ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"475"> meilleure sans canons, & il y a moins de frottement. Elle est séparée dans le milieu par une cloison de la même matiere, appellée languette de calme, servant à calmer la surface de l'eau, que le tuyau de la source amene avec impétuofité, & à empêcher qu'elle ne vienne en ondoyant vers la languette du bord, où sont percés les orifices des jauges, ce qui interromproit le niveau de l'eau, augmenteroit sa force, & par conséquent sa dépense. Les cloisons, ou languettes de calme, ne touchent point au fond des cuvettes; elles ont environ 4 lignes de jour par en bas, pour que l'eau puisse remonter dans l'autre partie de la cuvette, & se communiquer par tout.

On fait entrer dans cette cuvette l'eau d'une source, & ensuite on la vuide par ces ouvertures; si elle fournit un tuyau bien plein, elle donne un pouce d'eau, si elle en remplit deux, elle fournit deux pouces, ainsi des autres. Quand elle ne remplit pas entierement l'ouverture d'un pouce, on ouvre celle d'un demi - pouce, d'un quart, d'un demi - quart, & jusqu'aux plus petites, s'il s'en trouve dans la jauge; on rebouche alors avec des tampons de bois tous les autres trous.

On tient l'eau dans la cuvette une ligne plus haute que les ouvertures de la jauge; ainsi elle doit être 7 lignes au - dessus du centre de chaque trou ou canon. On bouche avec le doigt, ou un tampon de bois, le trou circulaire du tuyau, jusqu'à ce que l'eau soit montée une ligne au - dessus, & on la laisse couler ensuite pour juger de son effet; alors l'eau se trouve un peu forcée, & le tuyau est entretenu bien plein. Si au lieu d'une ligne on faisoit monter l'eau de 2 ou 3 lignes au dessus de l'orifice des jauges, elle seroit alors trop forcée, & dépenseroit beaucoup plus; l'eau étant donc tenue une ligne au - dessus de l'orifice d'un pouce, ou à 7 lignes de son centre, & coulant par le trou circulaire d'un pouce, dépense pendant l'espace d'une minute 13 pintes ½ mesure de Paris, ce qui donne par heure deux muids & 18 pintes; le pié cube étant de 36 pintes, huitieme du muid; & l'on aura par jour 67 muids & demi, sur le pié de 288 pintes le muid.

Le pouce quarré qui a douze lignes en tout sens, multiplié par lui - même, produit 144 lignes quarrées. Il est constant que le pouce circulaire contient également 144 lignes circulaires, parce que les surfaces des cercles sont entr'elles comme les quarrés de leurs diametres; cependant le pouce circulaire est toujours plus petit que le quarré, à cause des quatre angles. L'usage est de diminuer le quart de 144 lignes, pour avoir la proportion du pouce quarré au pouce circulaire, ce qui est trop, puisque par la proportion du quarré au cercle, qui est de 14 à 11, on trouve dans la superficie du pouce quarré de 144 lignes, celle du pouce circulaire qui est de 13 lignes deux points; au lieu qu'ôtant le quart de 144 qui est 36, il ne reste que 108. Ce même pouce circulaire qui donne en une minute 3 pintes ½ mesure de Paris, en donneroit, étant quarré, près de 18 pintes même mesure, ce qui est une vraie perte pour les particuliers.

Quoique l'on ait préféré de donner aux tuyaux la forme circulaire, parce que n'ayant point d'angles, elle est moins sujette aux frottemens, & moins exposée à se détruire; on devroit donnér aux jauges la forme quarrée, & il y en a plusieurs exemples dans les fontaines de Paris; alors on auroit moins de difficulté de calculer la dépense des eaux, & de les distribuer; les particuliers y gagneroient aussi, & ils perdroient proportionnellement, chacun suivant leurs jauges dans les diminutions d'eau qui sont inévitables. Il est aisé de concevoir une ouverture rectangulaire, qui auroit trente - six lignes de large, sur quatre lignes de hauteur; on voit qu'en multipliant 4 par 36, il viendra 144 lignes quarrées qui sont la valeur du pouce quarré: pour avoir de même quatre lignes d'eau qui est une des plus petites jauges, la base aura une ligne sur la même hauteur 4, ainsi des autres.

Les Fontainiers ont un instrument appellé quille, fait de cuivre ou de fer blanc en pyramide, qui diminue par étage; sa base a 12 lignes, & elle dégrade d'une demi ligne à chaque saut, de maniere que le plus petit terme de la division commence par une ligne ½, le second est 2, ensuite 2 ½, en sorte que tous les termes ont pour différence un ½; ces nombres sont chiffrés sur 23 séparations; les uns dénotent les diametres des jauges, les autres marquent leurs superficies. Le manche qui soutient cette quille sert à l'introduire dans l'ouverture des jauges de la cuvette, la pointe la premiere; on bouche le trou de la jauge, de maniere qu'il n'y passe pas une goutte d'eau; on marque avec le doigt l'endroit où on s'arrête, & retirant la quille sur le champ, on connoît si la mesure est exacte.

Cet instrument n'est point dans toute la rigueur géométrique, parce que la dépense d'une jauge qui a 3 lignes de diametre ou neuf lignes de sorne, ne donne pas précisément le quart de dépense de celle qui a 6 lignes de diametre ou 36 lignes de sortie, comme elle devroit faire, puisque la superficie de la premiere qui est 9 lignes est le quart exactement de la seconde qui est 36, & qu'on a négligé les fractions dans les rapports des superficies des jauges qui produiroient quelqu'avantage aux concessionnaires.

La quantité d'eau fournie par un ruisseau ou une petite riviere, se peut jauger en cette maniere. Arrêtez - en le cours par une digue ou batardeau, construit de clayonnages avec des pierres & de la glaise, & ajustez sur le devant une planche de plusieurs trous d'un pouce de diametre, avec des tuyaux de fer blanc du même calibre, rangés sur une même ligne. Cette digue arrêtera toute l'eau du ruisseau, qui sera contrainte de passer par les trous de la planche; & les tuyaux bien remplis vous feront connoître la quantité de pouces que le ruisseau donne en un certain tems.

On jauge l'eau que fournit une pompe à bras, à cheval, un moulin, en faisant tomber l'eau de la nappe que fournit le tuyau montant dans la cuvette de la jauge; & la quantité de pouces qui tombera dans le reservoir pendant l'espace d'une minute, fera connoître ce que produit la machine. (K)

JAUGEUR (Page 8:475)

JAUGEUR, s. m. officier de ville qui sait l'art & la maniere de jauger les tonneaux ou futailles à liqueurs, ou celui qui a titre & pouvoir d'en faire le jaugeage. Voyez Jaugeage & Jauger.

Chaque juré jaugeur doit avoir sa jauge juste & de bon patron, suivant l'échantillon qui est dans l'hôtel - de - ville de Paris. Il doit aussi imprimer sa marque sur l'un des fonds du tonneau ou futaille qu'il a jaugé, avec une rouanette, & y mettre la lettre B, si la jauge est bonne, la lettre M, si elle est trop foible ou moindre, & la lettre P, si elle est plus forte avec un chiffre, pour faire connoître la quantité des pintes qui s'y sont trouvées de plus ou de moins.

Chaque jaugeur doit avoir sa marque particuliere, laquelle il doit figurer en marge du registre de sa réception, pour y avoir recours dans le besoin, en cas de fausse jauge; le jaugeur de la marque duquel la piece se trouve marquée, demeurant responsable envers l'acheteur, si la jauge est moindre, & envers le vendeur pour l'excédent.

Il est permis à chacun de demander une nouvelle jauge, dont les frais sont payés par le premier jaugeur si la jauge se trouve défectueuse, & par celui qui s'en plaint, si elle se trouve bonne.

Nul aprentif jaugeur ne peut s'immiscer de faire [p. 476] aucune jauge, s'il n'a servi un maître jaugeur au moins un an, à peine d'amende; & en cas qu'il l'ait fait par ordre du maître, celui - ci en est responsable en son nom.

Il y a eu en France des jaugeurs pour les grosses mesures de liqueurs, dès que la police a commencé à y avoir des regles certaines. Il en est parlé dans le recueil des ordonnances de Saint Louis en 1258; & ils étoient alors commis par le prévôt des marchands & échevins de Paris. Charles VI. en 1415, en fixa le nombre pour cette ville à six jaugeurs & six apprentifs. Henri IV, par un édit de Février 1596, les créa en titre d'office, tant pour Paris que dans les autres villes, & leur attribua douze deniers par chaque muid. Louis XIII, en 1633, créa deux nouveaux jaugeurs, & augmenta leurs droits; en 1645, Louis XIV créa huit nouveaux jaugeurs, & les droits de tous ces officiers furent portés à cinq sols par muid de vin, cidre, bierre, eau - de - vie, &c. entrant à Paris par eau ou par terre. On ajoûta encore trente - deux nouveaux jaugeurs en 1689; cinquante - deux en 1690, & cinquante - deux autres en 1703, sous le titre d'essayeurs & contrôleurs d'eau - de - vie. Par un édit du mois de Mai 1715, tous les nouveaux offices créés depuis 1689 ayant été supprimés, les jurés<-> jaugeurs se trouverent réduits à leur ancien nombre de seize. Celui des commis jaugeurs nommés pour les remplacer, fut fixé à 24 par arrêt du conseil, du 12 Septembre 1719; enfin les officiers jaugeurs ont été rétablis par l'édit de Juin 1730. Diction. de commerce. (G)


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