ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"449"> dant que cette grace étoit telle que la volonté pût y consentir ou la rejetter.

Cinquieme proposition: semi - Pelagianum est dicere Christum pro omnibus hominibus mortuum esse aut sanguinem fudisse. C'est une erreur demi - pélagienne que Jesus - Christ est mort pour tous les hommes, ou qu'il ait répandu son sang pour eux.

Jansénius dit, de grat. Christ. lib. III. cap. ij. que les peres, bien loin de penser que Jesus - Christ soit mort pour le salut de tous les hommes, ont regardé cette opinion comme une erreur contraire à la foi catholique, & que le sentiment de S. Augustin est, qu'il n'est mort que pour les prédestinés, & qu'il n'a pas plus prié son Pere pour le salut des réprouvés que pour le salut des démons.

Le symbole de Nicée a dit, qui propter nos homines & propter nostram salutem descendit de coelis ... incarnatus est ... passus est ... & la cinquieme proposition fut condamnée comme impie, blasphématoire & hérétique.

Cependant M. Bossuet dit, justif. des réflex. moral. p. 67. qu'il ne faut pas faire un point de foi égasement décidé de la volonté de sauver tous les justifiés, & de celle de sauver tous les hommes.

Telles sont les cinq fameuses propositions qui donnerent lieu à la bulle d'Innocent X. à laquelle on objecta que les cinq propositions n'étoient pas dans le livre de Jansénius, & qu'elles n'avoient pas été condamnées dans le sens de cet auteur, & l'on vit naître la famouse distinction du fait & du droit.

Diverses assemblées du clergé de France tenues en 1654, 5, 6, & 7, statuerent, 1°. que les cinq propositions étoient dans le livre de Jansénius; 2°. qu'elles avoient été condamnées dans le sens propre & naturel de l'auteur.

Innocent X. adressa à ce sujet un bref en 1654. Alexandre VII. son successeur, dit dans sa constitution de 1656, que les cinq propositions extraites de l'Augustinus, ont été condamnées dans le sens de l'auteur.

Cependant M. Arnauld, lett. à un duc & pair, soûtint que les propositions n'étoient point dans Jansénius; qu'elles n'avoient point été condamnées dans son sens, & que toute la soûmission qu'on pouvoit exiger des fideles à cet égard, se réduisoit au silence respectueux. Il prétendit encore que la grace manque au juste dans des occasions où l'on ne peut pas dire qu'il ne peche pas; qu'elle avoit manqué à Pierre en pareil cas, & que cette doctrine étoit celle de l'Ecriture & de la tradition.

La Sorbonne censura en 1656 ces deux propositions; & M. Arnauld ayant refusé de se soûmettre à sa décision, fut exclus du nombre des docteurs. Les candidats signent encore cette censure.

Cependant les disputes continnoient. Pour les étouffer, le clergé, dans différentes assemblées tenues depuis 1655 jusqu'en 1661, dressa une formule de foi que les uns souscrivirent, & que d'autres rejetterent. Les évêques s'adresserent à Rome, & il en vint en 1665 une bulle qui enjoignit la signature du formulaire, appellé communément d'Alexandre VII. dont voici la teneur.

Ego N. constitutioni apostolicoe Innocent. X. datoe die tertia Maii, an. 1653, & constitutioni Alex. VII. datoe die sexta Octob. an. 1656. summorum pontificum, me subjicio, & quinque propositiones ex Cornelii Jansenii libro cui nomen est Augustinus excerptas, & in sensu ab eodem autore intento, prout illas perdictas propositiones sedes apostolica damnavit, sincero animo damno ac rejicio, & ita juro. Sic me Deus adjuvet, & hoec sancta Evangelia.

Louis XIV. donna en 1665 une déclaration qui fut enregistrée au parlement, & qui confirma la signature du formulaire sous des peines grieves. Le formulaire devint ainsi une loi de l'Eglise & de l'Etat

Les défenseurs du formulaire disent que les cinq propositions ont été condamnées dans le sens de Jansénius, car elles ont été déférées & discutées à Rome dans ce sens.

Ce sens est clair ou obscur. S'il est clair, le pape, les évêques & tout le clergé est donc bien aveugle. S'il est obscur, les Jansénistes sont donc bien éclairés.

Le jugement d'Innocent X. est irréformable, parce qu'il a été porté par un juge compétent, après une mûre délibération, & accepté par l'Eglise. Personne ne doute, dit M. Bossuet, lett. aux relig. de P. R. que la condamnation des propositions ne soit canonique.

Cependant MM. Pavillon évêque d'Aleth, Choart de Buzenval évêque d'Amiens, Caulet évêque de Pamiers & Arnauld évêque d'Angers distinguereht expressément dans leurs mandemens la question de fait & celle de droit.

Le pape irrité voulut leur faire faire leur procès, & nomma des commissaires. Il s'éleva une contestation sur le nombre des juges. Le roi en vouloit douze. Le pape n'en vouloi que dix. Celui ci mourut, & sous son successeur Clement IX MM d'Estrées, alors évêque de Laon & depuis cardinal, de Gondrin archevêque de Sens, & Vialart évêque de Châlons, proposerent un accommodement, dont les termes étoient, que les quatre évêques donneroient & feroient donner dans leurs diocèses une nouvelle signature de formulaire, par laquelle on condamneroit les propositions de Jansénius sans aucune restriction, la premiere ayant été jugée insuffisante.

Les quatre évêques y consentirent. Cependant dans les procès - verbaux des synodes diocésains qu'ils tinrent pour cette nouvelle signature, on fit la distinction du fait & du droit, & l'on inséra la clause du silence respectueux sur le fait. La volonté du pape fut - elle ou ne fut - elle pas éludée? C'est une grande question entre les Jansénistes & leurs adversaires.

Il est certain que la question de fait peut être prise en divers sens. 1°. Pour le fait personnel, c'est - à - dire quelle a été l'intention personnelle de Jansénius. 2°. Pour le fait grammatical, savoir si les propositions se trouvent mot pour mot dans Jansénius. 3°. Pour le fait dogmatique, ou l'attribution des propositions à Jansénius, & leur liaison avec le dogme.

On convient que la decision de l'Eglise ne peut s'étendre au fait pris soit au premier soit au second sens. Mais est - ce du fait pris dans ces deux sens, ou du fait pris au troisieme qu'il faut entendre la distin<-> tion dans laquelle persisterent les quatre évêques & les dix - neuf autres qui se joignirent à eux? C'est une difficulté que nous laissons à examiner à ceux qui se chargeront de l'histoire ecclésiastique de ces tems.

Quoi qu'il en soit, voilà ce qu'on appelle la paix de Clement IX.

Les évêques de Flandres ayant fait quelque altération à la souscription du formulaire, quelques docteurs de Louvain dépêcherent à Rome un des leurs, appellé Hennebel, pour se plaindre de cette témérité; & Innocent XII. donna en 1694 & en 1696 deux brefs, dans l'un desquels il dit: « Nous attachant inviolablement aux constitutions de nos prédécesseurs Innocent X. & Aléxandre VII. nous déclarons que nous ne leur avons donné ni ne donnons aucune atteinte, qu'elles ont demeuré & demeurent encore dans toute leur force ». Il ajoûte dans l'autre: « Nous avons appris avec étonnement que certaines gens ont osé avancer que dans notre premier bref, nous avions altéré & réformé la constitution d'Alexandre VII. & le formulaire dont il a prescrit la signature. Rien de plus faux, puisque [p. 450] par ledit bref nous avons confirmé l'un & l'autre, que nous y adhérons constamment, que telle est & a toûjours été notre intention ».

Le pape, dans un de ces brefs, dit des Jansénistes, les prétendus Jansénistes. Ce mot de prétendus diversement interprété par les deux partis, acheve d'obscurcir la question de la signature pure & simple du formulaire.

Depuis la paix de Clément IX. les esprits avoient été assez tranquilles, lorsqu'en 1702 on vit paroître le fameux cas de conscience. Voici ce que c'est.

On supposoit un ecclésiastique qui condamnoit les cinq propositions dans tous les sens que l'Eglise les avoit condamnées, même dans le sens de Jansénius de la maniere qu'Innocent XII. l'avoit entendu dans ses brefs aux évêques de Flandres, & auquel cependant on avoit réfusé l'absolution, parce que, quant à la question de fait, c'est - à - dire, à l'attribution des propositions au livre de Jansénius, il croyoit que le silence respectueux suffisoit; & l'on demandoit à la Sorbonne ce qu'elle pensoit de ce refus d'absolution.

Il parut une décision signée de quarante docteurs, dont l'avis étoit que le sentiment de l'ecclésiastique n'étoit ni nouveau ni singulier, qu'il n'avoit jamais été condamné par l'Eglise, & qu'on ne devoit point pour ce sujet lui refuser l'absolution.

Cette piece ralluma l'incendie. Le cas de conscience occasionna plusieurs mandemens. Le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, exigea & obtint des docteurs qui l'avoient signé une rétractation. Un seul tint ferme, & fut exclus de la Sorbonne.

Cependant les disputes renouvellées ne finissant point, Clément XI. qui occupoit alors la chaire de S. Pierre, après plusieurs brefs, publia sa bulle, Vineam Domini sabaoth. Elle est du 15 Juillet 1705. Et il paroît que son objet est de déclarer que le silence respectueux sur le fait ne suffit pas pour rendre à l'Eglise la pleine & entiere obéissance qu'elle exige des fidelles.

La question étoit devenue si embarrassée, si subtile, qu'on dispute encore sur cette bulle. Mais il faut avouer qu'elle fut regardée dans les premiers momens comme une autorité contraire au silence respectueux.

M. l'évêque de Montpellier, qui l'avoit d'abord acceptée, se rétracta dans la suite.

Jamais les hommes n'ont peut - être montré tant de dialectique & de finesse que dans toute cette affaire.

Ce fut alors qu'on fit la distinction du double sens des propositions de Jansénius, l'un qui est le sens vrai, naturel & propre de Jansénius, & l'autre qui est un sens putatif & imaginé. On convint que les propositions étoient hérétiques dans le sens putatif & imaginé par le souverain pontife, mais non dans leur sens vrai, propre & naturel.

Voilà où la question du Jansénisme & du formulaire en est venue.

Les disputes occasionnées par le livre de Quesnel & par sa condamnation, ayant commencé précisément lorsque celles que l'ouvrage de Jansénius avoit excitées, alloient peut - être s'éteindre, on a donné le nom de Jansénistes aux défenseurs de Quesnel & aux adversaires de la bulle Unigenitus. Voyez les articles Quenelistes, Unigenitus , &c.

JANSENISTE (Page 8:450)

JANSENISTE, s. m. (Mode.) c'est un petit panier à l'usage des femmes modestes, & c'est la raison pour laquelle on l'a appellé janséniste. Voyez l'article Panier.

JANTE (Page 8:450)

JANTE, s. f. (Arts méchan.) piece de bois de charronage de deux à trois piés de long, courbée, & qui fait une partie du cercle de la roue d'un moulin, d'un carrosse, d'une charrette & autres voitures.

Il faut 1°. remarquer sur les jantes des roues qu'elles doivent être bien chantournées: 2°. que quoiqu'elles n'aient pas besoin d'une épaiseur considérable, cependant il est nécessaire de leur en donner une d'autant plus grande, que les tenons des rais seront forts: 3°. il faut encore avoir attention que les jantes soient faites de courbes naturelles, afin que leurs fibres ne soient point coupées: 4°. il ne faut laisser aux jantes aucun aubier, car si l'aubier est dans la partie concave de la jante, le tenon du rais fera éclater l'aubier, & ce rais sera comme inutile; si au contraire l'aubier est dans la partie convexe de la jante, les bandes, & particuliérement les bouts des bandes, seront forcés par la charge de la voiture, à entrer dans la jante; pour lors la roue perdant sa rondeur, aura plus de peine à rouler, ira par sauts & par secousses, qui contribueront beaucoup à sa destruction entiere, & à casser la bande qui porteroit à faux. Voyez nos Planches de Charron. (D. J.)

Jantes (Page 8:450)

Jantes, dans l'Artillerie, cesont six pieces de bois d'orme, dont chacune forme un arc de cercle, & qui jointes ensemble par les extrémités, font cercle entier, qui avec un moyeu & douze rais, composent les roues de l'affut du canon.

L'épaisseur des jantes varie suivant la piece à laquelle le rouage qu'elles forment est destiné. Aux pieces de vingt - quatre les jantes ont six pouces de haut, & quatre pouces d'épaisseur; à celles de seize, cinq pouces de haut, & trois pouces & demi d'épaisseur; aux pieces de douze, quatre pouces huit lignes de haut, & trois pouces trois lignes d'épaisseur; à celles de huit, quatre pouces & demi de haut, & trois pouces & demi d'épaisseur; enfin aux pieces de quatre, quatre pouces de haut, & deux pouces & demi d'épaisseur.

JANTILLE (Page 8:450)

* JANTILLE, s. f. (Art méchaniq.) gros ais qu'on applique autour des jantes & des aubes de la roue d'un moulin, pour recevoir la chûte de l'eau, & accélérer son mouvement. Elle sert aussi à élever les eaux à l'aide des roues disposées à cet effet. De jantille on a fait le verbe jantiller.

JANUAL (Page 8:450)

JANUAL, s. m. (Littérat.) sorte de gâteau que les Romains offroient à Janus le premier jour du mois qui lui étoit consacré; ce gâteau étoit fait de farine nouvelle, de sel nouveau, d'encens & de vin. (D. J.)

JANUALE Porte (Page 8:450)

JANUALE Porte, (Antiq.) porte de Rome située sur le mont Viminal, & qui fut appellée porte januale, à l'occasion d'un prétendu miracle que Janus opéra dans cet endroit, en faveur des Romains contre les Sabins. Ovide embellit ce conte populaire de toutes les graces de la Poésie; voyez - le. (D. J.)

JANUALES (Page 8:450)

JANUALES, s. f. (Hist. anc.) fêtes de Janus qu'on célébroit à Rome le premier de Janvier par des danses & d'autres marques de réjouissances publiques. En ce jour les citoyens revêtus de leurs plus beaux habits, les consuls à la tête en robe de cérémonie, alloient au capitole faire des sacrifices à Jupiter. Alors, comme aujourd'hui, on se faisoit des présens & d'heureux souhaits les uns aux autres, & l'on avoit grande attention, selon Ovide, à ne rien dire qui ne fût de bon augure pour tout le reste de l'année. On offroit à Janus des figues, des dattes & du miel; la douceur de ces fruits étant regardée comme le symbole de présages favorables pour l'année. (G)

JANVIER (Page 8:450)

JANVIER, (Astron. & Hist. anc.) mois que les Romains dédierent à Janus, & que Numa mit au solstice d'hiver.

Quoique les calendes de ce mois fussent sous la protection de Junon, comme tous les premiers jours des autres mois, celui - ci se trouvoit consacré particuliérement au dieu Janus, à qui l'on offroit ce jourlà le gâteau nommé janual, ainsi que des dattes, des figues & du miel, fruits dont la douceur faisoit tires

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.