ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"572"> mosquée & une chaire pour le prédicateur, mais point d'autel. On n'y brûle aucun des moutons égorgés; c'est pourquoi ce corban n'est point un sacrifice proprement dit, & encore moins un holocauste, comme l'ont avancé quelques historiens. Ricaut, de l'emp. Ottom. (G)

ARAGON (Page 1:572)

* ARAGON, (Géog.) royaume & province considérable d'Espagne, bornée au septentrion par les Pyrénées qui la séparent de la France; à l'occident par la Navarre & les deux Castilles; au midi par le royaume de Valence; & à l'orient par une partie du royaume de Valence & par la Catalogne. Saragosse en est la capitale, & l'Ebre la riviere la plus considérable. Ce royaume prend son nom de l'Aragon, petite riviere qui y coule.

Aragon - Subordant (Page 1:572)

* Aragon - Subordant, petite riviere d'Espagne dans le royaume d'Aragon, qui a sa source dans les Pyrénées, passe à Jaccasa, Senguessa, &c. se joint à l'Agra, & se jette dans l'Ebre.

ARAIGNE ou ARAIGNEE (Page 1:572)

ARAIGNE ou ARAIGNEE, s. f. poisson de mer mieux appellé du nom de vive. Voyez Vive. (I)

ARAIGNEE (Page 1:572)

ARAIGNEE, s. f. (Hist. nat. Zoolog.) genre d'insecte dont il y a plusieurs especes fort différentes les unes des autres: on reconnoît aisément dans le corps d'une araignée la tête, la poitrine, le ventre & les pattes; la tête & la poitrine composent la partie antérieure du corps; les pattes sont attachées à la poitrine; & le ventre, qui est la partie postérieure, y tient par un étranglement ou par un anneau fort petit: la tête & la poitrine sont couvertes d'une croûte dure & écailleuse dans la plûpart des araignées, & le ventre est toûjours enveloppé d'une peau souple; les pattes sont dures comme la partie antérieure du corps; le corps est couvert de poils. Toutes les especes d'araignées ont plusieurs yeux bien marqués, qui sont tous sans paupiere, & couverts d'une croûte dure, polie & transparente. Voyez Insfcte. Dans les différentes especes d'araignées, ces yeux varient pour la grosseur, le nombre & la situation; elles ont sur le front une espece de serre ou de tenaille, composée de deux branches un peu plattes, couvertes d'une croûte dure, garnies de pointes sur les bords intérieurs; les branches sont mobiles sur le front, mais elles ne peuvent pas s'approcher au point de faire toucher les deux extrémités l'une contre l'autre; le petit intervalle qui reste peut être fermé par deux ongles crochus & fort durs, qui sont articulés aux extrémités des branches de la serre: c'est au moyen de cette serre que les araignées saisissent leur proie, qui le trouve alors fort près de la bouche qui est derriere cette serre. Elles ont toutes huit jambes, articulées comme celles des écrevisses. V. Ecrevisse. Il y a au bout de chaque jambe deux ongles crochus, mobiles, & garnis de dents comme une scie: il y a un troisieme ongle crochu, plus petit que les deux premiers, & posé à leur origine; celui - ci n'est pas garni de dents. On trouve entre les deux grands ongles un paquet que l'on peut comparer à une éponge, qui contient une liqueur visqueuse; cette sorte de glu retient les araignées contre les corps polis sur lesquels les crochets des pattes n'ont point de prise: cette liqueur tarit avec l'âge. On a observé que les vieilles araignées ne peuvent pas monter contre les corps polis. Outre les huit jambes dont on vient de parler, il y a de plus auprès de la tête deux autres jambes, ou plûtôt deux bras; car elles ne s'en servent pas pour marcher, mais seulement pour manier la proie qu'elles tiennent dans leurs serres.

On voit autour de l'anus de toutes les araignées quatre petits mammelons musculeux, pointus à leur extrémité, & mobiles dans tous les sens: il sort de l'endroit qui est entre ces mammelons, comme d'une espece de filiere, une liqueur gluante dont est for<cb-> mé le fil de leur toile & de leurs nids; la filiere a un sphincter qui l'ouvre & qui la resserre plus ou moins; ainsi le fil peut être plus gros ou plus fin. Lorsque l'araignée est suspendue à son fil, elle peut l'allonger, & descendre par son propre poids en ouvrant la filiere, & en la fermant elle s'arrête à l'instant.

Les araignées mâles sont plus petites que les araignées femelles; il faut quelquefois cinq ou six mâles des araignées de jardin, pour faire le poids d'une seule femelle de la même espece. Toutes les especes d'araignées sont ovipares: mais elles ne font pas toutes une égale quantité d'oeufs; elles les pondent sur une portion de leur toile; ensuite elles tiennent les oeufs en un peloton, & elles les portent dans leurs nids pour les couver. Si on les force alors de sortir du nid, elles les emportent avec elles entre leurs serres. Dès que les petits sont éclos, ils commencent à filer, & ils grossissent presqu'à vûe d'oeil. Si ces petites araignées peuvent attraper un moucheron, elles le mangent: mais quelquefois elles passent un jour ou deux, & même plus, sans qu'on les voye prendre de nourriture: cependant elles grossissent toûjours également, & leur accroissement est si prompt, qu'il va chaque jour à plus du double de leur grandeur.

M. Homberg a distingué six principales especes d'araignées, ou plûtôt six genres; car il prétend que toutes les autres especes qu'il connoissoit pouvoient s'y rapporter. Ces six genres sont l'araignée domestique, l'araignées des jardins, l'araignée noire des caves ou des vieux murs, l'araignée vagabonde, l'araignée des champs qu'on appelle communément le faucheur parce qu'elle a les jambes fort longues, & l'araignée enragée que l'on connoît sous le nom de tarentule. Voyez Tarentule. Le caractere distinctif que donne M. Homberg, n'est pas facile à reconnoître, puisqu'il s'agit de la différente position de leurs yeux, qui sont fort petits: à ce caractere il en ajoûte d'autres qui sont plus sensibles, & par conséquent plus commodes: mais ils ne sont pas si constans.

Les araignées domestiques ont huit petits yeux, à peu près de la même grandeur, placés en ovale sur le front: leurs bras sont plus courts que les jambes, mais au reste ils leur ressemblent parfaitement; elles ne les posent jamais à terre. Ces araignées sont les seules de toutes les autres araignées qui quittent leur peau, même celle des jambes, chaque année, comme les écrevisses. Il leur vient une maladie dans les pays chauds, qui les couvre d'insectes & de poux. L'araignée domestique vit assez long - tems. M. Homberg en a vû une qui a vécu quatre ans: son corps ne grossissoit pas, mais ses jambes s'allongeoient. Cette espece d'araignée fait de grandes & larges toiles dans les coins des chambres & contre les murs: lorsqu'elle veut commencer une toile, elle écarte ses mammelons, & elle applique à l'endroit où elle se trouve une très - petite goutte de liqueur gluante qui sort de sa filiere: cette liqueur se colle; voilà le fil attaché: en s'éloignant elle l'allonge, parce que la filiere est ouverte, & fournit sans interruption au prolongement de ce fil. Lorsque l'araignée est arrivée à l'endroit où elle veut que sa toile aboutisse, elle y colle son fil, & ensuite elle s'éloigne de l'espace d'environ une demi - ligne du fil qui est tendu, & elle applique à cette distance le second sil qu'elle prolonge parallelement au premier, en revenant, pour ainsi dire, sur ses pas; & lorsquelle est arrivée au premier point, elle l'attache, & elle continue ainsi de suite sur toute la largeur qu'elle veut donner à sa toile. Tous ces fils paralleles sont, pour ainsi dire, la chaîne de la toile: reste à faire la trame. Pour cela, l'araignée tire des fils qui traversent les premiers, & elle les attache par un bout à quelque chose d'étranger, & par l'autre au premier fil qui a [p. 573] été tendu; de sorte qu'il y a trois côtés de la toile qui sont attachés: le quatrieme est libre; il est terminé par le premier fil qui a été tiré; & ce fil, qui est le premier du premier rang, c'est - à - dire, de la chaîne, sert d'attache à tous ceux qui traversent en croix les fils du premier rang, & qui forment la trame. Tous ces fils étant nouvellement filés, sont encore glutineux, & se collent les uns aux autres dans tous les endroits où ils se croisent, ce qui rend la toile assez ferme: d'ailleurs, à mesure que l'araignée passe un fil sur un autre, elle les serre tous deux avec ses mammelons pour les coller ensemble; de plus, elle triple & quadruple les fils qui bordent la toile, pour la rendre plus forte dans cet endroit, qui est le plus exposé à se déchirer.

Une araignée ne peut faire que deux ou trois toiles dans sa vie, supposé même que la premiere n'ait pas été trop grande; après cela elle ne peut plus fournir de matiere glutineuse; alors si elle manque de toile pour arrêter sa proie, elle meurt de faim: dans ce cas, il faut qu'elle s'empare par force de la toile d'une autre araignée, ou qu'elle en trouve une qui soit vacante: ce qui arrive; car les jeunes araignées abandonnent leurs premieres toiles pour en faire de nouvelles.

Les araignées de la seconde espece sont celles des jardins: elles ont quatre grands yeux placés en quarré au milieu du front, & deux plus petits sur chaque côte de la tête. La plûpart de ces araignées sont de couleur de feuille morte; il y en a de tachetées de blanc & de gris; d'autres qui sont toutes blanches; d'autres enfin de différentes teintes de verd: celles - ci sont plus petites que les blanches; les grises sont les plus grosses de toutes: en général les femelles de cette espece ont le ventre plus gros que celles des autres especes, & les mâles sont fort menus. Ces araignées sont à l'épreuve de l'esprit - devin, de l'eau - forte, & de l'huile de vitriol: mais l'huile de térébenthine les tue dans un instant: on peut s'en servir pour détruire leur nichée, où il s'en trouve quelquefois une centaine.

Il est plus difficile aux araignées des jardins de faire leur toile, qu'aux araignées domestiques: cellesci vont aisément dans tous les endroits où elles veulent l'attacher; les autres travaillant, pour ainsi dire, en l'air, trouvent plus difficilement des points d'appui, & elles sont obligées de prendre bien des précautions, & d'employer beaucoup d'industrie pour y arriver. Elles choisissent un tems caline, & elles se posent dans un lieu avancé; là elles se tiennent sur six pattes seulement, & avec les deux pattes de derriere elles tirent peu - à - peu de leur siliere un fil de la longueur de deux ou trois aunes ou plus, qu'elles laissent conduire au hasard: dès que ce fil touche à quelque chose, il s'y colle; l'araignée le tire de tems en tems pour savoir s'il est attaché quelque part; & lorsqu'elle sent qu'il résiste, elle appliquesur l'endroit où elle est l'extrémite du fil qui tient à son corps, ensuite elle va le long de ce premier fil jusqu'à l'autre bout qui s'est attaché par hasard, & elle le double dans toute sa longueur par un second fil; elle le triple, & même elle le quadruple s'il est fort long, afin de le rendre plus fort; ensuite elle s'arrête à peu près au milieu de ce premier fil, & de - là elle tire de son corps comme la premiere fois un nouveau fil qu'elle laisse flotter au hasard; il s'attache par le bout quelque part comme le premier; l'araignée colle l'autre bout au milieu du premier fil; elle triple ou quadruple ce second fil; après quoi elle revient se placer à l'endroit où il est attaché au premier: c'est à peu près un centre, auquel aboutissent déjà trois rayons: elle continue de jetter d'autres fils, jusqu'à ce qu'il y en ait un assez grand nombre pour que leurs extrémités ne se trouvent pas fort loin les unes des autres; alors elle tend des fils de travers qui forment la circonférence, & auxquels elle attache encore de nouveaux rayons qu'elle tire du centre: enfin tous les rayons étant tendus, elle revient au centre, & y attache un nouveau fil qu'elle conduit en spirale sur tous les rayons, depuis le centre jusqu'à la circonférence. L'ouvrage étant fini, elle se niche au centre de la toile, dans une petite cellule où elle tient sa tête en bas & le ventre en haut, peut - être parce que cette partie, qui est fort grosse, incommoderoit l'araignée dans une autre situation; peut - être aussi cache - t - elle ses yeux qui sont sans paupiere, pour éviter la trop grande lumiere qui pourroit les blesser. Pendant la nuit, & lorsqu'il arrive des pluies & de grands vents, elle se retire dans une petite loge qu'elle a eu soin de faire au - dessus de sa toile sous un petit abri: on pourroit croire que ce petit asyle est ordinairement à l'endroit le plus haut, parce que la plûpart des araignées montent plus aisément qu'elles ne descendent.

Les araignées attendent patiemment que des mouches viennent s'embarrasser dans leurs toiles; dès qu'il en arrive, elles saisissent la proie, & l'emportent dans leur nid pour la manger: lorsque les mouches sont assez grosses pour résister à l'araignée, elle les enveloppe d'une grande quantité de fils qu'elle tire de sa filiere, pour lier les ailes & les pattes de la mouche: quelquefois il s'en trouve de si fortes, qu'au lieu de s'en saisir l'araignée la délivre elle - même, en détachant les fils qui l'arrêtent, ou en déchirant sa toile: des que la mouche est dehors, l'araignée raccommode promptement l'endroit qui est déchiré, ou bien elle fait une nouvelle toile.

La troisieme espece d'araignee comprend celles des caves, & celles qui font leurs nids dans les vieux murs: elles ne paroissent avoir que six yeux à peu pres de la même grandeur; deux au milieu du front, & deux de chaque côté de la téte; elles sont noires & fort velues; leurs jambes sont courtes: ces araignées sont plus fortes & vivent plus long - tems que la plûpart des autres; elles sont les seules qui mordent lorsqu'on les attaque, aussi ne prennent - elles pas tant de précautions que les autres pour s'assûrer de leur proie; au lieu de toile, elles tendent seulement des fils de sept à huit pouces de longueur, depuis leur nid jusqu'au mur le plus prochain; dès qu'un insecte heurte contre un de ces fils en marchant sur le mur, l'araignée est avertie par l'ébranlement du fil, & sort aussi - tôt de son trou pour s'emparer de l'insecte: elles emportent les guêpes mêmes, que les autres araignées évitent à cause de leur aiguillon; celles - ci ne les craignent pas, peut - être parce que la partie antérieure de leur corps & leurs jambes sont couvertes d'une écaille extrèmement dure, & que leur ventre est revêtu d'un cuir fort épais: d'ailleurs leurs serres sont assez fortes pour briser le corcelet des guêpes.

Les araignées de la quatrieme espece, qui sont les vagabondes, ont huit yeux; deux grands au milieu du front, un plus petit sur la même ligne que les grands de chaque côté, deux autres pareils sur le derriere de la tête, & enfin deux très petits entre le front & le derriere de la tête. Ces araignées sont de différentes grandeurs & de couleurs différentes: il y en a de blanches, de noires, de rouges, de grises, & de tachetées; leurs bras ne sont pas terminés par des crochets comme ceux des autres araignées, mais par un bouquet de plume qui est quelquefois aussi gros que leur tête; elles s'en servent pour envelopper les mouches qu'elles saisissent, n'ayant point de toile ni de fils pour les lier. Ces araignées vont chercher leur prie au loin, & la surprennent avec beaucoup de ruse & de finesse.

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