ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"298"> point, il doit s'en suivre que des cercles qui ne seront distans relutivement aux étoiles que d'un intervalle qui differe à peine d'un point imperceptible, doivent être regardés comme ne faisant qu'un seul & même cercle; mais il n'en est pas de même par rapport à la lune & aux planetes les plus proches de la terre: c'est pourquoi la distinction des deux horisons est nécessaire à cet égard.

On entend quelquefois par horison sensible un cercle qui détermine la portion de la surface de la terre, que nous pouvons découvrir de nos yeux; on l'appelle aussi horison physique.

On dit, dans ce sens, un horison borné, un horison étendu. Pour trouver l'étendue de l'horison, ou jusqu'à quel point la vûe d'un homme peut s'étendre, en supposant la terre un globe sans inégalités & tel que la vûe ne puisse être arrêtée par aucune éminence étrangere, il ne faut que savoir les regles ordinaires de la Trigonométrie & le calcul des triangles rectangles. Supposons, par exemple, que A H B (Pl. géograph. fig. 8.) soit un grand cercle du globe terrestre, C son centre, H C son rayon, & E la hauteur de l'oeil; il est évident que la partie visible de la surface de la terre est terminée du côté de H par le rayon E H, qui touche la terre en H. Ainsi, puisque H E est une tangente, il s'ensuit que l'angle H sera droit: on connoît donc H C qui est le ravon de la terre, & dont on a la valeur en toises ou en piés, C E est la même longueur H C, à laquelle on ajoûte la hauteur de l'oeil, & E H C l'angle droit opposé.

Ces trois parties connues, il est aisé maintenant de trouver toutes les autres parties du triangle. Voici d'abord la proportion qu'il faut faire pour trouver l'angle C, & ensuite le côté H E.

Comme le côté C E est au sinus de l'angle droit H, de même le côté H C est au sinus de l'angle E, dont la valeur étant retranchée de 90 deg. donnera celle de l'angle C. On dira ensuite: comme le sinus de l'angle E est à son côté opposé H C, ou bien comme le sinus de l'angle H est à son côté opposé C E, de même le sinus de l'angle C est au sinus E H, qui est l'horison visible que l'on cherche. Wolf & Chambers. (E)

Horison (Page 8:298)

Horison, en Peinture, est la ligne qui termine sur le ciel, tous les lointains aquatiques ou terrestres, de façon qu'elle les distingue du ciel, où ils semblent néanmoins toucher.

HORISONTAL (Page 8:298)

HORISONTAL, adj. (Astron.) qui est de niveau ou parallele à l'horison, qui n'est point incliné sur l'horison. Voyez Horison.

On dit plan horisontal, ligne horisontale, distance horisontale, &c.

Cadran horisontal est celui qui est décrit sur un plan parallele à l'horison, & dont le style est élevé suivant l'élévation du pole du lieu où il est construit.

Ces sortes de cadrans sont les plus simples & les plus aisés à décrire. Voyez Cadran.

Ligne horisontale en perspective, est une ligne droite tirée du point de vûe parallelement à l'horison, ou l'intersection du plan du tableau & du plan horisontal.

Parallaxe horisontale. Voyez Parallaxe.

Plan horisontal, est celui qui est parallele à l'horison du lieu. Voyez Plan.

Tout l'objet du nivellement est de voir si deux points sont un plan horisontal, ou de combien ils s'en écartent. Voyez Nivellement.

Plan horisontal en Perspective, est un plan parallele à l'horison qui passe par l'oeil, & coupe le plan du tableau à angles droits.

Projection horisontale. Voyez Carte & Projection.

Réfraction horisontale. Voyez Réfraction. Chambers. (E)

HORKI (Page 8:298)

HORKI, (Géog.) ville de Lithuanie, dans le palatinat de Meizlau, sur le Dnieper.

HORLOGE (Page 8:298)

* HORLOGE, s. m. (Art méchan.) machine qui, par un mouvement uniforme quelconque dont les parties se peuvent mesurer, indique les parties du tems qui sont écoulées. Ainsi tout l'art de l'Horlogerie n'est autre chose que l'application du tems à l'espace.

Les hommes ont senti de bonne heure l'utilité de cet art; voyez dans les articles suivans, les progrès qu'il a faits depuis les premiers tems jusqu'à nos jours.

Horloge (Page 8:298)

Horloge à eau, (Littérat.) l'horloge à eau, autrement nommée clepsydre, étoit chez les anciens un vase qui servoit à mesurer le tems par l'écoulement d'une certaine quantité d'eau; voyez au mot Clepsydre, ce qui regarde la construction de ces vases, & la difficulté de déterminer avec exactitude la vîtesse du fluide qui sort par le trou des clepsydres; nous ne considérons ici ce sujet que du côté de la littérature.

Elle distingue deux horloges à eau, l'ancienne, & la nouvelle inventée par Ctésibius; cette derniere étoit une machine hydraulique que l'eau mettoit en action, & qui marquoit par ses mouvemens les différentes heures du jour. La premiere, suivant la description d'Athénée, n'étoit autre chose qu'un vase avec une espece de tuyau étroit, percé d'une petite ouverture, par où découloit goutte à goutte l'eau qu'on y avoit versée. C'est - là cette clepsydre fameuse, à laquelle les orateurs & les historiens font si souvent allusion par tant d'expressions allégoriques, que Harpocration composa un livre exprès, pour en donner l'intelligence.

On mesuroit, nous dit - il, par ces sortes d'horloges à eau le tems des combats des plus habiles orateurs; de - là vient cette phrase, qu'un fréquent usage fit passer en proverbe: Qu'il parle dans mon eau, c'est - à - dire, pendant le tems qui m'est destiné, E)N TW= E)\MEU= U(\DATI DEICA/TW; vivre de ce qu'on retiroit des déclamations, dont le tems se limitoit par l'écoulement de la clepsydre, s'appelloit TO=N KLEYUD RION METE/XEIN.

En effet, comme on avoit coûtume de verser trois parts d'eau égales dans le vase, une pour l'accusateur, l'autre pour l'accusé, & la troisieme pour le juge; cette coûtume fit naître les expressions usitées qu'on trouve dans Eschine, PRW=TON, DE/UTERON, TRI/TON U(\DWR, premiere, seconde, troisieme eau. Aussi voyoit - on une fontaine dans le barreau d'Athènes destinée à ce seul usage, & gardée par un lion d'airain, sur lequel s'asseyoit celui qui avoit l'emploi de distribuer l'eau dans le vase pour le jugement des procès. Il y avoit en même tems un inspecteur choisi par le sort, pour prendre garde que l'eau fût également distribuée, ainsi que Pollux le rapporte.

Platon considérant les bornes qu'on mettoit aux plaidoyeries des avocats par cette distribution d'eau limitée, n'a pu s'empêcher de dire que les orateurs étoient esclaves, au lieu que les philosophes étoient libres, parce que ceux - ci s'étendoient dans leurs discours sans aucune gêne, tandis que ceux - là étoient contraints par plusieurs entraves, & sur - tout par l'écoulement de l'eau d'une miserable clepsydre qui les forçoit à se taire, KATEPEI/GEI GA\R U(\DWR RE(\OU=.

Cependant l'usage du barreau d'Athènes passa dans celui de Rome sans aucune altération. On trouve dans plusieurs endroits des oeuvres de Cicéron, aqua mihi hoeret, aquam perdere. Pline déclamant contre la précipitation avec laquelle les juges de son siecle décidoient des plus grandes affaires; après avoir dit que leurs peres n'en usoient pas [p. 299] ainsi, ajoûte ironiquement: « Pour nous, qui nous expliquons plus nettement, qui concevons plus vîte, qui jugeons plus équitablement, nous expédions les affaires en moins d'heures, paucioribus clepsydris, qu'ils ne mettoient de jours à les entendre ».

On sait en effet qu'on obligeoit l'orateur de suivre la loi, & qu'on ne lui laissoit pas le tems de prononcer un discours, qui étoit le fruit de plusieurs veilles: in actione aqua deficit, dit Quintilien. Quand les juges doubloient par extraordinaire le tems qui devoit être accordé par la loi, c'étoit clepsydras clepsydris addere.

On observoit seulement de suspendre l'écoulement de l'eau pendant la lecture des pieces qui ne faisoient pas le corps du discours, comme la déposition des témoins, le texte d'une loi, la teneur d'un décret; c'étoit - là aquam sustinere.

Ce soin de mettre l'eau dans l'horloge, ou de l'arrêter, regardoit un ministere inférieur, & les personnes qui l'exerçoient, étoient d'un caractere assez méprisable. Souvent emportés par une haine particuliere ou corrompus par des présens, ils avoient l'art de faire couler l'eau plus promptement: alors dès qu'elle étoit écoulée, un sergent en avertissoit, & l'orateur étoit contraint de s'arrêter: s'il en usoit autrement, celui qui devoit parler après lui, avoit droit de l'interrompre, & de lui dire: Il ne t'est pas permis de puiser dans mon eau; de - là ces expressions proverbiales, parler en son eau, avoir la mesure d'eau, pour signifier être borné & assujetti à un tems fixe.

Mais, malgré la sevérité de la loi, la faveur ou la haine amenerent insensiblement beaucoup d'injustices. Cicéron n'obtint qu'une demi - heure pour la défense de Rabirius, & les accusateurs de Milon eurent deux heures pour l'attaquer. Enfin il arriva que l'horloge d'eau ne s'arrêta plus que pour les gens sans crédit.

D'ailleurs on avoit imaginé toutes sortes de ruses pour accélérer ou retarder l'écoulement de l'eau, soit en employant des eaux plus ou moins épaisses, soit en détachant, ou en ajoûtant de la cire à la capacité du verre.

Les horloges à eau, dont nous venons de parler, étoient encore d'usage à l'armée, pour diviser les veilles aux sentinelles, comme on peut le recueillir des anciens auteurs tactiques: plusieurs peuples s'en servoient aussi, pour marquer les heures du jour & de la nuit; témoin ce que dit César dans sa description de l'Angleterre, qu'il avoit observé par leurs horloges d'eau, que les nuits y étoient plus courtes que dans les Gaules. (D. J.)

Horloge (Page 8:299)

Horloge à rouages, à ressorts, à contrepoids, à sonnerie, (Hist. de l'Horlog.) ce sont là tout autant de machines automates inventées pour mesurer le tems. De songer à le fixer, seroit un dessein extravagant; mais, dit M. l'Abbé Saillier, marquer les momens de sa fuite, compter les parties par lesquelles il nous échappe, c'est un fruit de la sagacité de l'homme, & une découverte qui ayant eu la grace de la nouveauté, conserve encore la beauté de l'invention, jointe à son utilité reconnue; cette découverte est celle des horloges en général.

Nous avons fait l'article historique des horloges à eau; pour ce qui regarde les horloges à sable, voyez Sable. De cette maniere il nous reste seulement à parler de celles à rouages, à ressorts, à contrepoids, & à sonnerie; comme elles succéderent aux premieres, leur histoire nous intéresse de plus près. Voici ce que j'en ai recueilli, particuliérement d'un mémoire de M. Falconet, inséré dans le recueil de l'académie des Inscriptions.

Après que Ctésibius, qui fleurissoit vers l'an 613 de Rome, eut imaginé la machine hydraulique des horloges à eau, on trouva le secret d'en faire à rouage sur le même modele, & ces nouvelles horloges prirent une grande faveur; Trimalcion en avoit une dans sa salle à manger. Cette invention néanmoins ne se perfectionna point; car pendant plus de sept siecles, il n'est parlé d'aucune horloge remarquable. Nous ne connoissons de nom que celles de Boëce & de Cassiodore. On sait que Cassiodore avoit lui - même du goût pour la méchanique; l'histoire rapporte que s'étant retiré sur ses vieux jours dans un monastere de la Calabre, il s'y amusoit à faire des horloges à rouages, des cadrans & des lampes perpétuelles.

Mais la barbarie enveloppa si bien tous les arts dans l'oubli, que lorsque deux cens ans après, le pape Paul I. envoya vers l'an 760, une horloge à rouage à Pepin le Bref, cette machine passa pour une chose unique dans le monde.

Vers l'an 807, le calife Aaron Raschild, si connu par son amour pour les sciences & les arts, ayant contracté une étroite amitié avec Charlemagne, lui fit entr'autres présens, celui d'une horloge, dont nos historiens parlent avec admiration, & qui étoit vraissemblablement dans le goût de celle du Pape Paul I. Ce n'étoit pas du - moins une horloge sonnante, car il n'y en avoit point de telle du tems de Charlemagne, & dans toutes les villes de son empire; il n'y en eut même que vers le milieu du xiv. siecle. De là vient l'ancienne coûtume qui se conserve en Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Flandres & en Angleterre, d'entretenir des hommes qui avertissent de l'heure pendant la nuit.

Les Italiens à qui l'on doit la renaissance de toutes les sciences & de tous les arts, imiterent aussi les premiers les horlogès à roues du pape Paul & du calife des Abassides. Cette gloire appartient à Pacificus, archidiacre de Vérone, excellent méchanicien, mort en 846. Il n'est donc pas vrai, pour le dire en passant, que Gerbert qui mourut sur le siege pontifical en 1003, soit l'inventeur des horloges à roues, comme quelques - uns l'ont avancé; en effet, outre que la prétendue horloge de Gerbert n'étoit qu'un cadran solaire, les roues étoient employées dans les horloges dont nous venons de parler, qui quoique vraies clepsydres au fond, devenoient horloges automates par le moyen des roues.

Dans le xiv. siecle, parut à Londres l'horloge de Walingford, Bénédictin anglois, mort en 1325, & elle fit beaucoup de bruit dans son pays; mais bientôt après, l'on vit à Padoue celle de Jacques de Dondis, la merveille de son tems; il nous sera facile de faire connoître au lecteur cette merveille, en transcrivant ici ce qu'en dit un témoin oculaire, le sieur de Mézieres, dans son songe du vieux pélerin. D'ailleurs, c'est un morceau assez curieux pour l'histoire de l'ancienne horlogerie; le voici mot pour mot.

« Il est à savoir que en Italie, y a aujourd'huy ung homme en Philosophie, en Medecine & en Astronomie, en son degré singulier & solempnel, par commune renommée sur tous les autres excellent ès dessus trois sciences, de la cité de Pade. Son sournom est perdu, & est appellé maistre Jehan des Orloges, lequel demeure à présent avec le comte de Vertus, duquel pour science treble (triple) il a chacun an de gaiges & de bienfaits, deux mille flourins, ou environ. Cetuy maistre Jehan des Orloges, a fait dans son tems grands oeuvres & solempnelles, ès trois sciences dessus touchiées, qui par les grands clercs d'Italie, d'Allemaigne & de Hongrie, sont autorisées, & en grant réputation, entre lesquels oeuvres, il a fait un grant instrument par aucuns appellé espere (sphere) ou orloge du mouvement du ciel, auquel instrument, sont tous les mouvemens des signes & des planetes, avec leurs

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