ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"258"> plus petit; il est si rapide dans le moineau, qu'à peine en peut - on compter les coups. Voyez Chaleur animale.

Jusqu'à trois ans, la vie de l'enfant est fort chancelante; elle s'assûre dans les deux ou trois années suivantes. A six ou sept ans, l'homme est plus sûr de vivre qu'à tout âge. Il paroît que sur un certain nombre d'enfans nés en même tems, il en meurt plus d'un quart dans la premiere année, plus d'un tiers en deux ans, & au moins la moitié dans les trois premieres années; observation affligeante, mais vraie. Soyons donc contens de notre sort; nous avons été traités de la nature favorablement; félicitons - nous même du climat que nous habitons; il faut sept à huit ans pour y éteindre la moitié des enfans; un nouveau - né a l'espérance de vivre jusqu'à sept ans, & l'enfant de sept ans celle d'arriver à quarante deux ans.

Le foetus dans le sein de sa mere croissoit de plus en plus jusqu'au moment de sa naissance; l'enfant au contraire croît toûjours de moins en moins jusqu'à l'âge de puberté, tems auquel il croît, pour ainsi dire, tout - à - coup, pour arriver en peu de tems à la hauteur qu'il doit avoir.

A un mois, il avoit un pouce de hauteur, à deux mois deux pouces & un quart, à trois mois trois pouces & demi, à quatre mois cinq pouces & plus, à cinq mois six à sept pouces, à six mois huit à neuf, à sept mois onze pouces & plus, à huit mois quatorze pouces, & à neuf mois dix - huit. La nature semble faire un effort pour achever de développer son ouvrage.

L'homme commence à bégayer à douze ou quinze mois; la voyelle a qui ne demande que la bouche ouverte & la production d'une voix, est celle qu'il articule aussi le plus aisément. L'm & le p qui n'exigent que l'action des levres pour modifier la voyelle a, sont entre les consonnes les premieres produites; il n'est donc pas étonnant que les mots papa, mama, designent dans toutes les langues sauvages & policées, les noms de pere & de mere: cette observation, jointe à plusieurs autres & à une fagacité peu commune, a fait penser à M. le président de Brosse, que ces premiers mots & un grand nombre d'autres, étoient de la langue premiere ou nécessaire de l'homme.

L'enfant ne prononce guere distinctement qu'à deux ans & demi.

La puberté accompagne l'adolescence & précede la jeunesse. Jusqu'alors l'homme avoit tout ce qu'il lui falloit pour être; il va se trouver pourvû de ce qu'il lui faut pour donner l'existence. La puberté est le tems de la circoncision, de la castration, de la virginité, de l'impuissance. Voyez ces mots.

La circoncision est d'un usage très - ancien chez les Hébreux; elle se faisoit huit jours après la naissance; elle se fait en Turquie à sept ou huit ans; on attend même jusqu'à onze ou douze; en Perse, c'est à l'âge de cinq ou six. La plûpart de ces peuples auroient le prépuce trop long, & seroient inhabiles à la génération sans la circoncision. En Arabie & en Perse, on circoncit aussi les filles lorsque l'accroissement excessif des nymphes l'exige. Voyez Nymphes (Anat.). Ceux de la riviere de Benin n'attendent pas ce tems; les garçons & les filles sont circoncis huit ou quinze jours après leur naissance.

Il y a des contrées où l'on tire le prépuce enavant; on le perce & on le traverse d'un gros fil qu'on y laisse jusqu'à ce que les cicatrices des trous soient formées; alors on substitue au fil un anneau; cela s'appelle infibuler: on infibule les garçons & les filles. Voyez Infibulation.

Dans l'enfance, il n'y a quelquefois qu'un testicule dans le scrotum, & quelquefois point du tout; ils sont retenus dans l'abdomen ou engagés dans les anneaux des muscles; mais avec le tems, ils surmontent les obstacles qui les arrêtent & descendent à leur place. Voyez Testicules, Scrotum.

Les adultes ont rarement les testicules cachés; cachés ou apparens, l'aptitude à la génération subsiste.

Il y a des hommes qui n'ont réellement qu'un testicule; ils ne sont pas impuissans pour cela; d'autres en ont trois: quand un testicule est seul, il est plus gros qu'à l'ordinaire.

La castration est fort ancienne; c'étoit la peine de l'adultere chez les Egyptiens; il y avoit beaucoup d'eunuques chez les Romains. Dans l'Asie & une partie de l'Afrique, une infinité d'hommes mutilés sont occupés à garder les femmes; on en sacrifie beaucoup à la perfection de la voix, au - delà des Alpes. Les Hottentots se défont d'un testicule pour en être plus légers à la course; ailleurs on éteint sa postérité par cette voie, lorsqu'on redoute pour elle la misere qu'on éprouve soi - même.

La castration s'exécute par l'amputation des deux testicules; la jalousie va quelquefois jusqu'à retrancher toutes les parties extérieures de la génération. Autrefois on détruisoit les testicules par le froissement avec la main, ou par la compression d'un instrument.

L'amputation des testicules dans l'enfance n'est pas dangereuse; celle de toutes les parties extérieures de la génération est le plus souvent mortelle, si on la fait après l'âge de quinze ans. Tavernier dit qu'en 1657, on fit jusqu'à vingt - deux mille eunuques au royaume de Golconde.

Les eunuques à qui on n'a ôté que les testicules, ont des signes d'irritation dans ce qui leur reste, & même plus fréquens que les hommes entiers; cependant le corps de la verge prend peu d'accroissement, & demeure presque comme il étoit au moment de l'opération. Un eunuque fait à l'âge de sept ans, est à cet égard à vingt ans comme un enfant entier de sept ans. Ceux qui n'ont été mutilés qu'au tems de la puberté ou plus tard, sont à - peu - près comme les autres hommes. Voyez Eunuque.

Il y a des rapports singuliers & secrets entre les organes de la génération & la gorge; les eunuques n'ont point de barbe; leur voix n'est jamais d'un ton grave; les maladies vénériennes attaquent la gorge.

Il y a dans la femme une grande correspondance entre la matrice, les mamelles & la tête.

Quelle source d'observations utiles & surprenantes, que ces correspondances! Voyez Physiologie.

La voix change dans l'homme à l'âge de puberté; les femmes qui ont la voix forte, sont soupçonnées d'un penchant plus violent à la volupté.

La puberté s'annonce par une espece d'engourdissement aux aînes; il se fait sentir en marchant, en se pliant. Il est souvent accompagné de douleurs dans toutes les jointures, & d'une sensation particuliere aux parties qui caractérisent le sexe. Il s'y forme des petits boutons; c'est le germe de ce duvet qui doit les voiler. Voyez Poil. Ce signe est commun aux deux sexes: mais il y en a de particuliers à chacun; l'éruption des menstrues, l'accroissement du sein pour les femmes (Voyez Menstrue & Mamelles); la barbe & l'émission de la liqueur séminale pour les hommes. Voyez Barbe & Sperme. Mais ces phénomenes ne sont pas aussi constans les uns que les autres; la barbe, par exemple, ne paroît pas précisément au tems de la puberté; il y a même des nations où les hommes n'ont presque point de barbe; au contraire il n'y en a aucune où la puberté des femmes ne soit marquée par l'accroissement des mamelles. [p. 259]

Dans toute l'espece humaine, les femmes arrivent plûtôt à la puberté que les hommes; mais chez les différens peuples, l'âge de puberté varie & semble dépendre du climat & des alimens; le pauvre & le paysan sont de deux ou trois années plus tardifs. Dans les parties méridionales & dans les villes, les filles sont la plûpart pubertes à douze ans, & les garçons à quatorze. Dans les provinces du Nord & les campagnes, les filles ne le sont qu'à quatorze, & les garçons qu'à seize; dans les climats chauds de l'Asie, de l'Afrique, & de l'Amérique, la puberté des filles se manifeste à dix, & même à neuf ans.

L'écoulement périodique des femmes moins abondant dans les pays chauds, est à - peu - près le même chez toutes les nations; & il y a sur cela plus de différence d'individu à individu, que de peuple à peuple. Dans la même nation, des femmes n'y sont sujettes que de cinq ou six semaines en six semaines; d'autres tous les quinze jours: l'intervalle commun est d'un mois.

La quantité de l'évacuation varie; Hippocrate l'avoit évaluée en Grece à neuf onces, elle va depuis une ou deux onces, jusqu'à une livre & plus; & sa durée depuis trois jours jusqu'à huit.

C'est à l'âge de puberté que le corps acheve de prendre son accroissement en hauteur: les jeunes hommes grandissent tout - à - coup de plusieurs pouces; mais l'accroissement le plus prompt & le plus sensible se remarque aux parties de la génération; il se fait dans le mâle par une augmentation de volume; dans les femelles il est accompagné d'un rétrécissement occasionné par la formation d'une membrane appellée hymen. Voyez l'article Hymen.

Les parties sexuelles de l'homme arrivent en moins d'un an ou deux après le tems de puberté, à l'état où elles doivent rester. Celles de la femme croissent aussi; les nymphes sur - tout qui étoient auparavant insensibles, deviennent plus apparentes. Par cette cause & beaucoup d'autres, l'orifice du vagin se trouve rétréci; cette derniere modification varie beaucoup aussi. Il y a quelquefois quatre protuberances ou caroncules, d'autres fois trois ou deux, souvent une espece d'anneau circulaire ou semi - lunaire. Voyez Caroncules.

Quand il arrive à la femme de connoître l'homme avant l'âge de puberté, nulle effusion de sang, àmoins d'une extrème disproportion entre les parties de l'un & de l'autre, ou des efforts trop brusques. Mais il arrive aussi qu'il n'y a point de sang répandu, même après cet âge, ou que l'effusion reparoît même après des approches réitérées, intimes & fréquentes, s'il y a suspension dans le commerce & continuité d'accroissement dans les parties sexuelles de la femme. La preuve prétendue de la virginité ne se renouvelle cependant que dans l'intervalle de quatorze à dix - sept, ou de quinze à dix - huit ans. Celles en qui la virginité se renouvelle ne sont pas en aussi grand nombre que celles à qui la nature a refusé cette faveur chimérique.

Les Ethiopiens, d'autres peuples de l'Afrique, les habitans du Pégu, de l'Arabie, quelques nations de l'Asie, s'assûrent de la chasteté de leurs filles par une opération qui consiste en une suture qui rapproche les parties que la nature a séparées, & ne laisse d'espace que celui qui est nécessaire à l'issue des écoulemens naturels. Les chairs s'unissent, adherent, & il faut les séparer par une incision, lorsque le tems du mariage est arrivé. Ils emploient aussi dans la même vûe l'infibulation qui se fait avec un fil d'amiante; les filles portent le fil d'amiante, ou un anneau qui ne peut s'ôter; les femmes un cadenat dont le mari a la clé.

Quel contraste dans les goûts & les moeurs de l'homme! D'autres peuples méprisent la virginité, & regardent comme un travail servile la peine qu'il faut prendre pour la détruire. Les uns cedent les prémices des vierges à leurs prêtres ou à leurs idoles; d'autres à leurs chefs, à leurs maîtres; ici un homme se croit deshonoré, si la fille qu'il épouse n'a pas été déflorée; là, il se fait précéder à prix d'argent.

L'état de l'homme après la puberté est celui du mariage; un homme ne doit avoir qu'une femme, une femme qu'un homme, puisque le nombre des femelles est à - peu - près égal à celui des mâles.

L'objet du mariage est d'avoir des enfans; mais il n'est pas toûjours possible: la stérilité vient plus souvent de la part de la femme, que de la part de l'homme. Voyez Impuissance & Stérilité. Cependant il arrive quelquefois que la conception devance les signes de la puberté; des femmes sont devenues meres avant que d'avoir eu l'écoulement naturel à leur sexe. D'autres, sans être jamais sujettes à cet écoulement, ne laissent pas d'engendrer. On dit même qu'au Brésil des nations entieres se perpétuent, sans qu'aucune femme ait d'évacuation périodique; la cessation des regles qui arrive ordinairement à quarante ou cinquante ans, ne met pas toutes les femmes hors d'état de concevoir; il y en a qui ont conçu à soixante, à soixante & dix ans, & même plus tard. Dans le cours ordinaire, les femmes ne sont en état de concevoir qu'après la premiere éruption, & la cessation de cet écoulement à un certain âge les rend stériles.

L'âge auquel l'homme peut engendrer n'a pas de termes aussi marqués; il commence entre douze & dix - huit ans; il cesse entre soixante & soixante & dix; il y a cependant des exemples de vieillards qui ont eu des enfans jusqu'à quatre - vingt & quatre - vingt - dix ans, & des exemples de garçons qui ont produit leur semblable à neuf, dix, & onze ans, & de petites filles qui ont conçu à sept, huit & neuf.

On prétend qu'immédiatement après la conception l'orifice de la matrice se ferme, & qu'elle s'annonce par un frissonnement qui se répand dans tous les membres de la femme. Voyez les articles Conception.

La femme de Charles Town qui accoucha en 1714 de deux jumeaux, l'un blanc & l'autre noir; l'un de son mari, l'autre d'un negre qui la servoit, prouve que la conception de deux enfans ne se fait pas toûjours dans le même tems.

Le corps finit de s'accroître dans les premieres années qui suivent l'âge de puberté: l'homme grandit jusqu'à vingt - deux ou vingt - trois ans; la femme à vingt est parfaitement formée.

Il n'y a que l'homme & le singe qui ayent des cils aux deux paupieres; les autres animaux n'en ont point à la paupiere inférieure; & dans l'homme même il y en a beaucoup moins à la paupiere inférieure qu'à la supérieure; les sourcils deviennent quelquefois si longs dans la vieillesse qu'on est obligé de les couper.

La partie de la tête la plus élevée est celle qui devient chauve la premiere, ensuite celle qui est au - dessus des tempes; il est rare que les cheveux qui couvrent le bas des tempes tombent en entier, non plus que ceux de la partie inférieure du derriere de la tête.

Au reste, il n'y a que les hommes qui deviennent chauves en avançant en âge; les femmes conservent toûjours leurs cheveux; ils blanchissent dans les deux sexes; les enfans & les eunuques ne sont pas plus sujets à être chauves que les femmes.

Les cheveux sont plus grands & plus abondans dans la jeunesse qu'à tout autre âge.

Les piés, les mains, les bras, les cuisses, le front, l'oeil, le nez, les oreilles, en un mot, toutes les par,

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