été dit en commençant, ornent la livrée du Roi & autres: il faut toûjours deux arcades dont l'une fait la répétition de l'autre, mais chacune de son côté.

Arcade (Page 1:602)

Arcade, en Passementerie, est encore une espece d'anneau de gros fil d'archal, qu'on a attaché au milieu & sur l'épaisscur du retour, en faisant entrer ses deux bouts dans le bâton du retour. Voyez Retour.

Arcade (Page 1:602)

Arcade, en Serurerie, est dans les balcons, ou rampes d'escalier, la partie qui forme un fer à cheval, & qui fait donner à ces rampes & balcons le nom de rampes en arcade, ou balcons en arcade.

ARCADES (Page 1:602)

ARCADES (Academie des) s. m. pl. V. Arcadiens.

ARCADIA (Page 1:602)

* ARCADIA (L') ou ARCADIE (Géog.) ville de la Morée, proche le golfe de même nom, dans la province de Belvedere. Long. 39. 30. lat. 37. 27.

ARCADIE (Page 1:602)

* ARCADIE (Géog. anc. & mod.) province du Péloponese, qui avoit l'Argolide ou pays d'Argos au levant, l'Elide au couchant, l'Achaïe propre au septentrion, & la Messinie au midi. Elle étoit divisée en haute & basse Arcadie: tout ce pays est connu aujourd'hui sous le nom de Tzaconie.

ARCADIE ou ARCHADIE (Page 1:602)

* ARCADIE ou ARCHADIE, ville autrefois assez renommée dans l'île de Crete ou de Candie. Le golfe d'Arcadie est le Cyparissus sinus des anciens.

ARCADIENS (Page 1:602)

* ARCADIENS, s. m. pl. (Hist. Littér.) nom d'une société de savans qui s'est formée à Rome en 1690, & dont le but est la conservation des Lettres, & la perfection de la poësie Italienne. Le nom d'Arcadiens leur vient de la forme de leur gouvernement, & de ce qu'en entrant dans cette Académie, chacun prend le nom d'un berger de l'ancienne Arcadie. Ils s'élisent tous les quatre ans un président, qu'ils appellent le gardien, & ils lui donnent tous les ans douze nouveaux assesseurs: c'est ce tribunal qui décide de toutes les affaires de la société. Elle eut pour fondateurs quatorze savans, que la conformité de sentimens, de goût & d'étude rassembloit chez là reine Christine de Suede, qu'ils se nommerent pour protectrice. Après sa mort leurs lois, au nombre de dix, furent rédigées en 1696, dans la langue & le style des douze tables, par M. Gravina; on les voit exposées sur deux beaux morceaux de marbre dans le Serbatojo, salle qui sert d'archives à l'Académie; elles sont accompagnées des portraits des Académiciens les plus célebres, à la tête desquels on a mis le pape Clément XI. avec son nom pastoral, Alnano Melleo. La société a pour armes une flûte couronnée de pin & de laurier; elle est consacrée à Jesus - Christ naissant; & ses branches se sont répandues, sous différens noms, dans les principales villes d'Italie: celles d'Aretio & de Macerata s'appellent la Forzata; celles de Bologne, de Venise & de Ferrare l'Animosa; celle de Sienne la Physica - critica; celle de Pise l'Alphaja; celle de Ravenne, dont tous les membres sont écclésiastiques, la Camaldulensis, &c. Elles ont chacune leur vice - gardien; elles s'assemblent sept fois par an, ou dans un bois, ou dans un jardin, ou dans une prairie, comme il convient; les premieres séances se tinrent sur le mont Palatin, elles se tiennent aujourd'hui dans le jardin du prince Salviati. Dans les six premieres on fait la lecture des Arcadiens de Rome. Les Arcadiennes de cette ville font lire leurs ouvrages par des Arcadiens. La septieme est accordée à la lecture des Arcadiens associés étrangers. Tout postulant doit être connu par ses talens, & avoir, comme disent les Arcadiens, la noblesse de mérite ou celle d'extraction, & vingt - quatre ans accomplis. Le talent de la poësie est le seul qui puisse ouvrir la porte de l'Académie à une dame. On est reçu ou par l'acclamation, ou par l'enrolement, ou par la représentation, ou par la surrogation, ou par la destination: l'acclamation est la réunion des suffrages sans aucune délibération; elle est réservée aux Cardinaux, aux Princes & aux Ambassadeurs: l'enrôlement est des dames & des étrangers: la représentation, des éleves de ces colléges où l'on instruit la noblesse: la surrogation, de tout homme de Lettres qui remplace un Académicien apres sa mort la destination, de quiconque a mérité d'obtenir un nom Arcadien, avec l'engagement solemnel de l'Académie, de succéder à la premiere place vacante. Les Arcadiens comptent par olympiades; ils les célebrent tous les quatre ans par des jeux d'esprit. On écrit la vie des Arcadiens. Notre des Yvetaux auroit bien été digne de cette société; il faisoit passablement des vers; il s'étoit réduit [p. 603] dans les dernieres années de sa vie à la condition de berger, & il mourut au son de la musette de sa bergere: l'Académie auroit de la peine à citer quelque exemple d'une vie plus Arcadienne, & d'une fin plus pastorale. Voyez Académie.

ARCALU (Page 1:603)

* ARCALU (Principauté d') petit état des Tartares - Monguls, sur la riviere d'Hoamko, où commence la grande muraille de la Chine, sous le 122e degré de longitude & le 42e de latitude septentrionale.

ARCANE (Page 1:603)

ARCANE, s. m. (Chimie.) On se sert ordinairement de ce mot pour désigner un remede secret, un remede dont la composition n'est pas connue; ce qui rend ce remded mystérieux & plus estimable pour le vulgaire, ou pour ceux qui pechent par l'éducation ou par l'esprit. On diroit que ces personnes veulent être trompées, & se plaisent à être les dupes de ces fanfarons en Medecine, qu'on nomme charlatans.

Les hommes agités par leurs passions détruisent la santé dont ils jouissent; & aveuglés par de dangereux préjugés, ils s'en imposent encore sur les moyens de recouvrer cette santé précieuse lorsqu'ils l'ont perdue. Ils blâment injustement la Medecine comme une Science extraordinairement obscure; cependant en ont - ils befoin, ils n'ont pas recours à ceux qui par leur étude & leur application continuelle pourroient en avoir dissipé les prétendues ténebres; & dans leurs maladies, ils s'en rapportent à des ignorans.

Tout le monde est Medecin, c'est - à - dire tous les hommes jugent sur la Medecine décisivement, comme s'ils étoient certains de ce qu'ils disent; & en même tems ils prétendent que les Medecins ne peuvent qu'y conjecturer.

On ne doit avancer que la Medecine est conjecturale, que parce qu'on peut dire que toutes les connoissances humaines le sont: mais si on veut examiner sincerement la chose, & juger sans préjugé, on trouvera la Medecine plus certaine que la plûpart des autres Sciences.

En effet, si une Science doit passer pour certaine lorsqu'on en voit les regles plus constamment suivies, les Medecins sont plus en droit de réclamer ce témoignage en leur faveur que les autres Savans. Quel contraste de maximes dans l'éloquence, la politique & la Philosophie! Socrate a fait oublier Pythagore; la doctrine de Socrate a de même été changéé par Platon son eleve; Aristote formé dans l'école de Platon, semble n'avoir écrit que pour le contredire.

Et pour se rapprocher de nos jours, nos peres ont vû Descartes fonder son empire sur les ruines de l'ancienne Philosophie: les succès ont été si éclatans, qu'il sembloit avoir fait disparoître devant lui tous les Philosophes; & cependant moins d'un siecle a suffi pour changer presque toute sa doctrine: celle de Newton y a succédé, & plusieurs Philosophes censurent aujourd'hui celle - ci.

Au milieu des ruines des écoles de Pythagore, de Socrate, de Platon, d'Aristote, de Descartes & de Newton, Hippocrate qui vivoit avant Platon, se soûtient & joüit à présent de la même estime que ses contemporains lui ont accordée; sa doctrine subsiste, au lieu que celles des autres Savans ses contemporains sont oubliées ou décriées.

Cependant Hippocrate n'étoit pas un plus grand homme que Socrate ou que Platon: si la doctrine de ce Medecin a été plus durable que celle de ces Savans, c'est que la Medecine dont Hippocrate a traité, a quelque chose de plus constant que n'ont les Sciences que ces grands Philosophes cultivoient.

Cette foule d'opinions littéraires ou philosophiques, qui tour - à - tour ont amusé le monde, est ensevelie depuis long - tems; & l'Art qui a pour objet la santé des hommes, est encore aujourd'hui à peu près le même qu'il étoit du tems d'Hippocrate, malgré l'immense intervalle des tems, malgré les changemens nécessaires qu'ont introduits en Medecine la variété des climats, la différence des moeurs, les maladies inoüies aux siecles passés; toutes les découvertes faites par Galien, par Avicenne, par Rasis, par Fernel & par Boerhaave, n'ont servi qu'à confirmer les anciennes.

Pour juger la Philosophie, on ouvre les ouvrages des premiers Philosophes. S'agit - il de la Medecine, on laisse là Hippocrate & Boerhaave, & l'on va chercher des armes contre elle dans les livres & la conduite des gens qui n'ont que le nom de Medecin. On lui objecte toutes les rêveries des Alchimistes, entre lesquelles les arcanes ne sont pas oubliés.

Il est du devoir d'un citoyen de faire tous ses efforts pour arracher les hommes à une prévention qui expose souvent leur vie, tant en les écartant des vrais secours que la science & le travail pourroient leur donner, qu'en les jettant entre les mains de prétendus possesseurs de secrets, qui achevent de leur ôter ce qui leur reste de santé. Combien d'hommes ont été dans tous les tems, & sont encore tous les jours, les victimes de cette conduite! C'est pourquoi les Magistrats attentifs à la conservation de la vie des citoyens, se sont toûjours fait le plus essentiel devoir de leurs charges de protéger la Medecine, & ont donné une attention particuliere à cette partie du gouvernement, sur - tout en réprimant l'impudence de ces imposteurs, qui pour tenter & exciter la confiance du peuple qu'ils trompent, ont des secrets pour tout, & promettent toûjours de guérir.

Arcane - corallin (Page 1:603)

Arcane - corallin, (Chim. med.) c'est le précipité rouge adouci par l'esprit de vin. Arcane veut dire secret; & corallin veut dire ici, de couleur de corail. En disant arcane - corallin, on dit une composition ou un remede secret qui est rouge comme du corail. Paracelse a quelquefois nommé l'arcane - corallin, diacelta teston.

Pour faire l'arcane - corallin, il faut commencer par faire le précipité rouge; & pour faire le précipité rouge, on met dans un matras ou dans une phiole de verre parties égales de mercure & d'esprit de nitre. Lorsque la dissolution est faite, on la met dans une petite cornue que l'on place dans du sable sur le feu; on ajuste un récipient à cette cornue, & on en lute les jointures.

Ensuite on distille jusqu'à sec, & on reverse dans la cornue ce qui a distillé dans le récipient. On fait redistiller, & on remet dans la cornue ce qui est passé dans le récipient. On réitere ainsi cette opération jusqu'à cinq fois: on a par ce moyen un beau précipité rouge qui est en seuillets comme du talc. Il faut à la derniere distillation augmenter le feu jusqu'à faire rougir la cornue.

Il y en a qui au lieu de faire le précipité rouge par la distillation, comme on vient de le dire, le font par l'évaporation: ils mettent dans une phiole ou dans un matras à cou court, parties égales de mercure & d'esprit de nitre; ensuite ils mettent le vaisseau sur le sable à une chaleur douce. Lorsque la dissolution du mercure est achevée, ils augmentent doucement le feu pour dissiper ce qui reste d'esprit de nitre & toute l'humidité; ce qui donne un précipité blanc, qui devient jaune en augmentant le feu dessous. Ensuite on met ce précipité dans un creuset qu'on place au milieu des charbons ardens; le précipité devient rouge par la force du feu; cependant il n'est jamais aussi rouge que celui dont on a donné auparavant la préparation. Et lorsque pour tâcher de le rendre aussi rouge on employe plus de feu, il devient moins fort; parce que le feu dissipe de l'acide; & même on rétablit par là en mercure coulant, une partie du préci<pb->

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