ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"130"> tes altérations qu'éprouvent les voyageurs qui passent le tropique, qu'on ne doit pas confondre le hemvé, ou la maladie du pays, avec celle de ceux qui vont dans les colonies établies par les Européens aux Indes occidentales. L'impression de ces sortes de climats n'épargne presque aucun étranger, & produit dans la santé des plus robustes, des révolutions singulieres, qui forment pour ainsi dire leur tempérament sur un nouveau modele, lorsqu'ils ont le bonheur de ne pas succomber à de si grandes secousses. (D. J.)

HEMUI (Page 8:130)

HEMUI, sub. masc. (Hist. nat.) pierre dont on ne sait rien, sinon que les Indiens la nomment ainsi; qu'elle est pierre précieuse & d'un jaune blanchâtre.

HÉMUS (Page 8:130)

HÉMUS, (Mytholog.) fils de Borée & d'Orithie, qui devint roi de Thrace & épousa Rhodope. Ovide raconte cette fable en deux vers énergiques:

Nunc gelidos montes mortalia corpora quondam, Nomine summorum sibi, qui tribuêre deorum.

Le livre des poissons qu'on a donné à Plutarque, parle de ce roi Hoemus & de sa femme Rhodope, qui prenoient les noms de Jupiter & de Junon. Peut - être qu'effectivement ils périrent dans les montagnes de Thrace, où le peuple indigné de les voir s'égaler aux dieux, les avoit obligés de se retirer. (D. J.)

Hémus (Page 8:130)

Hémus, (Géog. anc.) haute & vaste montagne de Thrace; elle s'étend depuis le mont Rhodope jusqu'à la mer Noire; Pline lui donne six mille pas de hauteur: mais le P. Riccioli estime que l'Hoemus, depuis l'endroit où l'on commence à le monter, n'a environ que douze à treize cens pas, non compris le reste de sa hauteur jusqu'au niveau de la mer, dont il ne donne point le calcul. On dit cependant que de son sommet on peut voir en même tems la mer Adriatique d'un côté, & la mer Noire de l'autre.

Les modernes ne conviennent pas sur le nom que porte à - présent cette montagne; les uns disent que c'est le monte Argentaro des Italiens, le Balkan des Turcs, & le Cumowitz des Esclavons: le sentiment le plus général est que c'est le monte Costegnas; mais ces divers noms n'appartiennent pas à toute la chaîne du mont Hoemus. Aussi M. de Lisle nomme Costegnas la chaîne qui sépare la Macédoine de la Romagne; & mont Balkan, celle qui s'étend entre la Bulgarie & la Romanie. Le mont Argentaro pourroit bien être le même que la Clissura, l'une des parties de l'Hoemus, selon Edouard Brown, qui a voyagé sur les lieux. Il regarde toutes les montagnes qui sont entre la Servie & la Macédoine, comme n'étant qu'une partie du mont Hoemus; & il pense que sous différens noms il s'étend depuis la mer Adriatique jusqu'au Pont - Euxin. (D. J.)

HÉNARÈS (Page 8:130)

HÉNARÈS (l',) sub. m. (Géog.) riviere d'Espagne; elle a sa source dans la vieille Castille, au - dessus de Liguenza, qu'elle arrose, coule dans la nouvelle Castille, & se jette dans le Xarama, à 4 lieues au - dessus de Tolede. (D. J.)

HEND & SEND (Page 8:130)

HEND & SEND, (Géog.) c'est ce que nous appellons d'un mot général les Indes Orientales, qui sont désignées par les Orientaux en ces deux différens noms Hend & Send. Le pays de Hend est l'orient de celui de Send, & a à son couchant le golphe de Perse, au midi l'océan indien, à l'orient de vastes deserts qui le séparent de la Chine, & au septentrion le pays des Azacs ou Tartares. Il paroît donc que le Send est seulement ce qui s'étend deçà & delà le long du fleuve Indus, particulierement vers ses embouchures. D'Herbelot, Bibl. orient. (D. J.)

HENDÉCAGONE (Page 8:130)

HENDÉCAGONE, sub. masc. terme de Géométrie. Ce mot est grec & composé d'E(/NDEKA, onze, & GWNI/A, angle, figure composée d'onze côtés, & d'un pareil nombre d'angles. Voyez Figure & Polygone. L'angle au centre de l'hendécagone régulier, c'est - à - dire dont tous les angles & les côtés sont égaux, est la 11e partie de 360d, & ne peut se déterminer par la regle & le compas; on ne peut décrire géométriquement l'hendécagone, qu'en résolvant une équation du 11e degré. Voyez Polygone. (E)

HENDÉCASYLLABE (Page 8:130)

HENDÉCASYLLABE, s. m. (Littérature.) terme de Poésie greque & latine, vers de onze syllabes. Voyez Vers.

Ce mot est grec & composé d'E(/NDEKA, onze, & de SULLA/MBANW, je comprens. Les vers saphiques & les vers phaleuques sont hendécasyllabes.

Saph. Jam satis terris nivis atque diroe. Phal. Passer mortuus est meoe puelloe. On donne plus communément le nom d'hendécasyllabe à cette derniere espece, la premiere étant plus particulierement affectée à l'ode & au genre lyrique. Ces hendécasyllabes sont les plus doux des vers latins. Le lecteur en jugera par ceux de Catulle sur la mort d'un moineau

Lugete ô Veneres, cupidinesque, Et quantum est hominum venustiorum; Passer mortuus est meoe puelloe, Passer delicioe meoe puelloe, Quem plus illa oculis suis amabat; Nam mellitus erat, suamque norat Ipsam tam benè quàm puella, matrem; Nec sese à gremio illius movebat: Sed circumsiliens modò huc, modò illuc, Ad totam dominam usque pipilabat. Qui nunc it per iter tenebricosum, Illuc unde negant redire quemquam. At vobis malè sit maloe tenebroe Orci, quoe omnia bella devoratis; Tam bellum mihi passerem abstulistis. O factum male! O miselle passer! Tuâ nunc operâ meoe puelloe Flendo turgiduli rubent ocelli.

Il est vraissemblable que Catulle auroit perdu beaucoup, s'il eût pris l'hexametre ou le pentametre, ou l'iambe, au lieu de l'hendécasyllabe, qui a seul cette simplicité prosaïque, qui va si bien avec le sentiment. (D. J.)

HÉNÉCHEN (Page 8:130)

* HÉNÉCHEN, sub. masc. (Bot.) plante qui croît aux indes orientales, dans le territoire de Panama; elle a la feuille du chardon, mais plus étroite & plus longue que celle du cabuïa, qui a la sienne comme le chardon. Les Sauvages tirent du sel du cabuïa & de l'hénéchen; mais le sel tiré de l'hénéchen est plus fin. La manoeuvre est precisément celle que nous pratiquons sur le chanvre; on fait rouir la plante, on la seche au soleil, & on la broie.

HÉNETES (Page 8:130)

HÉNETES (les), s. m. pl. (Géog. anc.) Les Hénetes en Asie, étoient un ancien peuple de Paphlagonie, qui n'existoit plus du tems de Strabon. Les Hénetes en Italie, au fond du golphe de Venise, sont les mêmes que les Venetes; ils venoient d'un peuple des Gaules, dont Vannes en Bretagne conserve encore le nom. Les Hénetes dans le nord, que quelques écrivains placent sur les côtes de Livonie & de Prusse, sont les mêmes que les Vendes ou Vénedes, nation sarmate qui s'établit entre l'Elbe & la Vistule. (D. J.)

HÉNIOCHUS (Page 8:130)

HÉNIOCHUS, (Astronom.) est une des constellations boréales, autrement & plus communément nommée le cocher. Voyez Cocher. (O)

HÉNIOQUES (Page 8:130)

HÉNIOQUES, s. m. pl. (Géog.) Heniochi, ancien peuple de la Sarmatie asiatique; ils habitoient près du fleuve ou du mont Corax, qui étoit une branche du Caucase, sur le bord du Pont - Euxin, à l'occident de la Colchide; c'étoit une colonie de Lacédémoniens. Pline, Strabon & Pomponius Méla, vous en diront davantage. (D. J.) [p. 131]

HENLEY (Page 8:131)

HENLEY, (Géog.) petite ville d'Angleterre, au comté d'Oxford sur la Tamise, remarquable par son commerce de grains germés, pour faire de la biere. Elle est à 4 lieues d'Oxford & de Windsor, 12. O. de Londres. Long. 16. 45. lat. 51. 32. (D. J.)

HENNEBERG (Page 8:131)

HENNEBERG, (Géog.) comté d'Allemagne, dans le cercle de Franconie, entre la Thuringe, le landgraviat de Hesse, l'abbaye de Fulde, & l'évêché de Wurtzbourg. Ce pays peut avoir quinze lieues d'orient en occident, & sept ou huit du midi au septentrion. Il échut en 1583 à la maison de Saxe, & a depuis été partagé; l'évêque de Wurtzbourg y possede quelques fiefs. Voyez les détails dans Imhoff, notit. imper. lib. IV. cap. ij. ou dans Heiss, hist. de l'empire, liv. VI. ch. xxiij. (D. J.)

HENNEBON (Page 8:131)

HENNEBON, (Géog.) petite ville de France en Bretagne, au diocèse de Vannes, à six lieues d'Auray, sur la riviere de Blavet, à cent lieues S. O. de Paris, long. 14d. 22'. 23". lat. 47d. 48'.

Je ne dois pas oublier d'ajouter que cette petite ville de Bretagne a donné la naissance à un fameux religieux de l'ordre de Citeaux, Paul Pezron, homme plein de savoir, & même de vues fort étendues sur les anciens monumens de l'histoire profane; il a plus vieilli la durée du monde, qu'aucun autre chronologiste n'a fait avant lui. On trouvera l'exposition de son système dans le livre qu'il a intitulé, Antiquité des tems rétablie, ouvrage imprimé à Paris en 1687, in - 4°. & qu'il a défendu contre les objections des PP. Martianay & le Quien. Il avoit entrepris un grand traité sur l'Origine des Nations, origine qu'on ne découvrira jamais, & en a publié la partie qui regarde l'antiquité de la nation & de la langue des Celtes, autrement appellés Gaulois; cet ouvrage systématique a été imprimé à Paris en 1703, in - 4°. L'Auteur est mort en 1706 à 67 ans. (D. J.)

HENNEMARCK (Page 8:131)

HENNEMARCK, (Géog.) petit pays du royaume de Norvege, dans la province d'Aggerhus.

HENNIL (Page 8:131)

* HENNIL, s. m. (Myth.) c'étoit une idole des Vandales; elle étoit honorée dans tous les hameaux; on la figuroit comme un bâton, avec une main & un anneau de fer. Si le hameau étoit menacé de quelque danger, on la portoit en procession, & les peuples crioient, réveille - toi, Hennil, réveille - toi.

HENNIN (Page 8:131)

HENNIN, s. m. (Hist. des Modes.) nom d'une coëffure colossale des dames françoises du xv. siécle.

Ce nom bizarre a passé jusqu'à nous, parce que l'attirail de tête étoit si singulier, qu'il n'a échappé à aucun historien de ce tems - là, ni à Juvenal des Ursins, ni à Monstrelet, ni à Paradin, ni aux autres; mais nous emprunterons seulement le vieux Gaulois de ce dernier, pour peindre au lecteur cette folie de mode, dont il n'a peut - être point de connoissance.

Tout le monde (dit cet Ecrivain dans ses Annales de Bourgogne, liv. III. année 428, pag. 700) « étoit lors fort déréglé, & débourdé en accoutremens, & sur - tout les accoutremens de tête des dames étoient fort étranges; car elles portoient de hauts atours sur leurs têtes, & de la longueur d'une aulne ou environ, aigus comme clochers, desquels dépendoient par derriere de longs crêpes à riches franges, comme étendarts ».

Un Carme de la province de Bretagne, appellé Thomas Conecte, célebre par son austérité de vie, par ses prédictions & son exécution à Rome, où il fut brûlé comme hérétique en 1434, déclamoit de toute sa force contre ces coëffures monstrueuses. « Ce prêcheur avoit cette façon de coëffure en telle horreur, que la plûpart de ses sermons s'adressoient à ces atours des dames, avec les plus véhémentes invectives qu'il pouvoit songer, sans épargner toutes especes d'injures dont il pouvoit se souvenir, dont il se débaquoit à toute bride contre les dames usant de tels atours, lesquels il nommoit les hennins.

Par - tout où frere Thomas alloit, (ajoute Paradin) les hennins ne s'osoient plus trouver, pour la haine qu'il leur avoit vouée; chose qui profita pour quelque tems, & jusqu'à ce que ce prêcheur fût parti; mais après son partement, les dames releverent leurs cornes, & firent comme les limaçons, lesquels quand ils entendent quelque bruit, retirent & resserrent tout bellement leurs cornes; ensuite le bruit passé, soudain ils les relevent plus grandes que devant: ainsi firent les dames, car les hennins ne furent jamais plus grands, plus pompeux & superbes, qu'après le partement de frere Thomas; voilà ce que l'on gaigne de s'opiniâtrer contre l'opiniâtrerie d'aucunes cervelles.»

D'Argentré (Hist. de Bretagne, liv. X. chap. xlij.) rapporte pareillement « qu'après le partement du moine Conecte, les femmes reprinrent soudainement les cornes avec arrérages, c'est - à - dire bien de la récompense du passé, &c

Je laisse les autres historiens dont le récit ne nous apprend rien de plus particulier, pour passer aux réflexions qui naissent du sujet. Les hommes ont toujours eu du penchant à vouloir paroître plus grands qu'ils ne sont, soit en imaginant des talons fort hauts, soit en se servant de cheveux empruntés, soit en réunissant ces deux choses ensemble. D'un autre côté, les femmes avec plus de raison, ont cherché de tou tems à agrandir leur petite taille, par des chaussures très - élevées, & par des coëffures colossales. Dans le siecle de Juvenal, les dames romaines bâtissoient sur leurs têtes plusieurs étages d'ornemens & de cheveux en pyramide; en sorte, dit le poëte, qu'en les regardant par - devant, on les prenoit pour des Andromaques, pendant qu'elles paroissoient des naines par derriere.

Tot premit ordinibus, tot adhuc compagibus altum AEdificat caput. Andromachem à fronte videbis, Post minor est. Juvenal, Sat. VI. v. 500.

Ajoutez - y ce bon mot de Synésius (Epit, 111.) qui dit en parlant d'une nouvelle mariée: Quippe in diem sequentem toeniis ornabitur, atque turrita quemadmodùm Cybele, circumibit.

Voilà donc dans les modes de l'ancienne Rome, celle des hennins du xv. siecle, qui a été finalement renouvellée par une coëffure semblable, qui parut sous le nom de fontange sur la fin du xvij siecle.

Cette derniere étoit un édifice à plusieurs étages fait de fil de fer, sur lequel on plaçoit quantité de morceaux de mousseline, séparés par plusieurs rubans ornés de boucles de cheveux; le tout étoit distingué par des noms si fous, qu'on auroit besoin d'un glossaire pour entendre ce que c'étoit que la duchesse, le solitaire, le chou, le mousquetaire, le croissant, le firmament, le dixieme ciel, la souris, &c. qui étoient tout autant de différentes pieces de l'échaffaudage. Il falloit, si l'on peut parler ainsi, employer l'adresse d'un habile serrurier, pour dresser la base de ce comique édifice, & cette palissade de fer sur laquelle les coëffeuses attachoient tant de pieces différentes.

Enfin la ridicule pyramide s'affaissa tout - à - coup à la cour & à la ville, au commencement de 1701. On sait à ce sujet les jolis vers de madame de Lassay (ou plûtôt de l'abbé de Chaulieu sous son nom), à madame la duchesse qui demandoit des nouvelles.

Paris cede à la mode, & change ses parures; Ce peuple imitateur, ce singe de la cour, A commencé depuis un jour, D'humilier enfin l'orgueil de ses coëffures: Maintecourte beauté s'en plaint, gronde & tempête, Et pour se rallonger consultant les destins,

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