ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Ils ont un souverain pontife qui se prétend descendu en droite ligne des dieux qui ont anciennement gouverné la nation. Ces dieux ont même encore une assemblée générale chez lui le dixieme mois de chaque année. Il a le droit d'installer parmi eux ceux qu'il en juge dignes, & l'on pense bien qu'il n'est pas assez mal - adroit pour oublier le prédécesseur du prince régnant, & que le prince regnant ne manque pas d'égard pour un homme dont il espere un jour les honneurs divins. C'est ainsi que le despotisme & la superstition se prêtent la main.

Rien de si mystérieux & de si misérable que la physcologie de cette secte. C'est la fable du chaos défigurée. A l'origine des choses le chaos étoit; il en sortit je ne sçais quoi qui ressembloit à une épine; cette épine se mut, se transforma, & le Kunitokhodatsno micotto ou l'esprit parut. Du reste, rien dans les livres sur la nature des dieux ni sur leurs attributs, qui ait l'ombre du sens commun.

Les Sentoistes qui ont senti la pauvreté de leur systême, ont emprunté des Budsoistes quelques opinions. Quelques - uns d'entr'eux qui font secte, croyent que l'ame d'Amida a passé par métempsycose dans le Tin - sio - dai - sin, & a donné naissance au premier des dieux; que les ames des gens de bien s'élevent dans un lieu fortuné au - dessus du trente - troisieme ciel; que celle des méchans sont errantes jusqu'à ce qu'elles ayent expié leurs crimes, & qu'on obtient le bonheur avenir par l'abstinence de tout ce qui peut souiller l'ame, la sanctification des fêtes, les pélerinages religieux, & les macérations de la chair.

Tout chez ce peuple est rappellé à l'honnêteté civile & à la politique, & il n'en est ni moins heureux ni plus méchant.

Ses hermites, car il en a, sont des ignorans & des ambitieux; & le peu de cérémonies religieuses auxquelles le peuple est assujetti, est conforme à son caractere mol & voluptueux.

Les Budsoïstes adorent les dieux étrangers Budso & Fotoke: leur religion est celle de Xekia. Le nom Busdo est indien, & non japonois. Il vient de Budda ou Budha, qui est synonyme à Hermès.

Siaka ou Xékia s'étoit donné pour un dieu. Les Indiens le regardent encore comme une émanation divine. C'est sous la forme de cet homme que Wisthnou s'incarna pour la neuvieme fois; & les mots Buda & Siaka désignent au Japon les dieux étrangers, quels qu'ils soient, sans en excepter les saints & les philosophes qui ont prêché la doctrine xékienne.

Cette doctrine eut de la peine à prendre à la Chine & au Japon où les esprits étoient prévenus de celle de Confucius qui avoient en mépris les idoles; mais de quoi ne viennent point à bout l'enthousiasme & l'opiniatreté aidés de l'inconstance des peuples & de leur goût pour le nouveau & le merveilleux! Darma attaqua avec ces avantages la sagesse de Confucius. On dit qu'il se coupa les paupieres de peur que la méditation ne le conduisît au sommeil. Au reste les Japonois furent enchantés d'un dogme qui leur promettoit l'immortalité & des récompenses à venir; & une multitude de disciples de Confucius passerent dans la secte de Xékia, prêchée par un homme qui avoit commencé de se rendre vénérable par la sainteté de ses moeurs. La premiere idole publique de Xékia fut élevée chez les Japonois l'an de J. C. 543. Bientôt on vit à ses côtés la statue d'Amida, & les miracles d'Amida entraînerent la ville & la cour.

Amida est regardé par les disciples de Xékia comme le dieu suprème des demeures heureuses que les bons vont habiter après leur mort. C'est lui qui les rejette ou les admet. Voilà la base de la doctrine exotérique. Le grand principe de la doctrine esotérique, c'est que tout n'est rien, & que c'est de ce rien que tout dépend. De - là le distique qu'un enthousiaste xékien écrivit après trente ans de méditations, au pied d'un arbre sec qu'il avoit dessiné: arbre, dis - moi qui t'a planté? Moi dont le principe n'est rien, & la fin rien; ce qui revient à cette autre inscription d'un philosophe de la même secte: mon coeur n'a ni être ni non - être; il ne va point, il ne revient point, il n'est retenu nulle part. Ces folies paroissent bien étranges; cependant qu'on essaye, & l'on verra qu'en suivant la subtilité de la métaphysique aussi loin qu'elle peut aller, on aboutira à d'autres folies qui ne seront guere moins ridicules.

Au reste, les Xékiens négligent l'extérieur, s'appliquent uniquement à méditer, méprisent toute discipline qui consiste en paroles, & ne s'attachent qu'à l'exercice qu'ils appellent soquxin, soqubut, ou du coeur.

Il n'y a, selon eux, qu'un principe de toutes choses, & ce principe est par - tout.

Tous les êtres en émanent & y retournent.

Il existe de toute éternité; il est unique, clair, lumineux, sans figure, sans raison, sans mouvement, sans action, sans accroissement ni décroissement.

Ceux qui l'ont bien connu dans ce monde acquierent la gloire parfaite de Fotoque & de ses successeurs.

Les autres errent & erreront jusqu'à la fin du monde: alors le principe commun absorbera tout.

Il n'y a ni peines ni récompenses à venir.

Nulle différence réelle entre la science & l'ignorance, entre le bien & le mal.

Le repos qu'on acquiert par la méditation est le souverain bien, & l'état le plus voisin du principe général, commun & parfait.

Quant à leur vie ils forment des communautés, se levent à minuit pour chanter des hymnes, & le soir ils se rassemblent autour d'un supérieur qui traite en leur présence quelque point de morale, & leur en propose à méditer.

Quelles que soient leurs opinions particulieres, ils s'aiment & se cultivent. Les entendemens, disent-ils, ne sont pas unis de parentés comme les corps.

Il faut convenir que si ces gens ont des choses en quoi ils valent moins que nous, ils en ont aussi en quoi nous ne les valons pas.

La troisieme secte des Japonois est celle des Sendosivistes ou de ceux qui se dirigent par le sicuto ou la voie philosophique. Ceux - ci sont proprement sans religion. Leur unique principe est qu'il faut pratiquer la vertu, parce que la vertu seule peut nous rendre aussi heureux que notre nature le comporte. Selon eux le méchant est assez à plaindre en ce monde, sans lui préparer un avenir fâcheux; & le bon assez heureux sans qu'il lui faille encore une récompense future. Ils exigent de l'homme qu'il soit vertueux, parce qu'il est raisonnable, & qu'il soit raisonnable parce qu'il n'est ni une pierre ni une brute. Ce sont les vrais principes de la morale de Confucius & de son disciple japonois Moosi. Les ouvrages de Moosi jouissent au Japon de la plus grande autorité.

La morale des Sendosivistes ou philosophes Japonois se réduit à quatre points principaux.

Le premier ou dsin est de la maniere de conformer ses actions à la vertu.

Le second gi, de rendre la justice à tous les hommes.

Le troisieme re, de la décence & de l'honnêteté des moeurs.

Le quatrieme tsi, des regles de la prudence. [p. 458]

Le cinquieme sin, de la pureté de la conscience & de la rectitude de la volonté.

Selon eux, point de métempsycose; il y a une ame universelle qui anime tout, dont tout émane, & qui absorbe tout; ils ont quelques notions de spiritualité; ils croient l'éternité du monde; ils célebrent la mémoire de leurs parens par des sacrifices; ils ne reconnoissent point de dieux nationnaux; ils n'ont ni temple ni cérémonies religieuses: s'ils se prêtent au culte public, c'est par esprit d'obéissance aux loix; ils usent d'ablutions & s'abstiennent du commerce des femmes dans les jours qui précedent leurs fêtes commémoratives; ils ne brûlent point les corps des morts, mais ils les enterrent comme nous; ils ne permettent pas seulement le suicide, ils y exhortent: ce qui prouve le peu de cas qu'ils font de la vie. L'image de Confucius est dans leurs écoles. On exigea d'eux au temps de l'extirpation du Christianisme, qu'ils eussent une idole; Elle est placée dans leurs foyers, couronnée de fleurs & parfumée d'encens. Leur secte souffrit beaucoup de la persécution des chrétiens, & ils furent obligés de cacher leurs livres. Il n'y a pas long - tems qu'un prince japonois, appellé Sisen, qui avoit pris du goût pour les Sciences & pour la Philosophie, fonda une académie dans ses domaines, y appella les hommes les plus instruits, les encouragea à l'étude par des récompenses; & la raison commençoit à faire des progrès dans un canton de l'empire, lorsque de vils petits sacrificateurs qui vivoient de la superstition & de la crédulité des peuples, fachés du discrédit de leurs rêveries, porterent des plaintes à l'empereur & au dairo, & menacerent la nation des plus grands desastres, si l'on ne se hâtoit d'étouffer cette race naissante d'impies. Sisen vit tout - à - coup la tyrannie ecclésiastique & civile conjurée contre lui, & ne trouva d'autre moyen d'échapper au péril qui l'environnoit, qu'en renonçant à ses projets, & en cédant ses livres & ses dignités à son fils. C'est Kempfer même qui nous raconte ce fait, bien propre à nous instruire sur l'espece d'obstacles que les progrès de la raison doivent rencontrer par - tout. Voyez Bayle, Bruker, Possevin, &c. Voyez aussi les articles Indiens, Chinois & Egyptiens.

JAPPER (Page 8:458)

JAPPER. v. n. (Gramm.) C'est le cri des petits chiens. Les gros chiens aboient, les petits chiens jappent, le renard jappe.

JAPU (Page 8:458)

JAPU, ou JUPUJUBA, s. m. (Ornithol. exot.) oiseau du Bresil de la classe des pic - verds. Tout son corps est d'un noir luisant, avec une grande moucheture jaune sur le milieu de chaque aîle, & une rayure semblable près du croupion. On admire l'adresse & la délicatesse avec laquelle il forme son nid qui pend à l'extrémité des branches d'arbres. Ray, Ornitholog. p. 98. (D. J.)

JAPYGIE (Page 8:458)

JAPYGIE, s. f. Japygia, (Géog. ancienne), ancienne contrée d'Italie dans la grande Grece. Elle est nommée indifféremment par les Auteurs, Japigie, Messapie, Pincétie, Salentine, Pouille, & Calabre. Voyez Hérodote, lib. III. chap. cxxxviij. lib. IIII. chap. lxxxxjx. lib. VIII. chap. clxx. Strabon, lib. VI. & Pline, liv. V. chap. xj. La terre d'Otrante fait une partie de l'ancienne Japygie.

Japyx, fils de Dédale, donna son nom à ce canton de l'Italie méridionale qui formoit proprement l'ancienne Pouille & la Messapie. M. de Lisle dans sa carte de l'ancienne Italie, compte pour la Japygie les deux parties de la Pouille, savoir la Daunienne & la Pencétienne. Antoine Galatoeus, medecin, a publié un livre exprès, fort rare & fort savant, de la situation de la Japygie, de situ Japygioe. Basileae, 1558, in - 12. (D. J.)

JAPYX (Page 8:458)

JAPYX, (Géog. anc.) c'est - là le nom de l'ouest<cb-> nord - ouest, quand il soufle de la pointe orientale de l'Italie. On l'a confondu mal - à - propos, & M. Dacier entr'autres, avec le corus des Latins & l'argestés des Grecs. Le vent régionaire, nommé japyx, étoit favorable à ceux qui s'embarquoient à Brindes pour la Grece ou pour l'Egypte, parce qu'il soufloit toujours en pouppe jusqu'au dessous du Péloponnese; voilà pourquoi Horace, liv. I. ode 3, le souhaite au vaisseau qui devoit porter Virgile sur les côtes de l'Attique:

Ventorumque regnat pater Obstrictis alis, proeter japyga, Navis, quoe tibi creditum Debes Virgilium; finibus Atticis Reddas incolumen, precor, Et serves animoe dimidium meoe. (D. J.)

JAQUE le (Page 8:458)

JAQUE le, ou la JAQUE, (Art milit.) étoit autrefois une espece de juste - au - corps qui venoit au moins jusqu'aux genoux, que Nicot définit ainsi: Jaque, habillement de guerre renflé de coton.

Ces jaques étoient bourés entre les toiles ou l'étoffe dont ils étoient composés. Ils s'appelloient aussi gambessons ou gambeson. Voyez Gambeson.

JAQUEMART (Page 8:458)

JAQUEMART, s. m. (ancien terme de monnoyage.) c'étoit un ressort placé au premier balancier; on le croyoit capable de relever la vis du balancier. C'est ce que l'expérience a démontré faux.

On a donné le même nom à ces figures placées à certains horloges, où elles frappent les heures avec un marteau qu'elles ont à la main.

JAQUETTE (Page 8:458)

JAQUETTE, s. f. (Gram. mod.) c'est le vétement des enfans; il consiste en un jupon attaché à un corps. On dit aussi la jaquette d'un capucin. En général on appelle jaquette tout vétement d'enfant ou de religieux, qui descend jusqu'aux piés, sous lequel le corps est nud, & qui ne couvre pas un autre vétement.

JAR ou JIAR (Page 8:458)

JAR ou JIAR, s. m. (Hist. anc.) mois des Hébreux qui répond à notre mois d'Avril. Il étoit le huitieme de l'année civile, & le second de l'année sainte, & n'avoit que vingt - neuf jours.

Le dixieme de ce mois les juifs font le deuil de la mort du grand - prêtre Heli & de ses deux fils Ophni & Phinées. Ceux qui n'ont pu faire la pâque dans le mois de Mian, la font dans le mois de Jar, & de plus on y jeûne trois jours pour l'expiation des péchés commis pendant la pâque.

Le dix - huitieme jour les Juifs commençoient la moisson du froment trente - trois jours après la pâquè. Le vingt - troisieme ils célebrent une fête en mémoire de la purification du temple, faite par Judas Macchabée, après qu'il en eut chassé les Syriens. Le vingt - neuvieme ils font mémoire de la mort du prophete Samuel. Diction. de la Bib. (G)

JARANNA (Page 8:458)

JARANNA, (Géog.) forteresse de l'empire russien dans la province de Daurie, habitée par les Tonguses, nation tartare. C'est près de cet endroit qu'on prend les plus belles zibelines.

JARARA (Page 8:458)

JARARA, s. m. coaypitinga, (Ophiolog. exot.) serpent d'Amérique assez semblable à notre vipere européenne, & non moins dangereuse par son venin. (D. J.)

Jarara, Epheba (Page 8:458)

Jarara, Epheba, s. m. (Ophiol. exot.) nom d'une espece de serpent d'Amérique, de couleur brune marquetée d'une belle rayure rouge, ondée, & qui décourt en forme de chaîne sur toute l'étendue du dos. Ray, Syn. Anim. pag. 330. (D. J.)

JARARACA ou JARACUCU (Page 8:458)

JARARACA ou JARACUCU, s. m. (Hist. nat.) espece de serpent d'Amérique; il est vivipare & produit un très - grand nombre de petits; on en a trouvé treize dans le corps d'une femelle. Il a entre deux & trois piés de longueur; ses dents sont très - grandes & longues comme celles des autres serpens ve<pb->

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