ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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HOMOPHAGE (Page 8:284)

HOMOPHAGE, subst. adj. (Gramm.) qui mange de la chair crue. Ce mot est composé de W)/MOS2, crud, & de FA/GW, je mange. Presque tous les peuples sauvages sont homophages. C'est un avantage qu'ils ont sur nous, s'il est vrai, comme le prétendent les Medecins, que les viandes crues se digerent plus aisément que les viandes cuites.

HOMOPHONIE (Page 8:284)

HOMOPHONIE, s. f. (Musiq.) concert de plusieurs voix qui chantent à l'unisson; & si plusieurs voix concertoient à l'octave ou à la double octave, cela se nommoit selon M. Burette, antiphonie. Homophonie vient de O(\MOS2, ensemble, & FONH\, voix. Voyez Symphonie. (D. J.)

HOMORIEN Jupiter (Page 8:284)

HOMORIEN Jupiter, (Littérat.) Homorien est un des surnoms que les Grecs donnerent à Jupiter. Polybe, hist. liv. II. après avoir parlé de la guerre qui s'éleva entre les habitans de Crotone & ceux de Sybaris, remarque que s'étant accordés, ils firent bâtir à frais communs, un temple à Jupiter Homorien, dans l'endroit qui séparoit leur domination. Il ajoute qu'ils faisoient tous les ans des sacrifices dans ce temple, & qu'ils s'y assembloient toutes les fois qu'ils avoient quelque différend à décider, ou quelque affaire importante à régler.

Au reste Jupiter Homorien, ou Horien, Homorius, Horius, *ZEU/S2 O(MORI/OS2 KAI\ O(RI\OS2, étoit le même que le Jupiter Terminalis des Latins. Voyez Jupiter Terminal, Jupiter Lapis . (D. J.)

HOMOTONE (Page 8:284)

HOMOTONE, adj. (Med.) O(MO/TONOS2, homotonus, ce terme signifie la même chose qu'égal. Voyez Egal, (Med.)

HOMUNCIONATES (Page 8:284)

HOMUNCIONATES, s. m. pl. (Théolog.) nom que les anciens donnerent dans le iv. siecle aux Orthodoxes, parce que ceux - ci admettoient deux substances & deux natures en J. C. Dict. de Trévoux.

HOMUNCIONISTE (Page 8:284)

HOMUNCIONISTE, s. m. (Théolog.) est le nom que l'on donne aux sectateurs de Photin, que l'on appelle aussi Photiniens. Voyez Photiniens.

On appelle ainsi les Photiniens, parce qu'ils soutenoient que J. C. n'étoit qu'un pur homme. Dict. de Trévoux. (G)

HOMUNCIONITES (Page 8:284)

HOMUNCIONITES, s. m. pl. (Théolog.) les Homuncionites étoient des hérétiques dont le principal dogme étoit que l'image de Dieu avoit été imprimée sur le corps de l'homme, & non pas dans son ame, dans la création du premier homme, lorsque Dieu avoit dit, faciamus hominem ad imaginem & similitudinem nostram. Genes. c. j. v. 26. (G)

HONAN (Page 8:284)

HONAN, (Géog.) contrée d'Asie dans l'empire de la Chine, dont elle est la cinquieme province, au S. du fleuve jaune; elle est très - belle & très - fertile; les Chinois l'appellent le jardin de la Chine. On y compte huit métropoles, dont Caifung est la premiere, & Honan la seconde. Long. de Caifung à compter de Pekin, 2. 54. lat. 35. 50. Long. de Honan, 7. 5. lat. 35. 38. (D. J.)

HONDREOUS (Page 8:284)

HONDREOUS, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom que l'on donne dans l'isle de Ceylan aux nobles, qui ainsi que par - tout ailleurs, se distinguent du peuple par beaucoup de hauteur & d'arrogance. Ils ont le droit de porter une robe qui descend jusqu'à la moitié de leurs jambes, de laisser tomber leurs cheveux sur leurs épaules, de porter l'épée au côté, & une canne à la main; enfin d'avoir la tête couverte d'un bonnet en forme de mitre. Les plus qualifiés d'entre les hondreous sont ceux dont le roi a ceint le front d'un ruban d'or & d'argent; on le nomme mundiana. Il n'est point permis aux nobles de contracter des alliances avec des personnes d'une tribu inférieure à la leur; & le supplice le plus affreux que le roi inflige aux filles des nobles qui lui déplaisent, est de les faire prostituer à des gens de la lie du peuple, qui sont regardés comme abominables, & que l'on exclud du droit d'habiter dans les villes.

HONDT le (Page 8:284)

HONDT le (Géog.) bras de mer, qui s'est introduit dans les terres entre la Flandre & la Zélande, par l'embouchure occidentale de l'Escaut; ce n'étoit qu'un canal dans son origine en 980, mais une terrible inondation qui survint en 1377, & qui submergea plusieurs villages dans cet endroit, en fit un bras de mer tel qu'on le voit aujourd'hui. (D. J.)

HONDURAS (Page 8:284)

HONDURAS, (Géog.) province de l'Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, le long de la mer du nord, & d'un golfe du même nom que la province. Elle est dans l'audience de Guatimala; elle a environ 150 lieues de long, sur 80 de large; Christophe Colomb en fit la découverte dans son quatrieme voyage en 1502; Valadolide, autrement dite Camayagua évêché, en est la capitale. (D. J.)

HONFLEUR (Page 8:284)

HONFLEUR, (Géog.) ville de France en haute Normandie dans le Lieuvin, avec un bon port, haute justice & amirauté; cette ville s'appelle dans les anciens titres, Honnefleu & Hunneflotum; ce nom, suivant M. de Valois, notit. Gall. p. 241. vient de ham, hameau, village, & fleot ou fleat, qu'on écrit wliet dans le Pays - Bas, & qui signifie un petit golfe de mer, un lieu situé sur un golfe. De Hamfleot, on a fait Honfleu, & à cause de la conformité avec le mot fleur qui est connu, on a ajoûté une r à Honfleu. Elle étoit déja connue dès l'an 1200; elle est sur la rive gauche de la Seine, à 3 lieues du Havre, à 5 lieues S. O. de Quilboeuf, 3 N. de Pontl'Evêque, 6. N. O. de Lizieux, 16. S. O. de Rouen, 42. N. O. de Paris. Long. 17d. 43'. 17". lat. 49d. 25'. 21". (D. J.)

HONGNETTE (Page 8:284)

HONGNETTE, s. f. (Sculpture.) espece de ciseau pointu & quarré, servant principalement aux Sculpteurs en marbre. Voyez les Pl. de Sculpt.

HONGRE (Page 8:284)

HONGRE, s. m. (Maréchallerie.) c'est le cheval qu'on a privé des parties nécessaires à la génération, par une opération qui consiste à lui ôter les testicules, & qui s'appelle hongrer. Voyez les articles Cheval & Chatrer.

HONGRELINE (Page 8:284)

HONGRELINE, s. f. (Gram. & mod.) sorte d'ajustement des femmes, fait en chemisette à grandes basques. On prétend qu'il a été ainsi appellé, parce que l'usage en est venu de Hongrie.

HONGRIE (Page 8:284)

HONGRIE, (Géog. hist.) vaste pays en Asie & en Europe.

La Hongrie asiatique, ou la grande Hongrie, étoit l'ancienne partie des Huns ou Hongrois, qui passerent en Europe vers la décadence de l'empire; M. de Lisle la met à l'orient de la Bulgarie en Asie; & comme la Bulgarie est entre le Wolga & la montagne de Caf, qui est une branche de l'Imaüs des anciens, la grande Hongrie est entre cette montagne & l'Irtisch, c'est - à - dire entre les 85. & les 100. deg. de longitude, & entre le 50. & le 55. deg. de latitude. La Valaquie étoit au S. de la Hongrie; ainsi ces trois nations, les Bulgares, les Hongrois & les Walaques étoient voisins en Asie, comme ils le sont en Europe.

La Hongrie en Europe est un grand pays d'Europe sur le Danube: soit que les Hongrois soient descendans des Huns, soit qu'ils n'ayent rien de commun avec eux que de leur avoir succédé, non contens des terres qu'ils possédoient à l'orient du Danube, ils le passerent & s'établirent dans les deux Pannonies.

La monarchie hongroise comprenoit au commencement du xjv. siecle la Hongrie propre, la Transylvanie, la Moldavie, la Valaquie, la Croatie, la Bosnie, la Dalmatie & la Servie; mais les progrès qu'elle fit en accroissement dans ces tems - là, ressembloient à ceux de la mer qui quelquefois s'enfle, & sort de son lit pour y rentrer bientôt après. Les succès des armes ottomanes ont prodigieusement diminué cette monarchie, & des provinces entieres [p. 285] s'en sont détachées, quoique, par le traité de paix de Passarowitz, l'empereur ait recouvré quelque partie de la Valaquie, de la Bulgarie, de la Servie, de la Bosnie & de la Croatie.

Le royaume d'Hongrie en Europe est de nos jours d'environ 200 lieues de long sur 100 de large; il est borné au N. par la Pologne, O. par l'Allemagne, E. & S. par la Turquie européenne; il renferme la Hongrie propre, la Transylvanie & l'Esclavonie.

La Hongrie se divise en haute & basse; la haute haute contient 24 comtés, la basse 14, & l'Esclavonie 7. Les principales rivieres sont le Danube, la Save, la Drave, la Teisse, le Maros, le Raab, le Vaag, le Graan & la Zarwise; elles sont fort poissonneuses, mais leurs eaux, à l'exception de celles du Danube, ne passent pas pour être saines; les plus hautes montagnes sont les monts Krapack, vers la Pologne & la Transylvanie.

Le pays abonde en tout ce qui est nécessaire ou agréable à la vie, les pâturages y sont excellens pour la nourriture des chevaux & des bêtes à corne; le vin y est admirable, & le gibier très - commun; il y a des fontaines minérales, des mines d'or, d'argent, de cuivre, de fer, de plomb & de mercure: la religion catholique y est la religion dominante; mais les protestans en grand nombre y sont tolérés.

Il y a dans la Hongrie deux archevêchés; Grate ou Strigonie, dont l'archevêque est primat du royaume, & Colocza. On y compte seize évêchés, dont six sont suffragans de Strigonie.

La langue hongroise est un dialecte de l'esclavonne, & par conséquent elle a quelque rapport avec les langues de Boheme, de Pologne & de Russie. La langue latine est aussi familiere aux Hongrois. Enfin la domination impériale a rendu la langue allemande nécessaire à ce peuple; c'est même une chose remarquable, que presque toutes les villes de Hongrie ont deux noms, l'un Hongrois, l'autre Allemand; ce que ne doivent pas ignorer les étrangers qui se mêlent de faire des cartes géographiques de ce payslà. Long. 35 - 47. latit. 45 - 49.

Plusieurs écrivains ont publié l'histoire intéressante du gouvernement, des rois & des révolutions de la Hongrie; nous y renvoyons les lecteurs; nous nous bornerons ici à quelques faits généraux, que nous crayonnerons d'après un grand maître.

La Hongrie se gouvernoit autrefois comme la Pologne se gouverne encore; elle élisoit ses rois dans ses dietes; le palatin de Hongrie avoit la même autorité que le primat polonois, & de plus il étoit juge entre le roi & la nation. Telle avoit été la puissance ou le droit du palatin de l'empire, du maire du palais de France, du justicier d'Arragon; dans toutes les monarchies l'autorité des rois commença toûjours par être balancée.

Les nobles avoient les mêmes priviléges qu'en Pologne, j'entends d'être impunis, & de disposer de leurs serfs. La populace étoit esclave, & l'est encore; la force de l'état étoit dans la cavalerie composée de nobles & de leurs suivans; l'infanterie étoit un amas de paysans sans ordre, qui combattoient dans le tems qui suit les semailles jusqu'à celui de la moisson.

On sait que ce fut vers l'an 1000, que la Hongrie reçut le christianisme; le chef des Hongrois, Etienne qui vouloit être roi, se servit de la force & de la religion. Le pape Silvestre II. ou son successeur, il m'importe guère, le gratifia du titre de roi, & même de roi apostolique. C'est pour avoir donné ce titre dans une bulle, que les papes prétendirent exiger des tributs de la Hongrie, & c'est en vertu de ce mot apostolique que les rois de Hongrie prétendirent donner tous les bénéfices du royaume. On voit qu'il y a des préjugés par lesquels les rois & les na<cb-> tions se gouvernent. Le chef d'une nation guerriere n'avoit osé prendre le titre de roi sans la permission du pape.

Dans le même tems, les empereurs regardoient la Hongrie comme un fief de l'empire, parce que Conrad le Salique avoit reçu un hommage & un tribut du roi Pierre, qui monta sur le trône en 1038. Les papes de leur côté soûtenoient qu'ils devoient donner cette couronne, parce qu'ils avoient les premiers appellé du nom de roi, le chef de la nation hongroise. En 1290, l'empereur Rodolphe de Hapsbourg donna l'investure de la Hongrie à son fils Albert d'Autriche, comme s'il eût donné un de ses fiefs ordinaires; mais, en 1308, le pape Boniface VIII. donna ce royaume au prince Carobert, fils de Charles Martel, soûtenu de son parti & de son épée. La Hongrie sous lui devint plus puissante que les empereurs, qui la regardoient comme un fief; Carobert réunit à ses états la Dalmatie, la Croatie, la Servie, la Transylvanie, la Moldavie, provinces qui furent démembrées du royaume dans la suite des tems.

Le fils de Carobert, nommé Louis, accrut encore la puissance de son royaume; il s'acquit une vraie gloire, car il fut juste & fit de sages lois. Ce prince cultivoit la Géométrie & l'Astronomie; il protégeoit les autres arts: c'est à cet esprit philosophique si rare alors, qu'il faut attribuer l'abolition que lui dut la Hongrie, des épreuves superstitieuses du fer ardent & de l'eau bouillante; superstitions d'autant plus accréditées que les peuples étoient plus grossiers. Un roi qui connoissoit la saine raison, étoit un prodige dans ces climats: la valeur de Louis fut égale à ses autres qualités; ses sujets le chérirent, les étrangers l'admirerent; les Polonois, sur la fin de sa vie, l'élurent pour leur roi en 1370. Il régna heureusement 40 ans en Hongrie, & 12 ans en Pologne; les peuples lui donnerent le nom de Grand, dont il étoit digne; cependant il est presque Ignoré en Europe, il n'avoit pas regné sur des hommes qui sussent transmettre sa gloire aux nations.

Il étoit si aimé, qu'après sa mort les Hongrois élurent en 1382 sa fille Marie, qui n'étoit pas encore nubile, & l'appellerent Marie - Roi, titre qu'ils ont renouvellé de nos jours pour la fille du dernier empereur de la maison d'Autriche. Sigismond épousa Marie, fut à - la - fois empereur, roi de Boheme & d'Hongrie; mais en Hongrie, il fut battu par les Turcs, & mis une fois en prison par ses sujets révoltés; en Boheme, il fut presque toujours en guerre contre les Hussites; & dans l'empire, son autorité fut sans cesse contre - balancée par les priviléges des princes & des villes.

En 1438, Albert d'Autriche, gendre de Sigismond, devint le premier prince de la maison d'Autriche, qui regna sur la Hongrie; mais, quoique son regne ait été fort court, il fut la source des divisions intestines, qui, jointes aux irruptions des Turcs, dépeuplerent la Hongrie & en firent une des malheureuses contrées de la terre. La guerre civile entre les peuples & les nobles qui suivit les regnes des Ladislas & des Corvins, affoiblit encore prodigieusement ce royaume, il ne se trouva plus en état de résister aux Turcs; l'armée hongroise fut entierement détruite par celle de Soliman, à la célebre journée de Mokats en 1526. Leur roi Louis II. dit le jeune, beau - frere de Charles V. y fut tué, & Soliman vainqueur, parcourut tout ce royaume desolé, dont il emmena plus de deux cens mille captifs.

« En vain, dit M. de Voltaire, la nature a placé dans ce pays des mines d'or & d'argent, & les vrais trésors des blés & des vins; en vain elle y forma des hommes robustes, bien faits, spirituels!

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